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dimanche 9 septembre 2018

Devant les chasseurs, la RATP fait sa chochote…

Ils font peur, les chasseurs. Peur aux politiques, peur aux citoyens qui posent culotte dans les forêts de Sologne, peur aux cueilleurs de champignons et peur à la RATP. Peur, aussi, à la FNSEA, mais on y reviendra plus loin. Bref, depuis que Nicolas a fait sa « hulote » sur France Inter, ils sont devenus aussi infréquentables que le Banania Y’a bon et les délicieuses têtes de nègre dans les pâtisseries. 

On apprend ainsi, ce matin, dans Le Figaro Économie, que l’ARPP, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, a demandé à Médiatransports, régie publicitaire de la RATP, de retoquer leur campagne publicitaire. En cause, l’affichage de la Fédération nationale des chasseurs dont le slogan est : « Les chasseurs, premiers écologistes de France. » Par les temps qui courent, la RATP trouve l’affirmation un peu trop affirmative et a demandé aux porte-flingues de « nuancer » leur propos. Dont acte. Les chasseurs ont ajouté à leur slogan un point d’interrogation et deux astérisques en bas des affiches (signalant que c’est là le résultat d’un sondage RMC-BFM TV) placardées dans les métros de Paris, Lille, Toulouse, Marseille, Bordeaux et Lyon. Pour les autres, pas besoin de s’interroger.

L’argumentaire de l’ARPP (ex BVP, Bureau de vérification de la publicité) est croquignolet : « Le message publicitaire doit exprimer avec justesse l’action de l’annonceur en adéquation avec les éléments justificatifs dont il dispose » ; surtout, il doit être « proportionné à l’ampleur des actions menées par l’annonceur en matière de développement durable ainsi qu’aux propriétés du produit dont il fait la promotion ». Sans rire.

Comme le fait remarquer un avocat sur Twitter, on ne sache pas que la RATP ait jamais vérifié si les gens se lèvent réellement tous pour Danette, ou si Afflelou est aussi fou que l’affirme Sharon Stone…
Le plus rigolo est que cette histoire intervient au moment où la FNSEA, le tout aussi puissant lobby des agriculteurs, s’en prend également aux chasseurs, non pour leur reprocher d’être d’horribles assassins de créatures innocentes, mais parce qu’ils n’en tuent pas assez !

Dans le collimateur : les sangliers qui fourrent leur groin partout.
Il faut dire que les cochons sauvages prolifèrent et, comme toutes les créatures sur cette planète, ils vont là où la nourriture abonde : dans les champs de maïs, les cours de ferme, les vignes du Seigneur et même les jardins des zones pavillonnaires. Les chasseurs sachant chasser en abattent bien 700.000 par an, mais la cochonne grassouillette multiplie les portées. Résultat : les bêtes à la hure conquérante seraient, aujourd’hui, quatre millions sur notre territoire. Ça fait de la terrine à l’étal…

Vindicative, madame Christiane Lambert – patronne de la FNSEA et éleveuse de cochons domestiques à la ville – a trouvé les coupables : les chasseurs. Primo parce qu’ils ne tuent pas assez de bêtes, secundo parce qu’ils seraient responsables de leur prolifération. « Je ne les soupçonne pas, c’est une réalité. Il y a de l’élevage de sanglier, du lâcher de sanglier, de l’agrainage pour les maintenir à certains endroits », affirme-t-elle. Et de réclamer « plus de chasseurs qui tuent plus de sangliers pour que nous ayons moins de dégâts ».

Question subsidiaire : le village d’Astérix et ses banquets relevant de la pure fiction, que devient la viande, une fois les bêtes abattues ? Il n’y a pas de filières pour écouler le gros gibier et, faute de structures adaptées, compte tenu des exigences sanitaires qui sont chez nous drastiques, la vènerie proposée dans les restaurants provient généralement des pays de l’Est (Hongrie, notamment). Dans notre pays où la mode est au végétarisme et au véganisme, je ne vois guère comment on va écouler notre trop-plein de sangliers… En en faisant de la farine pour poissons, peut-être ?

Marie Delarue

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