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mardi 30 juin 2015

Daech - un an de conquête territoriale


 
  Laure Kermanach


Il y a un an, l'État islamique instaurait le califat et mettait en oeuvre sa stratégie d'expansion territoriale entre la Syrie et l'Irak. Après Mossoul et Falloujah, retour sur les victoires et les defaites dans la conquête de leur territoire.

 

 Source 

Un peu de vocabulaire : le fascisme

  
 
 François Duprat
 
Parce que j’en ai un peu marre de tous ces peigne-culs incultes, de droite comme de gauche, qui emploient les mots, souvent sous forme d’invective, sans en connaitre le sens !…


« Le fascisme est une conception totalitaire de l’état. mais beaucoup plus qu’une doctrine, le fascisme est une action, une volonté de lutte, c’est aussi une tentative pour créer un homme héroïque, un combattant. Mussolini croyait que sa tâche serait facilitée par le fait que, pour la plupart, les adhérents de son parti, au début, étaient d’anciens combattants, provenant des formations de choc de l’armée italienne, les Arditi.

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Il pensait que la solidarité du front continuerait dans la vie civile, et qu’elle serait plus forte que la solidarité de classe. Le même phénomène se produisit en Allemagne après la première guerre mondiale.

Du point de vue idéologique, le fascisme dérive :

– de Maurras pour la critique de la démocratie.

– de Nietzsche pour al volonté de puissance.

– de Sorel pour l’emploi politique de la violence.

– et aussi, dans une certaine mesure, des premiers écrits de Lénine, Mussolini pouvant être tenu, comme lui, pour un « révisionniste révolutionnaire » du marxisme.

Le fascisme se veut aristocratique, par la sélection d’une élite et opposé à tout égalitarisme, en particulier l’égalitarisme démocratique.

Le fascisme est tout naturellement anti-communiste, né qu’il est d’une lutte à mort contre les socialo-communistes et son anti-communisme est total dans le sens où il entend détruire le marxisme, ses structures et même ceux qui la diffusent. D’un autre côté Mussolini, ancien socialiste utilisera toujours une terminologie socialisante, qui lui ralliera les anciens partisans du marxisme, en particulier lors de la renaissance du fascisme, en septembre 1943, à la création de la République de Salo.

Le fascisme est aussi anti-capitaliste, c’est à dire qu’il s’oppose, comme contraire à l’intérêt de l’état, à la formation de trusts gigantesques et anonymes, capables d’influencer la vie du pays ; il respecte la propriété privée dans la mesure où l’intérêt de l’État ne s’y oppose pas.

Cette tendance plus ou moins rejetée dans l’ombre pendant le fascisme 1925-1943 sera mise en lumière lors de la « République Sociale Italienne » où l’étatisation sera un fait et où le régime deviendra rapidement un état de forme socialiste, malgré les protestations des allemands, fort soucieux de voir l’industrie italienne leur échapper par ce biais.

Le fascisme est anti-démocrate car il refuse de reconnaitre la même valeur à tous les êtres humains sans exception. Comme tous les états totalitaires modernes, il se considère cependant comme investi de son autorité par le peuple, et comme jouissant de sa confiance, puisqu’il le consulte fréquemment (il conserve même la Chambre des Députés jusqu’en 1938).

Si le fascisme nie les principes de 1789 ce n’est pas parce qu’un désir frénétique de retour en arrière et de réaction sociale le meut, c’est parce que loin d’être contre-révolutionnaire, le fascisme a dépassé ce vague conformisme qu’est devenue la déclaration des droits de l’homme et cherche à créer un monde nouveau.

Le fascisme est impérialiste. Ceci peut s’expliquer pour deux raisons :

– Mussolini est imprégné de ce que fut la grandeur romaine et toute sa vie il poursuivra le rêve de voir la Méditerranée redevenir le « Lac Romain ». Il voudra donc essayer de conquérir le maximum de territoires possible sur la rive africaine de la Méditerranée afin d’en contrôler le plus grand secteur possible.

– Les Italiens se sont considérés comme frustrés par les Traités de Paix de 1919 dont ils jugent l’actif dérisoire, eu égard aux sacrifices consentis, et aux promesses mirifiques des Alliés, lorsqu’ils tentaient d’entraîner l’Italie à leurs côtés.

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Par suite, le fascisme est d’abord un Nationalisme mais encore la volonté pour l’État de se bâtir un Empire.

Au départ, Mussolini avait déclaré : « le fascisme n’est pas un article d’exportation » mais rapidement il revint sur cette idée et déclara que, au prix de modifications inhérentes au caractère particulier de chaque nation, le fascisme avait un caractère d’universalité, ses grands traits en particulier, pouvant être appliqués partout. Il déclara même que toute l’Europe deviendrait bientôt fasciste et que le XXe siècle serait le siècle du fascisme.

Il est de fait que dans un grand nombre de pays naquirent des mouvements fascistes. le salut à la romaine devint vite universel pour les nationalistes chinois comme pour les rexistes belges, pour les « chemises vertes » brésiliennes et pour l’Union des fascistes britanniques.

– Le fasciste n’était pas raciste du fait de la conception état-nation qui était la sienne. Après l’union avec le Reich quelques mesures anti-sémites furent édictées en 1938 mais oubliées aussitôt après. De nombreux juifs avaient d’ailleurs adhéré au mouvement fasciste et milité dans ses rangs.

Durant la guerre, les troupes italiennes d’occupation protégèrent les juifs en de nombreux pays. Même la République Sociale Italienne refusa de livrer des juifs aux allemands, quoique ayant accepté, sous leur pression, que les israélites soient tenus pour membres d’une Nation Ennemie, à interner pour la durée de la guerre.

– Le fascisme était la réaction de Musolini face aux évènements qui agitèrent l’immédiate après-guerre, ce fut sa création et on ne peut pas le séparer de lui. Les Italiens ne s’y trompaient pas, eux qui vénéraient Mussolini comme un Dieu.

En ce qui concerne sa doctrine, il y a peu à en dire sinon qu’elle fut essentiellement banale. Mussolini ne croyait pas aux doctrines mais à l’action. L’effort de mise au point d’une doctrine ne fut qu’un hochet pour occuper les intellectuels. En réalité Mussolini fut toujours un pragmatiste et ne se laissa jamais lier les mains par un quelconque a-priori doctrinal.

Le fascisme est une organisation de l’état, une mise en forme de la nation en faisceaux d’énergie, non plus séparés mais unis en œuvrant dans le même but. A l’origine, ce n’était pas une idéologie messianique. Mais les admirateurs que le fascisme ne manqua pas d’avoir dans le monde entier élevèrent celui-ci à la hauteur d’un dogme absolu et éternel.

Dans cette optique le fascisme international tendit à se confondre avec le national-socialisme, lui aussi transformé et épuré mais surtout dégermanisé. »

François Duprat, Les mouvements d’extrême droite en France depuis 1944. Ed. Albatros.
 
Notes

Un grand merci à : le chemin sous le buis : https://lecheminsouslesbuis.wordpress.com 

 Source

Le Renouveau Français vous communique : Sauver les Français de la décapitation



 Le Conseil politique du RF
 
 
Pour la première fois en France, un homme – victime de l’invasion – a été décapité par des islamistes. On peut redouter qu’il soit le premier d’une longue série, à défaut d’un conséquent sursaut national.

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En effet, la France se trouve dans un état de conflit latent et il n’est pas absurde de penser que notre situation soit, dans quelques temps, celle de la Syrie ou de l’Irak.

Etant donnés la situation française et l’échec inéluctable du multiculturalisme, la seule solution pour éviter le chaos et les horreurs que connaissent d’autres pays est une inversion massive des flux migratoires. C’est un impératif sécuritaire, autant qu’identitaire.

Cela ne pourra se faire qu’en reprenant le pouvoir aux politiciens mondialistes et leurs maîtres – responsables de l’état de notre pays – et en rompant avec la mentalité individualiste et décadente qui règne aujourd’hui :

c’est bien une révolution nationaliste qu’il faut en France, et vite !

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Communiqué de Pierre Vial : Les traîtres en soutane



 Pierre Vial
 
A l’époque de la guerre d’Algérie, des prêtres se faisaient porteurs de valises du FLN. La hiérarchie catholique était un peu gênée aux entournures quand on en parlait… Aujourd’hui, sans complexe, elle claironne sa volonté de trahir les Européens.

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En effet, pour les évêques italiens, « accueillir les immigrés est une réparation pour la colonisation, une réparation pour les dommages que nous avons accomplis pendant des années et LES VOLS que nous avons commis ». Mgr Nunzio Galantino a déclaré sur TV 2000 (la télé tenue par l’épiscopat italien) : « Nous devons l’hospitalité aux migrants pour ce que nous avons fait par le passé dans leurs pays, où nous ne sommes allés que pour voler, coloniser et exploiter. Bref, nous avons été répugnants (…) parler de honte n’est même pas assez fort ».

Il est difficile de faire mieux en matière de repentance ethnomasochiste. Mais le discours de ce Monsignore serait plus convaincant s’il installait CHEZ LUI quelques dizaines de migrants. Chiche ?

Ce personnage peut compter sur l’appui de son pape. Celui-ci a en effet lancé l’anathème ( !) contre ceux qui refusent d’accueillir des immigrés.

Ainsi, la hiérarchie catholique est en pointe dans l’œuvre de trahison des Européens. Est-ce si surprenant, de la part de gens dont toute l’idéologie est une négation absolue de l’identité des peuples … sauf, bien entendu, celle d’un peuple soi-disant élu (relisez l’Ancien et le Nouveau Testament … tout y est). Il faudra, le moment venu, s’en souvenir.
 
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Le complot bolchevique et l’a(r)gent allemand



Alexandre Sumpf

 
En 1917, deux révolutions éclatent en Russie : celle de février abat la monarchie ; celle d’octobre porte Lénine au pouvoir. Cette accélération de l’histoire en a surpris plus d’un. L’empire des Romanov s’est effondré sur lui-même, mais certains voient dans la révolution d’Octobre le résultat d’une cabale ourdie par des forces occultes aspirant à la mort de la Russie d’ancien régime.

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Ce prétendu complot se donne pour nom (impénétrable) « bolchevisme », pour corpus idéologique les thèses de Karl Marx, philosophe apatride d’origine juive allemande, et pour chef Vladimir Ilitch Oulianov, qui se dissimule sous le pseudonyme de Lénine. A la différence de tant d’autres révolutionnaires, les bolcheviques sont parvenus à leur objectif rapidement : ils s’emparent du pouvoir un peu plus de vingt ans après la formation de leur parti. Un tel exploit politique n’a pu que susciter à l’époque la hargneuse incompréhension des défaits, et éveiller chez eux le fantasme du complot. Ils dénoncent en Lénine un agent allemand missionné par le Reich pour démobiliser les soldats russes et briser la résistance à l’Est.

Cette accusation se répand d’autant plus facilement qu’en ces temps de guerre et de nationalisme outrancier, l’espionnite fait rage. La France condamne Mata Hari, danseuse exotique du renseignement allemand, qui sera exécutée, ou Joseph Caillaux, radical coupable de militer pour une paix sans annexion ni réparations, et finalement épargné. En Russie, le colonel Miassoiédov, pourtant innocent, est exécuté en 1915 pour intelligence avec l’ennemi ; et la tsarine, d’origine allemande, porte le poids d’un soupçon généralisé. Dans ce contexte d’emballement des rumeurs et de manipulation des informations, Lénine se voit accuser d’avoir agi au service du Kaiser, au prétexte que son retour au pays, en avril 1917, aurait été facilité par une armée allemande soucieuse de déstabiliser la Russie, alliée de la France et du Royaume-Uni.

Tout commence le 18 juillet 1917, au moment où se déclenche la chasse aux bolcheviques, organisateurs deux jours auparavant d’une grande manifestation contre la guerre à Petrograd. Dans le journal des ultramonarchistes antisémites Jivoïé Slovo, l’ancien député Aleksinski accuse Lénine d’intelligence avec l’ennemi en se fondant sur le témoignage de l’espion militaire Ermolenko. Ces révélations tombent à point alors que la grande offensive contre l’ennemi allemand lancée le 1er juillet par Alexandre Kerenskia tourné à la catastrophe. Si Ermolenko assure que les instructions et l’argent des bolcheviques affluent d’Allemagne, il ne précise pas — et pour cause — quelles sommes aurait perçues Lénine, ni avec quelle régularité. En aurait-il personnellement usé, comme tant d’espions vivant entre danger et luxe ? Son train de vie modeste plaiderait plutôt pour le financement du parti et de son organe de propagande (la Pravda). Dernier soupçon : comment les bolcheviques ont-ils acquis des armes, si ce n’est grâce à l’aide des Allemands ? En réalité, certains militants ont rapporté leur arme du front, et la Garde rouge ouvrière a profité des pillages des arsenaux lors des émeutes populaires de l’année 1917. Difficile donc de trouver à quoi aurait servi l’argent allemand, manne modeste si elle a même existé.

A l’étranger, notamment chez les alliés français et britanniques,c’est l’épisode du « wagon plombé » qui a été retenu à charge contre Lénine. Le dirigeant bolchevique, réfugié en Suisse, a accepté le 9 avril 1917 la proposition allemande de traverser le Reich en train afin de se rendre en Russie. Il exige que le wagon bénéficie du statut d’extraterritorialité, fasse le trajet sans arrêt, et que l’on procède à un échange de prisonniers de guerre russes et austro-allemands. Cet accord couronne les efforts des diplomates allemands et du mystérieux Alexandre Parvus (de son vrai nom Izrael Helfland). Très bien introduit dans le milieu révolutionnaire, il s’est imposé comme l’intermédiaire obligé entre divers services du Reich et cercles clandestins russes. Son plan proposant en 1915 à l’état-major allemand la déstabilisation de la Russie par une grève générale, en misant sur le Parti bolchevique, indique que Parvus a saisi avant tout le monde l’aura de Lénine, mais ne signifie aucunement qu’il a été responsable de la victoire des bolcheviques.

Parvus y a seulement contribué en œuvrant dans la coulisse pour organiser le trajet de trente-trois révolutionnaires, profitant de l’amnistie générale accordée par le gouvernement provisoire le 21 mars 1917. La publicité faite autour de ce voyage correspond à l’intérêt du Reich : faire passer cette manœuvre contrevenant aux lois de la guerre pour une action humanitaire (un échange de prisonniers). Et elle permet à Lénine d’afficher sa rupture avec les socialistes allemands acquis à l’union sacrée. Mais le « bolchevisme des tranchées » — formule de l’état-major du parti recouvrant des phénomènes épars de désertions, refus d’attaquer, violences contre les officiers — manifestait une contestation de la guerre qui n’avait besoin ni d’un Lénine, encore méconnu, ni d’agents allemands pour se répandre et s’exprimer.

Cette affaire ne s’est pas achevée en 1917, et la thèse du complot continue de resurgir. En 1998, Jean-Charles Deniau produisait dans un documentaire pour TF1 des documents russes et allemands accablant Lénine. En décembre 2007, le Spiegel republiait le plan de Parvus, y voyant une preuve inédite de la félonie bolchevique. Les archives des chancelleries, assez mal informées sur l’état des forces politiques en Russie et prêtes à payer pour tout renseignement tout en s’en méfiant, regorgent de tels kompromaty : de vrais-faux documents, exhumés de temps à autre dans un objectif clairement marchand, relancent à bon compte les accusations contre Lénine et dédouanent au passage ses nombreux adversaires de leurs multiples erreurs stratégiques. De telles révélations ne résistent guère à la critique historique, mais l’anticommunisme primaire brûle encore d’un feu vivace, surtout là où le Parti communiste a été puissant après la seconde guerre mondiale. Le pouvoir monarchique tricentenaire, puis une démocratie incapable de mettre un terme à un conflit meurtrier, avaient épuisé leur potentiel de séduction auprès du peuple ; mais sans doute est-il encore aujourd’hui plus commode d’en appeler à l’antique mythe du complot que de l’admettre. La lutte des classes exacerbée par la guerre a rendu réalisable la prise du pouvoir par la frange la plus marginale des sociaux-démocrates ; après Octobre, il leur restait à conquérir un pays et à révolutionner une société.

Notes

Alexandre Sumpf est Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Strasbourg. Auteur de La Grande Guerre oubliée. Russie, 1914-1918, Perrin, Paris, 2014.

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Le nouveau numéro de "Réfléchir et Agir" est sorti




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Médecin ou banquier, des métiers bientôt "uberisés" ?






Quelles sont les professions susceptibles d'être "uberisées" au cours des prochaines années ? Olivier Ezratty, spécialiste du sujet, revient sur un phénomène amené à encore se développer.

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Médecins, plombiers, banquiers… le spectre de "l’uberisation" - la transformation rapide d’un secteur professionnel suite à une innovation technologique - plane sur de nombreuses professions.

Olivier Ezratty, conseil en stratégies de l’innovation et spécialiste du sujet, revient sur les domaines qui pourraient être chamboulés dans les prochaines années.

Peut-on prévoir aujourd’hui quels secteurs sont susceptibles d’être "uberisés" ?

- La meilleure manière de prévoir les domaines qui risquent d’être uberisés consiste à identifier ceux qui génèrent de l'insatisfaction client. Les consommateurs sont de plus en plus exigeants : ils cherchent notamment à gagner du temps, une qualité de service, un choix, des prix raisonnables et prédictibles, qu'ils estiment correspondre à la prestation demandée.

L’insatisfaction peut par exemple tenir aux délais d’attente de consultation de certains médecins ou à la difficulté d’accéder à certains types de service. C’est le cas notamment des services à domicile (réparateurs, plombiers).

Le client cherche des prestataires fiables, éventuellement évalués par d'autres consommateurs, facilement et rapidement. Ces métiers sont susceptibles d’être désintermédiés par des plateformes d’évaluation comme Quotatis.

Une catégorie de métiers est-elle particulièrement visée ?

- L’uberisation touche au moins deux catégories d'acteurs : les grandes entreprises et les métiers de service issus de professions libérales. Elle émerge surtout dans des situations de quasi-monopole, comme les taxis. Dans un marché régulé par la pénurie, dès que la technologie permet d'élargir l'offre, le poids économique des acteurs en place est forcément menacé.

Le phénomène est en cours depuis dix ans dans le monde de l’hôtellerie, avec l’émergence de sites comme Booking, qui sont des intermédiaires entre le client et l’entreprise : ils jouent un rôle critique dans les marchés dont l'offre est très fragmentée. Les banques et les assurances sont aussi concernées avec l'émergence de comparateurs de services ou de plateformes entièrement numériques, sans la moindre agence physique.

On peut également citer les métiers de services dans le domaine de l’aide à la personne : les sites permettant de trouver une nounou ou des cours particuliers sont déjà en train de se multiplier. Il s'agit cependant de services proposés par des particuliers à temps partiel et en complément éventuel d'une autre activité, comme dans le cas d'Uber Pop, qui ne doit pas être confondu avec Uber, dont le service est fourni par des conducteurs professionnels.

L’uberisation repose-t-elle forcément sur une innovation technologique et l’émergence d’un intermédiaire ?

- La plupart des cas de figure combinent les deux, ce qui est logique puisque le numérique est idéal pour mettre en relation une offre et une demande en volume, en particulier à partir des smartphones.

Aux Etats-Unis, on utilise des plateformes pour noter les professeurs depuis près de dix ans : cela permet aux parents d’avoir une idée des établissements où ils souhaitent placer leurs élèves. Mais il est difficile d'imaginer cela en France en l'état.

Evidemment, les métiers professionnels - comme dans la santé - ne peuvent pas être remplacés par des particuliers, mais ils peuvent voir émerger des intermédiaires.

Les médecins sont-ils particulièrement concernés ?

- Ils risquent d’être "uberisés" à plusieurs titres : par l’émergence d’intermédiaires sur internet et par la numérisation d'une partie de leur valeur ajoutée dans des objets connectés et des logiciels.

Aujourd’hui, très peu de médecins ou d'hôpitaux proposent la prise de rendez-vous par internet : ils partagent pour la plupart une secrétaire téléphonique, ce qui génère une perte de temps considérable pour les patients. Il faut parfois des heures pour obtenir un rendez-vous, alors qu’il existe des systèmes de réservation en ligne, provenant notamment de start-up françaises, comme Doctolib.

Un autre phénomène devrait se développer dans les années à venir : la numérisation d’une partie des services. Le savoir des médecins pourra par exemple être déplacé dans les objets connectés, pour mesurer soi-même sa tension, son rythme cardiaque et réaliser diverses analyses de laboratoire. Mais aussi pour obtenir un pré-diagnostic à l'aide de logiciels et bases de connaissances en ligne : c'est ce que propose déjà IBM dans certains cas médicaux.

Cette numérisation partielle de métiers existants pourrait aussi toucher les experts comptables, les notaires et même les avocats. Cette évolution de l’homme vers la machine a déjà touché les agences bancaires : en 15 ans, avec les comptes en ligne et les distributeurs automatiques, une bonne partie du travail dans les agences a été transférée vers les logiciels et les clients.

Comment lutter contre ce phénomène d’uberisation ?

- En règle générale, il faut innover rapidement et avant que d'autres le fassent à votre place ! Mais, dans tous les cas de figure, l’union fait la force, soit à l’intérieur de l’entreprise, lorsque celle-ci propose de remédier aux difficultés des clients, soit à l’extérieur, quand une autre entreprise propose de résoudre ces problèmes. Aujourd’hui, malheureusement, ça vient plutôt de l’extérieur.

Il y a donc deux possibilités : soit des entreprises s’interposent entre le producteur et le client pour offrir une solution aux clients mécontents, soit le producteur lui-même décide de lutter contre cette insatisfaction en proposant sa propre solution.

Le groupe Accor se bat par exemple à la fois contre les systèmes de réservation comme Booking et l'économie collaborative promue par Airbnb en proposant un système de réservation qui inclut désormais des hôtels extérieurs au groupe.

C’est évidemment plus compliqué pour les professions libérales, comme les médecins, qui devraient mettre en place chacun de leur côté leur propre application de prise de rendez-vous. C’est donc l’occasion pour les fédérations professionnelles de jouer un rôle essentiel pour l’ensemble du secteur concerné : dans les secteurs fragmentés, l'union doit faire la force.

Les mouvements de contestation des domaines concernés, comme les taxis, sont-ils productifs ?

- Bien au contraire ! Les chauffeurs de taxi ont lancé le pire plan de communication possible contre Uber. Leur grosse erreur stratégique consiste à s’appuyer uniquement sur la loi, en se protégeant derrière les textes, sans jamais parler du client alors qu’il est au centre du problème.

Leur raffut est sur le moyen terme le meilleur service à rendre à Uber, qui compte déjà un million de clients en France ! C’est une situation semblable à la révolte des luddites en Grande-Bretagne, fin 18ème-début 19ème siècle, en pleine révolution industrielle, lorsque les artisans du tissage se sont mis à brûler les machines à tisser émergentes. A l'époque, le gouvernement britannique avait maté cette révolte. Le pays est devenu leader de la révolution industrielle, notamment dans la production de machines à tisser.

Le gouvernement aurait donc plutôt intérêt à soutenir l'innovation ?

- Le gouvernement français est schizophrène : au moment même où Axelle Lemaire et Emmanuel Macron sont à New York pour promouvoir la "french tech" auprès des investisseurs américains, il soutient les taxis qui bloquent les routes et brûlent des pneus, sans mettre en avant le besoin d'innovation propre au secteur ni tenir compte des consommateurs.

Il devrait trouver le moyen d'être plus cohérent et de penser plus au long terme. D'autres métiers seront affectés par le numérique. Il faut s'y préparer et notamment continuer de favoriser l'éclosion de champions locaux : il vaut mieux que les disruptions viennent de chez nous que des Etats-Unis !

Notes


Propos recueillis par Alexis Orsini


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dimanche 28 juin 2015

L’Europe… au comble de l’impuissance



L’affolement commence à gagner nos dirigeants européens, qui n’ont pas encore pris la réelle mesure de l’infiltration massive de l’immigration. D’abord, ils se contentent de répartir, comme en épicerie, 40.000 immigrés (et non migrants) en forçant vainement la main des États. Or, le bilan actuel des arrivées clandestines atteint déjà le chiffre de 100.000. Mais la menace est bien plus grave puisque l’État islamique a annoncé 500.000 personnes projetées en Europe. C’est une infiltration de guerre pour étouffer les régimes démocratiques, malheureusement privés de souffle et de réaction, et pour imposer progressivement un nouveau régime totalitaire sous couvert d’une religion lancée à la conquête terroriste du monde.

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Dès lors, le problème n’est plus d’accueillir, dans des conditions incertaines et injustes, les populations victimes, mais c’est le moment de contre-attaquer sur les positions initiales des pays de départ. Ce n’est plus le temps de l’enquête sociologique, de la diplomatie tranquille ou du commentaire médiatique. C’est l’heure de la guerre déjà déclarée par un État islamique hystérique.

La succession des conférences européennes démontre leur inutilité. Nos concitoyens ne supportent plus les visages tranquilles ou vaniteux de nos chefs d’État à la sortie de leurs sommets, qui sont plutôt les bas-fonds de la politique. Il faut bien comprendre, enfin, que la solution n’est pas en Europe mais dans les pays dont les autorités sont incapables de gérer l’intérêt des populations abandonnées à leur triste sort.

Dans un premier temps, la riposte de l’État national aux actes barbares d’attentats implique des mesures immédiates de police pour la recherche des suspects dans tous les milieux complices. C’est la règle dans toute guerre déclarée. L’objectif est d’obtenir que la peur change de camp. À cet égard, on a besoin de l’engagement sans ambiguïté des responsables musulmans.

Mais cette première urgence nécessaire reste insuffisante. Depuis de nombreuses années, l’Union européenne, pourtant bien informée, aurait pu réfléchir à une noble et indispensable stratégie, consistant à favoriser le maintien sur place des populations misérables grâce au développement économique et social. Comment ne peut-on pas prendre conscience que le continent africain, qui compte un milliard d’habitants, représente également pour l’avenir un potentiel considérable de prospérité à méditer. Le pape François vient de donner cette orientation impérieuse.

Malgré la passivité coupable des chefs d’État africains concernés, les États européens ont le devoir de mobiliser leurs peuples pour traiter le phénomène des migrations à la source, en mettant en place un plan massif de développement. Les jeunesses européenne et française peuvent contribuer à l’œuvre humanitaire d’équipes d’experts (agriculteurs, techniciens, médecins, ingénieurs) volontaires au service de nos contemporains sinistrés par la misère et par l’abandon. Certes, il faut s’attendre aux hurlements habituels des anticolonialistes. Qu’importe si certaines idées fixes n’ont pas encore évolué.

Des moyens exceptionnels devraient être trouvés. Pourquoi ne les trouverait-on pas, alors que deux exemples de notre histoire récente démontrent que, quand on veut quelque chose, on le peut. En 1945, le plan Marshall a permis à l’Europe et à la France de reconstruire les pays sur les ruines de la guerre. En Algérie, en 1959, de Gaulle a eu l’honnêteté de dépasser la facilité du discours politique en l’accompagnant d’un vaste effort financier en faveur des populations, dans le cadre du plan de Constantine.

Posons des actes responsables pour l’avenir plutôt que de subir encore les provocations et les lâchetés.

Paul Bernard
 

Taxis vs Uber : la mollesse publique mène à la guerre civile



Taxis vs Uber : la mollesse publique mène à la guerre civile
Oui, le système des taxis est obsolète, sur-réglementé et totalement dépassé. Et celui de UberPOP est sous-réglementé et réclame un cadre juridique.

Qu'on soit de droite, de gauche ou sans étiquette, légitimiste ou révolutionnaire, libéral ou étatiste, difficile de reconnaître à François Hollande et ses ministres le moindre mérite dans leur gestion du conflit taxis / Uber.

Nuit politique

Lâcheté, déconnexion, aveuglement et faiblesse ont été leurs seuls phares dans cette nuit politique. Quand M. Hollande cessera-t-il, sur absolument tous les sujets, de ménager la chèvre et le chou ? Quand comprendra-t-il qu'il est grand temps de trancher, de décider, de choisir, bref de gouverner ? Le système des taxis est obsolète, sur-réglementé, totalement dépassé. Celui de UberPOP est sous-réglementé et réclame un cadre juridique et, puisque c'est l'obsession en France, pourquoi pas fiscal au moins sur les charges sociales. Interdire purement et simplement ("dissoudre" ?) ce service qui facilite la vie de milliers de gens, et pas les plus riches, est une stupidité. Réciproquement, ne pas réformer de fond en comble la législation subie par les taxis constitue, de la part des responsables publics, un manquement notoire à leurs responsabilités.

Racheter les licences

Il y aurait eu une solution simple, demander aux entreprises de VTC, dont Uber fait partie, de racheter leurs licences aux taxis contre leur droit d'entrée sur le marché français. Dans un deuxième temps, on aurait pu créer un nouveau régime, le même pour les taxis et les VTC. Au lieu de cela, comme d'habitude, on n'a rien fait. On n'a rien décidé, on a fait une loi inutilement compliquée, on n'a rien inventé et pour finir on n'a rien résolu. Comme beaucoup d'hommes politiques français, M. Hollande pense que c'est en ne réformant pas qu'on maintient la paix sociale. Tout montre pourtant depuis le début de son mandat que c'est l'inverse : à force de se défausser devant les exigences de sa tâche, il laisse pourrir des problèmes qui conduisent à des scènes de guerre civile. Pitoyable violence des taxis, pitoyable mollesse du pouvoir exécutif, pitoyable spectacle d'un pays coincé dans de petits corporatismes et de grands renoncements qui finiront mal.

Charles Consigny
 

Grèce : la victoire à la Pyrrhus de Wolfgang Schäuble



En choisissant de ne pas laisser les Grecs voter, l'Eurogroupe a choisi la voie tracée par le ministre allemand des Finances. Une voie qui n'exclut pas le Grexit. Mais l'euro en sortira-t-il renforcé ?

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Dans son discours prononcé dans la nuit de vendredi à samedi, le premier ministre grec avait affirmé que les « institutions » (Eurogroupe, FMI et BCE) cherchaient à « humilier tout un peuple. » Il semble que l'Eurogroupe l'ait pris au mot et ait voulu rendre plus éclatante encore ce samedi 27 juin cette humiliation. Après avoir ignoré la demande de prolongation du programme de 2012 pour permettre aux électeurs grecs de se prononcer sur leurs propres propositions, les ministres des Finances de la zone euro ont demandé à Yanis Varoufakis, leur collègue grec, de signer ces mêmes propositions. Sur son refus, ils lui ont signifié la fin du programme à la date prévue, le 30 juin.

Exclusion de la Grèce

A ce moment s'est produit un fait inouï jusqu'ici en zone euro : l'Eurogroupe a de facto exclu la Grèce. Le président de cette instance, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a pris la responsabilité de publier un communiqué de l'Eurogroupe approuvé par seulement 18 des 19 ministres des Finances. Mieux encore, il a demandé à Yanis Varoufakis de quitter la séance qui a repris sans donc le représentant de la Grèce afin « d'examiner les conséquences de la situation. » Un véritable coup de force dont la légalité reste incertaine. Jeroen Dijsselbloem a prétendu que l'Eurogroupe étant un « organe informel », il n'avait pas besoin d'unanimité en son sein.

Victoire de Wolfgang Schäuble

Au-delà des arguties légalistes, cette décision revient à tenter d'organiser l'exclusion de la zone euro de la Grèce, le fameux Grexit, en mettant en scène son exclusion de l'Eurogroupe. La ligne de Wolfgang Schäuble qui, vendredi encore, a répété que la « crédibilité de la zone euro » était plus importante que son « intégrité », l'a emporté. Sans surprise, il est vrai, tant cette ligne est dominante au sein des ministres des Finances. Nul n'aura au sein des 17 autres pays, tenté de s'opposer à cette création de facto d'une procédure d'exclusion d'un pays de la zone euro, procédure absolument absente des traités. La France, par la voix de Michel Sapin, prétend vouloir garder la Grèce dans la zone euro, mais de tels propos ne sont pas cohérents avec l'humiliation subie à nouveau par l'Hellade ce soir.

La BCE fera-t-elle la « sale besogne » de l'Eurogroupe ?

C'est la BCE qui va devoir désormais se charger de la basse besogne commandée par l'Eurogroupe. Constatant l'impossibilité d'un accord, la BCE ne pourra que cesser d'une façon ou d'une autre, de fournir des liquidités d'urgence aux banques grecques. Elle qui a tenté depuis des mois d'agir de façon détournée sur les négociations en évitant toute rupture, va donc réaliser concrètement le Grexit. Ce samedi soir, elle a publié un court communiqué annonçant une réunion dimanche. Mais désormais sa position est intenable : continuer à fournir le programme ELA aux banques grecques serait contraire aux traités, le cesser mettrait fin à la promesse de sauver l'euro « quoi qu'il en coûte » (whatever it takes) de Mario Draghi, prononcé en juillet 2012 et qui avait apaisé la crise de la dette. Ce serait ouvrir la boîte de Pandore des exclusions dans une zone monétaire qui n'est unifiée par aucune unité politique réelle.

La responsabilité d'Angela Merkel

La responsabilité de cette situation revient principalement à Angela Merkel. En refusant de prendre la responsabilité d'un accord politique avec la Grèce parce qu'elle ne voulait pas accepter de restructurer la dette grecque, elle a laissé les discussions dans l'impasse de l'Eurogroupe. Refusant de déjuger son ministre des Finances, elle a laissé la voie libre à son propre plan : la concentration de la zone euro autour des « bons élèves. » Encore une fois l'électeur allemand a eu un poids décisif dans l'avenir de la zone euro. Rappelons que dans le choc entre Athènes et Berlin, le gouvernement grec était allé jusqu'au point où il avait accepté, par sa proposition du lundi 22 juin, de renoncer à l'essentiel des promesses de janvier. Il avait alors, pour complaire à l'électeur allemand, oublié en grande partie le désir des électeurs de son propre pays. Mais l'humiliation du refus de cette proposition par un FMI prenant acte de la position de l'Allemagne de ne pas réviser la dette, a conduit Alexis Tsipras à vouloir renouveler son mandat populaire.

Pourquoi l'Eurogroupe a-t-il alors refusé le référendum grec ? En théorie, un « oui » aux propositions des créanciers était possible, surtout si l'opposition en faisait une condition du maintien dans la zone euro. C'eût alors été une bonne nouvelle pour l'Eurogroupe : Alexis Tsipras aurait été discrédité par son échec et les « réformes » auraient été mises en place. Mais Jeroen Dijsselbloem a prétendu qu'il refusait de mettre en place ces « réformes » avec un gouvernement ayant appelé à voter « non. » Etrange justification, car en cas de « oui », le gouvernement Tsipras était dans une position intenable et la Grèce aurait dû trouver une autre formule politique plus « pro-européenne. » Les Européens, auteurs de coups de force en Grèce et en Italie en 2011, savent parfaitement gérer ces situations.

Pourquoi l'Eurogroupe n'a pas voulu d'un référendum

La réalité est différente. D'abord, l'Eurogroupe n'a pas voulu prendre le risque d'un refus par le peuple grec de ses propositions. Il a refusé que ces dernières, qui sont les seules « rationnelles » à ses yeux, soient soumises aux « passions » d'un peuple que l'on ne respecte guère à Bruxelles. Puisque ces propositions sont bonnes par natures pour l'Eurogroupe, elles n'ont pas à être soumises au peuple, elles doivent simplement être acceptées. D'où la « surprise désagréable » de Jeroen Dijsselbloem ce samedi. Ensuite, l'Eurogroupe veut se débarrasser une bonne fois pour toutes du gouvernement Tsipras qui est un corps étranger en son sein. En le mettant en position d'être exclu de la zone euro alors même que la majorité des Grecs veulent rester dans l'euro, ils tentent de le pousser à la démission. Et pour l'obtenir, ils sont prêts à sacrifier la Grèce et à l'exclure de la zone euro.

Quelle réponse d'Athènes ?

Que va-t-il se passer à présent ? Le projet de référendum semble très compromis. La question ne peut plus être celle de propositions des créanciers qui n'existeront plus le 1er juillet. Par ailleurs, le leader de l'opposition conservatrice, Antonis Samaras, qui avait rencontré mercredi les responsables européens, a sans doute décidé de déposer une motion de confiance contre le gouvernement, repoussant la possibilité pour le parlement de convoquer un référendum le 5 juillet. Officiellement, la Grèce maintient pourtant le référendum. Mais Alexis Tsipras doit désormais trouver une parade. Et ses options sont peu nombreuses. Il peut encore, et jusqu'au 30 juin, capituler et accepter, sans en appeler au peuple, les conditions des créanciers. Il n'y résistera certainement pas politiquement. Il peut prendre l'Eurogroupe au mot et préparer la sortie de l'euro, mettant Angela Merkel devant une responsabilité historique. C'est un risque à prendre, mais, clairement, on ne peut désormais plus exclure que Berlin laisse partir Athènes. Dès lors, la situation politique d'Alexis Tsipras sera délicate. Le choix est donc cornélien. Il semble, pour le moment, avoir choisi la seconde option par une passivité qui place les Européens face au risque de Grexit.

Une zone euro plus forte ?

Reste une question : ce soir, la zone euro a changé de nature. Elle est clairement devenu une « zone euro à deux vitesses » comme le craignait Alexis Tsipras. Un pays faible ne peut, en son sein, disposer d'aucune autonomie politique. Le contribuable et électeur de ce pays aura toujours tort face à son homologue allemand. Le refus du principe du référendum qui a provoqué des cris d'orfraies à Bruxelles ajoute encore à son caractère peu démocratique. Un caractère qui est une aubaine pour les mouvements eurosceptiques de tous bords qui vont pouvoir tirer à boulets rouges désormais sur la tyrannie de ces institutions. La logique de Wolfgang Schäuble affaiblit la zone euro en l'exposant à ces critiques.

Si le Grexit a lieu, les opposants à l'euro y verront un précédent qu'ils utiliseront. Si la situation se dégrade en Grèce, ils dénonceront l'inhumanité de la zone euro, si elle s'améliore, ils y verront la preuve qu'il faut sortir de l'euro. Surtout, désormais, nul ne pourra leur opposer un argument légal pour contester cette sortie, alors même que la BCE et l'Eurogroupe auront participé à l'exclusion de la Grèce. La zone euro n'est plus ce soir la « monnaie » de l'UE, comme l'indiquent les traités. Elle n'est plus le fruit d'une volonté politique. Elle est une zone de changes fixes dont on peut sortir à volonté.

Ceci convient parfaitement à Wolfgang Schäuble qui a pour but de faire de l'euro une monnaie forte. Mais la force d'une monnaie ne tient pas qu'à sa valeur et cette force nouvelle de la zone euro comme la conçoit Wolfgang Schäuble sera vite mise à l'épreuve. La zone euro va devoir désormais tester ses « pare-feu » pour contenir toute contagion. Seront-ils suffisants ? Oui si la contagion est limitée au Portugal. Non, si l'Italie, l'Espagne ou la France sont attaqués. Faudra-t-il alors expulser à la fin aussi ces pays ? Ce soir, l'euro est plus faible qu'hier politiquement et structurellement. Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne le sait puisque ce samedi soir il s'est empressé de rappeler que la "Grèce est encore membre de la zone euro." Oui, mais la rupture est évidente. 
 
 Romaric Godin

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Les Grecs se ruent sur les distributeurs après l'annonce du referendum


Les Grecs se ruent sur les distributeurs après l'annonce du referendum
Inquiétés par la décision surprise de leur premier ministre, de nombreux Grecs retirent leur argent des banques. La Banque de Grèce fait tout pour s'assurer que les distributeurs sont bien équipés en billets.

Le premier ministre grec Alexis Tsipras a créé la surprise vendredi soir en annonçant la tenue d'un referendum sur les nouvelles demandes des créanciers. Alors que cette décision visait manifestement à faire reculer les créanciers avant la réouverture des marchés lundi, ce sont surtout les Grecs qui semblent inquiets. De fait, ces derniers se ruent sur les distributeurs pour retirer leur argent. Des sources à la Banque de Grèce ont indiqué que celle-ci «faisait tout pour s'assurer que les distributeurs sont bien équipés en billets».

Devant un distributeur de Thessalonique, Maria Kalpakidou, 42 ans, admettait être venue pour «retirer autant d'argent qu'elle pouvait pour faire tourner son magasin la semaine prochaine». «Si nous n'avons pas d'accord d'ici au 4 juillet le système bancaire va s'effondrer», se lamentait-elle.

D'autres laissaient échapper leur colère: «Tsipras doit se comporter en homme, prendre ses responsabilités. Il ne peut pas jouer avec l'avenir de mes enfants. Qu'il organise des élections, plutôt qu'un référendum», lançait Vassileos, un physiologiste de 39 ans.

L'agence de presse semi-officielle ANA rapportait aussi une fréquentation accrue des stations-services, qui étaient néanmoins toujours bien approvisionnées samedi en milieu de journée. La banque Alpha semble quant à elle avoir eu du nez: sur son site internet figurait l'annonce de «travaux de maintenance informatique» empêchant les transactions électroniques entre samedi 11H30 et lundi 08H00 (heures grecques). Rien de tel chez ses trois grandes concurrentes.

Alexis Tsipras, contrairement à son parti de gauche radicale Syriza, et à plusieurs de ses ministres, n'a pas explicitement appelé à voter «non», même si son message était clair: «Je vous demande de décider si nous devons accepter un ultimatum exorbitant (...) Je suis sûr que votre choix fera honneur à l'Histoire de notre pays et enverra un message de dignité au monde entier». Certains membres du parti ont commencé à faire campagne pour le «non» au referendum.

A l'inverse, les partis d'opposition étaient vent debout contre cette annonce. L'ancien premier ministre de droite Antonis Samaras a accusé le gouvernement de «servir le lobby de la drachme», c'est-à-dire de vouloir une sortie de l'euro. Quant aux marchés financiers, ils pourraient s'effondrer lundi matin si aucun accord n'est trouvé ce week-end à l'issue de l'Eurogroupe qui se tient en ce moment à Bruxelles. 
 
 Mathilde Golla , AFP, AP, Reuters
 
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Grèce : le coup de tonnerre du référendum perturbe l'Eurogroupe



Grèce : le coup de tonnerre du référendum perturbe l'Eurogroupe
Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent ce samedi à Bruxelles. Climat tendu, au lendemain de l'annonce par Athènes d'un référendum sur leurs propositions.



Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent ce samedi à Bruxelles dans un climat de grande confusion après l'annonce par Athènes de l'organisation d'un référendum le 5 juillet sur l'offre de ses créanciers, et devrait discuter d'un "plan B" pour le cas où la Grèce serait en défaut de paiement.

La Grèce n'a plus que trois jours pour rembourser au Fonds monétaire international un prêt de 1,5 milliard d'euros, et si elle ne trouve pas cet argent, c'est le défaut de paiement qui guette, prélude à une sortie de la zone euro. Une perspective aux conséquences imprévisibles qui fait frémir dans les capitales des 18 autres membres de l'union monétaire. Vendredi, un document avait fait l'objet de fuites, montrant que les créanciers (FMI et UE) proposaient à Athènes de prolonger son plan d'aide jusqu'à fin novembre, avec à la clé potentiellement 15,5 milliards d'euros de prêts (12 des Européens, 3,5 du FMI), en échange des réformes demandées, à la fois budgétaires et structurelles. Ce plan prévoit une aide immédiate de 1,8 milliard pour faire face à l'échéance du 30 juin, quitte à ce que le délai ne soit pas tout à fait respecté, car un accord nécessite d'abord l'aval du Parlement grec et d'autres Parlements européens, en particulier le Bundestag allemand. Mais les Grecs ont rapidement fait savoir qu'ils n'acceptaient pas ce plan, jugeant l'échéance trop courte, le montant insuffisant et les conditions trop exigeantes.

Depuis des mois, leurs discussions avec les créanciers bloquent sur la réforme des retraites et celle de la TVA, mais aussi sur l'exigence d'Athènes de discuter dès maintenant d'un réaménagement de sa dette colossale, qui avoisine 180 % du PIB. C'est dans ces conditions que devait initialement se réunir l'Eurogroupe ce samedi, pour la cinquième fois en dix jours. Cette réunion était présentée comme celle de la dernière chance pour parvenir à s'accorder dans les temps. Le rejet catégorique de ce que M. Tsipras a qualifié d'"ultimatum" des créanciers et son annonce de l'organisation d'un référendum sont venus brouiller les cartes de manière spectaculaire.

Démoralisés


Certes, l'Eurogroupe a été maintenu, et la délégation grecque doit y participer. Mais les ministres des Finances, dont certains n'ont pas caché ces derniers temps leur lassitude et leur irritation face au partenaire grec, pourraient finalement changer l'ordre du jour de leur réunion et la consacrer à un sujet qui jusqu'ici était bien présent dans les esprits mais restait tapi dans l'ombre : le fameux "plan B", c'est-à-dire les mesures à mettre en place en cas d'échec des négociations. "Soit les Grecs sont prêts à discuter des dernières propositions, soit les ministres des Finances vont discuter du plan B", a confié jeudi un haut responsable européen sous le couvert de l'anonymat.

Résumant l'état d'esprit des créanciers, ce responsable a expliqué qu'ils sont "convaincus que leurs propositions sont vraiment généreuses" envers la Grèce. "Peut-être qu'ils se sentent un peu démoralisés, surtout en comparaison avec les négociations avec l'Espagne, le Portugal et l'Irlande", trois autres pays ayant obtenu un programme d'aide internationale. M. Tsipras, qui avait rencontré en petit comité jeudi la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande en marge d'un sommet européen à Bruxelles, a indiqué les avoir avertis de ses intentions, ainsi que le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi.

Celui-ci devait rencontrer samedi des responsables du gouvernement grec. La BCE, pas plus que le FMI, n'avait réagi samedi matin aux annonces du dirigeant de gauche radicale. Le Parlement grec devait se réunir, avec un vote prévu en début de soirée sur l'opportunité de tenir ce référendum. M. Tsipras a par ailleurs laissé une porte ouverte en annonçant jeudi qu'il allait demander une "courte extension" du programme en cours, de quelques jours. À Bruxelles, où ce nouveau développement dans la crise grecque n'avait pas été commenté officiellement samedi matin, on confiait cependant qu'il était "logique".

"Cela peut faire sens" d'organiser une consultation populaire sur les négociations avec les créanciers, a estimé le ministre de l'Économie et vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel sur la radio Deutschlandfunk. "Je crois que nous serions bien avisés de ne pas rejeter d'un revers de la main la proposition de M. Tsipras et de dire : C'est une manigance", a-t-il dit.

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afp via le Point :: lien

Grèce : Tsipras va organiser un référendum sur le plan d'aide des créanciers




Grèce : Tsipras va organiser un référendum sur le plan d'aide des créanciers
Le Premier ministre grec a annoncé vendredi soir à la télévision publique la tenue d'un référendum sur le plan d'aide des créanciers. La dernière proposition de l'Europe et du FMI a été refusée par le gouvernement grec.

Alexis Tsipras va organiser un référendum le dimanche 5 juillet sur le plan d'aide actuellement en cours de négociation dans les couloirs de Bruxelles entre les créanciers de la Grèce (UE et FMI) et le gouvernement dirigé par le leader de Syriza.

«J'appelle les Grecs à décider de façon souveraine et fière, comme l'histoire le requiert» a-t-il annoncé à la télévision grecque. «Le peuple doit décider hors de tout chantage», a-t-il ajouté.

Pour le Premier ministre grec, c'est «une responsabilité historique désormais qui se présente à nous décider de l'avenir du pays (...) dans les prochains jours, il faudra prendre des décisions dont dépendront les prochaines générations.»

La Grèce refuse une proposition des créanciers

Le leader de Syriza a également a également justifié la décision prise cet après-midi de refuser la dernière proposition des créanciers : «Durant six mois, le gouvernement grec a mené un combat pour en terminer avec la rigueur et pour trouver un accord viable qui respecte la démocratie. On nous a demandé de mettre en place des mesures d'austérité comme les précédents gouvernements (...) les propositions des créanciers exacerbent les inégalités sociales, apportent la déréglementation du marché du travail, des coupes dans les retraites, une hausse de la TVA sur les produits alimentaires et ont pour objectif l'humiliation de tout un peuple.»

Le gouvernement grec refuse la dernière proposition de ses créanciers (Union européenne et Fonds monétaire international). Ce plan de renflouement, en échange de réformes et d'efforts budgétaires, «ne peut être accepté» car il contient des mesures «récessives» et un programme de financement sur cinq mois jugé «tout à fait insuffisant», a déclaré vendredi une source gouvernementale grecque.

«La proposition des institutions au gouvernement grec était de légiférer immédiatement sur des mesures profondément récessives (...) en tant que condition d'un financement sur cinq mois, cependant tout à fait insuffisant», déplore dans une note le gouvernement grec. Une offre prévoyant une prolongation de cinq mois du programme d'aide dont bénéficie la Grèce et un paquet d'au moins 12 milliards d'euros à verser en quatre temps jusqu'en novembre a été faite par les Européens et le FMI, selon un document qui a fuité vendredi.

Un versement immédiat à la Grèce puis les réformes

La note du gouvernement grec confirme le détail de cette proposition : celle-ci prévoit notamment de verser à Athènes 1,8 milliard d'euros en urgence, moyennant un vote du Parlement grec, pour éviter le défaut de paiement au 30 juin, date à laquelle la Grèce doit rembourser un prêt de quelque 1,5 milliard d'euros au Fonds monétaire international. Une partie des 12 milliards serait ensuite versée en fonction de la mise en oeuvre concrète des mesures votées.

«Il est évident que la proposition des institutions, même sans prendre en compte les mesures récessives et socialement destructrices qu'elle prévoit, laisse un important trou de financement pour la période d'extension de cinq mois (NDLR : du programme d'aide) et, encore plus inquiétant, mènerait à une nouvelle négociation difficile, et un nouveau mémorandum (NDLR : d'austérité) à la fin de l'année», affirme cette source gouvernementale.
 
Notes

La Grèce a le «devoir» de trouver un accord, selon Varoufakis

Le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis a considéré vendredi soir que la Grèce et ses créanciers ont «le devoir» de trouver un accord à l'Eurogroupe de samedi à Bruxelles. «Il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas d'accord demain à l'Eurogroupe, nous avons le devoir de trouver une solution», a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision Ant1.


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samedi 27 juin 2015

Nazi-maoïsme ? Gauchistes d’extrême droite ? Mythe et réalités de l’oscillation idéologique après Mai 68

La révision du marxisme, le rejet de l’impérialisme (qu’il soit américain ou soviétique) faisant de la Chine un nouveau modèle d’horizon, la condamnation ferme des valeurs « bourgeoises » et de la démocratie de marché, le désir d’ordre : voilà autant d’éléments qui, à la suite de 1968 et par-delà leurs contradictions, laissent entrevoir un espace pour un nationalisme qui saurait se rénover et se mettre à l’école des nouvelles contestations. En effet, si à l’origine l’extrême droite ne se dit pas « révolutionnaire » avant 1917, il n’est pas de « nationalisme-révolutionnaire » sans le phénomène gauchiste. Le grand chambardement n’advient certes pas et, structurellement, c’est en fait l’adhésion sociale aux institutions et valeurs en place qui s’est renforcée.
C’est donc entre cette illusion politique, née d’une situation de rénovation culturelle, et cet état de fait d’absorption du potentiel révolutionnaire de Mai, d’une part par la société de consommation, d’autre part par le système politique concurrentiel traditionnel, qu’ont éclos de nouveaux oxymores politiques, dont l’un des plus fameux de par son intitulé et sa violence fut le « nazi-maoïsme ».
Dans le gauchisme ambiant post-1968, quelle part du phénomène relève du culturel, du politique, du sociologique ? Débat classique auquel les nationalistes-révolutionnaires apportent indirectement leur contribution en ne retenant prioritairement de cet objet que les signes extérieurs, qu’une manière d’envisager la langue, le graphisme, la révolte. Parmi les serpents de mer du débat politique, il en est un autre très prisé, car il est apte à préserver la continuité de l’offre politique : les extrêmes se « toucheraient ».
Le pendant censé et historiographique de la question est, bien sûr, le débat scientifique autour du caractère plus ou moins révolutionnaire des phénomènes fascistes. En ce qui concerne l’histoire du temps présent, le rapport gauchisme / néo-fascisme tourne bien sûr autour de l’axe NR et l’un des exemples les plus prisés demeure le cas du « nazi-maoïsme », tant son intitulé et ses slogans paraissent représenter parfaitement la problématique. L’inventivité en la matière souligne le rôle essentiel du maniement d’un vocabulaire précis : l’extrême droite adopte une attitude révolutionnaire en cherchant à faire exploser les champs lexicaux politiques relatifs au paradigme républicain et à un système politique éliminant les extrêmes. Dans un projet fasciste qui est culturel d’abord, le néo-fascisme, en quête d’un mode et d’une pensée opératoires, cherche en premier lieu à faire sa révolution culturelle propre.




Programme

Le terme « nazi-maoïste » a souvent provoqué l’ire des NR (qui en ont pour quelques uns usé). Il ne fait pas de doute que le terme de « nazi-maoïsme » est une aberration sémantique et que le mouvement est mieux nommé « traditionalisme révolutionnaire » au sens évolien du mot «Tradition». Mais tel est l’usage qui s’est imposé. C’est Franco Freda (dit « Giorgio Freda ») qui irradie depuis Milan la donne réformatrice. Le trait le plus constant de ce dernier est l’aspect protéiforme de sa militance : encadrer idéologiquement un mouvement, écrire des textes, éditer des livres, appeler à l’action terroriste et être accusé de s’y livrer, avec Franco Freda tous les moyens, même légaux, doivent être en usage. Il fonde sa librairie-maison d’édition, di Ar, en 1964, et commence par publier en italien L’Essai sur l’inégalité des racesd’Arthur de Gobineau, puis des œuvres de Julius Evola et de Corneliu Codreanu. S’y ajoutent ensuite L’Agression israélienne de Duprat (pamphlet antisémite, antisioniste et négationniste), le livre vert du colonel Kadhafi, la prose antisémite d’Henri Ford, les Protocoles des Sages de Sion, publiés avec des annexes visant à démontrer que nombre des événements prédits dans le texte se seraient déjà déroulés, etc.
Suite au Maggio rampiante et à un stage de formation dans la Grèce des Colonels, le positionnement idéologique relève de l’oscillation idéologique, l’O.L.P. a ainsi pour slogans les plus fameux « Vive la dictature fasciste du prolétariat ! » et « Hitler et Mao unis dans la lutte ». Franco Freda doit son aura à son apparition au cœur de la piste fasciste relative au massacre de la Piazza Fontana et à la publication de La Disintegrazione dei Sistema en 1969, texte mythique pour les NR qui va être considéré a posterioricomme un véritable manifeste de la stratégie de la tension – de même que son comparse Claudio Mutti, l’un des principaux cadres de Giovane Nazione, se tient d’abord en retrait de l’O.L.P. avant que de devenir une personnalité-phare du nazi-maoïsme. « Iconoclaste et totalitaire » affirment les néo-fascistes Cahiers du C.D.P.U. lorsqu’ils en publient la première traduction, et c’est un fait. Usant de métaphores scatologiques et de propos orduriers, faisant la critique sans concession des stratégies et dogmes passés, osant la proposition non d’un énième replâtrage autoritaire de la droite, mais d’un totalitarisme assumé et brutal, l’opuscule montre clairement que « quelque chose » se passe.
Quatre idées présentes dans La Désintégration du Système ont spécifiquement marqué les esprits. 1) L’ennemi désigné est le Système, c’est-à-dire la dictature capitaliste sous sa forme libérale ou socialiste. La bourgeoisie a acquis « l’hégémonie politique ». Il faut donc détruire le Système pour ériger un Etat qui ait une valeur transcendantale et dont le « but vrai » est la « participation au divin de l’homme », ce qui passe par l’adoption d’une « structure – pour ainsi dire – communiste », i.e. « l’Etat organique » et « l’ordre hiérarchique ». 2) Peuvent rejoindre le programme, ceux qui viennent des formations « bourgeoises » de la « droite néo-fasciste » et de la « gauche révisionniste », mais l’appel à « l’extrême droite du système » doit être clos et il faut dorénavant s’adresser à ceux qui sont « au-delà de la gauche du régime ». Aucun accord n’est certes conclu avec eux sur « l’après-système bourgeois », mais doit être mise en place « une unité opérationnelle dans une stratégie de lutte loyale ». Les autres mouvements extrémistes, de droite comme de gauche, ne sont, dès lors, que des dérivatifs du système. 3) Ces nouvelles alliances doivent aussi se refléter à l’échelle internationale : « le terroriste palestinien est plus proche de nos rêves de vengeance que l’Anglais (Européen ? personnellement j’en doute !) juif ou enjuivé (…). La dénonciation du pacte atlantique et de son organisation militaire, ainsi que la suppression des chaînes, qui actuellement rattachent l’Italie aux structures néocapitalistes supra-nationales (…) devra provoquer l’intégration active de l’Etat populaire dans l’aire des Etats qui refusent de s’attacher à la traîne politique des blocs de puissance impérialistes. L’Etat populaire conclura des alliances avec les Etats authentiquement anticapitalistes et favorisera, décidés à un niveau international, les mouvements de lutte contre le capitalisme et les complicités révisionnistes ». 4) Le programme c’est le terrorisme : « Nous sommes des fanatiques. (…) Et c’est vraiment le fanatique qui peut assumer une vision du monde, et après l’avoir reconnue, la vivre, aller vers elle, détachée de tous les moyens efficaces pour l’atteindre (et par conséquent prêt à les utiliser) ». La lutte révolutionnaire doit être « en dehors des solutions étouffées par des chaînes légalitaires et réformatrices, et dans les termes cohérents, durs et résolus que seulement la violence possède ».
L’un des axes forts de cette rhétorique est qu’elle se prête à diverses lectures, renvoyant, selon le récepteur, aussi bien à Goebbels qu’à l’extrême gauche. Le mélange de national-bolchevisme, de références marxistes-léninistes et de philosophie évolienne, de cette lignée du national-bolchevisme allemand voyant dans le stalinisme un modèle d’Etat « prussien » et de remarques gramscistes,  l’assemblage des thèses de Corradini sur l’alliance des nations prolétaires à une référence maoïste, la reprise de conceptions strasseriennes, fournissent ainsi un mélange hautement détonnant, dont on espéra sans doute qu’il puisse intensifier les contradictions internes de la démocratie de marché.

Structures

Le produit « traditionaliste révolutionnaire » a été importé en France d’une manière qui relève du fonctionnement typique des crises de l’extrême droite. L’image qu’il a laissé est celle d’une scission de l’aile ultra du mouvement néo-fasciste Ordre Nouveau, quitté par ses éléments « de gauche nationaliste » se joignant à des ex-socialistes européens de Pour une Jeune Europe pour fonder l’Organisation Lutte du Peuple.
C’est l’esprit völkisch qui souffle sur « l’organe de combat socialiste-européen » qu’est Pour une Jeune Europe, convaincue que l’Europe «sera celle des ethnies et des régions historiques», et qu’elle devra être dirigée par un comité où chaque ethnie aura un nombre de représentants évoluant « selon le principe du putsch permanent ». A son origine, il y a la dissolution d’Occident par l’Etat fin 1968. Certains de ses membres ne l’avaient rejoint qu’en raison de l’écroulement de la nébuleuse Europe-Action. C’est donc sur ces bases qu’ils repartent en février 1969, en parvenant, le temps d’une contribution, à ramener à eux Bardèche et Saint-Loup. On n’y ajoute pas foi à l’issue révolutionnaire des gauchismes et l’on espère que cet avenir bouché dégage l’autre perspective révolutionnaire, celle de la revendication ethnique. Pour une Jeune Europe constitue un moment essentiel dans la construction du nationalisme, en liant les conceptions raciales d’Europe-Action, avec des emprunts à Thiriart et aux néo-fascistes transalpins – le journal faisant preuve d’une tendre complaisance pour l’hitlérime – et les thèmes radicaux du néo-nationalisme émergeant : apologie de la Commune, antisionisme, mixophobie, dénonciation de la société de consommation, révolutionnarisme européiste, condamnations de la police oppressive et de l’extrême droite traditionnelle, dont les idées capitalistes et géopolitiques feraient d’elle le jouet du «sionisme». «Socialisme européen» est son étiquette mais elle désigne son idéologie d’un mot alors méconnu, «racialisme». Cependant, ses multiples références occidentalistes la distinguent subtilement d’Europe-Action : ici le thème de l’union blanche internationale recoupe celui de la dénonciation du pacte anti-européen qui tiendrait ensemble Etats-Unis et Union soviétique. Une dimension provocatrice n’est pas à exclure puisque le principal responsable, Nicolas Tandler, est lié aux réseaux Albertini.
Cette scission d’Ordre Nouveau est en fait, l’habillage d’une exclusion qui aboutit à ce positionnement. En 1971, le dirigeant de la cellule nantaise d’O.N., Yves Bataille, est exclu et est suivi en dissidence par sa section qui aurait décidé de continuer à « œuvrer au Combat National de libération selon un axe « Lutte du Peuple », c’est-à-dire autant anticapitaliste qu’antimarxiste et antisioniste, dans le cadre grand-nationaliste avenir de l’Europe révolutionnaire Unitaire ». S’il s’agit là d’un vocabulaire qui témoigne de l’intérêt porté aux NR italiens et allemands, le texte n’omet pas de se référer nommément à Doriot comme à Drieu La Rochelle. En fait, ce qui intéresse d’abord à cette époque Y. Bataille, c’est tout ensemble de s’inspirer de Jean Thiriart, théoricien d’une Europe jacobine, de l’italien Ordine Nuovo et d’intégrer le climat de Mai 68 au discours nationaliste. Suite à son voyage en Italie durant l’été 1972, il baptise son groupe Organisation Lutte du Peuple (le sigle étant, comme il se doit, une plus-value). L’organisation applique en France tactiques et stratégie de l’italienne Lotta di Popolo et participe à la micro-internationale impulsée, qui regroupe avec elles l’allemande Nationalrevolutionäre AufbauorganisationSache des Volkes (1974), le Comité de Liaison Européen Révolutionnaire.
Fondée en août 1974, la N.A.R.O.-S.d.V.regroupe environ 450 militants sur la base doctrinale du Manifeste de la Cause du Peuple d’Henning Eichberg. L’organisation tente de prendre langue aussi bien à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche, affiche une orientation anti-chrétienne, puis s’oriente à compter de 1979 vers le mouvement écologiste. Outre Ernst Niekisch, promu opposant en chef à l’hitlérisme, la N.A.R.O.-S.d.V.remet au goût du jour la proclamation du Parti Communiste Allemand. sur la « libération nationale et sociale du peuple allemand », et une phrase de Lénine : « Faites de la cause du peuple la cause de la nation et la cause de la nation sera la cause du peuple » ­- déjà très commune sous Weimar dans la mouvance national-bolchevique. Le trajet politique d’Eichberg est lui-même lié au nationalisme-européen français. Il commence à militer en 1956 dans la Deutsche Soziale Union d’Otto Strasser où il adopte les positions européistes et neutralistes en même temps qu’il découvre la Révolution Conservatrice. Après avoir participé au camp d’été de la Fédération des Etudiants Nationalistes en 1966, il popularise dans le milieu nationaliste allemand les thèses d’Europe-Action, puis effectue la même tâche relative à la Nouvelle droite.

Leurre épistémologique

Certes, chez nombre de cadres nationalistes, une certaine séduction soit se fait jour soit est affichée envers des éléments présents dans le maoïsme mais qui permettent en fait de réévaluer les fascismes, tels que le socialisme nationaliste, le renouvellement de la théorie des minorités agissantes, l’interprétation völkisch du rôle révolutionnaire de la paysannerie, ou de communs schèmes esthétiques. Il n’y a pas d’accommodation du nationalisme, italien ou français, au maoïsme qui se soit faite, malgré une certaine légende en la matière. La donnée est, en fait, parfaitement synthétisée par le cas de Serge Vincent-Vidal, Français catalan étant passé par les Jeunes de l’Europe Nouvelle, la Hitlerjugend, des divisions wallonne, française et allemande de la Waffen S.S. et qui, tenant un stand maoïste dans la Sorbonne occupée de mai 1968, déclarait : « Avec les Chinois, je continue mon vieux combat, à la fois contre les Soviétiques et les Américains ». C’est là un usage avant tout instrumental, s’inscrivant dans les conséquences de la désignation de l’Ennemi prioritaire ; il s’agit du positionnement en tant que révolutionnaires en rupture totale avec le « Système » et l’Occident, les NR n’ayant pas spécialement d’intérêt pour l’Asie en tant que telle (hormis la question de la civilisation et du nationalisme hindous bien sûr).
Jusque là, l’appel à l’union des extrêmes n’avait guère été clairement entonné en France que par Binet (ex-trotskyste, ex-stalinien, ex-doriotiste, ex-Waffen SS) et, à sa suite, par les groupes du néo-nazi Nouvel Ordre Européen, dont Peuple et Nation qui opte pour la ligne « nazi-maoïste » puis se range sous la bannière des Groupes Nationalistes-Révolutionnaires de Duprat. En somme, l’appel à l’union des révolutionnaires de droite et de gauche était un moyen de rénover et redorer la filiation stigmatisante national-socialiste. Il fallait renouer le lien remontant à un nazisme qui n’eût pas connu la même évolution barbare que celui du IIIe Reich, d’un nazisme qui n’eût point été un hitlérisme mais un national-socialisme. Il s’agit là d’un contrecoup de l’analyse alors courante du phénomène, surévaluant l’importance du facteur Hitler : cela s’inscrit dès lors dans une perspective de légitimation révisionniste (au sens classique du terme). L’influence des expériences italiennes et allemandes, de la redécouverte de l’œuvre de Jünger, vient permettre d’articuler en France, hors du camp néo-nazi, idiosyncrasie révolutionnaire et militantisme nationaliste. Mieux, la langue nouvelle permet de trancher par le dogme du slogan les gênes face aux ambiguïtés induites par l’esprit réactionnaire du nationalisme, l’oscillation s’avérant une formidable mode de résolution des contradictions internes.
L’Organisation Lutte du Peuple ne cesse d’employer un vocabulaire tout en connotations gauchistoïdes, mais elle ne le fait pas n’importe comment. Elle est l’un des premiers groupes français à refuser de parler d’Occident et dénonce « une Europe mentalement et politiquement colonisée » (car l’impérialisme culturel américain tue « l’individu et la communauté du peuple » et qu’U.R.S.S. et U.S.A. ont imposé leurs « troupes d’Occupation ») ayant pour seule solution : « une lutte des classes entre nations dominantes et nations dominées », i.e. une « résistance » et une « lutte de libération contre l’impérialisme (U.S.A.-U.R.S.S.-SIONISME) »mené par les juifs. Ladite libération est dite devoir éliminer les « Kollabos pro-russes ou pro-américains et édifiera un nouvel ordre culturel fondé sur un socialisme viril : le socialisme européen ». C’est en fait du trotskysme que les nazi-maoïstes français affirment explicitement vouloir s’inspirer. Lotta di Popolo a puisé son style dans le maoïsme, gauchisme majoritaire en Italie, l’ O.L.P. recherche le sien dans le gauchisme majoritaire en France. Cela n’interdit pas les subtilités de langage… Ainsi, lorsqu’elle affirme que la révolution créera « un nouvel ordre culturel fondé sur un socialisme viril : le socialisme européen », elle use de la définition que Drieu La Rochelle donnait du nazisme (« socialisme viril ») et de la formule d’un Déat pour le Nouvel Ordre européen nazi (« socialisme européen »). Cette expression de « socialisme européen » qu’elle emploie si souvent, elle ne la définit guère, mais c’est bien l’équivalence déjà sous-entendue par des groupes comme Pour une Jeune Europe puisqu’elle évoque par exemple Binet comme un « ex-trotskyste passé au Socialisme européen », pour ne point dire à la Waffen S.S. Le mouvement expose clairement à ses militants que les mots d’ordre, de sélection et de discipline ne doivent être utilisés qu’en précisant que l’on est hors système et anti-capitaliste, que les termes de droite, d’Occident et de nationalisme ne doivent en aucun cas être utilisés sans les adjectifs « européen » ou « révolutionnaire », et de conclure : « Ne pas avoir peur d’utiliser des terminologies dites gauchistes, à condition bien entendu d’en préciser ou d’en modifier le sens ».
Pour une autres des notes internes de l’O.L.P., si certains « thèmes et comportements gauchistes sont typiquement d’extrême droite, fascistes, [car le] fascisme est surtout un mouvement poétique et esthétique lié à une énergétique de vie », il n’en demeure pas moins que, au-delà des militants considérés comme récupérables, l’objectif final doit être l’élimination physique des responsables gauchistes. Néanmoins, cela donne une puissante coloration, et le fait même qu’il soit difficile de tenir ce langage au sein de l’espace des NR le souligne : l’O.L.P. est accusé de maoïsme par Le Devenir européen, lui même bientôt accusé de générer des « déviations gauchistes du nationalisme-révolutionnaire » par Duprat, etc. Si l’O.L.P. paraît donc tant réaliser l’oscillateur idéologique, ce n’est pas parce qu’elle l’incarne, mais parce que cela correspond à sa réflexion stratégique, aboutissement d’une triple influence : a) l’observation de la mouvance trotskyste en France ; b) l’imitation de Lotta di Popolo ; c) l’influence de la parution des Langages totalitaires de Jean-Pierre Faye.

Conclusion

Le maniement de la dialectique gauchiste par l’extrême droite radicale ne saurait en aucun cas être cantonné dans une vision complotiste, il est un réel travail de décloisonnement. Ce travail s’inscrit exactement en parallèle de celui mené sous le nom de métapolitique par la Nouvelle droite et témoigne que l’originalité avant-gardiste de celle-ci doit être pondérée lors d’une analyse de champ. Il s’effectue avec le même penchant consécutif pour la Révolution Conservatrice comme mode palingénésique du nationalisme, avec la même passion pour le maniement précis du vocabulaire, et avec une légère avance chronologique. L’acculturation du gauchisme concerne les leçons, l’esthétique, et des éléments culturels : il n’est pas d’apports profonds au substrat idéologique si on se place dans une perspective analytique centrée sur le « minimum fasciste ». La dimension révolutionnaire conservatrice reste ici la partie la plus stable et la plus enracinée dans la conception politique : l’instinct réactionnaire, le goût de l’ordre, mais avant toute chose et au bout du compte la Révolte contre le monde moderne – pour reprendre l’intitulé de l’un des plus importants ouvrages d’Evola – constituent en quelque sorte le fichier racine du logiciel nationaliste-révolutionnaire et nazi-maoïste. En tant que « réaction moderniste », la mouvance retient, dans les leçons de Mai, le dogme de la nécessaire adéquation avec la réalité culturelle du temps, d’où vient qu’il ne faut point être obstinément réactionnaire, en particulier dans les questions de mœurs.
L’appropriation culturelle sincère d’aspects du gauchisme et des populismes nationalistes (un amalgame en soi très parlant) est en fait un mode enthousiaste de redécouverte et de dépassement du fascisme historique, une volonté de régénération du nationalisme par un jeu de « billard à trois bandes » envers le fascisme-mouvement : la respiration « gauchisante » du discours et de l’auto-représentation est parallèle à celle de la réévaluation du caractère révolutionnaire du fascisme par l’historiographie. Cependant, il est évident que, dans leur auto-représentation, ces nationalistes se perçoivent, et par là-même sont, des fascistes de « gauche », et que les oscillations de langage portent fatalement l’oscillation idéologique.

 Nicolas Lebourg