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dimanche 28 juin 2015

Grèce : le coup de tonnerre du référendum perturbe l'Eurogroupe



Grèce : le coup de tonnerre du référendum perturbe l'Eurogroupe
Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent ce samedi à Bruxelles. Climat tendu, au lendemain de l'annonce par Athènes d'un référendum sur leurs propositions.



Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent ce samedi à Bruxelles dans un climat de grande confusion après l'annonce par Athènes de l'organisation d'un référendum le 5 juillet sur l'offre de ses créanciers, et devrait discuter d'un "plan B" pour le cas où la Grèce serait en défaut de paiement.

La Grèce n'a plus que trois jours pour rembourser au Fonds monétaire international un prêt de 1,5 milliard d'euros, et si elle ne trouve pas cet argent, c'est le défaut de paiement qui guette, prélude à une sortie de la zone euro. Une perspective aux conséquences imprévisibles qui fait frémir dans les capitales des 18 autres membres de l'union monétaire. Vendredi, un document avait fait l'objet de fuites, montrant que les créanciers (FMI et UE) proposaient à Athènes de prolonger son plan d'aide jusqu'à fin novembre, avec à la clé potentiellement 15,5 milliards d'euros de prêts (12 des Européens, 3,5 du FMI), en échange des réformes demandées, à la fois budgétaires et structurelles. Ce plan prévoit une aide immédiate de 1,8 milliard pour faire face à l'échéance du 30 juin, quitte à ce que le délai ne soit pas tout à fait respecté, car un accord nécessite d'abord l'aval du Parlement grec et d'autres Parlements européens, en particulier le Bundestag allemand. Mais les Grecs ont rapidement fait savoir qu'ils n'acceptaient pas ce plan, jugeant l'échéance trop courte, le montant insuffisant et les conditions trop exigeantes.

Depuis des mois, leurs discussions avec les créanciers bloquent sur la réforme des retraites et celle de la TVA, mais aussi sur l'exigence d'Athènes de discuter dès maintenant d'un réaménagement de sa dette colossale, qui avoisine 180 % du PIB. C'est dans ces conditions que devait initialement se réunir l'Eurogroupe ce samedi, pour la cinquième fois en dix jours. Cette réunion était présentée comme celle de la dernière chance pour parvenir à s'accorder dans les temps. Le rejet catégorique de ce que M. Tsipras a qualifié d'"ultimatum" des créanciers et son annonce de l'organisation d'un référendum sont venus brouiller les cartes de manière spectaculaire.

Démoralisés


Certes, l'Eurogroupe a été maintenu, et la délégation grecque doit y participer. Mais les ministres des Finances, dont certains n'ont pas caché ces derniers temps leur lassitude et leur irritation face au partenaire grec, pourraient finalement changer l'ordre du jour de leur réunion et la consacrer à un sujet qui jusqu'ici était bien présent dans les esprits mais restait tapi dans l'ombre : le fameux "plan B", c'est-à-dire les mesures à mettre en place en cas d'échec des négociations. "Soit les Grecs sont prêts à discuter des dernières propositions, soit les ministres des Finances vont discuter du plan B", a confié jeudi un haut responsable européen sous le couvert de l'anonymat.

Résumant l'état d'esprit des créanciers, ce responsable a expliqué qu'ils sont "convaincus que leurs propositions sont vraiment généreuses" envers la Grèce. "Peut-être qu'ils se sentent un peu démoralisés, surtout en comparaison avec les négociations avec l'Espagne, le Portugal et l'Irlande", trois autres pays ayant obtenu un programme d'aide internationale. M. Tsipras, qui avait rencontré en petit comité jeudi la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande en marge d'un sommet européen à Bruxelles, a indiqué les avoir avertis de ses intentions, ainsi que le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi.

Celui-ci devait rencontrer samedi des responsables du gouvernement grec. La BCE, pas plus que le FMI, n'avait réagi samedi matin aux annonces du dirigeant de gauche radicale. Le Parlement grec devait se réunir, avec un vote prévu en début de soirée sur l'opportunité de tenir ce référendum. M. Tsipras a par ailleurs laissé une porte ouverte en annonçant jeudi qu'il allait demander une "courte extension" du programme en cours, de quelques jours. À Bruxelles, où ce nouveau développement dans la crise grecque n'avait pas été commenté officiellement samedi matin, on confiait cependant qu'il était "logique".

"Cela peut faire sens" d'organiser une consultation populaire sur les négociations avec les créanciers, a estimé le ministre de l'Économie et vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel sur la radio Deutschlandfunk. "Je crois que nous serions bien avisés de ne pas rejeter d'un revers de la main la proposition de M. Tsipras et de dire : C'est une manigance", a-t-il dit.

source
afp via le Point :: lien