Jean Guiart, anthropologue, ethnologue*
Des deux fusillades aux États-Unis à la mi juin 2017, l’une a blessé grièvement un sénateur républicain, président d’une commission de quelque importance. Elle est donc politique, fruit des dénonciations démocratiques violentes de tout ce qui était le fruit de la majorité électorale perdue par sottise, le fruit aussi de la violence subventionnée par le financier Georges Soros. La seconde est parfaitement claire. Elle est due au manque de sommeil d’un chauffeur de camion faisant trop d’heures supplémentaires et qui a craqué.
La culture ancienne de la violence aux États-Unis — c’est la raison pour laquelle j’ai renoncé à m’y installer — explique le massacre des Indiens, puis les violences contre les Noirs, et ce sont maintenant les Blancs qui se tuent entre eux, et cela en dehors de toute organisation de la violence de masse, comme la mafia des années de la prohibition, la violence politique irlandaise à New York, dite de Tammany Hall. La violence effrayante d’aujourd’hui est celle de bandes violentes armées des pays de l’Amérique centrale qui remontent vers le nord, à travers le Mexique, pays qui n’agit en aucune façon pour les freiner, pour les empêcher de pénétrer aux États-Unis.
On a maintenant le résultat de la fausse prospérité des États-Unis, la création d’emplois provisoires, mal payés, avec des charges d’heures qui remontent à un siècle en arrière. Le manque de sommeil, les salaires trop bas entraînant une nourriture désastreuse, sinon dangereusement empoisonnée chimiquement par les produits industriels, dont les métaux lourds, accumulés sur et dans les légumes et les fruits, et qui s’additionnent et se mettent à agir en complémentarité les uns avec les autres et en multiplicateurs dans le corps humain, ont pour conséquence la perte de capacité de contrôle du corps physique se mettant lentement à fonctionner à contre-sens, et de ce fait la perte de la maîtrise de soi. Les enfants sont déjà élevés sans discipline, ce qui les transforme en adultes facilement déboussolés, incapables de sang-froid.
On traite les adultes comme des robots devant absorber n’importe quelle nourriture intellectuelle — au moins les Églises enseignent-elles encore : «Tu ne tueras point». Les Syndicats n’ont plus le contrôle de quoi que ce soit : ils avaient abouti à considérer les ouvriers comme des marchandises, et sont lentement détruits par la révolte de la couche de travailleurs bien formés et mieux payés, dont le système scolaire en fournit trop peu à l‘industrie — on se trouve actuellement aux Etats-Unis dans une situation où des millions d’emplois très qualifiés et bien payés ne trouvent pas preneurs.
Les pouvoirs publics voudraient les obtenir de l’immigration en freinant par contre l’arrivée constante de travailleurs sans qualification et qui ne parlent pas l’anglais. Eux mêmes ne parviennent plus à recruter assez d’hommes pour l’armée. Ils n’ont plus assez de pilotes pour l’aviation. Ouvrir les rangs aux homosexuels aboutit au contraire de l’effet recherché. Les autres fuient.
Être plus libéral pour les cas psychologiques potentiels abouti à multiplier les cas de viols, au Japon et à Okinawa, qui demande son indépendance aux Nations-Unies, pour être débarrassé de sa base américaine. On ne parvient pas à régler le problème des vétérans de la guerre en Irak, qui ont vu trop de camarades mourir à leurs côtés dans des engins blindés mal protégés sur les côtés et par en dessous contre les mines, et qui sont nombreux à présenter des problèmes aigus d’inadaptation au retour, bien plus que pour le Vietnam. Ce qui n’encourage pas le volontariat pour remplacer cette génération de guerriers déçus.
Tous ces gens dont les pères ont fui la violence économique et politique en Europe au XIXe siècle, retrouvent dans leur pays d’élection une violence qui est pire en ce sens qu’elle ne s’explique pas, d’autant plus qu’un certain nombre d’homme d’affaires marginaux tentent d’en tirer profit commercialement par des discours dont l’artificialité crève les yeux et des annonces de catastrophes intérieures évidemment entièrement fabriquées.
- Jean Guiart est anthropologue, ethnologue spécialiste de la Mélanesie, ancien professeur d’ethnologie générale à la Sorbonne et au Muséum national d’histoire naturelle. Il a publié une cinquantaine d’ouvrages. Dans le numéro 47 de Krisis ( juin 2017) consacré au Paganisme, il est l’auteur d’un article : Les missionnaires occidentaux face au “paganisme” dans le Pacifique Sud.