"Cette
mirifique réforme est venue, il ne faut pas l’oublier, de la « droite »
ou plus exactement de ceux, qui se laissant dire « de droite », n’en
sont pas moins ministres et soutiens de M. Macron !
Je
n’ai pas la compétence qui me permettrait de dire si eux l’avaient,
cette compétence. Leur objectif avoué était de faire entrer la France
dans la classe, selon eux plus moderne, des États qui prélèvent l’impôt à
la source sur chaque individu et dispensent donc celui-ci, dans la
plupart des cas, de s’inquiéter de la charge qui sera la sienne. Je me
permets de penser qu’ils avaient un autre objectif, inavoué :
continuer et si possible achever le travail de démolition de la famille
en tant que corps intermédiaire entre l’État et l’individu, afin de
laisser celui-ci totalement désarmé devant la puissance étatique.
Il est toutefois curieux qu’ils n’aient pas songé que la
plupart de ces États « modernes » ont pour principe de ne demander au
contribuable qu’une juste proportion de ses gains et n’en font pas un
instrument de justice sociale ni de redistribution familiale.
Alors
que la tradition fiscale française, depuis plus d’un siècle, est
d’utiliser l’arme fiscale pour réduire d’une part les inégalités
engendrées par les disparités de revenus et d’autre part la considérable
différence de niveau de vie, à revenu égal, entre les célibataires sans
charges et les personnes ayant charges de famille. Il est vrai que
depuis ¾ de siècle maintenant les gouvernements successifs, où dominait
la doxa de la gauche marxiste, n’ont eu de cesse d’alourdir les
conséquences de la politique de réduction des inégalités liées aux
revenus, si bien qu’aujourd’hui c’est celle-ci qui bénéficie de la
grande majorité des sommes prélevées, tandis que les avantages liés aux
charges de famille sont rabotés, souvent devenus symboliques ou
carrément supprimés.
Reste que
le système fiscal français, en l’absence d’une réforme complète, reste
fondé sur la fiscalisation du foyer et non sur celle de l’individu. Il
en résulte que, réputé simplificateur, le prélèvement à la source
s’avère source de soucis supplémentaires pour le contribuable non
célibataire. Celui-ci ignorera presque jusqu’au dernier moment
quelle somme sera prélevée sur son salaire, sa retraite ou autre revenu
et donc de quoi il pourra disposer pour vivre et faire vivre sa famille.
On peut parier sans risque que cela l’incitera à un repli prudent sur
des dépenses minimales, de peur de se trouver dans une situation
financière catastrophique si ses prévisions s’avèrent erronées. Cette
crainte, justifiée ou non, s’ajoutera donc, pour l’empêcher d’acheter et
d’investir ainsi que de mettre au monde de nouveaux enfants ou d’aider
ses parents désargentés au-delà de ses obligations légales, à l’effet
psychologique désastreux d’un chèque de fin de mois beaucoup plus maigre
que l’année précédente. Et pourtant il ne sera même pas libéré de
l’obligation si pesante de la déclaration des revenus !
Bravo pour la simplification ! bravo pour les conséquences économiques et sociales !"