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dimanche 9 septembre 2018

Retraites : les contradictions du gouvernement

Les cotisations pour les retraites complémentaires augmentent en janvier 2019, alors que les pensions de base seront quasiment gelées pendant deux ans. Le gouvernement affirme pourtant qu'il n'y a pas besoin de mesures de redressement dans le cadre de la réforme systémique à venir.

C'est une hausse des cotisations passée assez inaperçue jusque-là, qui doit intervenir au début de l'année prochaine : la fusion des régimes complémentaires du privé Arrco et Agirc va s'accompagner  d'un surcroît de près de 2 milliards d'euros de recettes . Marginale pour certains salariés, la hausse rognera, en revanche, sérieusement, pour d'autres, les gains de pouvoir d'achat liés à la suppression des cotisations chômage décidée par le gouvernement Macron.

Si l'exécutif n'a aucune responsabilité dans cette affaire - l'Agirc-Arrco est piloté par les partenaires sociaux - le calendrier tombe au plus mal, sachant que le pouvoir d'achat sera au coeur du débat budgétaire, cet automne au Parlement. L'annonce d'un quasi-gel des retraites de base, des prestations familiales et des aides au logement va, en effet, concentrer les critiques de l'opposition, alors que l'inflation est de retour.

Besoin de financement persistant

La conjonction des deux phénomènes - hausse des cotisations Agirc-Arrco et désindexation des pensions de base - vient en tout cas rappeler que le financement des régimes de retraite reste un problème incontournable. En engageant le débat sur une réforme systémique pour mettre en place un régime universel par points, le gouvernement a affirmé à tort qu'il n'y avait pas de besoin de financement dans les prochaines années, et que dès lors, les grands paramètres tels que l'âge légal de départ à 62 ans ne devaient pas être rediscutés.
Pourtant, les travaux du Conseil d'orientation des retraites ont montré que des déficits risquaient de réapparaître rapidement. La décision d'un quasi-gel des retraites en 2019 et 2020 n'y est sans doute pas étrangère...
Mais, en cas de dégradation plus nette de la conjoncture, l'exécutif se retrouvera face à une impasse. L'arme des hausses de cotisations et de taxes a déjà été largement utilisée par le passé : le taux de cotisation pour la retraite d'un salarié du privé (non cadre) né en 2000 atteint 28 %, contre 20 % pour la génération 1940. Quant au gel des retraites, il va accélérer la dégradation déjà anticipée du niveau de vie moyen des retraités.

La variable de l'âge

Il reste donc la variable de l'âge de départ. Sur ce point, l'accord de 2015 sur les retraites complémentaires signé par les partenaires sociaux pourrait faire les affaires de la Sécurité sociale, puisqu'il prévoit une mesure incitant les salariés à prolonger leur activité au-delà de 62 ans. A condition, bien sûr, que ces régimes survivent à la réforme Macron...

Quant aux hausses de cotisations Agirc-Arrco de janvier 2019, elles pourraient, ironie du sort, continuer de passer inaperçu si le gouvernement maintient la réforme du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu : bien malin qui pourra les repérer sur sa nouvelle feuille de paie !