par Marc Rousset.
Le gouvernement italien doit 432 milliards de fonds « Target 2 » à la
BCE. La dette publique représente 132 % du PIB italien. La Lombardie et
la Vénétie demandent une plus grande autonomie financière et
l’instabilité politique approche en Italie avec le succès du Mouvement 5
étoiles de Beppe Grillo.
La plus ancienne banque du monde, la banque Monte dei Paschi di
Siena, n’est toujours pas sortie d’affaire et vit peut-être ses derniers
jours alors que le gouvernement italien a déjà injecté 3,85 milliards
d’euros pour la maintenir en vie et a engagé 1,5 milliard supplémentaire
pour protéger l’un des porteurs de dette junior de la banque. Et tout
cela dans le contexte d’un plan de sauvetage de la banque avec le
licenciement de 5.500 personnes, la fermeture de 600 agences d’ici 2021,
le transfert d’actifs non stratégiques et de prêts non performants hors
de la banque toscane pour la modique somme de 28,6 milliards d’euros.
L’Association des banques italiennes confirme que les banques
recapitalisées à hauteur de 60 milliards d’euros ces dernières années
peinent à renforcer leurs fonds propres. Toutes les raisons ci-dessus
mentionnées et le sauvetage des deux plus grandes banques de Vénétie,
Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, font craindre la disparition,
au minimum, d’une dizaine d’établissements dans la tourmente italienne,
l’État italien accordant parfois des prêts garantis mais ne voulant
surtout pas entrer au capital beaucoup trop risqué des banques.
Il n’y a pas que les entreprises et les investisseurs qui perdent
confiance dans le système bancaire italien. C’est également le cas des
particuliers. Seulement 16 % des Italiens font confiance à leur banque,
selon un sondage réalisé par le groupe SWG de Trieste.
Fin octobre 2017, le gouvernement italien, suite à la
très généreuse politique de rachat de titres par la BCE, a été encore
capable d’émettre 2,5 milliards d’obligations sur dix ans au taux
miraculeux de 1,86 %, mais quel taux l’Italie devra-t-elle bientôt
accepter à partir de 2018, en raison de l’atteinte des quotas maxima
italiens dans les livres de la BCE et du changement de politique de
l’institution francfortoise ?
Quant à l’Union bancaire de
l’Union européenne, on en parle beaucoup, mais elle n’est pas du tout
achevée et n’a pas les moyens financiers suffisants pour assurer un
véritable filet de sécurité en cas de crise grave dans un pays
important. Le PIB de l’Italie (1.850 milliards d’euros) n’est pas très
éloigné de celui de la France et représente neuf fois celui de la Grèce
(194 milliards d’euros).
Sur le plan politique, la situation risque de devenir rapidement très
instable. Le Partito Democratico de Matteo Renzi, avec seulement 24 %
des voix, est en train de s’écrouler face à la montée des partis
populistes, nationalistes, souverainistes, antilibéraux de gauche. Le
Mouvement 5 étoiles, de Beppe Grillo, dépasse le PD de 5 % des voix avec
un score probable de 29 % et exige un référendum sur l’appartenance à
l’euro si l’Allemagne refuse la mutualisation des dettes. Forza Italia,
de Silvio Berlusconi, et la Ligue du Nord de Matteo Salvini, soit
ensemble 15 % des votes, estiment que l’euro est surévalué pour
l’économie italienne et demandent l’instauration de l’euro monnaie
commune qui permettrait la dévaluation de la monnaie nationale, en lieu
et place de l’euro monnaie unique. Ces trois blocs politiques au
Parlement italien seront incapables de constituer une majorité stable,
encore moins que la coalition Jamaïque de madame Merkel, qui a du plomb
dans l’aile.
Il apparaît que le système financier et la zone euro godillent dans
le monde avec de très fragiles esquifs entre de trop nombreux récifs. Il
serait surprenant qu’une voie d’eau n’apparaisse pas un jour quelque
part pour l’un d’entre eux. Malheureusement, toutes ces fragiles
embarcations sont interconnectées. En 1929, la faillite du Kreditanstalt
à Vienne donna le signal d’un écroulement bancaire en chaîne dans le
monde. En 2018 ou dans un très proche avenir, suite aux premiers effets
du ralentissement de l’assouplissement quantitatif de la BCE, le signal
de déclenchement d’un krach bancaire et financier mondial pourrait bien
être donné par une banque italienne.
Article paru sur le site Synthèse nationale.
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