Personne n’a oublié le monstre de Charleroi, Marc Dutroux. Condamné,
en 2004, à la prison à perpétuité pour enlèvements d’enfants,
séquestrations, viols, torture, trafic de drogue et quatre assassinats –
deux petites et jeunes filles – entre 1995 et 1996, il s’est vu, en
2012, refuser une demande de libération conditionnelle. Il réitère
aujourd’hui. Aussi, comme, parmi les arguments pour la voir aboutir, il
lui faut donner des preuves de sa possible réinsertion, son avocat,
Bruno Dayez, vient d’envoyer une lettre aux familles des petites
victimes et aux deux autres qui ont pu être sauvées : « On amorce un débat […] celui qui consistera [pour le tribunal d’application des peines] à examiner l’attitude [de Dutroux] à l’égard des victimes », explique-t-il au Figaro.
Pour le papa de Julie, qui avait huit ans quand elle a croisé le chemin du psychopathe, c’est « inconcevable ». Parce qu’il estime cette lettre – à l’en-tête tellement impersonnel qu’il en est glacial – uniquement « stratégique » et que, pour un « multirécidiviste » qui a eu la cruauté de lui pondre, il y a quatre ans, 44 pages de dédouanement, parler « d’ouverture et d’apaisement, ça n’a aucun sens ». Marc Dutroux, « un manipulateur, un psychopathe », prétend, après plus de vingt ans passés à les esquiver, répondre aux questions des parents ? Jean-Denis Lejeune, comme les autres parents, n’y croit plus. L’avocat écrit s’inscrire dans une « démarche de réparation quelque dérisoire que puisse paraître ce substantif » : mieux eût valu, pour celui qui soutient ne « pas raviver les plaies », justement, s’en abstenir…
Ainsi, donc, on nous avait expliqué qu’en raison de son inhumanité, il fallait supprimer la peine de mort et la remplacer par la perpétuité. À présent, on nous explique que la perpétuité étant une « peine de mort à vie », elle devrait « ne jamais dépasser vingt-cinq ans de prison effective », selon les termes de l’avocat de Dutroux, en février dernier. À ce train-là, pourquoi ne pas envisager une perpétuité à quinze ans, à dix et puis, pendant qu’on y est, plus de peine d’emprisonnement du tout, la prison créant « plus de vices qu’elle n’accumule de vertus », toujours selon Bruno Dayez ?
Il n’est pourtant pas mal loti, avec une cellule de neuf mètres carrés (la taille d’une chambre d’étudiant), l’un des plus grands psychopathes de notre temps. De plus, le pédophile « le plus riche de la prison » travaille, disait un gardien ; il boursicote, il a le droit de cuisiner lui-même et même de faire venir régulièrement un coiffeur. Il regarde la télé, joue à la PlayStation, en plus ! Mais, selon son avocat, « il perd tout sens des réalités, le miracle (au bout de vingt-deux ans d’enfermement) est qu’il conserve encore de la raison ». Si c’est la même qui l’a poussé à commettre les atrocités que l’on sait, le libérer est une sacrée idée !
Enfant et adolescent terriblement indiscipliné, adulte prostitué, voleur, receleur, trafiquant de drogue, agresseur sexuel puis violeur, bourreau, assassin d’enfants qui projetait d’« en enlever un maximum pour créer une cité souterraine où régnerait le bien, l’harmonie et la sécurité », Marc Dutroux, dont le médecin, en 2013, affirmait « qu’en 16 ans [d’emprisonnement] il n’a pas changé », pourrait être mis en liberté conditionnelle ?
Alors, justement, s’il était libéré, comment réagirait-il, le papa de Julie ?
Et là, grand silence. Émotion, effroi, colère, un peu tout à la fois, contenus et traduits avec dignité.
« On n’en est pas encore là. » Espérons qu’on n’en sera jamais là…
Pour le papa de Julie, qui avait huit ans quand elle a croisé le chemin du psychopathe, c’est « inconcevable ». Parce qu’il estime cette lettre – à l’en-tête tellement impersonnel qu’il en est glacial – uniquement « stratégique » et que, pour un « multirécidiviste » qui a eu la cruauté de lui pondre, il y a quatre ans, 44 pages de dédouanement, parler « d’ouverture et d’apaisement, ça n’a aucun sens ». Marc Dutroux, « un manipulateur, un psychopathe », prétend, après plus de vingt ans passés à les esquiver, répondre aux questions des parents ? Jean-Denis Lejeune, comme les autres parents, n’y croit plus. L’avocat écrit s’inscrire dans une « démarche de réparation quelque dérisoire que puisse paraître ce substantif » : mieux eût valu, pour celui qui soutient ne « pas raviver les plaies », justement, s’en abstenir…
Ainsi, donc, on nous avait expliqué qu’en raison de son inhumanité, il fallait supprimer la peine de mort et la remplacer par la perpétuité. À présent, on nous explique que la perpétuité étant une « peine de mort à vie », elle devrait « ne jamais dépasser vingt-cinq ans de prison effective », selon les termes de l’avocat de Dutroux, en février dernier. À ce train-là, pourquoi ne pas envisager une perpétuité à quinze ans, à dix et puis, pendant qu’on y est, plus de peine d’emprisonnement du tout, la prison créant « plus de vices qu’elle n’accumule de vertus », toujours selon Bruno Dayez ?
Il n’est pourtant pas mal loti, avec une cellule de neuf mètres carrés (la taille d’une chambre d’étudiant), l’un des plus grands psychopathes de notre temps. De plus, le pédophile « le plus riche de la prison » travaille, disait un gardien ; il boursicote, il a le droit de cuisiner lui-même et même de faire venir régulièrement un coiffeur. Il regarde la télé, joue à la PlayStation, en plus ! Mais, selon son avocat, « il perd tout sens des réalités, le miracle (au bout de vingt-deux ans d’enfermement) est qu’il conserve encore de la raison ». Si c’est la même qui l’a poussé à commettre les atrocités que l’on sait, le libérer est une sacrée idée !
Enfant et adolescent terriblement indiscipliné, adulte prostitué, voleur, receleur, trafiquant de drogue, agresseur sexuel puis violeur, bourreau, assassin d’enfants qui projetait d’« en enlever un maximum pour créer une cité souterraine où régnerait le bien, l’harmonie et la sécurité », Marc Dutroux, dont le médecin, en 2013, affirmait « qu’en 16 ans [d’emprisonnement] il n’a pas changé », pourrait être mis en liberté conditionnelle ?
Alors, justement, s’il était libéré, comment réagirait-il, le papa de Julie ?
Et là, grand silence. Émotion, effroi, colère, un peu tout à la fois, contenus et traduits avec dignité.
« On n’en est pas encore là. » Espérons qu’on n’en sera jamais là…