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lundi 13 juin 2016

Référentiel droite/gauche : suite et fin !


Philippe Delbauvre

Référentiel droite/gauche : suite et fin !
 
Dans la filiation des travaux d'une personnalité comme celle de Georges Feltin-Tracol mais avec beaucoup moins de talent, je passe la majeure partie de mon temps à tenter de comprendre le monde postmoderne, bien conscient que mes intuitions initiales quant à lui, étaient justes dès l'origine. Celui qui sait le Vrai prend plaisir à travailler, justement parce que son labeur confirmera ce qu'il avait de prime abord subodoré. A contrario, ne restera à celui qui prône l'erreur, comme artifices, que le mensonge et la calomnie.


Dans le cadre de deux articles (1) (2) , j'ai tenté de mettre fin au suranné référentiel droite/gauche, cherchant aussi, à lui substituer un repère véritablement idoine, afin de caractériser le monde politique contemporain.

Ce référentiel droite/gauche n'est maintenu que par les tenants du Système, afin de leurrer le corps électoral. C'est ainsi qu'alternativement, droite et gauche ont le rôle de l'équipe de remplaçants, suppléant de l'équipe titulaire, pratiquant le même jeu, au profit du même bénéficiaire, à savoir le nouvel ordre mondial.

J'ai toujours la même peine lorsque je constate qu'au sein même des nôtres, le terme « socialiste » est utilisé afin de caractériser l'actuel gouvernement. C'est là, rendre service, aussi bien à la droite qu'à la gauche, qui n'en demandent pas tant. Les jeunes, n'ont – et le plus souvent ils l'ignorent – jamais connu la gauche au pouvoir. Celles ci n'a existé dans le cadre de la cinquième république que durant la très courte période qui s'est étendue de 1981 à 1983. Vint ensuite véritablement le Système, même si le terme est plus ancien. Il n'est d'ailleurs pas impossible que ladite gauche depuis une trentaine d'années, ait fait beaucoup plus pour le développement du libéralisme en France que ladite droite. Il y aurait là matière à écrire un ouvrage sur le sujet, sulfureux au demeurant et susceptible d'être un grand succès de librairie. Ce ne sont pas les jolies et perspicaces plumes qui manquent chez les Nôtres...

On n'ignore pas en science, qu'il suffit d'un contre-exemple pour invalider une théorie. Et la catastrophe ultraviolette (3) a eu de nombreux ancêtres et autres successeurs, souvent qualifiés par les épistémologues d'expériences dites « cruciales ». Pour le référentiel droite/gauche, je pense avoir trouvé le contre-exemple qui invalide l'actuel repère politique. Le voici :

Manuel Valls est dit de gauche.
Jean-Louis Borloo de droite.
Or, Jean-Luc Melenchon est dit de gauche.

Fatalement donc, si le référentiel droite/gauche est valide, logique oblige, Manuel Valls serait donc plus proche de Jean-Luc Melenchon que de Jean-Louis Borloo.

Or, chacun en conviendra, Manuel Valls est plus proche du Modem, de l'Udi que du Front de gauche. (Et que dire d'Emmanuel Macron convié par nombre de ténors de « droite » à les rejoindre)

Voici donc la thèse initiale – l'existence du référentiel droite/gauche – invalidée.

Inutile donc, de revenir sur le sujet, preuve étant désormais faite.

J'avais évoqué, dans le cadre d'un de mes articles (4), ce que pouvait être un référentiel politique, qualifié d'absolu, c'est à dire intemporel et aspatial. J'en avais conclu que c'était l'influence plus ou moins grande de l'Etat dans la vie d'un individu qui faisait la différence. D'où un large spectre qui s'étend de totalitarisme à l'anarchie.

Creusons un peu le sujet.

Un segment dont les extrémités sont l'anarchie et le totalitarisme n'est autre que celui dont les bornes sont la liberté et la sécurité.

On sait que depuis plusieurs décennies, Alain de Benoist martèle qu'au repère droite/gauche, s'est substitué le couple centre périphérie. L'intuition initiale s'est avérée juste. Aussi bien – à la périphérie – Front de gauche que Front National apparaissent comme dirigistes, là où au centre, Ump, et Ps, on prône le libéralisme.

Le couple autorité/liberté que l'on peut aussi appeler sécurité/liberté est aujourd'hui central.

N'en doutons pas, la société actuelle, dans ses fondements, est assez consensuelle.
Pas un hasard si une grande majorité de Français, souhaitent le retour dans le monde politique français, aussi bien de Dominique Strauss Kahn que de Christine Lagarde. Les Français les considèrent comme des experts en économie, susceptibles donc de résoudre les problème du chômage. En fait, la majorité des Français approuvent le Système quoiqu'ils en disent, mais refusent ses inconvénients. Ils n'ont pas compris que les tares du Système n'en sont que des émanations consubstantielles à son essence.

Le Système libéral, parce qu'il flatte le cerveau reptilien de l'homme, de très loin le plus sollicité au quotidien, triomphe. Chacun évoque donc ses droits, sa liberté, faisant fi du devoir, nonobstant l'analyse kantienne. La société de consommation, le fait n'est pas récent, plaît.

Encore faut-il disposer d'argent pour consommer. Et c'est là où se situe la faille. De plus en plus de Français en manquent, la paupérisation allant crescendo. A quoi peut bien rimer la liberté lorsqu'on vit désargenté dans une barre hlm en compagnie de qui on sait ? D'où l'appel de la part des plus démunis à la sécurité, quitte à sacrifier une partie importante de la liberté.

Intuitivement, à la sécurité, on associe la délinquance. C'est là une réalité même si d'autres aspects sont à prendre en considération.

Il y a aujourd'hui par exemple, une insécurité en matière d'emploi, avec bien souvent l'épée de Damoclès située au dessus de la tête.

De même, alors qu'on vivait de générations en générations dans la même contrée, ne serait-ce que pour l'obtention d'un travail, on est désormais obligé de
déménager, et quelquefois fort loin : insécurité géographique.

Le mariage, de même, n'est plus une valeur sure comme naguère, ce, encore une fois au nom de la liberté, cette fois ci de divorcer : insécurité affective.

Je laisse au lectorat trouver de lui même d'autres exemples – ils ne manquent pas – justifiant le retour en force chez nos contemporains de la notion de sécurité. Le fait, on le voit bien, n'est pas que la conséquence de la délinquance.

La présentisation du monde contemporain n'est autre que l'angoissante inquiétude quant à l'avenir. D'où cette montée en puissance – y compris chez ceux qui ont un train de vie normal – de la sécurité, quitte à amputer en partie la liberté.

Notes

(1) http://philippedelbauvre.blogspot.fr/2012/06/1982-je-suis-alors-en-terminale-et-nai.html

(2) http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EukylullypPSJeqwIU.shtml

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_ultraviolette