Julien Langard est professeur
d'histoire-géo dans un lycée à Carpentras (Vaucluse), membre du comité
central du FN, proche collaborateur de Marion Maréchal Le Pen et membre
du collectif Racine. Il vient de décider de quitter le FN et s'en explique longuement.
Même si l'on comprend bien que le départ de Marion Maréchal-Le Pen
n'est pas étranger à sa décision qui reste néanmoins anecdotique, les
raisons qu'il évoque sans langue de bois sont intéressantes :
"Depuis le 7 mai dernier et le débat catastrophique de l’entre-deux tours des présidentielles,
n’importe quel Français sincère et lucide sait que Marine le Pen ne
sera jamais présidente de la République, ni dans cinq, ni dans dix, ni
dans quinze ans… Malgré les espoirs soulevés par son élection à
la tête de notre mouvement en 2011, elle s’est échouée dans un
véritable Trafalgar télévisuel face au candidat le plus à sa portée, à
savoir le dauphin de François Hollande, président le plus impopulaire de
toute la Vème République !Comment réagir devant ce constat cruel mais
réaliste ? Incapable d’incarner demain celle qui pourra rassembler la droite, Marine le Pen nous conduit aujourd’hui dans une impasse.
Le FN, même sous un nouveau nom, est condamné à devenir le PCF des
années 70. Assis sur une grande base populaire mais incapable de la
dépasser, il s’enfermera dans le rôle stérile d’éternel opposant.
Personnellement je
me refuse à entretenir un faux espoir de Victoire auprès des militants
et des électeurs qui nous font confiance. Par fidélité à un
parti ou à son chef, les Patriotes français sont-ils condamnés à
s’engager dans une voie que l’on sait sans issue ? Je crois
pour ma part que l’opposition perpétuelle n’est pas une vocation
politique. Les partis ne sont ni plus ni moins que des outils au service
des valeurs que nous croyons bonnes pour notre pays. L’éviction
de son président d’honneur et le départ de Marion Maréchal le Pen,
véritable espérance pour l’avenir, laisse un vide que la structure
actuelle ne peut combler.
En interne le poids des contradictions est devenu insurmontable.
On ne peut prôner les valeurs d’enracinement et fonctionner selon un
centralisme parisien exacerbé, on ne peut prôner la méritocratie et
accepter les investitures de complaisance ou les parachutages de
candidats qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus. Dans notre
département, qui se souvient encore de Philippe Lottiaux, pourtant tête
de liste FN lors des dernières élections sénatoriales ? Enfin,
on ne peut prétendre réaliser l’union des Patriotes tout en menant une
guerre fratricide contre nos alliés naturels, par exemple la Ligue du
sud. Parachuter une candidate improbable face au député Jacques
Bompard qui a consacré sa vie à défendre les valeurs de la droite
nationale est une véritable insulte à tous ceux qui connaissent la
valeur réelle de l’engagement et du service au profit d’une
municipalité. Cette faute politique est majeure. Elle discrédite les
partis et révèle au grand jour les intentions réelles de leur auteur :
servir leurs intérêts plutôt que les valeurs qu’ils prétendent défendre.
Fort de ce
constat et dans le sillage du départ de Marion Maréchal Le Pen, j’ai
donc décidé de mettre fin à toutes mes responsabilités au sein du Front
National. Dans le vaste mouvement de recomposition politique amorcé par la dernière élection présidentielle, la droite nationale, identitaire et sociale n’échappera pas à un devoir d’inventaire. Les victoires du futur seront au prix d’une union véritable, affranchie de l’ombre des partis et des chefs discrédités."