par Renaud Kappel.
Les 20 et 21 octobre avaient lieu les élections législatives en République tchèque pour le renouvellement des 200 députés élus de la Chambre des députés.
Ces élections, qui se tiennent au suffrage proportionnel à un tour, ont été marquées par la nette victoire des partis populistes et eurosceptiques ainsi que par l’effondrement du Parti social-démocrate tchèque, CSSD, au pouvoir de façon quasi ininterrompue depuis 1998, soit seul, soit au sein d’une coalition gouvernementale. Ce bouleversement électoral s’inscrit dans la continuité de la défiance de plus en plus grande des peuples européens vis-à-vis de l’Union européenne, qui du Brexit à la montée populiste en France, en Allemagne et en Autriche est en passe de créer une véritable alternative au modèle européen imposé par l’UE.
Les résultats des élections de Tchéquie sont sans appel. Les mouvements populistes ou eurosceptiques raflent pas moins de 40 % des suffrages exprimés et plus de 50 % si l’on inclue les 11,32 % de l’ODS, Parti démocratique civique, de tendance nationale-libérale et plutôt eurosceptique.
Le mouvement ANO 2011 est le grand vainqueur du scrutin avec 29,24 % des suffrages exprimés, ce qui lui permet de remporter 78 des 200 sièges du Parlement. Dirigé par l’homme d’affaires et milliardaire Andrej Babis, que les médias mainstream qualifient de « Trump Tchèque », ancien ministre de l’Économie de l’Union chrétienne démocrate, est le deuxième homme le plus riche de Tchéquie. Magnat du secteur agro-alimentaire et des médias, il a mené une campagne très critique vis-à-vis de l’Union européenne et de la corruption qui gangrène la vie politique tchèque. Un récent rapport de l’ONG Transparency International classe la Tchéquie derrière le Botswana pour la corruption. Adversaire acharné de l’entré de son pays dans la zone euro, Andrej Babis a mené campagne sur le thème de la souveraineté monétaire tchèque face à la monnaie du déclin que constitue l’euro.
En outre, la campagne victorieuse de Babis a été fortement marquée par des propos très fermes sur la question migratoire. Membre du groupe de Visegrad, la Tchéquie entend en effet contrôler étroitement les flux d’immigrés qui campent à ses frontières.
Le second vainqueur du scrutin est la droite nationale-populiste tchèque, dont le parti Liberté et démocratie directe (SPD) remporte 10,64 % des suffrages et 22 sièges se retrouvant la 3ème force politique du pays à égalité avec le Parti Pirate (libéral-libertaire et européiste) et légèrement devancé par l’ODS, le parti libéral conservateur de l’ancien chef de l’État, Vaclav Klaus, lui aussi fortement eurosceptique. Le SPD fait une percée spectaculaire dans un pays ou les mouvements de droite nationale n’ont jamais eu un grand écho. Orientant sa campagne électorale sur la question identitaire et sur le problème des immigrés clandestins qui affluent en masse en Europe, le SPD se veut l’aiguillon anti UE du futur gouvernement. En effet, le parti promeut l’idée de la tenue d’un référendum sur le maintien de la Tchéquie au sein de l’Union européenne, sur le modèle du « Brexit » britannique. Il est par ailleurs le seul mouvement qui accepterait de former une coalition gouvernementale avec Babis. Seul problème, mais de taille, Andrej Babis refuse pour le moment toute coalition avec le SPD, trop ouvertement patriote à ses yeux. Le triomphe des mouvements populistes va-t-il débouché sur un compromis ?
Tout porte à le croire, notamment en raison d’un calendrier électoral qui prévoit des élections présidentielles en janvier 2018. En effet, le président sortant Milos Zeman, issu des rangs du Parti social-démocrate, laisse entendre qu’il pourrait se représenter. Par ailleurs, en dépit de la victoire sans majorité d’Andrej Babis, le président Zeman lui a confié la mission de former le gouvernement. Se dirige-t-on vers une entente entre les deux hommes, qui verraient ainsi la mise en place d’une vaste coalition unissant ANO 2011 et les sociaux-démocrates, ainsi que plusieurs petits partis, au prix du retrait d’ANO de la course à la présidentielle ? Sans adversaire sérieux face à lui, le président Zeman a de fortes chances d’être réélu.
Cette entente, à priori impossible vue de l’Ouest, est tout à fait envisageable d’un point de vu tchèque. En effet, bien que social-démocrate, le président Zeman est très critique vis-à-vis de l’Union européenne et se montre intraitable sur la question des migrants. Par ailleurs, il souhaite que le groupe de Visegrad, dont fait partie la République tchèque, renforce encore ses prérogatives face à la politique de Bruxelles. Une entente avec Andrej Babis et l’ANO est donc fortement probable, d’autant plus que la formation de Babis est essentiellement anti Union européenne et ne défend pas spécifiquement des valeurs conservatrices.
La victoire des mouvements populistes renforce toutefois la dynamique en faveur de l’émergence d’une Europe des nations et des peuples opposée à la main mise de Bruxelles et désireuse de sauvegarder l’identité et la souveraineté des États d’Europe.
Ces élections, qui se tiennent au suffrage proportionnel à un tour, ont été marquées par la nette victoire des partis populistes et eurosceptiques ainsi que par l’effondrement du Parti social-démocrate tchèque, CSSD, au pouvoir de façon quasi ininterrompue depuis 1998, soit seul, soit au sein d’une coalition gouvernementale. Ce bouleversement électoral s’inscrit dans la continuité de la défiance de plus en plus grande des peuples européens vis-à-vis de l’Union européenne, qui du Brexit à la montée populiste en France, en Allemagne et en Autriche est en passe de créer une véritable alternative au modèle européen imposé par l’UE.
Les résultats des élections de Tchéquie sont sans appel. Les mouvements populistes ou eurosceptiques raflent pas moins de 40 % des suffrages exprimés et plus de 50 % si l’on inclue les 11,32 % de l’ODS, Parti démocratique civique, de tendance nationale-libérale et plutôt eurosceptique.
Le mouvement ANO 2011 est le grand vainqueur du scrutin avec 29,24 % des suffrages exprimés, ce qui lui permet de remporter 78 des 200 sièges du Parlement. Dirigé par l’homme d’affaires et milliardaire Andrej Babis, que les médias mainstream qualifient de « Trump Tchèque », ancien ministre de l’Économie de l’Union chrétienne démocrate, est le deuxième homme le plus riche de Tchéquie. Magnat du secteur agro-alimentaire et des médias, il a mené une campagne très critique vis-à-vis de l’Union européenne et de la corruption qui gangrène la vie politique tchèque. Un récent rapport de l’ONG Transparency International classe la Tchéquie derrière le Botswana pour la corruption. Adversaire acharné de l’entré de son pays dans la zone euro, Andrej Babis a mené campagne sur le thème de la souveraineté monétaire tchèque face à la monnaie du déclin que constitue l’euro.
En outre, la campagne victorieuse de Babis a été fortement marquée par des propos très fermes sur la question migratoire. Membre du groupe de Visegrad, la Tchéquie entend en effet contrôler étroitement les flux d’immigrés qui campent à ses frontières.
Le second vainqueur du scrutin est la droite nationale-populiste tchèque, dont le parti Liberté et démocratie directe (SPD) remporte 10,64 % des suffrages et 22 sièges se retrouvant la 3ème force politique du pays à égalité avec le Parti Pirate (libéral-libertaire et européiste) et légèrement devancé par l’ODS, le parti libéral conservateur de l’ancien chef de l’État, Vaclav Klaus, lui aussi fortement eurosceptique. Le SPD fait une percée spectaculaire dans un pays ou les mouvements de droite nationale n’ont jamais eu un grand écho. Orientant sa campagne électorale sur la question identitaire et sur le problème des immigrés clandestins qui affluent en masse en Europe, le SPD se veut l’aiguillon anti UE du futur gouvernement. En effet, le parti promeut l’idée de la tenue d’un référendum sur le maintien de la Tchéquie au sein de l’Union européenne, sur le modèle du « Brexit » britannique. Il est par ailleurs le seul mouvement qui accepterait de former une coalition gouvernementale avec Babis. Seul problème, mais de taille, Andrej Babis refuse pour le moment toute coalition avec le SPD, trop ouvertement patriote à ses yeux. Le triomphe des mouvements populistes va-t-il débouché sur un compromis ?
Tout porte à le croire, notamment en raison d’un calendrier électoral qui prévoit des élections présidentielles en janvier 2018. En effet, le président sortant Milos Zeman, issu des rangs du Parti social-démocrate, laisse entendre qu’il pourrait se représenter. Par ailleurs, en dépit de la victoire sans majorité d’Andrej Babis, le président Zeman lui a confié la mission de former le gouvernement. Se dirige-t-on vers une entente entre les deux hommes, qui verraient ainsi la mise en place d’une vaste coalition unissant ANO 2011 et les sociaux-démocrates, ainsi que plusieurs petits partis, au prix du retrait d’ANO de la course à la présidentielle ? Sans adversaire sérieux face à lui, le président Zeman a de fortes chances d’être réélu.
Cette entente, à priori impossible vue de l’Ouest, est tout à fait envisageable d’un point de vu tchèque. En effet, bien que social-démocrate, le président Zeman est très critique vis-à-vis de l’Union européenne et se montre intraitable sur la question des migrants. Par ailleurs, il souhaite que le groupe de Visegrad, dont fait partie la République tchèque, renforce encore ses prérogatives face à la politique de Bruxelles. Une entente avec Andrej Babis et l’ANO est donc fortement probable, d’autant plus que la formation de Babis est essentiellement anti Union européenne et ne défend pas spécifiquement des valeurs conservatrices.
La victoire des mouvements populistes renforce toutefois la dynamique en faveur de l’émergence d’une Europe des nations et des peuples opposée à la main mise de Bruxelles et désireuse de sauvegarder l’identité et la souveraineté des États d’Europe.
Article paru sur le site Katheon.