J. C. |
Chers amis et camarades
Nous voici à nouveau réunis autour du feu du solstice, comme jadis nos lointains ancêtres en des temps révolus. Cette fête, ainsi que d’autres, ont traversé les siècles et les millénaires en dépit des épreuves, des persécutions et des récupérations. Et l’on peut dire que c’est même devenu une habitude remarquable de la célébrer dans nos petits cercles de résistants patriotes. C’en est devenu une telle habitude qu’on la croit être le principal prétexte à chants joyeux, beuveries très gauloises et retrouvailles familiales annuelles autour d’un simple feu de camp.
Ce serait méconnaître le sens profond du solstice qui compte, jusque sous le travestissement, parmi les fêtes les plus importantes et les plus sacrées de l’année, sans doute en raison du pouvoir immense et indestructible de celui qui en est la cause : le soleil.
Nous allons donc présenter un bref résumé de la signification et des symboles du solstice.
On pourrait penser, de prime abord, que la fête du solstice ne se rapporte qu’au cycle solaire. Mais une étude sérieuse de la symbolique y étant liée nous révèle que nos ancêtres ont eu une compréhension des phénomènes naturels beaucoup plus étendue qu’on ne peut l’imaginer et qui ne découle pas seulement de leur simple observation physique puisqu’une signification spirituelle y est toujours sous-jacente.
Les fêtes solsticiales du 21 juin et du 21 décembre sont paradoxales. A priori, leur sens devrait refléter le caractère des saisons auxquelles elles se rapportent. Mais ce n’est pas le cas. Le solstice d’hiver, saison habituellement sombre, froide et triste, inaugure en fait le début de la phase ascendante du soleil dans le ciel vers la lumière, qui coïncide avec l’allongement des jours. Le solstice d’été, quand à lui, saison chaude, joyeuse et claire, amorce au contraire la phase descendante de l’astre vers l’obscurité, et le raccourcissement des jours ; tout cela étant conditionné par le mouvement elliptique de la terre autour du soleil.
Dans le monde romain, les fêtes solsticiales renvoyaient au symbole du dieu Janus aux deux visages, qui signifie la porte, d’où dérive le nom de janvier, début du cycle astronomique. Ces fêtes ont d’ailleurs été récupérées telles quelles par le christianisme sous les formes de St Jean l’Evangéliste en hiver et St Jean Baptiste en été.
Janus regarde à la fois en direction de la phase ascendante et de la phase descendante du soleil. Il est le maître des temps, le gardien des deux portes solsticiales qui sont aussi les deux voies de développement spirituel. Les clés sont ses principaux attributs. La clé d’or (ou le sceptre) ouvre ou ferme la voie ascendante vers la lumière ou la connaissance spirituelle. La clé d’argent ouvre ou ferme la voie descendante vers l’obscurité ou la connaissance matérielle. Janus est donc le dieu de l’initiation aux « mystères ».
Que pouvaient signifier ces mystères dont parle aussi la tradition grecque et dont on ne sait presque rien ? La tradition aryo-védique nous livre, quant à elle, quelques explications :
Le solstice d’été et son cycle de six mois sont nommés la « voie des ancêtres ». Ce sont les « petits mystères » qui ont trait à la connaissance individuelle. L’homme se régénère psychiquement en se recentrant sur son être individuel et réfléchit à sa place dans l’ordre du monde. C’est aussi la période où l’on considère que les âmes des morts se réincarnent dans le monde terrestre.
Le solstice d’hiver et sa période sont nommés la « voie des dieux ». Ce sont les « grands mystères » qui permettent à l’homme d’accéder à un état supra-humain, d’acquérir la connaissance spirituelle ultime de l’unité primordiale. Durant ce cycle, les âmes des morts ne reviennent plus dans le monde terrestre.
De plus, il est intéressant de remarquer que Janus présidait aux « collegia fabrorum » ou guildes au Moyen-Age, c’est-à-dire les corporations des métiers du monde antique. On voit donc que toutes ces professions artisanales, - charpentiers, menuisiers, forgerons, sculpteurs, tailleurs de pierre, etc. – sont les véritables dépositaires et architectes de la civilisation indo-européenne, aux côtés des prêtres et des guerriers.
Les solstices sont indissolublement liés au soleil, donc à l’élément feu qui est celui de la connaissance. Au solstice d’été règne le feu extérieur, feu du monde et de la vie corporelle. On y élève une pyramide en bois autour d’un poteau central portant une croix celtique et qui signifie les différents états de connaissance auxquels on parvient. Mais la pyramide est tronquée et la connaissance ne concerne que la sphère individuelle humaine dans le monde extérieur. C’est la fête de la communauté.
Le tison que l’on recueille en fin de cérémonie est la continuité. Il forme le lien avec le solstice d’hiver. Il allumera le feu de la buche ou de la bougie dans le chandelier de Jul, autre pyramide axe du monde. Mais là, c’est le feu intérieur du cœur que l’on voit sur le chandelier, de la connaissance intuitive directe qui va illuminer l’être et le faire accéder à l’unité universelle, d’où la rune Hagal signifiant l’univers. C’est la fête de la famille.
A travers toute cette symbolique, on comprend alors que nos ancêtres ont appréhendé la religion, non comme un conglomérat de croyances obscurantistes ou de délires fantaisistes, mais comme une véritable science reposant sur la connaissance de phénomènes physiques et hyper-physiques dont on ne fait, de nos jours encore, qu’à peine entrevoir toute la portée.
Ils auraient pu s’en tenir à une formulation purement matérialiste et mathématique des choses, comme nous le faisons actuellement. Mais ils ont choisi de transcrire ces connaissances sous une forme poétique et symbolique afin que seuls ceux qui en sont dignes, puisse en comprendre le sens ultime, non par esprit de discrimination, mais tout simplement pour éviter que ce savoir soit mal employé ou perverti.
Telle est ce que nous nommons aujourd’hui « religion païenne », (car j’exclue de ce qualificatif les monothéismes qui, eux, relèvent, du phénomène sectaire). Les dieux et les rites sont donc de merveilleuses manières d’enchanter la science.
Ne l’oublions pas et n’oublions pas non plus que nous nous trouvons ici et maintenant en un lieu sacré et consacré, et que donc le feu du solstice est particulièrement sacré. Rien ne doit le souiller.
Au-delà même de la simple signification religieuse, la célébration du solstice nous rappelle aussi à quel clan nous appartenons et quel sang coule dans nos veines.
Il y a de cela 40 000 ans, pas plus de 10 000 personnes peuplaient toute l’Europe. Et de ces 10 000 personnes sont nés les 500 millions d’Européens que nous connaissons aujourd’hui. C’est-à-dire, comme la génétique vient de le démontrer récemment, nos frères de sang.
Déjà ils avaient les yeux tournés vers les étoiles et y décelaient l’archer céleste d’Orion. Déjà ils inventaient la civilisation au fond des grottes matrices de rêves galopants. Alors n’oublions jamais que de Lisbonne à Vladivostok, de Reykjavik à Bénarès, un même sang conquérant traverse l’espace et le temps tel un feu créateur. Une même volonté est là, couvant au fond de notre mémoire fragmentée, et qui ne demande qu’à se réveiller sous le coup du grand Appel prométhéen.
Si l’axe du monde est au Nord, le soleil, lui, se lève à l’Est, au pays d’Arkhaïm la primordiale. Entendons l’appel et regardons encore le soleil de l’esprit se lever dans le regard bleu de nos enfants.
A présent, allumons le feu et bon solstice, mes camarades.
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