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mardi 21 novembre 2017

En avoir ou pas ? Les débats sans fin sur l’inflation et la déflation

Auran Derien ♦
Universitaire

Comme la manne céleste tombe de l’arbre du crédit et que les mafias en possession de l’occident ne remboursent pas leurs dettes, les transformant en autres types de créances, le monde en accumule et étouffe sous leur poids. Seuls les pauvres sont soumis à la nécessité de payer ce qu’ils doivent, ce qu’ils ne peuvent plus puisque la prolétarisation est organisée à grande échelle par la grande partouze libre-échangiste.
De là naît l’idée de relancer l’inflation, dont le rôle serait de servir d’huile dans les rouages de la machine à acheter le monde à partir de rien. Mais la race  des banksters est probablement victime, elle aussi, de la baisse de niveau culturel. On ne sait pas vraiment comment analyser l’inflation dans un monde globalisé mais peu solidaire.

Pourquoi un objectif de 2% de hausse des prix ?

La perception de l’inflation a fluctué depuis la révolution française. Au XIXième siècle, elle fut considérée comme un risque pour la prospérité et les rentiers, suite aux folies des assignats. Au XX ième siècle, après la crise de 1929, alors que les pays développés stagnaient dans le chômage (l’équilibre de sous-emploi), l’inflation temporaire apparut comme la solution et les politiques de “stop and go” se mirent en branle. Les grandes têtes de linotte se trituraient le cerveau pour engendrer de merveilleux plans de relance puis de stabilisation. On a vu émerger en France une collection de bouffons  s’affirmant aptes à diriger parce qu’ils savaient manœuvrer les manettes de l’économie-machine. On mesure aujourd’hui les dégâts causés par leur stupidité.
Aujourd’hui que la déflation s’installe dans divers pays, que la pauvreté se généralise, que le génocide des peuples pourrait rencontrer des opposants asiatiques, on entend à nouveau des voix prendre parti en faveur de l’inflation.

Mais quelle théorie sous-tend leur souhait?

Il n’y a aucune raison pour que les think tank possèdent des lumières très différentes de celles d’un universitaire standard. Chacun dispose d’un fond commun qui considère l’inflation comme la hausse générale et durable du niveau des prix. Il s’est créé une certaine quantité d’indices pour mesurer ce phénomène et les économistes savent que  Keynes a consacré le chapitre 8 de son traité sur la monnaie à étudier les problèmes techniques posés par la mesure de l’inflation.
Le bagage intellectuel consiste donc soit en la théorie de l’inflation tirée par la demande ou par les coûts, soit le monétarisme qui affirme l’existence d’un lien entre la création monétaire et l’inflation avec un décalage de 18 mois peut-être. Quelques privilégiés, ayant eu accés à la théorie du circuit, savent que l’inflation résulte d’une interaction entre les quatre principaux agents : Entreprises, Ménages, État, Institutions financières, sans oublier les mécanismes psychologiques. Il reste évident que sans laxisme monétaire aucune hausse ne pourrait se perpétuer. Mais cela ne signifie pas qu’il existe une relation causale directe entre monnaie et inflation ou une stricte proportionnalité entre les rythmes de création monétaire et le taux de celle-ci. Finalement, le taux de 2% est arbitraire, suggéré par divers économistes, repris par Draghi à la Banque Centrale Européenne .

Des problèmes sans solution

Le discours de Davos affirme que la création monétaire et les taux d’intérêt nuls vont relancer l’économie. Actuellement c’est faux. De multiples canaux de transmission ne fonctionnent plus. La Chine, par exemple, est encore capable de contrôler son économie. Les moments où l’inflation paraissait démarrer pour se transmettre ensuite au reste du monde ont été détectés et l’inflation cassée. Les anciennes classes moyennes des pays européens antérieurement développés épargnent, car elles perçoivent l’abîme dans lequel les jette leurs dirigeants. La BCE. achète obligations et actions et l’inflation ne démarre pas. Les banques commerciales sont victimes de leur modèle de fonctionnement. Les taux nuls ne leur permettent pas de gagner de l’argent et de toutes façons, sans hausse de salaires et de pensions, la demande de crédit des particuliers est en berne.
Le retour d’une inflation modérée à 2% pour le monde globalisé est un conte à dormir debout. La structure actuelle de l’économie globale ne permet plus de réaliser un tel objectif. Un événement peut à tout moment modifier les attitudes psychologiques d’une ou plusieurs catégories de la population mondiale : soit les riches décident du reset  ; soit des groupes se soulèvent et modifient les anticipations, augmentant brutalement la vitesse de circulation de la monnaie.

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