Le site Polémia a interrogé Bruno Mégret sur les perspectives d'une refondation de la droite :
Pour moi, la droite c’est d’abord une vision du monde. C’est
prendre en compte le monde tel qu’il est, croire qu’il n’y a pas de
déterminisme, que l’histoire est aussi le fruit de la volonté des
hommes. C’est voir en chaque personne un être libre et donc responsable
de lui-même et de ses actes. C’est aussi savoir que les hommes
n’existent pas seuls. Ils ne s’épanouissentqu’au sein de communautés qui
leur donnent une place dans l’espace et le temps. Être de droite c’est
donc aussi croire à l’importance des racines, des traditions et de
l’héritage. C’est être attaché à la notion de peuple et de civilisation.
C’est aussi être porté par une volonté de dépassement qui a d’ailleurs
toujours été l’apanage de la civilisation européenne.
Mais,
aujourd’hui, la droite, c’est aussi un combat parce que ce sont les
valeurs de droite qui sont attaquées par la nouvelle gauche maintenant
au pouvoir avec monsieur Macron. Cette nouvelle gauche est en
effet internationaliste, favorable aussi bien à l’ultralibéralisme qu’à
l’immigrationnisme et, à ce titre, elle représente un danger majeur pour
notre identité. Elle est aussi « libertaire », adepte de la
déconstruction sociétale, et constitue de ce fait une menace pour nos
valeurs.
Le clivage
droite gauche est donc plus actuel que jamais et il porte cette fois sur
l’essentiel. Car si la droite ne sauve pas notre identité et nos
valeurs, notre civilisation disparaîtra.
La France et l’Europe semblent engluées dans une crise identitaire sans fin. Comment en sortir ?
Comme dans toutes
les périodes de décadence, beaucoup de gens savent ce qu’il faudrait
faire. Le problème c’est de le faire. Or, la droite dite républicaine
n’existe plus politiquement pour s’être soumise à la gauche et au
Système. Quant à la droite nationale, elle n’incarne pas une force
crédible pour s’être enlisée dans un programme et une stratégie
passéistes.
Aujourd’hui,
il faut une droite nouvelle. Peut-elle émerger des décombres du parti
républicain ? Peut-elle surgir de la rénovation du Front national ?
Viendra-t-elle de l’éclosion d’une force nouvelle ? Nous sommes à la
croisée des chemins.
En quelques mots, quelle sera le teneur de votre intervention à ce 3e Forum de la dissidence ?
Je pense que
la droite nouvelle doit s’adapter au monde multipolaire qui est le
nôtre aujourd’hui et comprendre que la question identitaire et la
question européenne sont désormais intimement liées. Si l’on
veut faire l’Europe en détruisant nos identités, ça ne marche pas, comme
le montre l’Europe bruxelloise. Si en revanche on veut défendre notre
identité en tournant le dos à l’Europe, comme l’a fait le Front national
pendant la campagne présidentielle, ça ne marche pas non plus.
Je m’efforcerai donc d’ouvrir des perspectives sur ces questions majeures en proposant de faire bouger les lignes. Car,
pour rester fidèle à ses valeurs, la droite nouvelle qui est nécessaire
à notre pays doit se mettre à l’heure du choc des civilisations."
Dans une autre interview, cette fois à l'Opinon, Bruno Mégret juge sévèrement le Front National :
"Consterné devant le
champ de ruines" de la droite française, par son "incapacité à incarner
ce qu'elle est", Bruno Mégret est aussi désolé (mais pas vraiment
étonné) par "l'incapacité du FN à porter un projet crédible adapté au monde d'aujourd'hui"
(...) On lui dit que les "mégrétistes" (Philippe Olivier, Nicolas Bay,
Bruno Bilde, Steeve Briois) ont repris le pouvoir autour de Marine Le
Pen ? "C'est objectivement vrai, avance-t-il, mais peut-être pas avec
les idées de Mégret" (...) Quant à Marine Le Pen, lui qui l'a connue très jeune, il ne lui prédit pas un grand avenir : "Le débat l'a carbonisée comme le détail avait carbonisé son père" croit
Bruno Mégret. Selon lui, elle va "louvoyer" pour garder la petite
entreprise familiale mais a déjà fait une croix sur l'accession au
pouvoir.