Marc Rousset
La
BCE (Banque centrale européenne) ne va plus acheter que trente
milliards d’euros d’obligations au lieu de soixante milliards, à partir
de janvier 2018. L’institution fera son possible pour ne pas augmenter
les taux. Pas d’averse en France dans l’immédiat, mais le déluge est
toujours en vue à l’horizon.
Les
taux directeurs resteront inchangés, notamment le taux négatif de
-0,4 % sur les facilités de dépôt, prix que les banques doivent
acquitter pour leurs surplus de liquidités à la BCE, afin de les inciter
à prêter à l’économie au lieu de thésauriser.
Pendant
les neuf premiers mois de 2018, la BCE prolongera ses achats de titres à
un rythme mensuel de trente milliards au lieu de soixante milliards,
d’où un ralentissement de création monétaire. Mais il y aura, en fait,
bel et bien toujours une augmentation de la masse monétaire car le stock
des obligations déjà achetées par la BCE ne sera pas recédé sur le
marché.
De
plus, les opérations de refinancement à long terme des banques à taux
fixe seront maintenues en quantités illimitées aussi longtemps que
nécessaire.
Les
Allemands, dont le président de la Bundesbank Jens Weidmann, ont
exprimé leur réprobation face à ce laxisme monétaire à travers un
communiqué de Clemens Fuest, président de l’institut de conjoncture
IFO : « C’est un pas dans la bonne direction et vers le retour à la normale, mais la diminution du QE doit être plus rapide. »
La
BCE est tenue d’acheter des obligations des différents pays européens
en fonction de l’importance respective de leur PIB et, donc, de leur
participation à son capital. À ce jour, la BCE détient 425 milliards
d’obligations allemandes, 350 milliards d’obligations françaises, 300
milliards d’obligations italiennes et 200 milliards d’obligations
espagnoles.
Faisant
face à des montagnes de dettes, à des incertitudes politiques avec des
troubles possibles ainsi que des élections en vue, l’Italie et l’Espagne
devraient éprouver des difficultés à trouver des acheteurs pour leurs
émissions obligataires lorsque la BCE arrêtera de les acheter
généreusement dans les années à venir.
La
France et l’Italie ont particulièrement profité du programme
d’assouplissement quantitatif démarré en 2015. La BCE a acheté, par
exemple, trois fois plus d’obligations italiennes que les émissions
nettes en Italie depuis 2015. Cela signifie que la BCE a acheté non
seulement toutes les obligations fraîchement émises depuis 2015, mais
aussi d’autres obligations appartenant déjà à des investisseurs.
L’Espagne,
suite à la déclaration d’indépendance de la Catalogne, va être
fragilisée économiquement, budgétairement, pour l’ensemble de ses
banques et plus particulièrement pour ses banques catalanes. Quant à la
France, elle suit juste derrière dans la roue l’Espagne et l’Italie,
avec sa dette publique de plus de 100 % du PIB et son déficit public
qu’elle n’arrive pas à maîtriser, Macron ne prenant pas les mesures
structurelles fondamentales nécessaires (réduction du nombre de
fonctionnaires, arrêt de l’immigration et expulsion des clandestins,
suppression pure et simple du Conseil économique, social et
environnemental…).
Dans
l’immédiat, la BCE va tout faire pour ne pas augmenter les taux
d’intérêt, ce qui est fondamental et rassurant pour la France, mais à
moyen terme, la situation est très préoccupante. Il suffit que le
système bancaire flanche en Italie ou en Espagne, que la Fed américaine
soit amenée bon gré mal gré à relever ses taux pour que les taux
d’intérêt remontent plus rapidement que prévu en Europe et dans le
monde, pour que la France passe d’une situation de quasi-faillite à la
faillite véritable, à la banqueroute.
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