Lors du remaniement ministériel qui vient d’avoir lieu, après les
démissions successives de Nicolas Hulot et Laura Flessel, il était
certain que Jean-Michel Blanquer ne serait pas mis sur la touche.
Les médias ont beaucoup évoqué les nouveautés de la rentrée : extension du dédoublement des classes en CE1 dans les réseaux d’éducation prioritaire renforcés, obligation de la dictée quotidienne, interdiction du téléphone portable… Le ministre met l’accent sur l’acquisition des fondamentaux (« lire, écrire, compter, respecter autrui », comme il aime à le dire) alors que la Belgique envisage de supprimer l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir, jugé trop complexe. Une information est cependant restée inaperçue : l’organisation prochaine des « semaines de l’engagement » au lycée.
Voici ce qu’on peut lire sur le site du ministère, sous le titre « Les semaines de l’engagement : engagez-vous pour faire vivre votre lycée ! » : « En 2018, les semaines de l’engagement se déroulent du 17 septembre au 6 octobre. À cette occasion, les lycéens sont sensibilisés à l’engagement sous toutes ses formes dans et hors l’établissement. » Loin de nous l’idée que l’engagement d’un élève dans la vie lycéenne ne puisse être profitable à son développement personnel comme à la communauté éducative : la participation au conseil pour la vie lycéenne, la fonction de délégué de classe, les diverses responsabilités exercées dans l’établissement peuvent être l’occasion de révéler des compétences.
La situation est différente lorsqu’il s’agit d’engagement « hors l’établissement », comme y incite le ministère. Là encore, il convient de nuancer. La jeunesse est l’âge des engagements : s’il l’on ne s’engage pas à 15 ou 18 ans pour quelque cause (politique, sociale, écologique, humanitaire…), il est peu probable qu’on le fasse quand on devient adulte. Bien sûr, certains élèves ou étudiants, particulièrement politisés, y font leurs armes pour une carrière politique, mais beaucoup s’investissent dans des associations, plus par générosité ou par idéal que par intérêt ou par ambition.
Le problème est de savoir si l’Éducation nationale a pour vocation d’encourager ces engagements, voire de les prendre en compte dans l’évaluation. Cette idée n’est pas nouvelle et continue de germer rue de Grenelle. Elle constituerait une intrusion intolérable de l’État dans la vie personnelle de l’élève. Ses activités en dehors de sa classe et de son établissement ne concernent que lui-même et sa famille. D’autant plus que le ministère précise que ces semaines de l’engagement sont aussi « l’occasion pour les associations partenaires de l’école de se faire connaître des lycéen-ne-s et de les inviter à l’engagement, dans et hors du lycée ». Quand on connaît l’orientation de certaines de ces associations, on peut légitimement s’inquiéter. Sans compter que ces engagements seraient diversement appréciés en fonction de leur profil.
Jean-Michel Blanquer bénéficie, dans l’opinion, d’un préjugé favorable. Il faut dire qu’après Najat Vallaud-Belkacem, tantôt charmante, tantôt teigneuse, tantôt veule, comme devant ce « musulman normal » qui refusait de serrer la main à une femme, un ministre qui met l’accent sur l’acquisition du savoir est une perle rare ! Mais qu’il prenne garde à ne pas altérer ce capital de sympathie en acceptant des pratiques qui, entre des mains intéressées, peuvent faire le lit de la normalisation des esprits et du totalitarisme, fût-il à visage humain. Entre l’engagement et l’embrigadement de la jeunesse, la marge est étroite.
Les médias ont beaucoup évoqué les nouveautés de la rentrée : extension du dédoublement des classes en CE1 dans les réseaux d’éducation prioritaire renforcés, obligation de la dictée quotidienne, interdiction du téléphone portable… Le ministre met l’accent sur l’acquisition des fondamentaux (« lire, écrire, compter, respecter autrui », comme il aime à le dire) alors que la Belgique envisage de supprimer l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir, jugé trop complexe. Une information est cependant restée inaperçue : l’organisation prochaine des « semaines de l’engagement » au lycée.
Voici ce qu’on peut lire sur le site du ministère, sous le titre « Les semaines de l’engagement : engagez-vous pour faire vivre votre lycée ! » : « En 2018, les semaines de l’engagement se déroulent du 17 septembre au 6 octobre. À cette occasion, les lycéens sont sensibilisés à l’engagement sous toutes ses formes dans et hors l’établissement. » Loin de nous l’idée que l’engagement d’un élève dans la vie lycéenne ne puisse être profitable à son développement personnel comme à la communauté éducative : la participation au conseil pour la vie lycéenne, la fonction de délégué de classe, les diverses responsabilités exercées dans l’établissement peuvent être l’occasion de révéler des compétences.
La situation est différente lorsqu’il s’agit d’engagement « hors l’établissement », comme y incite le ministère. Là encore, il convient de nuancer. La jeunesse est l’âge des engagements : s’il l’on ne s’engage pas à 15 ou 18 ans pour quelque cause (politique, sociale, écologique, humanitaire…), il est peu probable qu’on le fasse quand on devient adulte. Bien sûr, certains élèves ou étudiants, particulièrement politisés, y font leurs armes pour une carrière politique, mais beaucoup s’investissent dans des associations, plus par générosité ou par idéal que par intérêt ou par ambition.
Le problème est de savoir si l’Éducation nationale a pour vocation d’encourager ces engagements, voire de les prendre en compte dans l’évaluation. Cette idée n’est pas nouvelle et continue de germer rue de Grenelle. Elle constituerait une intrusion intolérable de l’État dans la vie personnelle de l’élève. Ses activités en dehors de sa classe et de son établissement ne concernent que lui-même et sa famille. D’autant plus que le ministère précise que ces semaines de l’engagement sont aussi « l’occasion pour les associations partenaires de l’école de se faire connaître des lycéen-ne-s et de les inviter à l’engagement, dans et hors du lycée ». Quand on connaît l’orientation de certaines de ces associations, on peut légitimement s’inquiéter. Sans compter que ces engagements seraient diversement appréciés en fonction de leur profil.
Jean-Michel Blanquer bénéficie, dans l’opinion, d’un préjugé favorable. Il faut dire qu’après Najat Vallaud-Belkacem, tantôt charmante, tantôt teigneuse, tantôt veule, comme devant ce « musulman normal » qui refusait de serrer la main à une femme, un ministre qui met l’accent sur l’acquisition du savoir est une perle rare ! Mais qu’il prenne garde à ne pas altérer ce capital de sympathie en acceptant des pratiques qui, entre des mains intéressées, peuvent faire le lit de la normalisation des esprits et du totalitarisme, fût-il à visage humain. Entre l’engagement et l’embrigadement de la jeunesse, la marge est étroite.