Le livre intitulé « Sous nos yeux, Du 11 septembre à Donald Trump » , publié par notre compatriote girondin M.Thierry Meyssan , dont le nom est pour toujours attaché au démontage de « l’effroyable imposture » du 11 septembre, et que nous rencontrâmes et appréciâmes , invité par un de ses adjoints à Bruxelles, à un Congrès Axis for Peace, où était l’ancien chef d’État Major de l’armée russe, portant sur cette affaire de New York amorce de la guerre d’Irak, et revîmes à Téhéran où nous couvrîmes avec lui pour la télévision une manifestation populaire, en février, pour l’anniversaire de la fondation de l’État, a été aussi, entre autres faits remarquables, présent en Libye, où, invité par le gouvernement du défunt Khadafi, il obtint de précieux renseignements documentés sur l’initiative des Nations Unies de renverser le leader libyen voulant organiser des États Unis d’Afrique, et se trouve à Damas. Il avait averti qu’il ne pourrait plus résider dans un pays de l’OTAN.
Même si l’on ne partage pas sa philosophie, souvent affaire de destin, on ne peut que reconnaître sa parfaite éducation, son érudition et il est et restera un type de courage plus encore que de lucidité, dont cependant il ne manque guère, et ce courage vertu humaine par excellence selon Platon, lui fait concevoir et exprimer une nouvelle stratégie d’opposition de l’Amérique de Donald Trump, et de la fraction qui le supporte, à la traditionnelle politique impérialiste particulière à l’Angleterre. Qui tire profit de cette lutte? L’éternel diviseur des peuples que, à parler théologie, les religieux et même ceux qui le sont moins, entendent désigner par Satan. C’est ce qui nous précipite, à défaut de réaction et sans aide de Dieu, vers une catastrophe mondiale.
Il faut reconnaître le fait, avec l’auteur du livre, que D. Trump, interrogé sur le 11 septembre a dit qu’il ne croyait guère à la version officielle d’alors. On sera, au contraire surpris par ce paradoxe que l’Amérique d’un Président toujours sous une menace de suspension d’exercer son activité pour des raisons bien sûr fallacieuses de liens avec la Russie, est anti-impérialiste: cela mérite une explication, une fois passée la surprise du paradoxe, étant entendu que l’auteur du livre ne contredirait pas Jean-Jacques Rousseau déclarant qu’il préfère être homme à paradoxes, plutôt qu’homme à préjugés.
L’Angleterre soutient, et qui le contesterait ?, l’organisation des Frères Musulmans, depuis l’avant-guerre. Non pas qu’elle l’ait créée, mais elle sut tirer profit de son existence, pour un an après sa constitution, faire tuer les dirigeant de cette société secrète, comme il en est tant en Asie, et en faire, avec le seul survivant qu’elle anima comme un polichinelle, une arme contre le nationalisme arabe alors fasciste. J’entends, à cet égard, un ancien membre de l’Académie des Jeux Floraux, poète occitan, ancien de la L.V.F et familier toulousain de Benoist-Méchin avec lequel il était emprisonné, rapporter les paroles de Nasser le recevant devant ses collaborateurs ravis : « avant toute chose, monsieur le ministre, parlez nous de celui que nous admirons tous ici », lui dit-il en Égypte ; le maréchal Pétain ! C’est contre ce nationalisme sain arabe que fut lancé cette Fraternité, tout comme les Anglais forgèrent une « révolte arabe » pour disloquer l’empire ottoman et empêcher tout développement arabe chrétien ou musulman de diverses sectes.
Trump a manifesté, c’est un fait, une opposition à l’alliance avec les Frères Musulmans, autrefois chéris par Eisenhower qui reçut le père de Tariq Ramadan et une trentaine ou plus de collaborateurs dans le bureau ovale de la Maison Blanche. Il a critiqué le soutien apporté par le Qatar et l’Arabie Saoudite au mouvement subversif. L’Angleterre, soutient le journaliste d’investigation, M. Meyssan, ne veut pas renoncer au bénéfice de cette arme de terrorisme, elle qui a formé les premiers éléments daechistes sur son terrain irlandais. En fait la chose doit être plus clairement exposée : l’Amérique de ce Trump qui n’est point assuré de terminer paisiblement son mandat et pourrait subir le sort fatal de quelques-uns de ses prédécesseurs, sait que les USA ont une crise intérieure, la Chine comme concurrent, non pas à titre national, proprement dit, mais parce que la délocalisation américaine chez elle et sa propre présence en contre partie à l’étranger, ruine à moyen terme l’économie proprement US, qui n’est pas la finance de la FED !
Ce qui intéresse l’Amérique de Trump, dont se sépare, il est vrai, le macronisme ambiant et sa suite européenne, est de diminuer son engagement en Orient pour garder les mains libres en Asie, tout en rassurant l’entité sioniste. La politique anglaise, le prétend Meyssan, veut continuer ce terrorisme, l’éterniser en quelque sorte, par la création de petites entités perpétuellement turbulentes, et détruire naturellement tout État indépendant, ici en Libye, là en Syrie. Son livre contient des matériaux, et il donne des noms de gens dont on se demande s’ils ne sont pas mi-hommes mi-démons.
Pour revenir au cercle français, nous avons connu un épisode de cette guerre américano-anglaise (c’était l’opinion du général Franco dans son livre sur la Maçonnerie, paru sous un pseudonyme de Jekkim Boor, recueil d’articles débutés en 1946, au temps du blocus anti-espagnol demandé par l’ONU) dans l’assassinat de l’amiral Darlan, ami de Roosevelt et influencé par la maçonnerie US et donc rival du clan anglo-gaulliste.
Son opinion sur la division politique de l’Iran, en deux partis, et ses possibles variations d’alliance qu’avec sa franchise naturelle, M. Meyssan sinon juge imminente, du moins manifeste dans les prochains mois, et influencée par l’éternelle ennemie du pays qu’est l’Angleterre, « nation marchande » (écrivait d’elle Napoléon Ier au Shah de son temps) s éclaire à la lumière de ce conflit. Elle fut en tous les cas, à la base de la révolution de couleur de 2009, et de l’assassinat de l’étudiante des beaux arts, qui fit grand bruit à l époque, disent des journalistes iraniens avertis. Mais lisez le livre avant qu’il ne disparaisse, car il ne faut pas tenir, suivant l’Évangile, la lumière sous le boisseau.
Pierre Dortiguier