Le 2 juin dernier, Le Figaro Vox donnait la parole à un savant
touche-à-tout, chirurgien urologue, cofondateur du site Doctissimo et
expert passionné de transhumanisme, Laurent Alexandre. Il est nécessaire
de présenter Monsieur Alexandre afin de prendre au sérieux ses propos
qu’il partage malheureusement avec quasiment tous les acteurs
économiques (et établis) du pays quand ils s’expriment sur ce sujet.
Laurent Alexandre est un fils de dentistes, frère d’une psychiatre, qui
n’a su se contenter de ses activités médicales pour s’épanouir.
Passionné par le business et l’argent, Laurent Alexandre a ensuite
enchaîné les écoles, notamment Sciences Po, HEC et l’ENA. Son profil
n’est pas courant. D’autant plus qu’il a gagné beaucoup d’argent,
énormément d’argent, en particulier grave à la revente de Doctissimo à
Lagardère pour près de 130 millions d’euros, une somme que d’aucuns
considèrent comme excessive à l’égard de la qualité du site Web. Mais
Laurent Alexandre n’est pas homme esseulé mais un individu précieux pour
le Système de mort embauché aussi bien par le Huffington post que par
Le Monde et interviewé jusqu’à la nausée, comme nous l’avons vu
récemment, par Le Figaro. En vérité, Laurent Alexandre est partout. Il
écrit des livres sur le transhumanisme, qu’il glorifie littéralement,
comme son dernier ouvrage qui fait frémir de joie toutes les loges
d’Hexagonie, La Mort de la mort.
UNE RÉFÉRENCE INTELLECTUELLE PAS TRÈS CATHOLIQUE
Disons-le tout net : il y a encore 30 ans, et peut-être moins longtemps que cela, une partie du monde culturel et littéraire, une grosse partie du microcosme scientifique, et bien d’autres, auraient, soit ridiculisé cet énergumène (mais il est autre chose que ridicule), soit légitimement démonisé cet homme. Et c’est ce que nous devons faire sans ciller. Car cet homme inquiétant est le héraut de l’avènement d’un monde voire d’un univers « sans Dieu » ni homme. Il est le thuriféraire de la virtualité sans chair, du code, de l’intelligence au service d’elle-même. Aujourd’hui la presse de référence s’agenouille devant le Docteur Frankenstein… Tout le media qui fait loi lui est ouvert. Il est prophète au-delà du bien et du mal. Tout serait écrit : le code avec ses billions de billions de clefs triomphera de la Création. Que dit-il ce Ray Kurzweil de France, ce Peter Thiel d’Anne Sinclair Schwartz qui partage, avec ses collègues zozos les mêmes origines ? Tout simplement, en s’en félicitant, ce constat d’abord : les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) et demain les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) sont devenus, selon lui, les nouveaux maîtres du monde alors que devant ce “constat”, l’Europe ne saurait que “geindre”. Parce qu’elle aurait raté la révolution numérique, qui apparaît comme une sorte de parousie froide, minérale. Laurent Alexandre s’impatiente, piaffe, piétine, griffe : « Après un tel échec, une telle absence de vision on pourrait espérer que l’Europe se mette au travail. En fait, les Européens préfèrent geindre et accuser les géants du numérique de tous les maux. Ce réflexe infantile ne mènera nulle part. » Espérons-le, nous empresserions-nous d’ajouter si l’animal nous entendait. Et puis pourquoi faudrait-il absolument que le Vieux Continent s’engage à fond dans cette voix puisque les frontières sont censées disparaître, toutes, à l’instar de la vieille économie ? Quoi ? Que désire-t-il ? Une accélération du déracinement humain, l’avènement rapide de l’humanoïde hors-sol ? Et quoi d’autre, un Téléthon mondial pour dézinguer l’homme, l’humilier jusqu’à la fin des temps ; un Téléthon satanique ? Pour lui et sa clique oligarchique, l’État, le pouvoir public, la nation, le politique et ses principes (gages de transparence, de clarté, de rationalité) sont dépassés ou se comportent comme des freins ralentissant la révolution de ce siècle. Laissons proliférer « les neurones virtuels » (sic) tant qu’ils sont connectés entre eux et tendent vers une nouvelle osmose collective.
« La puissance publique n’a pas pris la mesure de la révolution en cours : la loi va devoir se réinventer pour encadrer l’IA et donc notre vie. La gouvernance, la régulation et la police des plateformes d’IA vont devenir l’essentiel du travail parlementaire. Contrairement aux algorithmes traditionnels qui comportent peu de branches et sont imprimables, évaluables et auditables, une IA est un système trop complexe pour être analysé par des méthodes traditionnelles. La documentation complète d’un algorithme d’IA de type “deep learning” ferait des milliards de milliards de milliards de pages… obsolètes quelques instants plus tard. Le Parlement va devoir se réinventer et un parlementaire qui ne maîtrise pas l’IA — ou qui pense encore que l’IA est un programme informatique banal — va devenir un danger public, une machine à attiser le populisme parce qu’il n’aura aucune prise sur le réel. » Les hommes doivent-ils désormais se comporter comme des chiens devant leur maître virtuel ? Alexandre le fou a-t-il encore conscience de la véritable teneur de ses propos ? Faut-il être sous captagon pour avaler sans tiquer pareille folie ? Les parlementaires doivent comprendre, déclare-t-il, « que la vraie loi est produite par l’Intelligence artificielle des géants numériques » ! On ne parle pas gratuitement de délire, vous le voyez bien.
Laurent Alexandre est membre du club Le Siècle et fait partie de la haute Franc-Maçonnerie comme en attestent ses importantes contributions au sein des loges et surtout son discours qui fait jubiler les adorateurs de G.A.D.L.U., le Grand Architecte de L’Univers. Il fut ainsi invité récemment par la Grande loge des cultures et de la spiritualité pour vendre le mode d’emploi transhumaniste aux gadluistes complètement trépanés. Tous les enfants de la Veuve, des enfants rejetant Dieu et la nature, la Création et les principes, respectent l’idée selon laquelle l’homme n’est qu’une construction atomique archaïque à laquelle il faut ajouter désormais « autre chose », comme des neurones artificiels, un second sexe, des cerveaux de rechange… Il s’agit d’abord d’une affaire de religion : « Nous devons tenter de construire comme les dieux l’ont fait au commencement, et c’est pourquoi le modèle et la symbolique du Grand Architecte de l’Univers sont essentiels. Sans lui, il est à craindre (sic) que les ouvriers ne construisent que de l’illusoire et des bâtiments sans nulle dimension initiatique. » Une direction est donnée aux hommes, celle qui s’écarte de leur essence, de toutes les forces gravitationnelles identitaires, sexuelles, morales, familiales, politiques. La Franc-Maçonnerie est une boussole inversée. Aussi, l’élément principal à prendre en considération lorsque l’on parle de transhumanisme n’est pas l’augmentation de l’homme précisément mais la raison cruciale de cette augmentation prétendue, la raison essentielle de cet outillage. Bref, le transhumanisme n’a pas vocation première à servir l’homme mais à le modifier afin qu’il devienne le plus méconnaissable possible, pour qu’il s’écarte carrément de son essence. […]
UNE RÉFÉRENCE INTELLECTUELLE PAS TRÈS CATHOLIQUE
Disons-le tout net : il y a encore 30 ans, et peut-être moins longtemps que cela, une partie du monde culturel et littéraire, une grosse partie du microcosme scientifique, et bien d’autres, auraient, soit ridiculisé cet énergumène (mais il est autre chose que ridicule), soit légitimement démonisé cet homme. Et c’est ce que nous devons faire sans ciller. Car cet homme inquiétant est le héraut de l’avènement d’un monde voire d’un univers « sans Dieu » ni homme. Il est le thuriféraire de la virtualité sans chair, du code, de l’intelligence au service d’elle-même. Aujourd’hui la presse de référence s’agenouille devant le Docteur Frankenstein… Tout le media qui fait loi lui est ouvert. Il est prophète au-delà du bien et du mal. Tout serait écrit : le code avec ses billions de billions de clefs triomphera de la Création. Que dit-il ce Ray Kurzweil de France, ce Peter Thiel d’Anne Sinclair Schwartz qui partage, avec ses collègues zozos les mêmes origines ? Tout simplement, en s’en félicitant, ce constat d’abord : les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) et demain les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) sont devenus, selon lui, les nouveaux maîtres du monde alors que devant ce “constat”, l’Europe ne saurait que “geindre”. Parce qu’elle aurait raté la révolution numérique, qui apparaît comme une sorte de parousie froide, minérale. Laurent Alexandre s’impatiente, piaffe, piétine, griffe : « Après un tel échec, une telle absence de vision on pourrait espérer que l’Europe se mette au travail. En fait, les Européens préfèrent geindre et accuser les géants du numérique de tous les maux. Ce réflexe infantile ne mènera nulle part. » Espérons-le, nous empresserions-nous d’ajouter si l’animal nous entendait. Et puis pourquoi faudrait-il absolument que le Vieux Continent s’engage à fond dans cette voix puisque les frontières sont censées disparaître, toutes, à l’instar de la vieille économie ? Quoi ? Que désire-t-il ? Une accélération du déracinement humain, l’avènement rapide de l’humanoïde hors-sol ? Et quoi d’autre, un Téléthon mondial pour dézinguer l’homme, l’humilier jusqu’à la fin des temps ; un Téléthon satanique ? Pour lui et sa clique oligarchique, l’État, le pouvoir public, la nation, le politique et ses principes (gages de transparence, de clarté, de rationalité) sont dépassés ou se comportent comme des freins ralentissant la révolution de ce siècle. Laissons proliférer « les neurones virtuels » (sic) tant qu’ils sont connectés entre eux et tendent vers une nouvelle osmose collective.
« La puissance publique n’a pas pris la mesure de la révolution en cours : la loi va devoir se réinventer pour encadrer l’IA et donc notre vie. La gouvernance, la régulation et la police des plateformes d’IA vont devenir l’essentiel du travail parlementaire. Contrairement aux algorithmes traditionnels qui comportent peu de branches et sont imprimables, évaluables et auditables, une IA est un système trop complexe pour être analysé par des méthodes traditionnelles. La documentation complète d’un algorithme d’IA de type “deep learning” ferait des milliards de milliards de milliards de pages… obsolètes quelques instants plus tard. Le Parlement va devoir se réinventer et un parlementaire qui ne maîtrise pas l’IA — ou qui pense encore que l’IA est un programme informatique banal — va devenir un danger public, une machine à attiser le populisme parce qu’il n’aura aucune prise sur le réel. » Les hommes doivent-ils désormais se comporter comme des chiens devant leur maître virtuel ? Alexandre le fou a-t-il encore conscience de la véritable teneur de ses propos ? Faut-il être sous captagon pour avaler sans tiquer pareille folie ? Les parlementaires doivent comprendre, déclare-t-il, « que la vraie loi est produite par l’Intelligence artificielle des géants numériques » ! On ne parle pas gratuitement de délire, vous le voyez bien.
Laurent Alexandre est membre du club Le Siècle et fait partie de la haute Franc-Maçonnerie comme en attestent ses importantes contributions au sein des loges et surtout son discours qui fait jubiler les adorateurs de G.A.D.L.U., le Grand Architecte de L’Univers. Il fut ainsi invité récemment par la Grande loge des cultures et de la spiritualité pour vendre le mode d’emploi transhumaniste aux gadluistes complètement trépanés. Tous les enfants de la Veuve, des enfants rejetant Dieu et la nature, la Création et les principes, respectent l’idée selon laquelle l’homme n’est qu’une construction atomique archaïque à laquelle il faut ajouter désormais « autre chose », comme des neurones artificiels, un second sexe, des cerveaux de rechange… Il s’agit d’abord d’une affaire de religion : « Nous devons tenter de construire comme les dieux l’ont fait au commencement, et c’est pourquoi le modèle et la symbolique du Grand Architecte de l’Univers sont essentiels. Sans lui, il est à craindre (sic) que les ouvriers ne construisent que de l’illusoire et des bâtiments sans nulle dimension initiatique. » Une direction est donnée aux hommes, celle qui s’écarte de leur essence, de toutes les forces gravitationnelles identitaires, sexuelles, morales, familiales, politiques. La Franc-Maçonnerie est une boussole inversée. Aussi, l’élément principal à prendre en considération lorsque l’on parle de transhumanisme n’est pas l’augmentation de l’homme précisément mais la raison cruciale de cette augmentation prétendue, la raison essentielle de cet outillage. Bref, le transhumanisme n’a pas vocation première à servir l’homme mais à le modifier afin qu’il devienne le plus méconnaissable possible, pour qu’il s’écarte carrément de son essence. […]
François-Xavier Rochette
La suite dans Rivarol n°3287 du 15/06/2017