Pourfendeur de «l’idéologie mai 68», de la «banalisation de l’avortement» et du mariage gay, Jean-Frédéric Poisson affiche depuis le début de sa campagne une porosité idéologique avec le Front National. Lui qui veut «en finir avec le cordon sanitaire autour du FN», était venu lors du débat du 13 octobre en compagnie de Karim Ouchikh, membre du Rassemblement Bleu Marine et partisan d’un rapprochement entre la droite et l’extrême droite. Le successeur de Christine Boutin tiendra aussi début décembre à Paris un meeting commun avec de nombreuses figures la «droite hors les murs». Il figurera donc aux côtés de Robert Ménard, Philippe de Villiers, Karim Ouchikh ou encore Christian Vanneste, comme l’explique France Info.
Une interview donnée à Nice Matin jeudi sème une nouvelle fois le trouble chez Les Républicains. Jean-Frédéric Poisson y affirme que «la proximité de (Hillary) Clinton avec les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes sont dangereuses pour l’Europe et la France».
Ces allégations sont vivement condamnées chez Les Républicains. Nathalie Kosciusko-Morizet, la candidate la plus éloignée sur le plan politique de Jean-Frédéric Poisson dans cette primaire a annoncé jeudi soir qu’elle saisirait ce vendredi «la Haute Autorité de la primaire». Elle dénonce des «thèses complotistes» et de «l’antisémitisme» dans ces propos.
Une saisine que Thierry Solère n’a pas attendue. Le patron de la primaire a indiqué sur BFMTV jeudi après-midi que la question serait à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la commission d’organisation de la primaire de la droite qu’il préside le 26 octobre. «En tant que député de Boulogne/Boulogne-Billancourt, je condamne avec la plus grande force les propos de Jean-Frédéric Poisson», a expliqué le soutien de Bruno Le Maire. Selon l’élu francilien, cette expression «nourrit les thèses conspirationnistes et a un caractère insidieusement antisémite». Le député francilien estime que «dans notre pays, l’évocation du ‘lobby sioniste’ n’a pas la même signification qu’aux États-Unis».
Le candidat qu’il soutient, Bruno Le Maire, a profité de son passage sur le plateau de l’Émission Politique de France 2 jeudi soir pour condamner ces propos. «Il y a dans notre pays des actes antisémites qui vont jusqu’à l’assassinat et je ne comprends pas qu’on puisse tenir de tels propos. Je le condamne et ce sera aux électeurs de juger», a asséné le député de l’Eure.
Avant la droite, le Conseil repésentatif des institutions juives de France (Crif) avait aussi demandé «une condamnation ferme des propos» du successeur de Christine Boutin qui «se place en dehors du cadre de la primaire et s’installe aux côtés d’un Alain Soral ou d’un Dieudonné, dont il épouse les thèses», selon son président Francis Kalifat.
«De me traiter de la sorte, je ressens comme une injure, au fond», a répliqué Jean-Frédéric Poisson. Interrogé par France Info, Le candidat à l’investiture de la droite a regretté que ses propos «aient pu provoquer une sorte d’émotion au sein du Crif». «J’en suis désolé, parce que ce n’était évidemment pas mon intention, et je veux redire ici toute l’amitié que j’ai pour l’État d’Israël et pour le peuple juif dans son ensemble», a tenu à clarifier l’ancien maire de Rambouillet. Le candidat n’y voit «aucune espèce de thèse conspirationniste» car «il existe bien des groupes de pression sionistes qui agissent aux États-Unis» selon lui.
Dans un communiqué envoyé ce vendredi après midi, le chrétien-démocrate ajoute: «Je regrette infiniment que ces mots aient pu être interprétés comme de la haine à l’égard du peuple juif ou de l’Etat d’Israël: cette haine m’est totalement étrangère, je la combats, et je condamne, comme je l’ai toujours fait, l’antisémitisme tout autant que l’antisionisme.»
Le Figaro