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mardi 21 novembre 2017

2018 : l’année de la révolution commerciale planétaire

Submergés que nous sommes de tant d’indices économiques, news, analyses hyperboliques, qui fera attention à notre annonce ? Pourtant, dans l’écoulement historique, un jour les choses anciennes cessent ; un autre jour, des choses nouvelles surgissent qui façonnent le monde qui vient.

Or, en 2018, surgira des États-Unis un événement majeur dont nos médias main stream n’ont pas révélé toute l’importance. Une révolution inimaginable il y a un an qui va bouleverser le système qui s’est installé malgré nous et contre nous.
Il s’agit des dispositions fiscales et douanières qui vont protéger l’industrie nationale américaine. On se référera à l’excellente Lettre de Léosthène (une lettre de conjoncture internationale, du 8 novembre 2017) d’Hélène Nouaille pour plus de détails parfaitement référencés. Nous citons : « Donald Trump a pour objectif de restaurer la compétitivité américaine, de rapatrier investissements et emplois et d’augmenter les salaires. Pour ce faire, il est prévu de réduire de 35 à 20 % l’impôt sur les sociétés, de ramener de sept à trois les tranches d’imposition pour les ménages (35 %, 25 % et 12 %). » Ce projet a de fortes chances d’être voté dès décembre 2017.
À cela s’ajoutera un projet de taxes douanières (accises) déjà présenté en 2016 par les républicains (sous Obama), perçues aux frontières américaines, destinées à renchérir les importations et à favoriser le made in America en vue de réduire le déficit abyssal des balances commerciales et financières américaines dans les échanges avec la Chine, le Japon, l’Union européenne (Allemagne), le Mexique. L’idée de la Border Adjustment Tax a été étudiée par notre collègue de Berkeley, Alan Auerbach, directeur du Center for Tax Policy and Public Finance. Il s’agit d’infliger une taxe de 20 % à tous les produits qui entrent aux États-Unis sans y avoir été fabriqués alors que l’entreprise qui les distribue est installée aux États-Unis. Peu importe, d’ailleurs, que cette entreprise soit américaine ou étrangère. Il s’agit bien d’une mesure délibérément protectionniste qui fera voler en éclats le système de l’OMC institué par le traité de Marrakech en 1994.
Y aura-t-il des recours devant l’organe de règlement des différends à Genève ? Sans doute. Mais on se souvient que ceux que la France avait intentés contre les États-Unis pour l’affaire du bœuf aux hormones avaient duré des années. Auerbach est un adepte des thèses de Maurice Allais (notre Nobel d’économie mort dans l’indifférence et l’ingratitude françaises), au sujet du commerce international. Ou encore de celles de l’économiste allemand Friedrich List : le principe national d’économie politique, et la théorie des forces productives. Wilbur Ross, secrétaire d’État au commerce, déclarait dans son plan d’action au Congrès (en avril 2017) : « L’administration Trump croit au commerce libre et équitable. Mais à l’avenir, nous allons nous concentrer sur les négociations bilatérales. » Peu avant que Donald Trump ne rencontre son homologue chinois lors de sa tournée en Asie, le département du Commerce publiait sa décision de considérer la Chine comme non market economy, ce qui permet de lui appliquer des mesures anti-dumping non prévues par l’OMC pour les économies de marché.
Comme Bruxelles manque et de fond et de courage, la France doit se préparer à cette éventualité. En faisant de même. J’avais préconisé, en mars 2017, que la France tire bénéfice de l’effet brise-glace de Trump. Comme Hélène Nouaille l’écrivait aussi, en avril 2017,
« le choc sera rude pour tous ceux qui n’auront ni anticipé ni compris qu’il ne s’agit pas d’un « repli sur soi » de la première puissance mondiale, mais d’une autre organisation du monde qu’elle entend imposer. »
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L’Organisation mondiale du commerce, puis l’Union européenne qui s’est moulée dedans, pourraient alors en trépasser.

Henri Temple

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