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mercredi 22 novembre 2017

Allemagne : Merkel contrainte à de nouvelles élections ?

Angela Merkel s'est dite prête à prendre des responsabilités en cas d'élections anticipées, donc à être de nouveau candidate. Elle s'est exprimée dans une interview à l'ARD, la chaîne publique allemande, lundi 20 novembre, quelques heures après le retrait du FDP des négociations.

 Depuis les élections législatives du 24 septembre dernier, la CDU (conservateurs, noir) d'Angela Merkel, majoritaire, étaient en discussions pour négocier une coalition avec les libéraux (FDP, jaune) et les Verts, ce que les allemands appellent "la coalition Jamaique" (à cause des couleurs du drapeau de cette île des Caraïbes, Noir, jaune et vert, les couleurs des 3 partis). Les socio-démocrates (SPD) avaient refusé d'entrer dans une coalition, préférant être dans l'opposition.

Coup de théâtre la nuit dernière, les négociations ont échoué, et l'Allemagne est dans une situation inédite. Le FDP a claqué la porte en disant qu'il préférait

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Dans une interview à la chaîne privée ZDF, Angel Merkel a aussi indiqué qu'un retrait n'est pas à l'ordre du jour.

La chancelière allemande a déclaré sur ZDF :
Je crois que l' Allemagne a besoin de stabilité.
 
Quelques questions à Kai Littmann, journaliste et bloggeur :

Pourquoi Angela Merkel se déclare aujourd'hui candidate en cas d'élections anticipées ?
C'est surtout en raison du calendrier, et en fait elle n'a pas le choix parce que la CDU n'a pas d'autre candidat à proposer aux allemands. Et surtout, depuis qu'elle est au pouvoir, Angela Merkel a tout fait pour éliminer d'éventuels futurs successeurs. Donc paradoxalement, la chancelière est en bout de course. Elle n'a pas assez montré de leadership lors de ces négociations. Mais elle n'a pas le choix, elle sera la candidate de la CDU.

Que va-t-il se passer maintenant, avec la fin des négociations ?
Dans quelques jours, il va y avoir le premier tour des élections du chancelier ou de la chancelière au Bundestag. Première étape, les député.e.s vont voter. Et seul un.e candidat.e qui obtiendra la majorité absolue sera élu. Avec 709 députés, il faut donc 358 députés. Deuxième étape : si personne n'obtient la majorité absolue, s'ouvre une période de 2 semaines de négociations. Les députés peuvent voter plusieurs fois pour dégager cette majorité absolue. En cas d'échec, alors les députés votent pour un 3e tour, et là une majorité simple suffit. C'est-à-dire que le parti qui engrange le plus de voix gagne l'élection. On appelle ça chancelier minoritaire.

Quel est le problème d'avoir un chancelier minoritaire élu ?
Depuis la loi électorale de 1949, cela n'est jamais arrivé ! Donc nous ne savons pas ce que cela veut réellement dire. Mais Angela Merkel ne veut pas accepter cette solution, qui rendrait chaque projet de loi, chaque mesure impossible à imposer. Donc elle risque de refuser l'élection. Du coup, le président fédéral doit dissoudre le Parlement et convoquer une nouvelle élection. Mais il y a un risque que les 94 députés de l'AfD (extrème-droite) appellent à voter pour Angela Merkel pour faire le chaos et s'imposer dans le débat après élections. Le suspense est total !

Quelle est la suite ?
Je pense que la CDU, la CSU (son alliée conservatrice en Bavière) et le SPD (socio-démocrates) vont finir par se retrouver autour de la table, quand ils vont voir l'AfD monter dans les sondages. Actuellement, l'AfD est à 6 points du SPD, il ne faut pas grand'chose pour que l'AfD arrive 2e dans les sondages ! Du coup, en cas de GroKo (Grosse Koalition, une grande coalition CDU-SPD), les socio-démocrates pourront demander la lune ! Ils seront en mesure de discuter d'égal à égal avec la CDU.


Florence Grandon

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