C’est ce qu’ont martelé plusieurs médias à partir d’un sondage commandé par Ouest-France à l’Institut français de l’opinion publique (Ifop). «Quatre Français sur dix prêts à un "pouvoir autoritaire pour réformer le pays en profondeur"», affirmait
par exemple Europe 1. Un titre effrayant, mais un peu hâtif. Car comme
souvent dans les sondages, la réponse dépend fortement de la manière
dont est posée la question. Celle posée par l’Ifop est à la fois très
longue, très complexe et un peu tendancieuse. La voici : «Certains
pensent que la France doit se réformer en profondeur pour éviter le
déclin mais qu’aucun homme politique élu au suffrage universel ne
disposera plus du pouvoir nécessaire pour mener à bien ces réformes et
que dans ce cadre, il faudrait que la direction du pays soit confiée à
un pouvoir politique autoritaire, quitte à alléger les mécanismes de
contrôle démocratique s’exerçant sur le gouvernement. Etes-vous tout à
fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord ou pas du tout
d’accord avec cette opinion ?» La question insiste largement sur les raisons qui justifieraient une telle évolution (une «France proche du déclin», une «nécessité de réforme») et explique que le choix de confier le pays à un pouvoir autoritaire ne reviendrait qu’à «alléger les mécanismes démocratiques». On s’étonne donc un peu moins des réponses.