EXCLUSIF – L’essai du jeune politologue américain, Yascha Mounk Le Peuple contre la démocratie,
 écrit dans la foulée de l’élection de Donald Trump, a été l’un des plus
 commentés récemment aux États-Unis, il paraît en français ce mercredi. 
En exclusivité, Le Figaro en publie de larges extraits.
Les démocraties libérales occidentales ne sont pas immuables.
Telle est la thèse du jeune politologue américain, Yascha Mounk (36 ans), professeur à Harvard.
Son point de vue est celui d’un libéral convaincu.
Cependant, à la critique stérile et facile des «populismes», il préfère l’analyse serrée.
La crise de la démocratie libérale s’explique, selon Mounk, par plusieurs facteurs: la dérive juridique et technocratique de la politique, qui reflète de moins en moins les opinions de la majorité ; l’impact des réseaux sociaux, qui court-circuitent les médias traditionnels ; l’immigration de masse, qui bouscule les cohésions nationales et la stagnation économique qui annihile la promesse du progrès.
Son essai, Le Peuple contre la démocratie, écrit dans la foulée de l’élection de Donald Trump, a été l’un des plus commentés récemment aux États-Unis. Il paraît ce mercredi en français aux Éditions de l’Observatoire. En exclusivité, Le Figaro en publie de larges extraits.
Des élections sont perdues ou gagnées, des lois abrogées ou adoptées, de nouvelles stars apparaissent et des légendes sont conduites au tombeau.
Mais pour tout ce qui concerne les affaires ordinaires du temps qui va, les agencements fondamentaux de la culture, de la société et de la politique demeurent identiques à eux-mêmes.
Et puis il y a les brèves années au cours desquelles tout change en une seule fois.
Des nouveaux venus font irruption sur la scène politique.
Les électeurs portent aux nues des idées qui semblaient impensables la veille.
Un système de gouvernement qui paraissait immuable donne l’impression de pouvoir soudain s’effondrer.
C’est ce genre de moment que nous sommes en train de vivre.
Mais alors, qu’est-elle?
Au fil des ans, Orban a répondu à cette question avec une clarté croissante.
La démocratie, soutient-il, doit être hiérarchique davantage que libérale.
Sous sa férule, la Hongrie doit devenir un «nouvel État antilibéral reposant sur des fondements nationaux».
Il s’agit d’une bien meilleure description de son entreprise que celles que la plupart des observateurs étrangers ont été capables de proposer.
Ces derniers se sont contentés de décrire celle-ci comme non démocratique…
C’est une erreur de penser que toutes les démocraties sont libérales par nature.
La démocratie hiérarchique permet aux dirigeants élus par le suffrage populaire de mettre en œuvre la volonté populaire de la manière dont ils l’interprètent, sans se préoccuper des droits et intérêts de minorités agissantes.
La prétention d’un tel régime à se présenter comme démocratique n’a même pas besoin de relever de la manipulation.
Ce qui le distingue des formes de démocraties libérales auxquelles nous sommes habitués n’est pas le manque de démocratie ; c’est le manque de respect à l’égard des institutions indépendantes et des libertés individuelles.
La montée en puissance des partis dits 
«populistes» n’est pas conjoncturelle, mais constitue le symptôme d’une 
crise profonde de notre système politique en voie de «déconsolidation».
Son point de vue est celui d’un libéral convaincu.
Cependant, à la critique stérile et facile des «populismes», il préfère l’analyse serrée.
La crise de la démocratie libérale s’explique, selon Mounk, par plusieurs facteurs: la dérive juridique et technocratique de la politique, qui reflète de moins en moins les opinions de la majorité ; l’impact des réseaux sociaux, qui court-circuitent les médias traditionnels ; l’immigration de masse, qui bouscule les cohésions nationales et la stagnation économique qui annihile la promesse du progrès.
Son essai, Le Peuple contre la démocratie, écrit dans la foulée de l’élection de Donald Trump, a été l’un des plus commentés récemment aux États-Unis. Il paraît ce mercredi en français aux Éditions de l’Observatoire. En exclusivité, Le Figaro en publie de larges extraits.
Nouveau monde
Il y a les longues décennies pendant lesquelles l’histoire donne l’impression d’avancer comme un escargot.Des élections sont perdues ou gagnées, des lois abrogées ou adoptées, de nouvelles stars apparaissent et des légendes sont conduites au tombeau.
Mais pour tout ce qui concerne les affaires ordinaires du temps qui va, les agencements fondamentaux de la culture, de la société et de la politique demeurent identiques à eux-mêmes.
Et puis il y a les brèves années au cours desquelles tout change en une seule fois.
Des nouveaux venus font irruption sur la scène politique.
Les électeurs portent aux nues des idées qui semblaient impensables la veille.
Un système de gouvernement qui paraissait immuable donne l’impression de pouvoir soudain s’effondrer.
C’est ce genre de moment que nous sommes en train de vivre.
Démocratie illibérale
La Hongrie n’est plus une démocratie libérale.Mais alors, qu’est-elle?
Au fil des ans, Orban a répondu à cette question avec une clarté croissante.
La démocratie, soutient-il, doit être hiérarchique davantage que libérale.
Sous sa férule, la Hongrie doit devenir un «nouvel État antilibéral reposant sur des fondements nationaux».
Il s’agit d’une bien meilleure description de son entreprise que celles que la plupart des observateurs étrangers ont été capables de proposer.
Ces derniers se sont contentés de décrire celle-ci comme non démocratique…
C’est une erreur de penser que toutes les démocraties sont libérales par nature.
La démocratie hiérarchique permet aux dirigeants élus par le suffrage populaire de mettre en œuvre la volonté populaire de la manière dont ils l’interprètent, sans se préoccuper des droits et intérêts de minorités agissantes.
La prétention d’un tel régime à se présenter comme démocratique n’a même pas besoin de relever de la manipulation.
Ce qui le distingue des formes de démocraties libérales auxquelles nous sommes habitués n’est pas le manque de démocratie ; c’est le manque de respect à l’égard des institutions indépendantes et des libertés individuelles.
Technocratie
L’émergence des démocraties 
antilibérales, ou des démocraties sans liberté, n’est qu’une seule face 
de la politique des premières décennies du XXIe siècle.
 Car même si le scepticisme des citoyens ordinaires à l’égard des 
pratiques et institutions libérales a crû, les élites politiques ont 
tenté de se protéger de leur colère. 
Le
 monde est compliqué, insistent-ils – et nous travaillons dur afin de 
trouver les réponses adéquates. Si le peuple continue à demeurer si 
rétif à l’encontre des sages opinions proférées par les élites, il faut 
donc qu’il soit éduqué, ignoré ou soumis de force. 
(NDLR. On croirait lire  du Richard Ferrand dans le texte, ici :
)
Cette attitude n’a jamais été manifestée de façon aussi criante que dans les premières heures du 13 juillet 2015.
La grande récession née de la crise de 2008 avait légué à la Grèce une masse considérable de dettes.
Les économistes savaient que le pays ne 
serait jamais en mesure de rembourser tout ce qu’il devait ; la plupart 
d’entre eux s’accordaient même à considérer qu’une politique d’austérité
 n’aboutirait à rien d’autre qu’à infliger de nouveaux dommages à une 
économie ruinée.
Mais si l’Union européenne autorisait la
 Grèce à faire défaut, les investisseurs risquaient de craindre que des 
pays bien plus importants, comme l’Espagne ou l’Italie, puissent faire 
de même.
C’est pourquoi les technocrates de 
Bruxelles décidèrent que, pour que le reste du système monétaire 
européen survive, la Grèce souffrirait…
L’ascension des populistes en Hongrie et
 le règne des technocrates en Grèce semblent constituer deux pôles 
diamétralement opposés.
Dans un cas, la volonté du peuple a 
abouti à l’éviction des institutions indépendantes supposées protéger 
l’État de droit et les droits des minorités.
Dans l’autre cas, ce sont la force des 
marchés et les convictions des technocrates qui ont entraîné la mise au 
placard de la souveraineté populaire.
Mais la Hongrie et la Grèce sont en vérité les deux faces d’une même pièce.
Dans la plupart des démocraties du globe, deux développements en apparence distincts se sont produits.
 D’un côté, les préférences du peuple sont devenues de plus en plus 
antilibérales: les électeurs sont de moins en moins patients à l’égard 
des institutions indépendantes et de moins en moins désireux de tolérer 
les droits des minorités ethniques ou religieuses. 
De
 l’autre, les élites se sont emparées du système politique et l’ont 
rendu de plus en plus sourd: les puissants sont de moins en moins 
nombreux et de moins en moins décidés à céder aux vues du peuple. 
C’est
 ainsi que le libéralisme et la démocratie, les deux éléments cruciaux 
de nos systèmes politiques, sont désormais entrés en conflit.
Révolution numérique
Jusqu’à la fin du Moyen Âge, diffuser des informations à un grand nombre de personnes était atrocement cher et compliqué.
Pour copier un long texte, un copiste professionnel ou un moine devait retranscrire à la main chaque mot du manuscrit original.
C’est pourquoi l’information écrite 
n’était réservée qu’à une élite choisie. Partager un écrit avec 
cinquante ou cent personnes constituait une entreprise considérable.
Le partager avec des milliers était la prérogative exclusive des rois et des plus hautes figures du clergé.
Les limites technologiques à la 
diffusion de l’information écrite permirent le renforcement de 
l’orthodoxie politique et religieuse: dès lors que la dissémination des 
idées restait aux mains des prêtres et des princes, écraser l’expression
 du désaccord politique ou de l’hérésie religieuse était facile.
Il ne fait aucun doute que l’imprimerie 
joua un rôle majeur dans le renouvellement des idées et la diffusion 
rapide de l’alphabétisation qui prirent place aux XVIe et XVIIe siècles.
Mais même si l’imprimerie est à juste 
titre célébrée comme une des inventions les plus capitales de l’histoire
 de l’humanité, elle a aussi produit des centaines de milliers de 
victimes.
Une fois les idées religieuses diffusées sur tout le continent, les guerres de croyance se multiplièrent.
Et une fois que les voix discordantes 
purent communiquer avec leurs semblables, leur capacité à instiguer des 
soulèvements violents augmenta d’autant.
Autrement dit, l’imprimerie diffusa la mort aussi bien que la culture, l’instabilité et le chaos aussi bien que l’émancipation.
Ces dernières années, une série 
d’auteurs ont comparé l’invention des technologies numériques – et 
surtout les réseaux sociaux – à celle de l’imprimerie.
Comme l’a écrit Clay Shirky, «avant, il 
fallait être propriétaire d’un pylône radiophonique, d’une tour de 
télévision ou d’une imprimerie.
Aujourd’hui, il suffit d’avoir accès à 
un café Internet ou une bibliothèque publique pour pouvoir publier ses 
idées». Heather Brooke dit la même chose de manière encore plus concise:
 «Notre imprimerie est Internet, écrit-elle. Nos cafés sont les réseaux 
sociaux.»
Révolution démographique
Avec
 le recul de l’histoire, la vitesse à laquelle des pays hautement 
homogènes se sont hétérogénéisés depuis la fin de la Seconde Guerre 
mondiale est remarquable.
Au
 Royaume-Uni, par exemple, «le nombre de citoyens appartenant à des 
minorités ethniques (se limitait) à quelques dizaines de milliers dans 
les années 1950». 
Aujourd’hui, ils sont plus de 8 millions. Les choses sont plus ou moins identiques dans presque toute l’Europe occidentale […] 
Aujourd’hui, à peu près 17 millions d’immigrés et leurs descendants vivent en Allemagne. 
En
 Italie, le bond est bien plus récent, mais il a été tout aussi rapide: 
en 2002, le pays ne comptait qu’un peu plus d’un million de résidents 
étrangers. 
En 2011, ils étaient plus de 4 millions.
Une fois que l’immigration de masse dans
 des sociétés qui se définissaient par une culture et une ethnicité 
partagée commença, la tension entre la théorie et la pratique devint de 
plus en plus explosive. Les craintes relatives à l’immigration se 
situent au sommet des préoccupations des électeurs à travers l’Europe.
En
 2016, par exemple, 71 % des Danois, 77 % des Hongrois et 57 % des 
Allemands désignèrent l’immigration comme le problème politique le plus 
urgent ; il n’y a que dans un seul pays membre de l’UE sur vingt-sept 
que les électeurs ne mentionnèrent pas l’immigration comme une de leurs 
deux préoccupations majeures. 
(Pendant ce temps, aux États-Unis, 70 % 
des électeurs reconnurent que l’immigration constituait un critère 
important de leur choix lors des élections de 2016, là où ils n’étaient 
que 41 % en 2012.)
D’après
 une vaste série d’études, il apparaît clairement que les positions 
relatives à l’immigration constituent un des meilleurs facteurs de 
prédiction des intentions de vote d’un individu: une opinion négative à 
propos des immigrés et des minorités ethniques entraîne une corrélation 
directe avec le soutien pour tout ce qui va du Brexit à Marine Le Pen.
Stagnation économique
L’effet
 combiné du ralentissement de la croissance et de l’augmentation des 
inégalités a conduit à la stagnation du niveau de vie de la majorité de 
la population.
 Le constat est particulièrement clair en ce qui concerne les 
États-Unis: de 1935 à 1960, le niveau de vie du foyer américain moyen 
doubla. De 1960 à 1985, il doubla à nouveau. 
Depuis
 1985 il n’a pas bougé pour l’essentiel: le foyer américain moyen n’est 
pas plus riche aujourd’hui qu’il ne l’était il y a trente ans.
 Ce changement est douloureux pour les personnes âgées, qui ont vu 
l’amélioration de leur situation économique soudain stoppée au milieu de
 leur vie. 
Mais
 il est encore plus perturbant pour les jeunes gens élevés dans la 
promesse que leur travail se traduirait par une amélioration de leur 
position de fortune – et qui, à la place, se sont retrouvés dans une 
situation pire que celle que leurs parents avaient atteinte sans effort à
 leur âge…
Si l’on se tourne vers une série 
d’indicateurs non économiques de la qualité de la vie, c’est le même son
 de cloche qu’on entend.
Prenons l’exemple de l’espérance de vie.
Dans la période d’après-guerre, le 
nombre d’années qu’un individu moyen était susceptible de vivre continua
 à croître rapidement.
Mais au fur et à mesure que le progrès médical se ralentit, ces chiffres se sont mis à stagner.
Et comme l’ont montré Anne Case et Angus
 Deaton, l’espérance de vie d’un Américain blanc a diminué pour la 
première fois de l’histoire:
«De 1978 à 1998, le taux de mortalité 
des Américains blancs âgés de 45 à 54 ans a diminué de 2 % par an en 
moyenne.» Depuis 1998, en revanche, «la mortalité a augmenté d’un demi 
pour cent par an».
La
 leçon à méditer est donc identique même si l’on élargit la perspective 
au-delà des données économiques au sens strict: depuis le début de la 
révolution industrielle et l’aube de la démocratie moderne, les 
individus ont bénéficié d’une amélioration considérable de leurs 
conditions de vie, génération après génération.
 Depuis un quart de siècle, leurs gains sont devenus presque nuls. 
Quel sera l’impact de la frustration qui en résultera?
Note d’Antiislam
L’auteur se trompe : il ne s’agit pas de revenir sur la « démocratie ». Il s’agit de revenir à une démocratie pleine et entière.Comme si le libéralisme était synonyme de démocratie, de liberté politique.
Un commentateur libéral citait sur notre site le classement de la « Héritage Fundation » plaçant Qatar et Bahrein avant la France quant à la liberté !!
Il s’agissait de la seule liberté … économique.
Preuve que les libéraux dissocient les libertés contrairement à ce qu’il prétendent  partout.
Il est clair que quand le système 
(politique, médiatique, judiciaire)  est organisé pour  nous servir   
comme alternative à Juppé, Macron … puis comme alternative à Macron, 
Pécresse ou Bertrand … et   pourquoi pas, pour  plus tard, de Calan 
comme alternative à Pécresse, il n’y a pas de démocratie.
Tous ces gens sont des clones, ils 
mettent tous en oeuvre depuis 30 ans  la même politique 
immigrationniste, européiste, islamolâtre et j’en passe, vomie désormais
  par une majorité de citoyens français.
On ne peut pas  du tout parler de 
démocratie, mais d’un système oligarchique totalement clos  avec ses 
trois portes de prison  : les politiciens bien-pensants, les juges et 
les médias …