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dimanche 2 octobre 2016

Flèche et cible de Philippe Delbauvre : Yves de Kerdrel (Valeurs actuelles)




Yves de Kerdrel se trompe (1).

La France, pays européen, ne vit nullement sous un « globe de pendule », la mettant à l’abri des pesanteurs qui s’exercent sur les autres pays d’Europe. La situation générale y est donc approximativement la même qu’ailleurs. Les problèmes, aussi bien politiques qu’économiques, sont similaires. Fatalement, la réaction du corps électoral en France est sensiblement la même qu’ailleurs : la contestation ! Syriza de droite ? Podemos, de droite ? 

Mouvement 5 étoiles, de droite ?

Serait-ce la droitisation de Nicolas Sarkozy qui permettrait d’indiquer la droitisation générale de la France ? Nullement. Chacun sait qu’il ne s’agit là que de positionnements tactiques et/ou stratégiques. D’ailleurs, toutes les enquêtes nous montrent que les Français n’adhèrent pas, dans leur grande majorité, à son discours droitier.

En revanche, la grande coqueluche du moment à droite, c’est justement auprès des Français, candidat de la droite et du centre, au profil très recentré. Un démocrate chrétien en quelque sorte nonobstant son ancienne appartenance au Rpr. Le maire de Bordeaux est aussi très éloigné en matière économique des propositions de François Fillon, propositions qui sont justement, très droitières.

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Autrement exprimé, tout au moins pour l’instant, si Alain Juppé est si populaire aujourd’hui auprès de tant de Français, c’est parce qu’il est parvenu à lisser son profil politique, au point de ne plus vraiment apparaître comme de droite. Jusqu’à même toute une partie de l’électorat de gauche qui lui trouve un certain charme. Justement parce que Nicolas Sarkozy apparaît lui de droite. C’est dire si la droite est dans les choux en terme électoral.

Vous doutez ?

Résultats au premier tour du ou des candidats de la droite et du centre lors des dernières présidentielles :

1981 : 28,32 + 18 + 1,66 + 1,33 = 49,3 %
1988 : 19,96 + 16,54 = 36,50 %
1995 : 20,84 + 18,58 + 4,74 = 44,16 %
2002 : 19,88 + 6,84 + 4,23 + 2,34 + 1,88 + 1,19 = 36,36 %
2007 : 31,18 + 18,57 + 2,23 + 1,15 = 53,13 %
2012 : 27,18 + 9,13 + 1,79 = 38,1 %

Or, dans le cadres des dernières études effectuées, présentes ici :

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/09/22/97001-20160922FILWWW00328-le-pen-au-second-tour-dans-tous-les-cas-sondage.php

ou là :

http://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/sondages/sondage-sur-la-presidentielle-2017-le-pen-au-second-tour-hollande-elimine-22-09-2016-6142349.php

On notera qu’Alain Juppé, candidat de la droite ET du centre, obtiendrait selon les cas, entre 26 et 34 % des suffrages. Soit en moyenne environ 30 %. Que l’on compare donc ce score aux résultats des premiers tours des présidentielles précédentes indiqués un peu au dessus.

Jamais la droite et le centre associés ne firent si mal.

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Et si Nicolas Sarkozy est le candidat de la droite ( 25 à 27%), impliquant la candidature probable de Bayrou (8 à 12 %) le résultat total oscille alors entre 33 et 39 % des suffrages. C’est mieux mais ce n’est nullement la gloire !

Observons maintenant la gauche. Les études nous montrent que Melenchon le très à gauche, talonne le candidat du parti socialiste : du jamais vu depuis le début du déclin du parti communiste (il nous faut remonter à 1969 pour qu’un communiste dispose d’un si bon score – meilleur d’ailleurs).

Si on veut faire un constat objectif, on ne peut que conclure à la radicalisation des électorats de droite comme de gauche. Pas un hasard au demeurant si Nicolas Sarkozy, au sein des républicains seuls, est autrement plus populaire que Juppé.

Clairement exprimé :

1/ L’électorat de droite se droitise encore davantage

2/ L’électorat de gauche se gauchise encore davantage

Je suis intimement convaincu que le corps électoral dans sa grande majorité veut une toute autre politique que celle qui fut mais aussi est actuellement menée. N’est-ce pas d’ailleurs ce qui explique la poussée constante du Front National ?


C’est ainsi que si on ajoute le score des très à gauche, des très à droite, et du Front National, on obtient une large majorité :
15 + 20 + 27 = 62 %

Il n’y a donc pas spécifiquement radicalisation à droite (voir supra) mais contestation majeure de près des deux tiers du corps électoral, cela à l’encontre de la structure politico-économique en place, fusse t-elle dirigée à droite comme à gauche.

Alain Juppé apparaît donc comme le candidat des tous mous, tous tièdes.

Et en cela, je songe au ras-le-bol, l’organisation qui dispose d’un boulevard, c’est bien le Front National, capable de séduire les mécontents – majoritaires – de droite comme de gauche, et d’ailleurs !

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