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jeudi 25 juin 2015

Plus d'un enseignant sur dix recevrait des menaces chaque année



La moitié des professeurs insultés ou menacés signale des séquelles telles que des troubles du sommeil ou une perte de confiance en soi.

L'effarante agression de ce jeune enseignant malentendant au lycée Émile Combes de Bègles - insulté puis frappé en plein cours par des lycéens qui ont filmé la scène - n'est malheureusement pas un cas isolé. Menaces, insultes et parfois même agressions seraient courantes dans les établissements scolaires, si l'on en croit une enquête de l'Insee datant de juillet 2014.

Si les violences physiques contre les personnels de l'Éducation nationale sont relativement rares - 0,6 % d'entre eux déclarent avoir été agressés physiquement dans l'exercice de leur profession -, chaque année en moyenne, 12 % des enseignants déclarent faire l'objet de menaces ou d'insultes dans l'exercice de leur métier, affirme l'Insee. Cette proportion est près de deux fois plus élevée que dans l'ensemble des autres professions. «Les enseignants de collèges et lycées sont le plus souvent menacés ou insultés par des élèves (3 cas sur 4) tandis que ceux de maternelle et primaire le sont majoritairement par des adultes (7 cas sur 10), poursuit l'étude. Les personnels les plus jeunes sont particulièrement exposés». Dans l'année qui suit l'incident, en moyenne, 46 % des personnels de l'Éducation nationale menacés ou insultés dans l'exercice de leur métier signalent des séquelles telles que des troubles du sommeil ou une perte de confiance en soi.

Les jeunes enseignants, les plus touchés

Les moins épargnés? Les chefs d'établissements et les conseillers d'éducation, puisqu'environ un sur quatre a fait l'objet de menaces ou d'insultes dans les douze mois qui ont précédé l'enquête. Les enseignants âgés de moins de 30 ans sont les plus touchés (en moyenne 14 % sont menacés ou insultés chaque année dans l'exercice de leur profession, contre 9 % chez les plus de 50 ans). «La plus grande expérience professionnelle des personnels plus âgés, mais aussi le parcours professionnel des enseignants du second degré, notamment le lieu où ils exercent, peuvent en partie expliquer cette différence», selon l'Insee.

Des chiffres corroborés par ceux de la Fédération des Autonomes de Solidarité (FAS): en partenariat avec la Maif, elle assure la protection de près de 470. 000 personnels d'éducation de l'enseignement public, soit la moitié de cette population. Sur les 5911 dossiers ouverts en 2013-2014 en protection juridique professionnelle, l'assureur note «une quasi stabilité du nombre de conflits», qui restent «pour 2/3 des cas liés aux agressions verbales, diffamation et harcèlement», tandis que 6,48 % concernent des agressions physiques légères.


 Stéphane Kovacs

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