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dimanche 9 septembre 2018

Bienheureux Martyrs de septembre 1792


  Après la chute de la Monarchie le 10 août 1792, la fièvre monte à Paris. De nombreux suspects sont arrêtés : laïcs, prêtes séculiers, religieux, souvent réputés réfractaires, même si ce n’est pas le cas de tous.Les_septembriseurs - detail
 Environ 350 ecclésiastiques sont ainsi incarcérés, dont plus de la moitié étrangers à la capitale.
  Entre le 2 et le 5 septembre, des bandes armées d’hommes et de femmes envahissent les prisons parisiennes pour se livrer à l’exécution collective des détenus au couvent des Carmes, à l’abbaye de Saint-Germain, au séminaire Saint-Firmin, aux prisons de la Force, rue Saint-Antoine.
  Le couvent des Carmes, avec son très vaste enclos, est le premier et le plus symbolique théâtre des tueries. Au témoignage de l’abbé Saurin, jésuite rescapé, le contraste est saisissant entre la sérénité qui règne au-dedans, parmi les ecclésiastiques prisonniers, groupés autour de trois évêques, et, au dehors, le hurlement de la foule, les canonnades, les roulements de tambour, et finalement, le 2, vers quatre heures du soir, le tocsin de Saint-Sulpice qui donne le signal aux émeutiers.
  La tuerie qui a commencé dans le jardin s’achève, après un simulacre de jugement, au pied du petit escalier faisant communiquer la chapelle, où les prisonniers ont d’abord reflué et se sont mutuellement donné l’absolution, et le jardin.
  « Je n’ai entendu se plaindre aucun de ceux que j’ai vu massacrés » écrira l’abbé de la Pannonie, blessé et rescapé de la tragédie des Carmes.

  Parmi les 3 000 victimes de septembre 1792, 191 personnes mortes pour leur foi ont été béatifiées par Pie XI le 17 octobre 1926. Quatre-vingt-six prêtres étaient membres du clergé parisien. Les quatre laïcs et de nombreux religieux béatifiés appartenaient aussi à l’Église de Paris.
Photos 1

Décret du Saint Siège concernant le martyre des victimes des massacres de septembre 1792 à Paris.

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                          Rome 1er Octobre 1926,
           Fête de saint Rémy, Évêque de Reims.  
  On ne pourra jamais assez déplorer ce noir et misérable fléau qui, à la fin du XVIIIe siècle, caché sous le nom mensonger de philosophie, avait perverti les esprits et corrompu les mœurs, et rempli avant tout la France de meurtres et de ruines.
  L’âme est émue d’horreur au souvenir des inexprimables spectacles de cruauté et de barbarie qu’exhibèrent, pendant la révolution française, des hommes impies et scélérats, à peine dignes de ce nom d’hommes : les temples sacrés dépeuplés, les signes sacrés de la religion catholique violés, des évêques, des prêtres, de pieux laïcs immolés arbitrairement, pour avoir refusé de prononcer une formule de serment décrétée par la puissance laïque et ouvertement opposée aux droits de l’Église, à la liberté de la conscience, ou pour s’être montrés moins bienveillants envers ces nouvelles institutions politiques.
  Parmi tant de prêtres illustres et de chrétiens remarquables, qui durant cette noire tempête furent livrés à la mort, brille certes au premier rang cette insigne légion d’hommes, qui, à Paris, au mois de septembre 1792 furent immolés avec une souveraine injustice et une infâme barbarie.
  Deux-cent-treize d’entre eux ont paru digne d’être décorés comme de courageux soldats du Christ de l’honneur que l’Église a l’habitude de décerner à ses Martyrs, et la cause de leur martyre a été déférée au Siège Apostolique.
  Leur mort fut exécutée au lieu même où ils étaient gardés prisonniers, c’est-à-dire au Couvent des Carmes pour cent-dix dont les noms suivent fidèlement transcrits, soixante-dix-sept furent massacrés au Séminaire Saint-Firmin, vingt-trois serviteurs de Dieu parmi les prisonniers écroués à la prison de l’Abbaye Saint-Germain, trois également dans la prison appelée La Force.
  Les listes judiciaires établies et examinées devant le tribunal ecclésiastique de Paris par l’Autorité de l’Ordinaire et par celle du Siège Apostolique, sur le martyre et la cause du martyre, et les signes ou miracles, et leur forme légitime approuvée, une Congrégation Antépréparatoire fut tenue dans la demeure du Révérendissime Cardinal Vincent Vannutelli, Ponent de la Cause, le 23 octobre 1923 : il y fut traité du martyre, de la cause du martyre et des signes ou miracles de tous ces serviteurs de Dieu.
  L’Assemblée Préparatoire fut convoquée deux années après au Vatican dans la Salle des Congrégations, le 15 novembre.
  Cette année courante, le 13 juillet, les Comices Généraux ont été célébrés devant Notre Très Saint-Père le Pape Pie XI : Le Cardinal Vannutelli y proposa à la discussion le doute suivant : « Qu’en est-il du martyre, de la cause du martyre, et des signes ou miracles des susnommés deux-cent-treize Serviteurs de Dieu ? »
  Les suffrages des Révérendissimes Cardinaux et des Pères Consulteurs furent écoutés avec attention par le Très Saint Père ; il différa cependant l’expression de son sentiment ; il fut d’avis qu’il fallait prier Dieu et implorer une plus grande abondance de lumière divine dans une affaire si grave.
  Lorsque, tout bien pesé dans un examen mûr et sérieux, il fut décidé d’ouvrir sa pensée, il désigna ce jour présent où l’on célèbre le souvenir solennel de Saint-Rémy, évêque de Reims ; et, après avoir très dévotement offert l’Hostie de la Paix, il commanda d’appeler les Révérendissimes Cardinaux Antoine Vico, Évêque de Porto et de Sainte-Rufine, Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, et Vincent Vannutelli, Évêque d’Ostie et de Préneste, Doyen du Sacré Collège et Ponent de la Cause, avec le R.P. Charles Salotti, Promoteur Général de la Foi, et moi Secrétaire soussigné, et séant sur le trône Pontifical, il édicta par un décret solennel :
« Le martyre et la cause du martyre pour cent-quatre-vingt-onze des Vénérables Serviteurs de Dieu énumérés ci-dessus, apparaît de manière assez claire pour qu’on puisse procéder aux formalités suivantes dans le cas et à l’effet dont il s’agit ; quant aux vingt-deux autres il apparaît que plus raisonnable que leur cause soit différée et que les preuves soient fortifiées. »
  (…)Et il ordonna que le décret soit de droit public et inséré dans les Actes de la Sacrée Congrégation des Rites, le jour des Calendes d’octobre de l’année 1926.

A. Card. VICO,
Portuen et S. Rufine, S.R.C. Prefectus
Angelus MARIANI,
S.R.C. Secretarius


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