Savez-vous que le Salon du Bourget qui a lieu tous les deux ans est l’une, sinon la plus importante, des manifestations statiques et dynamiques au monde consacrées à l’aviation et à l’espace ? Il est ouvert pour une semaine depuis lundi dernier, 19 juin.
Les matériels exposés et présentés en vol couvrent un large spectre du civil et de la défense, ainsi que les nouvelles technologies. Si l’on mentionne Airbus et Rafale, les esprits curieux ou les fans s’éveillent illico !
Cette année, silence quasi total des médias jusqu’alors, sauf ceux de la presse spécialisée.
Le salon est devenu aussi furtif que les nouveaux chasseurs bombardiers exhibés. Pas la moindre mention sur les chaînes télé (en tout cas pour le scrutateur avide que je suis), pas même pour la visite du Président, lundi, à l’ouverture, accompagné, parait-il, de notre astronaute Thomas Pesquet, redescendu – mais pas spécialement pour ce rendez-vous – de la Station spatiale internationale, le 3 juin dernier. Il faut dire que la grande famille médiatique est totalement penchée sur l’actualité, les circonvolutions, voltiges et vrilles à très basse altitude de la politique tricolore et n’a pas eu le temps de relever les yeux et les caméras vers le ciel !
La fête de la Musique qui interférait avec l’annonce d’un nouveau gouvernement et un président colombien – dont on se demande quelle vitale ou urgente nécessité stratégique l’avait amené à Paris et à l’Élysée – ont même occulté, cette année, les piges-rengaines des reporters en herbe pour la nuit la plus courte de l’année et ses effets sur les enfants, les vieillards et les vaches laitières, etc.
Pour revenir – ou plutôt aller – au Bourget, il est vrai que le ministre de la Défense, féminisé et commué cette année en ministre des Armées, parrain naturel de cette exposition avec le GIFAS – Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales -, était bloqué au creux du marigot orange des affaires et avait plus urgent à traiter.
Heureusement, tout est désormais en ordre et après les comptes rendus et débats sur le premier Conseil des ministres du gouvernement Philippe II, il reste ce vendredi à Florence Parly, la nouvelle promue accompagnant le Premier ministre, pour aller déambuler sur le tarmac avant qu’il ne soit envahi par les visiteurs civils enthousiastes et autres « spotters » bardés de caméras.
Elle pourra, en particulier, s’informer sur le chasseur F-35 américain présent en vedette, qui intéresse l’Allemagne pour la modernisation de ses escadrons de combat. À l’heure où – thanks to Trump – le Président français veut réformer l’Europe et tenter de créer une défense communautaire, le choix d’un matériel yankee, après cinq autres pays du continent, n’augure guère d’une entrée en matière consensuelle pour ce processus. Le parapluie de l’OTAN, qui réduit le prix de leur défense pour nombre de nos voisins, les oblige d’une certaine manière en retour.
Mais, à l’instar de Le Drian, l’expérience des affaires, de la gestion d’entreprise et des retours sur investissement du nouveau ministre lui permettront sans doute de valoriser les Rafale, A400M et autres Tigre auprès de clients potentiels plus pécunieux et moins dépendants de l’Oncle Sam !
Henri Gizardin
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