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samedi 4 juin 2016

Animalité (une réponse à Nicolas Bonnal)


Philippe Delbauvre 

Animalité (une réponse à Nicolas Bonnal)
 
Nicolas Bonnal fait partie des écrivains – écrivants – dont je suis les publications, notamment par l'intermédiaire de Boulevard Voltaire. Il m'a semblé, mais peut être me trompé-je, qu'il se radicalise ces derniers mois. Pressentiment de la catastrophe à venir dont il perçoit l'imminence, jour après jour ?

Je ne partage pas l'avis qui est le sien, transmis dans son dernier article intitulé «  Comment le système nous a rendus si mous » (1).

Le Système, malgré ce qu'en pensent beaucoup, ne formate pas l'homme. Il ne fait que laisser faire. C'est la bonne éducation qui est culturelle alors même que la vulgarité est naturelle. Le libéralisme n'est autre que l'approbation du retour à la nature. Et nous pouvons le constater au quotidien, les Anciens surtout, parce qu'ils connurent une autre France. Le libéralisme, parce qu'il laisse faire justement, nous permet de nous laisser aller à nos penchants naturels. C'est donc l'animalité, que les catholiques appellent péché originel, qui se voit flatté par la structure en place. Le Système ne crée pas un homme nouveau, mais nous ramène progressivement à la longue période antérieure à la civilisation. Autrement exprimé, alors même que l'homme s'est naguère progressivement élevé grâce à la civilisation, nous faisons machine arrière, entamant un processus de décivilisation.

A noter aussi qu'avoir des valeurs, c'est être capable de se tirer une balle dans le pied, justement en leur nom. Ne pas être voleur, c'est souvent perdre de l'argent. Sauter sur Dien Bien Phu alors même que la bataille était déjà perdue, c'était risquer au mieux l'inconfort, au pire la mort. Il faut donc se faire violence pour être civilisé. Et plus on l'est, plus les contraintes sont lourdes. Dès lors où le Système laisse faire, fatalement, on ne peut que rencontrer, sauf exception notable, le retour en force de l'animalité initiale.

Naguère c'était le passé qui fut célébré, avant que les modernes (18 ème siècle), ne mettent en exergue le futur. Aujourd'hui, nous assistons à la dictature du présent. Rappelons que l'animal n'est justement pas capable de planifier une action sur le long terme ou d'avoir une longue mémoire. C'est bien l'animalité, ou plus exactement son retour chez l'homme, dont il est question. Et il ne manque pas d'exemples pour illustrer le fait. Le fait zapping en constitue un. De même les assassinats gratuits pour une broutille. Le téléphone portable, parce qu'il permet d'être contacté immédiatement, contrairement au téléphone fixe, participe de la même école. L'incontinence sexuelle, aussi. La libéralisation économique idem.

Le penchant naturel de l'homme le pousse à l'égoïsme voire plus généralement au mal. Là où les dirigeants du passé, conjuraient le fait via l'éducation au sens le plus large du terme, ceux d'aujourd'hui laissent faire.

Le Système ne crée donc pas le mal, pas plus qu'il ne formate l'homme : il laisse faire, suscitant ainsi les pires travers inhumains. Rappelons aussi que le Système est, au moins, vanté par l'électorat qui va de l'aile droite de l'Ump à l'aile gauche du Ps. Il a donc très majoritairement l'approbation du peuple, tout ravi de l'aubaine libérale.
 
Notes

(1) http://www.bvoltaire.fr/nicolasbonnal/systeme-a-rendus-mous,201788