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jeudi 1 juin 2017

Xavier Jugelé victime de l’homophobie

Chacun connaît Xavier Jugelé, ce policier de 37 ans froidement assassiné par un musulman fanatique sur les Champs-Élysées, le 20 avril dernier. Mort en accomplissant son devoir de policier, mort parce qu’il était flic et naturellement ciblé par Karim Cheurfi, Xavier Jugelé a été honoré, comme il se doit, par l’État. C’était un policier normal, apprécié, un soldat des forces de l’ordre. 

Désormais, on honore individuellement la mémoire de tous ceux qui tombent sous les balles de l’ennemi : c’est un luxe que la France peut s’offrir, et dont elle n’aurait pas eu l’idée jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie. À l’époque, le soldat, le gendarme ou le flic tués en service allaient simplement ajouter une ligne au monument aux morts. Nous vivons une autre époque.
Aujourd’hui, on ne se contente pas d’honorer celui qui est tombé dans l’exercice de ses fonctions. On étale sa vie privée avec complaisance et voyeurisme si cela sert les intérêts de certains. Xavier Jugelé était homosexuel, circonstance qui relève de l’intime, de la vie personnelle, d’un choix de vie qui ne regardait que lui. C’était son droit. Pour la première fois dans ce genre de cérémonie, la parole a été donnée à son compagnon, dont le discours a été repris en boucle, et presque in extenso, par la presse. Personne n’aurait écouté madame veuve Cruchot évoquer avec émotion le mémoire de son mari tombé au service de la France. Ou peut-être le journal local. Nous vivons une autre époque.
Ainsi donc, de policier victime du devoir inhérent à sa fonction, Xavier Jugelé est devenu, post-mortem, et peut-être malgré lui, le représentant d’une revendication homosexuelle dans la police. Nul n’ignorait, avant sa mort dramatique, qu’il existât au sein des forces de l’ordre la même proportion qu’ailleurs de personnes attirées par le même sexe. Nul ne doit plus l’ignorer aujourd’hui, et pour un peu, l’assassinat de ce policier serait en lien avec ses pratiques intimes.
Attention de ne pas tomber dans le ridicule. Mais au respect pour le devoir accompli, notre société a substitué la dictature de l’émotion. Nous vivons une autre époque.
Comme si ce n’était pas suffisant, le compagnon de Xavier Jugelé a demandé, et obtenu, une faveur exceptionnelle et prévue par le droit : un mariage posthume. Puisque, depuis la loi Taubira, le mariage est devenu la reconnaissance publique de l’amour entre deux êtres, et que, juridiquement, rien ne s’y opposait, la demande a été accordée. Tout au plus aurait-on pu imaginer que cette cérémonie inhabituelle se serait faite dans la discrétion : en dépit du mal que nous pensons d’un simulacre de mariage rendu légal par la volonté d’une idéologue et la couardise d’une assemblée de décérébrés, la douleur légitime ressentie par cet homme méritait un silence discret. Encore une idée passée de mode, un comportement d’autrefois. Nous vivons une autre époque.
Mais François Hollande et Anne Hidalgo se sont rendus à cette cérémonie, la transformant immédiatement en un événement médiatico-mondain incontournable. Et la presse – c’est son travail – en a parlé. Sans un centimètre de recul par rapport à l’événement, comme d’habitude. Et là, on dépasse les bornes. On fait d’un simple flic tombé sous les balles aveugles d’un assassin l’icône d’une idéologie revendicative et communautariste. La fonction du policier est de protéger la société, toute la société. Lorsqu’il endosse son uniforme, il revêt sa fonction et la personne privée n’existe plus. Faire d’un policier mort le représentant d’un communautarisme sexuel au cœur d’une institution aussi universaliste que la police est à la fois une atteinte au respect qu’on lui doit et une atteinte à l’institution même. 

Bientôt, on fera de Xavier Jugelé une victime de l’homophobie. Certains osent tout… Nous vivons une autre époque. Et nous n’avons pas de quoi en être fiers.

 François Teutsch

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