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vendredi 17 novembre 2017

11 novembre 1933 : appel de Martin Heidegger à sortir de la Société des Nations



Né le 26  septembre 1889 et décédé le 26 mai 1976,  Martin Heidegger était le  fils aîné  d’un artisan tonnelier  souabe (pays de Bade), Friedrich et de sa femme Johanna, et  qui faisait aussi fonction de sacristain de sa paroisse de Messkirch  en   appartenant  au courant, nombreux en Allemagne, des Vieux-Catholiques qui refusent de tenir les parents de la Vierge, Anne et Zacharie, exempts du péché originel et contestent le dogme de l’infaillibilité pontificale du Premier Concile du Vatican, de 1870. Martin Heidegger  entra au noviciat des Jésuites en 1909 et le quitta  bientôt pour raison  de santé ;  tout comme, bien que réformé en 1914, volontaire et placé dans le service de météorologie  à Verdun, il dut abandonner le service. Professeurs, étudiants, artistes et clercs, aînés de famille à la campagne n’étaient pas, en Allemagne impériale, y compris sous le national-socialisme sauf aux derniers temps de l’inondation bolchevique lorsque les digues européennes furent rompues, astreints aux armes, car l’on estimait leur survie précieuse au peuple.  C’est pourquoi ils  devaient se porter  volontaires. Sa femme, épousé en 1917, Elfride Petri (1892-1993), protestante et patriote, partageait son dégoût des ennemis de la culture et de la société et le détacha de la tutelle politique catholique, s’engageant elle-même dans le national-socialisme.  Il estimait, par ailleurs,  que la vraie  philosophie allemande avait toujours été  inséparable du Christianisme.
Il soutint électoralement, en 1932,  avant l’accession au pouvoir, le  mouvement qui  avait pris l’étiquette de parti  et s’y inscrit, le 3 mai 1933,   résolu à prendre justement parti, sans compromis, contre le Traité ignominieux de Versailles  (1919) qui  visait à  l’anéantissement du peuple allemand et de sa culture.
Ses deux fils emmenés en captivité en Russie, ne revinrent qu’en 1947.
Son frère cadet, Fritz, qui avait aussi abandonné pour des raisons d’élocution impropre à la chaire, la vocation religieuse, pour devenir banquier dans leur ville natale,  reçut de lui en cadeau de  Noël  « Mein Kampf », vivement recommandé  par son aîné en ces termes dans ce billet du 18 Novembre 1931, daté de Fribourg où Heidegger avait sa chaire d’université :
« Je désire extrêmement que tu te mesures avec le livre d’Hitler qui est faible dans les chapitres du début autobiographiques. Que cet homme ait et même déjà eu  un instinct politique inhabituel et sûr, là où  nous  étions tous  encore embrouillés [benebelbt, être dans le brouillard] c’est ce qu’aucun observateur ne peut plus contester. Encore de toutes autres forces  augmenteront à l’avenir le mouvement national-socialisteIl ne s’agit plus d’un petit parti politique – mais  du  sauvetage ou du déclin de l’Europe et de la culture occidentale. Qui n’a pas aussi maintenant encore compris cela mérite d’être broyé dans le chaos. La réflexion sur ces choses ne trouble pas la paix de Noël, mais ramène à l’essence et à la tâche des Allemands, c’est-à-dire là où la forme de cette fête merveilleuse a son origine. »

Dans une réponse datée du 20 janvier 1948 à son ancien auditeur Herbert  Marcuse  qui le sommait, en agent de la  C.I.A. qu’il était, de publier son sentiment de culpabilité allemande et d’exprimer  les  remords que l’on devine, le professeur répondit qu’il trouvait inconvenant et absurde d’exiger de  lui  qu’il exprimât du repentir pour des crimes qu’il était supposé, par ailleurs, avoir ignoré en temps de guerre, alors qu’aujourd’hui, sur les routes, « au vu et au su du monde », des colonnes de civils allemands réfugiés de l’Est, femmes, enfant vieillards, en temps de paix, se font massacrer et frapper, déposséder par millions sans que la dite « opinion publique »  s’en émeuve. Jamais après guerre, Martin Heidegger ne prononça, en privé ou en public,  une parole de critique directe ou voilée contre le créateur et chef du Troisième Reich. Une journaliste italienne eut l’audace heureuse de l’interroger gracieusement  sur ce point : il y  avait, répondit-il, en substance, plus de cent partis ou organisations qui prétendaient gouverner. Est-ce une situation tenable, en temps de crise ? Un chef était nécessaire.
Après la dernière  guerre, il  resta  interdit d’enseignement pendant onze ans par les autorités françaises d’occupation après avis de leur expert politique germaniste, F.  Bertaux du Quai d’Orsay. Ce dernier avait jugé, sur la  dénonciation de son collègue réfugié en Suisse Karl Jaspers (marié à une  brandebourgeoise israélite), sa réponse au Questionnaire de dénazification (sic) insuffisante,  et lui imposèrent par tracasserie mesquine, des locataires  civils  étrangers, puis la bruyante famille d’un sergent français, pour  lui ôter toute tranquillité et entraver ainsi  ses profondes et incessantes recherches. Un émigré juif hongrois occupa sa  chaire à l’université de Fribourg-en-Brisgau qui avait été avant lui celle de Edmund  Husserl, ex-israélite, de confession protestante, d’abord professeur de mathématiques, en fait un sans-Dieu,  parrainé au début de sa nomination à  l’Université de Vienne  par le futur Président tchèque  Masaryk, de mère ouvrière allemande de Moravie et de père industriel juif catholique,  qui deviendra avant 1914  agent des services d’espionnage  du Tsar, puis, exilé à Londres, de l’Intelligence Service  et  laissera massacrer une partie de  la population civile allemande de Bohème.
Joseph Goebbels avec la délégation allemande en marge de la Conférence du désarmement de Genève en septembre 1933
Ce 11 novembre 1933,  avec plusieurs grands noms des universités et écoles allemandes, Heidegger  soutint publiquement l’appel lancé par le Guide  d’approuver  de quitter  la Société des  Nations  de Genève, dont l’œuvre maçonnique  était de diviser et, si elle ne les pouvait  durablement asservir, de  détruire les peuples, comme l’ONU l’a fait pour la Libye  et l’aurait laissé faire pour la Grande Syrie, sans l’intervention russo-iranienne et la force politique du guide baasiste, unifiant Chrétiens et Musulmans, laïques et clercs, Bachar  El-Assad.
Dans  une confession  ou « Profession de foi des Professeurs  des Universités et Ecoles  Supérieures  allemandes à Adolf Hitler et  à l’État national-socialiste » (Bekenntnis der Professoren zu dem deutschen Universitäten and Hochschulen zu Adolf Hitler und den nationalsozialistischen Staat), le philosophe allemand  lance cet appel :
« Enseignants et Camarades ! Compagnons et compagnonnes allemandes du peuple ! [le terme allemand camarade est d’usage militaire, non militant]
I
Vouloir être responsable  de soi
Le peuple allemand est appelé au vote par le Führer [guide, celui qui donne l’exemple et marche devant comme le guide de montagne (Bergführer), par opposition au Leiter ou leader qui dirige simplement] «  à la votation ;  mais le Führer ne le prie en rien, il donne bien plutôt  l’immédiate possibilité de la suprême libre décision de savoir si le peuple entier veut sa propre existence [sein eigenes Dasein]  ou s’il ne le veut pas. Le peuple allemand ne choisit demain rien moins que son avenir. »
Ce vote semble simplement incomparable avec tous les processus de votation jusqu’ici. Le caractère unique de ce vote est la grandeur simple de la décision à accomplir en lui.  L’inflexibilité  du simple et du dernier  ne tolère aucun chancellement, et aucune tergiversation. Cette décision dernière s’étend à la frontière  extérieure de l’existence de notre peuple. Et quelle est cette frontière ? Elle consiste en  cette exigence originelle  de tout être, qu’il  conserve et  sauve son propre peuple. C’est pourquoi une borne est  dressée entre ce qui  peut être exigé d’un peuple et ce qui ne le doit pas. La force de cette loi  fondamentale de l’honneur garantit au peuple allemand la dignité et la décision de sa vie. La volonté d’autoresponsabilité  n’est cependant pas seulement la  loi fondamentale de l’existence de notre peuple, mais en même temps le fait fondamental  de l’action de son État national-socialiste. De cette volonté  d’autoresponsabilité chaque travail de chaque condition, en petit et en grand, se range à l’endroit et au rang de sa détermination également nécessaire. Le travail des conditions [conditions sociales ou états, ce que le jargon des marxistes qualifie de classes pour les opposer et les ruiner]  porte et  affermit la structure  vivante de l’État ; le travail  reconquiert au peuple son terroir, le travail transfère  cet État entendu comme la réalité du peuple en champ d’action de toutes les puissances de l’être humain.
Ce n’est pas l’ambition, pas la hardiesse, pas l’égoïsme aveugle et pas l’impulsion  à la violence, mais le clair vouloir d’une autoresponsabilité inconditionnelle  dans la charge et la maîtrise du destin de notre peuple qui a exigé du Führer la sortie de la « Société des Nations ». C’est non pas l’éloignement de la communauté des peuples, au contraire : notre peuple se place de ce pas  sous la loi essentielle de l’être humain, pour laquelle  tout peuple  doit en premier lieu former une suite, s’il veut encore être un peuple.
Se prendre mutuellement au sérieux
C’est précisément à partir de cette suite également orientée face à l’exigence de l’autoresponsabilité que croît seulement la possibilité de se prendre mutuellement au sérieux, pour avec cela aussi  affirmer déjà une communauté. La volonté d’une  vraie communauté populaire se tient tout aussi bien éloignée d’une fraternité mondiale inconsistante qui n’engage à rien, que d’une tyrannie aveugle. Cette volonté œuvre  au-delà de  cette opposition, elle créée le se tenir-debout et le se tenir l’un l’autre [Auf-sich- und Zueinanderstehen] des peuples et des États.
Qu’est-ce qui se manifeste  dans un pareil vouloir ? Est-ce le retour à la barbarie ? Non ! C’est l’abandon de  tout comportement vide et affairisme dissimulé, par la  simple grande exigence de l’action responsable d’elle-même. Est-ce l’irruption de l’absence de loi ? Non ! C’est la claire confession de la propriété intouchable de tout peuple. Est-ce le refus de la créativité d’un peuple spirituel et la mise en pièces de sa tradition historique ? Non ! C’est le départ [der Aufbruch] d’une jeunesse épurée et qui s’accroît dans ses racines. Sa volonté d’État rendra  ce peuple dur envers lui-même et respectueux devant toute œuvre authentique.
II
Le courage de questionner
En quoi est ce donc un événement? Le peuple  regagne la vérité de sa volonté d’existence. Car  vérité est  la manifestation de ce qu’un peuple dans  son action et son savoir rend sûr, clair et fort. De pareille vérité  surgit  la volonté authentique de savoir. Et cette volonté de savoir circonscrit l’exigence de savoir. Et à partir de là que se mesureront les frontières  à l’intérieur desquelles  un questionnement et une recherche authentique  doivent se  fonder et conserver. C’est d’une telle origine que naît pour nous la science. Elle est liée  à la nécessité  de l’existence  populaire consciente de soi. La science est par conséquent  la passion éducative maîtrisée dans une telle nécessité. Mais être savant  veut dire pour nous: être maître des choses et résolu à l’action.
Nous nous sommes dégagés de l’idolâtrie d’une pensée sans sol et sans force. Nous sommes  certains  de ce que la claire dureté et, orientée vers l’œuvre, la sûreté du  questionnement simple, intransigeant, portant sur  l’essence de l’Être reviendra. Le courage originel  dans le débat avec l’étant sur ceci de l’accroître ou briser, est le motif le plus intime  du questionnement d’une science populaire. Car le courage tire vers l’avant, le courage se sépare de tout ce qu’il y a eu jusqu’à présent, ose l’inhabituel  et l’incalculable. Le questionnement n’est pas pour nous  le jeu délié  de la curiosité. Le questionnement  n’est pas aussi pour nous  le maintien obstiné dans le doute à tout prix. Questionner signifie pour  nous : s’exposer à la sublimité des choses et de leurs lois, signifie pour nous: ne pas se fermer à la terreur de ce qui est déchaîné et au trouble de l’obscur. Pour ce questionnement  en effet nous interrogeons et nous ne tenons pas  au service des découragés et de leur  recherche aisée de réponses commodes. Nous le savons, le courage interrogateur, d’expérimenter  les abîmes de l’existence et d’endurer, est déjà en soi une réponse  plus haute que tout renseignement extrêmement bon marché de systèmes de pensée artificiellement bâtis.
Conserver la volonté de savoir de notre peuple.
Et ainsi sommes-nous ceux auxquels la conservation de la volonté de savoir de notre peuple va être à l’avenir confiée. La Révolution nationale socialiste n’est pas simplement  l’acceptation  d’un puissance présente  dans l’État grâce à un parti suffisamment augmenté pour cela, mais au contraire (de souligner la suite)  cette révolution  amène  le plein bouleversement de notre  existence nationale. A partir de maintenant  toute chose exige décision et toute action responsabilité… Nous en sommes certains : si la volonté d’autodétermination devient la loi d’ être-les-uns-avec-les-autres [Miteinanderseins], alors  chaque peuple peut et doit  être pour tout autre peuple un maître d’enseignement  [Lehrmeister] de la richesse et de la force  de toutes les grandes actions et œuvres de l’être humain.
Le vote que maintenant le peuple allemand a à effectuer, est  déjà, à lui seul comme  événement, encore tout-à-fait indépendamment  du résultat, la plus forte  manifestation de la nouvelle réalité allemande  de l’État national-socialiste. Notre volonté  de responsabilité populaire  veut que tout peuple  trouve  et conserve  la grandeur et la vérité  de sa destination. Cette volonté est  la plus grande garantie  de la paix des peuples, car elle  se rattache elle-même  à la loi fondamentale  de l’attention humaine  et de l’honneur inconditionnel. C’est cette volonté que le Führer a amenée dans le peuple entier à la pleine croissance  et soudée à  une décision unique. Aucun ne peut se tenir éloigner  au jour de l’expression de cette volonté.

Heil Hitler »

Le référendum eut lieu le lendemain avec 95,1% de oui, et l’Allemagne quitta la S.D.N. le 24 Janvier de l’année suivante.

Pierre Dortiguier