Philippe Delbauvre
Si on entend par identitarisme, la défense
du localisme par opposition à l'Etat central, force est de constater que
le fait n'est pas récent. Il n'est d'ailleurs pas spécifiquement
français puisque bien des Américains fustigent et c'est une obsession,
les empiétements du pouvoir central, dénommé là bas, fédéral.
Dès le haut moyen-âge, les nobles locaux s'opposèrent pour beaucoup à la mainmise des rois successifs. Il est peut être profitable à tous de rappeler qu Philippe II, dit Auguste, sacré à Reims le 1er novembre 1179, fut le premier des Rois à utiliser l'expression « Roi de France ». Peut être aussi est t-il toujours profitable de rappeler aussi qu'en 1914, c'est 75% des poilus qui ne parlaient pas le français. Il n'est donc pas ridicule de penser que la première guerre mondiale servit à homogénéiser l'ensemble.
Aujourd'hui, dans la mouvance, le fait identitaire est incontournable. Il ne faudrait pas pour autant imaginer que les politiques en aient la complète responsabilité. Chti d'origine puisque j'ai vécu 45 ans dans le Nord avant de déménager dans le Rhône où d'ailleurs la mentalité me convient mieux (encore une limite du fait « terroir », j'ai pu constater, bien avant la naissance du bloc identitaire, le fait.
Déjà au milieu des années 80, Yannick Noah interrogé dans l'émission d'Anne Sinclair, évoquait ses racines. Je me souviens aussi, dès la première
partie des années 90, que des copains d'origine polonaise, évoquaient leur polonité. Les copains en question, une fois n'est pas coutume, extérieurs à la mouvance, ne faisaient que traduire ce qui fut et reste une mode, qui très probablement passera.
Ce qui est surprenant dans le cadre de l'affaire ukrainienne, c'est l'incohérence interne de la pensée identitaire. D'un point de vue politique en France, on ne peut pas dire qu'il y ait des contrées dans lesquelles les suffrages exprimés soient originaux. Par là, je veux spécifier qu'il n'y a nulle région dans laquelle « droite » ou « gauche » dépasse la barre des 70% de voix. Pas de spécificité locale donc. Si naguère existaient des régions stable politiquement, ce n'est plus le cas aujourd'hui. A titre d'exemple, très longtemps, et pour des raisons historiques connues de tous, la Bretagne fut de droite. Aujourd'hui, tel n'est plus cas. Par voie de conséquence, existe aujourd'hui un net décalage entre des Français se ressemblant de plus en plus et le fait identitaire. On peut même aller plus loin : les différences, naguère très importantes, entre les habitants des différents pays européens, tendent à s'estomper. A peine devenus vraiment Français (rappelons nous des poilus de 1914), les habitants de l'hexagone, au même titre que les Italiens ou les Allemands, sont devenus des Occidentaux. Cette massification écrase de tout son poids le fait identitaire. Et ceux qui se définissent comme identitaires sont le plus souvent davantage Occidentaux qu'Identitaires. Que l'on songe au vécu quotidien …
Sur l'affaire ukrainienne
Ce qui est paradoxal, plus grave incohérent, dans le monde identitaire, c'est leur positionnement au sujet de l'Ukraine. Bizarrement, ils évoquent l'Ukraine massique plutôt que de vanter un choix localiste. On voit ici la limite du fait localiste : qu'un pays soit menacé (crise économique majeure, guerre, épidémie redoutable) et l'on en reviendra fatalement à la cohésion nationale. La Belgique, quand bien même neutre, n'en a pas moins, et plusieurs fois, été envahie.
Le choix de l'apologie d'une structure groupusculaire comme Pravy sektor est d'autant plus ridicule que les dernières élections ont montré que les Ukrainiens n'en veulent pas. En conséquence, si on peut faire intellectuellement ce choix, la moindre des corrections est de ne pas se revendiquer des Ukrainiens.
Peut être encore plus grave en terme d'incohérence identitaire, c'est justement dans le cadre d'un pays comme l'Ukraine que le fait localiste est cette fois ci bien réel : c'est ainsi qu'à l'Est de l'Ukraine on est russophile alors qu'à l'Ouest on lorgne vers l'Europe...
Dès le haut moyen-âge, les nobles locaux s'opposèrent pour beaucoup à la mainmise des rois successifs. Il est peut être profitable à tous de rappeler qu Philippe II, dit Auguste, sacré à Reims le 1er novembre 1179, fut le premier des Rois à utiliser l'expression « Roi de France ». Peut être aussi est t-il toujours profitable de rappeler aussi qu'en 1914, c'est 75% des poilus qui ne parlaient pas le français. Il n'est donc pas ridicule de penser que la première guerre mondiale servit à homogénéiser l'ensemble.
Aujourd'hui, dans la mouvance, le fait identitaire est incontournable. Il ne faudrait pas pour autant imaginer que les politiques en aient la complète responsabilité. Chti d'origine puisque j'ai vécu 45 ans dans le Nord avant de déménager dans le Rhône où d'ailleurs la mentalité me convient mieux (encore une limite du fait « terroir », j'ai pu constater, bien avant la naissance du bloc identitaire, le fait.
Déjà au milieu des années 80, Yannick Noah interrogé dans l'émission d'Anne Sinclair, évoquait ses racines. Je me souviens aussi, dès la première
partie des années 90, que des copains d'origine polonaise, évoquaient leur polonité. Les copains en question, une fois n'est pas coutume, extérieurs à la mouvance, ne faisaient que traduire ce qui fut et reste une mode, qui très probablement passera.
Ce qui est surprenant dans le cadre de l'affaire ukrainienne, c'est l'incohérence interne de la pensée identitaire. D'un point de vue politique en France, on ne peut pas dire qu'il y ait des contrées dans lesquelles les suffrages exprimés soient originaux. Par là, je veux spécifier qu'il n'y a nulle région dans laquelle « droite » ou « gauche » dépasse la barre des 70% de voix. Pas de spécificité locale donc. Si naguère existaient des régions stable politiquement, ce n'est plus le cas aujourd'hui. A titre d'exemple, très longtemps, et pour des raisons historiques connues de tous, la Bretagne fut de droite. Aujourd'hui, tel n'est plus cas. Par voie de conséquence, existe aujourd'hui un net décalage entre des Français se ressemblant de plus en plus et le fait identitaire. On peut même aller plus loin : les différences, naguère très importantes, entre les habitants des différents pays européens, tendent à s'estomper. A peine devenus vraiment Français (rappelons nous des poilus de 1914), les habitants de l'hexagone, au même titre que les Italiens ou les Allemands, sont devenus des Occidentaux. Cette massification écrase de tout son poids le fait identitaire. Et ceux qui se définissent comme identitaires sont le plus souvent davantage Occidentaux qu'Identitaires. Que l'on songe au vécu quotidien …
Sur l'affaire ukrainienne
Ce qui est paradoxal, plus grave incohérent, dans le monde identitaire, c'est leur positionnement au sujet de l'Ukraine. Bizarrement, ils évoquent l'Ukraine massique plutôt que de vanter un choix localiste. On voit ici la limite du fait localiste : qu'un pays soit menacé (crise économique majeure, guerre, épidémie redoutable) et l'on en reviendra fatalement à la cohésion nationale. La Belgique, quand bien même neutre, n'en a pas moins, et plusieurs fois, été envahie.
Le choix de l'apologie d'une structure groupusculaire comme Pravy sektor est d'autant plus ridicule que les dernières élections ont montré que les Ukrainiens n'en veulent pas. En conséquence, si on peut faire intellectuellement ce choix, la moindre des corrections est de ne pas se revendiquer des Ukrainiens.
Peut être encore plus grave en terme d'incohérence identitaire, c'est justement dans le cadre d'un pays comme l'Ukraine que le fait localiste est cette fois ci bien réel : c'est ainsi qu'à l'Est de l'Ukraine on est russophile alors qu'à l'Ouest on lorgne vers l'Europe...
Article daté de septembre 2014