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mercredi 14 novembre 2018

Coup de froid sur la croissance allemande

Au troisième trimestre, le PIB allemand a reculé de 0,2 % par rapport au trimestre précédent. Ininterrompue depuis bientôt neuf ans, la croissance du pays devrait néanmoins se poursuivre en 2019.

C'est un petit coup de froid automnal qui n'augure pas encore d'une grosse grippe. L'éternuement de l'économie allemande est néanmoins d'autant plus audible que c'est la première fois en trois ans et demi que l'Allemagne enregistre un recul de son produit intérieur brut. Celui-ci a ainsi  baissé de 0,2 % au troisième trimestre par rapport au précédent trimestre, a annoncé mercredi l'Office fédéral de la statistique (Destatis).
Ce n'est cependant pas une surprise : face à l'accumulation de plusieurs indicateurs économiques dégradés depuis l'été, le « comité des Sages » qui conseille le gouvernement avait révisé à la baisse ses prévisions de croissance la semaine dernière à 1,6 % et 1,5 % respectivement pour 2018 et 2019.

Cela veut néanmoins dire que l'Allemagne devrait enregistrer une neuvième année consécutive de croissance en 2018 et qu'elle est partie pour en compter dix l'an prochain. « Une contraction de 0,2 % n'est pas une catastrophe », a renchéri le ministre de l'Economie, Peter Altmeier. Sur un an, la croissance ressort à 1,1 % au troisième trimestre contre 2,7 % fin 2017.

Des exportations moins dynamiques

Les équipes du ministre mettent ce ralentissement sur le compte de la baisse de la production automobile allemande qui a souffert de l'introduction de nouvelles normes d'homologation des voitures en termes de gaz d'échappement (WLTP). 

Faute de les obtenir à temps, les fabricants n'avaient en effet pas pu vendre leurs véhicules. Or le secteur automobile représente un cinquième de l'industrie allemande et plus de trois quarts de leur production est destinée à l'export.

Selon Destatis,  les exportations ont de fait diminué au cours du deuxième trimestre tandis que les importations ont progressé. Dans la foulée de la publication des chiffres de l'Office fédéral de la statistique, la Fédération industrielle allemande (BDI) a réduit sa prévision de croissance annuelle des exportations pour la deuxième fois en deux mois, à 3 % pour 2018 contre 3,5 % auparavant.
Le ministère allemand de l'Economie compte néanmoins sur un effet de rattrapage de la production automobile ces prochains mois. Il souligne par ailleurs que les commandes industrielles, promesse d'activité future, ont progressé au cours des deux derniers mois tandis que le bâtiment tourne à plein régime.

Moindre consommation des ménages

Le gouvernement espère en outre que les coups de pouces fiscaux décidés cet automne en faveur des ménages doperont la consommation intérieure. Principale moteur de l'économie allemande celle-ci a aussi ralenti au cours du troisième trimestre, du fait de la forte hausse de l'inflation (2,5 % en octobre, son plus haut niveau depuis 2008).

Cela suffira-t-il à éviter que la première économie européenne ne pique davantage du nez à long terme ? Compte tenu des incertitudes liées aux tensions commerciales mondiales et au Brexit, la sensibilité de l'Allemagne et ses exportations font craindre au patronat allemand le contraire. 

Un appel à des réformes structurelles

Pour le BDI (fédération allemande des industries), ce recul est un signe d'alarme en faveur de réformes structurelles. Face au manque de main-d'oeuvre qualifiée susceptible de nourrir le développement, le gouvernement vient de prendre des mesures pour faciliter l'immigration de travailleurs qualifiés. Il promet aussi 3 milliards d'euros d'investissements en faveur de l'intelligence artificielle. Mais le patronat milite aussi pour un allègement fiscal en faveur des entreprises, clef de leur compétitivité à l'étranger.
Alors que la charge fiscale de ces dernières avoisine 30 % en Allemagne, « un signal clair serait d'abaisser cette proportion à un maximum de 25 % », souligne Dieter Kempf, le président de la fédération industrielle allemande. Il rappelle que ce niveau correspond à la moyenne dans les pays de l'OCDE, bien au-dessus des 21,7 % en moyenne dans l'UE.