Il faut lire la tribune parue dans Libé, ce 2 septembre, sous la plume de deux professeurs wallons, Hoedt et Piron : « Les crêpes que j’ai mangé. » Elle appelle à réformer, avec audace, les règles d’accord du participe passé « obsolètes et compliquées jusqu’à l’absurde »,
et propose l’invariabilité du participe passé avec l’auxiliaire
avoir. Le discours témoigne d’une connaissance de la langue,
scientifique et culturelle, qui force le respect !
Les auteurs partent du constat que les enfants ne comprennent rien aux accords, les professeurs non plus. Il faut changer ça. Car la langue est un « code graphique qui évolue ».
Une armada est d’abord convoquée : La Fédération Wallonie-Bruxelles et Cie, l’avis du CLFPL et le CILF, André Goosse, le groupe de recherche EROFA, la Fédération internationale des professeurs de langue française, certains membres de l’Académie royale de Belgique. Quant à l’Académie française, au placard ! Ce sont des nuls, des pas linguistes, incapables d’avoir produit une grammaire décente. Fermez le ban.
Ensuite, perspective cavalière à partir du Moyen Âge. Les moines, en recopiant les faits de Jésus lavant, ici et là, les pieds et les plats « et patati et patata »…, auraient été oublieux des règles à venir des accords après l’auxiliaire avoir. Et voici Marot, puis Voltaire accusant Marot d’avoir ramené deux choses d’Italie : la vérole et l’accord du participe passé.
Vient alors l’énoncé de la règle, à venir, dans tous les royaumes : de Belgique, de France et de Navarre et, au-delà des mers, dans les pays francophones, de l’invariabilité du participe dans tous ses états. Exemple canonique : « La formulation que le CILF a proposé » (vous croyiez que ça s’écrivait autrement ?).
Justification sociologique : « L’invariabilité est une tendance en augmentation dans tous les milieux », les médias et les pays francophones. L’accord n’est plus porteur de sens. Un peu d’esprit critique vis-à-vis de notre langue s’impose !
Bref, avec cette nouvelle règle, on aurait du temps scolaire libre pour évoluer dans la littérature, l’étymologie, la syntaxe, la morphologie, le bien-être et le vivre ensemble. Libé renchérit : il faut désacraliser l’orthographe et la faire avancer. Et nos amis belges d’affirmer que, comme c’est l’usage qui règle tout, il suffit de changer… l’usage ! Comme aurait dit Jean d’O, cette phrase est épatante !
L’appel à emboîter le pas belge est relayé en France par Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique et de didactique, spécialiste du plurilinguisme et de la « glottophobie ». Vous savez ? Celui qui dit : « Je ne connais aucun autre pays où la norme de la langue est aussi pesante sur la population, si ce n’est peut-être la Turquie. » En prime time de cette réforme linguistique, une pièce testée à Avignon va être jouée dans le XVe arrondissement où le public va « se bidonner ».
Les ordinateurs ne distinguent pas, pour le sens, « quoi que » et « quoique », « quelque » et « quel que, « là », « la » et « l’a », et tout à l’avenant (je continue ?). Bon courage pour la suite de vos réformes, ami.e.s belges et belges !
Les auteurs partent du constat que les enfants ne comprennent rien aux accords, les professeurs non plus. Il faut changer ça. Car la langue est un « code graphique qui évolue ».
Une armada est d’abord convoquée : La Fédération Wallonie-Bruxelles et Cie, l’avis du CLFPL et le CILF, André Goosse, le groupe de recherche EROFA, la Fédération internationale des professeurs de langue française, certains membres de l’Académie royale de Belgique. Quant à l’Académie française, au placard ! Ce sont des nuls, des pas linguistes, incapables d’avoir produit une grammaire décente. Fermez le ban.
Ensuite, perspective cavalière à partir du Moyen Âge. Les moines, en recopiant les faits de Jésus lavant, ici et là, les pieds et les plats « et patati et patata »…, auraient été oublieux des règles à venir des accords après l’auxiliaire avoir. Et voici Marot, puis Voltaire accusant Marot d’avoir ramené deux choses d’Italie : la vérole et l’accord du participe passé.
Vient alors l’énoncé de la règle, à venir, dans tous les royaumes : de Belgique, de France et de Navarre et, au-delà des mers, dans les pays francophones, de l’invariabilité du participe dans tous ses états. Exemple canonique : « La formulation que le CILF a proposé » (vous croyiez que ça s’écrivait autrement ?).
Justification sociologique : « L’invariabilité est une tendance en augmentation dans tous les milieux », les médias et les pays francophones. L’accord n’est plus porteur de sens. Un peu d’esprit critique vis-à-vis de notre langue s’impose !
Bref, avec cette nouvelle règle, on aurait du temps scolaire libre pour évoluer dans la littérature, l’étymologie, la syntaxe, la morphologie, le bien-être et le vivre ensemble. Libé renchérit : il faut désacraliser l’orthographe et la faire avancer. Et nos amis belges d’affirmer que, comme c’est l’usage qui règle tout, il suffit de changer… l’usage ! Comme aurait dit Jean d’O, cette phrase est épatante !
L’appel à emboîter le pas belge est relayé en France par Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique et de didactique, spécialiste du plurilinguisme et de la « glottophobie ». Vous savez ? Celui qui dit : « Je ne connais aucun autre pays où la norme de la langue est aussi pesante sur la population, si ce n’est peut-être la Turquie. » En prime time de cette réforme linguistique, une pièce testée à Avignon va être jouée dans le XVe arrondissement où le public va « se bidonner ».
Les ordinateurs ne distinguent pas, pour le sens, « quoi que » et « quoique », « quelque » et « quel que, « là », « la » et « l’a », et tout à l’avenant (je continue ?). Bon courage pour la suite de vos réformes, ami.e.s belges et belges !