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mercredi 22 novembre 2017

Le suicide de la droite


Extrait de l’Introduction au Forum de la dissidence du 18 novembre, par Michel Geoffroy :
DO6xeH6W4AAhlav"[...] Le suicide de la droite institutionnelle s’est concrétisé symboliquement le 23 avril 2017 à 20h03 lorsque François Fillon, « le candidat de la droite et du centre », a immédiatement appelé à voter pour Emmanuel Macron, au soir de son échec du premier tour de la présidentielle. Comme la droite nationale s’est suicidée le 3 mai dernier lors du débat télévisé opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron.

De quoi donc ces deux composantes politiques de la droite française sont-elles mortes ? La droite institutionnelle est morte parce qu’elle a trahi son héritage et ses valeurs. Et la droite nationale est morte parce qu’elle s’est trompée à la fois d’époque et de stratégie.

Le suicide de la droite institutionnelle a été initié en 1986 par Jacques Chirac, avec la cohabitation. Car la cohabitation politicienne de l’opposition de droite d’alors avec le président socialiste François Mitterrand a débouché sur une connivence, puis sur une soumission de la droite institutionnelle au politiquement correct, c’est-à-dire à l’idéologie de la gauche. Cette attitude a conduit la droite à se soucier davantage de l’opinion de la médiacratie et des lobbies que de ses valeurs et des attentes de son électorat. La droite institutionnelle n’a alors cessé, d’abord, de renier son héritage national et gaullien, puis de tromper son électorat en permanence. Car cette droite est devenue éolienne, tournant vers la gauche à chaque nouveau vent médiatique. Elle promettait, bien sûr, lors des campagnes électorales, de revenir sur les réformes sociétales de la gauche, mais, ensuite, une fois élue, elle n’en faisait rien. Elle est ainsi devenue une droite d’impuissance gouvernementale parce que tétanisée par sa soumission au politiquement correct. Au cours de ces 30 dernières années de reniement, la droite institutionnelle a donc perdu ses soutiens et, finalement, ses électeurs.

Elle a notamment perdu les classes moyennes et populaires autochtones, qui sont les principales victimes des politiques économiques libre-échangistes qu’elle a conduites et du chaos migratoire qu’elle a installé et qu’elle s’est montrée incapable de réguler, malgré ses promesses réitérées à chaque campagne électorale. Mais la droite institutionnelle a aussi perdu les classes dirigeantes qui se sont ralliées à Emmanuel Macron et qui lui ont fait gagner la présidentielle de 2017. Car la France d’en haut a renoué – dans les années 1990 – avec l’esprit tortueux des bourgeois des Lumières, c’est-à-dire des bourgeois aimant l’argent, anglophiles, libéraux en économie, oublieux de la décence commune, hostiles aux droits du travail, amoureux du genre humain mais grands contempteurs de Français. [...]
Aujourd’hui la droite institutionnelle n’existe plus en tant qu’expression politique. C’est un « astre mort », pour reprendre les mots du député du Vaucluse Julien Aubert. Non pas parce que le clivage gauche/droite aurait perdu sa raison d’être. Non pas à cause du génie politique prétendu d’Emmanuel Macron. Mais tout simplement parce que la droite institutionnelle a perdu toute identité propre face à une gauche qui, de son côté, s’est ralliée à l’ultra-libéralisme mondialisteFace à cette Nouvelle Gauche, la droite institutionnelle n’a plus rien à objecter, pour la raison principale qu’elle lui ressemble désormais en tout. Et c’est bien pourquoi elle est aujourd’hui une opposition aphone.

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La droite nationale, derrière Marine Le Pen, n’a malheureusement pas su profiter, à la différence d’Emmanuel Macron, de ce déclin historique de la droite institutionnelle. Si le Front national a su s’affirmer comme une force protestataire, il n’est pas apparu en 2017, une nouvelle fois, comme une force d’alternance crédible. Pourquoi ? Parce que Marine Le Pen et son équipe, au-delà d’une attitude partisane sans doute trop monolithique, se sont, hélas, trompés à la fois d’époque et de stratégie.
  • D’abord leur quête de dédiabolisation les a conduits à mettre en sourdine leur positionnement identitaire au moment même où l’opinion émettait des attentes de plus en plus fortes en la matière parce que le choc des civilisations devenait de plus en plus manifeste en Europe. Une totale faute de concordance des temps, donc !
  • Ensuite, dans le vain espoir de récupérer l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, ils ont accentué une ligne économique sociale-démocrate qui a fait l’effet d’un répulsif sur son électorat de droite.
  • Enfin, ils se sont enfermés dans la voie sans issue du souverainisme nostalgique, incarnée dans le projet anxiogène de sortie de l’euro, comme si, au surplus, une politique monétaire pouvait faire l’objet d’une annonce électorale !
C’était aussi une erreur de temporalité. Car nous ne sommes plus en 1950 mais dans un monde désormais multipolaire, où seuls les grands blocs économiques, militaires et culturels auront la parole. Pas les petites régions folkloriques ! Le Front national n’a donc pas profité de l’exceptionnelle conjoncture politique qui s’offrait à lui en 2017, avec le rejet des partis institutionnels. Parce qu’il n’a pas apporté la preuve qu’il se situait à la hauteur des enjeux auxquels notre pays et l’Europe se trouvent confrontés. Comme Marine Le Pen n’a malheureusement pas donné le sentiment, personnellement, d’être à la bonne hauteur présidentielle lors de son débat télévisé avec Emmanuel Macron, le 3 mai 2017. [...]"
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