L'avocat Philippe Fontana raconte dans Valeurs Actuelles
une anecdote qui illustre l'état d'esprit d'une droite française
libérale et internationaliste déconnectée des Français et désintéressée
de l'avenir de notre nation :
"L’invitation
provient conjointement des associations d’anciens élèves et parents
d’élèves d’un chic, mais néanmoins très classique établissement
catholique du 16ème arrondissement de Paris. Un ancien élève est invité à discourir, en sa qualité de « dirigeant chrétien » au soir de ce 8 novembre sur « un des grands messages du Pape François : "le vrai Pouvoir est celui de Servir". »
Il porte un de ces noms illustres qui
résume, pour tout Français, l’histoire de son pays, des Croisades à
Dien-Bien-Phu. Sorti de cet établissement où il a fait toutes ses
classes, c’est naturellement qu’il a fréquenté HEC puis l’ENA, avant
d’entrer à l’inspection des finances. Récemment retraité de sa position
de PDG d’une société du CAC 40 exercée pendant seize ans, l’orateur, aux
traits étonnamment jeunes, cintré dans un de ces costumes d’une belle
étoffe, se livre à une fresque brillante sur l’évolution du monde
d’aujourd’hui. Rappelant sa qualité d’ancien administrateur de
l’université des dirigeants chinois, telle qu’il aime à la présenter,
l’invité attire l’attention de son auditoire sur la fin de l’hégémonie
occidentale, confrontée aux forces orientales.
Très
bon orateur, le discours prononcé sans aucune notes, est fluide,
troussé de ses anecdotes qui, très naturellement contées, démontre à un
auditoire captivé et subjugué, la pratique quotidienne des puissants et
la connaissances des affaires mondiales. Puis, prospectif en diable,
l’invité énumère les quatre grands facteurs qui risquent de troubler le
cours de humanité ces prochaines années : changement du climat, évolution de la démographie,
rapidité des progrès technologiques et menace des idéologies. Plus
précisément sur la démographie, l’orateur attire l’attention sur un
phénomène nouveau en occident qu’est la coexistence de 5 générations,
illustrant ainsi le vieillissement de la population européenne, tout en
rappelant que l’Afrique va connaître un nouveau milliard d’habitants, à
l’orée des années 2050.
L’orateur ne manque pas de préciser que
ce monde si changeant aura besoin de dirigeants dont les valeurs, sans
jamais se risquer à les définir, leur permettront de se distinguer et
d’assurer sa bonne marche. Evidemment, l’invité de son ancien collège ne
manque pas de préciser à plusieurs reprises qu’il n’a jamais caché sa
qualité de chrétien, ce qui ne l’a aucunement nui dans sa carrière.
De qui cette droite est-elle le serviteur ?
Troublé par un discours brillant mais si
pénétré de généralités qu’il en devient trop théorique, un ancien
condisciple, plus jeune d’une génération et d’une position plus modeste,
se risque à lui poser une question.
Après le compliment d’usage, mais sincère, il lui demande, sur le sujet de la démographie, quelles sont ses propositions pour rétablir la natalité en France et limiter la vague migratoire. Passé
un moment de surprise et un bon mot invitant son jeune camarade à
procéder au repeuplement du pays dès cette nuit, le catéchisme de la
mondialisation heureuse va alors être récité pour conjurer le réel
malheur à nos portes : une chute drastique de la natalité française,
compensée par un afflux croissant d’immigration. La palme de sa réponse
fut de donner comme exemple la réussite de Madame Merkel en Allemagne où
le million d’immigrants serait, selon l’invité, en train de s’intégrer.
Au delà de l’anecdote, que
retenir de cette soirée ? Que le discours de l’invité est celui du
parfait représentant d’une droite libérale et internationaliste à
l’insolente réussite, mais dont on peine à distinguer l’âme.
Cette droite n’est plus au service de la Nation.
Preuve en est le désintérêt montré par
l’orateur pour l’évolution catastrophique de la politique familiale
française, dont déjà Michel Debré se faisait le Cassandre. Ce point,
capital pour la survie du pays, ne semble mérité ni d’être évoqué ni
bien sûr résolu. Alors, de qui est-elle le serviteur, sinon des
puissants, à l’image de l’orateur évoqué, s’accommodant indifféremment
d’une classe politique qu’il inspire intellectuellement et qu’il
réconforte matériellement ?
Dans son discours, l’invité de
son ancien collège assure un ralliement présenté comme inéluctable à
Emmanuel Macron, après avoir rappelé son actif soutien à François
Fillon. Ralliement justifié par une « vraie vision de l’Europe » de l’actuel président de la République dont l’incantation dispense de toute définition. Effectivement, il incarne le « vrai pouvoir »
thème de la réunion. Mais au service de qui ? Son discours laisse à
penser que ce n’est pas au service de l’intérêt national, ni des plus
démunis.
Cette droite, incarnation des puissants,
a abdiqué toute défense de la souveraineté nationale ayant choisi de se
situer exclusivement sur une échelle européenne et
transnationale. Pour preuve de son indifférence, elle laisse ce combat à
Mélenchon ou Philippot. En ce jour anniversaire de la disparition du
Général de Gaulle, c’est ce dernier qui fleurit désormais sa tombe.
En tout cas, loin du discours évangélique, elle n’apparaît pas comme le serviteur des plus démunis.
Les souffrances du pays, la précarité de millions de nos concitoyens,
ne sont jamais évoquées, abstention d’autant plus coupable que son
auguste représentant connaît parfaitement les rouages de la réussite,
qu’il incarne si bien."
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