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lundi 31 mars 2014

BNPP Fortis s'autorise à transmettre les données de ses clients



BNPP Fortis s'autorise à transmettre les données de ses clients
Les "conditions générales bancaires" qui régissent les relations avec ses clients ont été adaptées par la banque au début 2014. La banque conteste avoir des projets visant à faire usage de cette possibilité. La Commission de la vie privée a ouvert un dossier.


Alors que la banque ING, aux Pays-Bas, est en train de faire marche arrière quant à ses projets visant à transmettre les données personnelles de ses clients à des opérateurs extérieurs et/ou partenaires commerciaux, on apprend que BNP Paribas Fortis, en Belgique, a ouvert la porte à ce genre d’opérations pourtant fortement critiquées au nom du respect de la vie privée.

BNPP Fortis, la plus grande banque de Belgique, a en effet revu, fin de l’année dernière, ses "conditions générales bancaires", qui régissent les relations avec ses clients.

La nouvelle version de ces conditions générales est d’application depuis le début de l’année. Et le plus frappant est qu’une série d’articles évoquant l’utilisation et la transmission de données personnelles des clients ont été modifiés, au profit des partenaires commerciaux de la banque "avec lesquels a été conclu un engagement de confidentialité, dans le but exclusif de proposer des services et produits avec la banque". Vis-à-vis de tels partenaires commerciaux, ne s’impose donc plus l’interdiction de transmettre des données personnelles des clients de la banque. Notamment pour des opérations de direct marketing, précisent les nouvelles conditions générales.

BNPP Fortis conteste toutefois avoir de tels projets dans ses cartons.


Mais la modification des conditions générales a éveillé l’attention de la Commission de la vie privée qui a ouvert un dossier à ce propos et, après une première analyse, a demandé des explications à BNPP Fortis. "Et s’il apparaît que nos objections sont fondées, nous formulerons certainement des recommandations", annonce la porte-parole de la Commission de la vie privée, Eva Wiertz.
 
Notes

Réponse à un question posée sur facebook : du pessimisme au sujet de la situation actuelle


Philippe Delbauvre

Réponse à un question posée sur facebook : du pessimisme au sujet de la situation actuelle
Cher Arnaud (1),

Vous considérant comme homme de valeur, je ne peux vous répondre à la question que vous m'avez posé sur facebook par l'intermédiaire d'une simple formule lapidaire. Je ne sais quel est votre âge et ne vous le demande pas. Pour ma part, je suis né un premier avril – dès l'origine donc subversif – en l'an de grâce 1964. Ma génération, qui suit celle qualifiée par les sociologues de « Mitterrand », fut appelée par ces mêmes spécialistes de « bof ». Vous croyant beaucoup plus jeune que moi, je crois bon de vous indiquer ce qui la caractérisait et la caractérise toujours. Alors que la génération précédente (1956/1963) était politisée et pas uniquement à gauche comme on pourrait le croire de prime abord, la mienne, imprégnée déjà par le positivisme sans avoir pris la peine de lire Auguste Comte, répondait « bof » à toutes les questions, y compris les plus importantes. Quoique née en 1961, donc de la génération précédente, Mylène Farmer ne s'est pas trompée en chantant « Génération désenchantée » (2): d'où le positivisme de ma génération …

Puisqu'on finit par apprendre - pourquoi avoir autant tardé avant que le fait ne devienne consensuel ? (3) - que le communisme était mortifère, c'était une voie que ma génération très majoritairement abandonna. Agé de 17 ans en 1981, j'ai pu voir la gauche, qualifiée à l'époque par les droitards de socialo-communiste, arriver au pouvoir, après 23 ans d'absence. Et comme beaucoup, pour ceux de ma génération, comme de ceux de celles qui précédèrent, la déception fut de mise.

Loin de moi l'idée de ne considérer qu'en noir cette présence au pouvoir (1981/1986). Le problème fut à l'époque que la gauche dans ses actions, ne réussit qu'en se niant. A titre d'exemple, la gauche d'avant 1981 est, dans sa très grande majorité, antimilitariste, ce au point pratiquement de proposer dans son programme pour l'élection présidentielle de 1981, de réduire le nombre de mois passés sous les drapeaux de douze à six. On connaît la suite : fut inventé par la gauche quelques années plus tard le Vsl (volontariat service long) permettant de passer un an de plus sous les drapeaux. Autre exemple, qui va d'ailleurs de pair avec l'antimilitarisme initial, la fibre écologiste très développée à gauche. Et là encore fut le grand revirement qui se concrétisa avec mort d'homme, par le sabotage du Rainbow Warrior, navire écologiste … Il y eut aussi le passage dès 1983 d'une économie de type dirigiste (socialiste au sens exact du terme) à une économie libérale, ce au point que le gouvernement de l'époque, toujours constitué d'une alliance entre socialistes et communistes, bénéficia des félicitations de Raymond Barre, très libéral premier ministre de Giscard, portant aussi la casquette de ministre des finances.

On comprend donc mieux la désillusion des uns et des et des autres : le côté « bof » a donc, lui aussi, une explication. A quoi bon se passionner en effet pour la droite ou la gauche, sachant que la politique menée est majoritairement la même ? Un autre aspect est à prendre en considération : le retour en force du capitalisme – en partie en raison de l'échec patent du communisme partout où il fut appliqué - qui se traduisit politiquement par les élections de Thatcher comme de Reagan. La déferlante, en terme de mue psychologique, toucha aussi les Français, toutes générations confondues. Si le cap du million de chômeurs fut franchi, malgré la promesse de Pierre Mauroy alors premier ministre, bien des Français considérèrent qu'en se bougeant personnellement, ils parviendraient à s'en sortir. D'où l'individualisme des années quatre-vingt, conséquence aussi de la fin du crédit octroyée naguère aux politiques. On sait comment cette décennie finit : par la sortie de la firme Renault de la voiture familiale intitulée « Espace », symbolique du fait « cocooning ». C'est à la fin des années quatre-vingt et au début des années 90 que les Français se rendent compte que l'individualisme n'est pas la solution face aux problèmes majeurs qui touchent la France, d'où le repli vers la valeur sure que constitue la Famille. C'est à cette même période d'ailleurs que les sociologues cessent de qualifier la société française à l'aide du terme « individualiste » pour la qualifier désormais de « tribaliste ».

Pourquoi ai-je échappé à la société de mon époque et à son formatage générationnel ? Probablement en raison d'une éducation atypique qui fut celle dispensée aux personnes nées avant la seconde guerre mondiale. D'où l'appartenance au monde « Vieille France » et à ses valeurs. Très jeune, on m'apprit qu'en aucun cas il ne fallait badiner avec l'idée de Patrie ou celle d'Armée. Toujours, on m'indiqua que mon destin personnel, mes ambitions égoïstes, devant le bien commun se devaient de s'effacer. Cette éducation, vous l'imaginez bien, fit de moi sachant mon appartenance générationnelle, un paria. Je me souviens que lorsque plus âgé j'entamais ma troisième formation de niveau bac+5, les deux premières étant scientifiques, cette fois ci en philosophie, ils furent nombreux à me dire que « ça ne présentait pas d'intérêt », « ça ne servait à rien ». Encore une fois le positivisme : pourquoi selon eux, avec une formation d'ingénieur, métier prestigieux aux yeux de la plupart des Français, bien rémunéré de surcroît, et avec beaucoup de propositions d'emploi, j'allais m'embarrasser à étudier la métaphysique ?

L'idéalisme de l'éducation que j'ai reçue, m'a poussé, jeune (1978), à m'intéresser au Front National. Et c'est dès 1979 que je commence à lire avec beaucoup d'intérêt, aussi bien Rivarol que la revue Eléments. Et de faire du prosélytisme. On imagine les conséquences pour moi à une époque où l'état d'esprit ambiant n'était pas du tout celui d'aujourd'hui. Rappelons par exemple qu'à cette époque, le très modéré Jacques Chirac est qualifié de « fasciste », certains y croyant vraiment... L'ayant vu à l'oeuvre pendant douze ans au plus haut sommet de l'Etat, on ne peut que tirer la conclusion suivante : ou il n'était pas fasciste, ou le fascisme, ça n'est vraiment pas grand chose ….

Votre question Arnaud, m'interrogeait sur mon pessimisme. Il est vrai qu'ayant vu les problèmes majeurs bien avant les autres, j'ai très longtemps enragé de ne pas voir mes compatriotes s'engager, se mobiliser. Si je ne m'inquiète pas par trop de certains problèmes mis en exergue dans la mouvance, je sais par l'intermédiaire de la lecture de revues économiques pourtant d'obédience capitaliste, que l'avenir, pour les Européens mais aussi de façon plus générale les Occidentaux, est assez sombre. Ma préoccupation majeure à l'échelle planétaire n'est autre que l'Asie qui, bien longtemps après que l'on l'est annoncé, s'éveille. Il n'est pas impossible – et c'est ce que prévoient les économistes – qu'elle parvienne à tout balayer sur son passage, transformant ainsi l'Europe en friche civilisationnelle.

Je sais pour avoir lu Charles Maurras que « tout désespoir en politique » est une sottise ». Et les dernières élections municipales en constituent un exemple. Sait-on que la progression du Front National par rapport à 2008 est de l'ordre de 80% ? Ce n'est donc pas un simple succès, une simple victoire : c'est un tremblement de terre. Par voie de conséquence, même si tant de Français ont mis du temps avant de se mettre en route, il y a aujourd'hui nouvelle donne avec accélération de l'histoire. Je ne suis plus esseulé comme ce fut le cas voici 35 ans.




"Sous moi donc cette troupe s'avance,
Et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !"
 
 

Notes

(1) Arnaud de Robert est porte parole du Mas.

(2) http://www.youtube.com/watch?v=O0h__CRA5RI

(3) C'est très probablement la conséquence de l'absence de positivisme, doublé d'idéalisme au sens trivial du terme, qui en est la probable explication.

Abstention, percée du FN : le ras-le-bol de la politique politicienne

François Huguenin
Abstention, percée du FN : le ras-le-bol de la politique politicienne
FIGAROVOX/OPINION - L'historien des idées François Huguenin analyse les résultats des élections municipales . Il voit dans l'abstention et le résultat du Front National l'expression d'une lassitude vis à vis de la politique envisagée comme simple conquête du pouvoir.

François Huguenin est historien des idées. Il est l'auteur notamment d'une Histoire intellectuelle des droites (2013, Perrin).

Les résultats du premier tour des élections municipales ont été sans surprise marquées par un double phénomène: l'importance du taux d'abstention et le succès du Front National. Deux manières de manifester une profonde défiance par rapport à la classe politique, dont le Front National, qui n'exerce pas de responsabilités de gouvernement, peut donner l'illusion de ne pas faire partie.

Se lamenter sur l'absence de sens civique de nos concitoyens, s'indigner de la lepénisation des esprits peut être louable. Cela risque pourtant de n'être qu'une incantation supplémentaire qui peut certes donner bonne conscience, mais qui a montré sur la durée son inconsistance et son inefficacité. Ce double mouvement de défiance renvoie à quelque chose de fondamental qui est l'absence de principes de la classe politique, ou tout au moins de sa partie la plus visible, au sommet des appareils partisans, et donc de l'Etat. Comment en est-on arrivé là? Qu'est-ce que cela dit de notre démocratie?

La corruption du personnel politique n'est pas nouvelle. Il suffit de lire l'histoire de l'Antiquité à nos jours pour savoir que le pouvoir corrompt, que l'homme est bien souvent sous l'emprise de ce que saint Augustin appelait la libido dominandi qui le conduit à des pratiques immorales. Quel que soit le type de régime, cette tentation a existé au cœur de l'homme et la démocratie française n'y a pas échappé. On se souvient de la difficulté à s'implanter de la IIIe République, gangrénée par les affaires de corruption (scandales de Panama et des décorations), ou d'atteinte à la liberté d'opinion (affaire des fiches). Pourtant, malgré tout, il restait clair que ces pratiques, lorsqu'elles étaient mises en lumière, pouvaient faire tomber un gouvernement ou un ministre et heurtaient une morale laïque partagée par tous. Qu'elles aient été moins ou aussi fréquentes qu'aujourd'hui, ces pratiques étaient à tout le moins considérées comme anormales et condamnables. Aujourd'hui, un gouvernement ne tombe plus pour une sombre histoire d'écoute et d'atteinte à la liberté ; un parti politique qui finance sa campagne de façon malhonnête garde pignon sur rue ; sans parler des glauques affaires sexuelles d'un ancien candidat à la présidence. Les Français sont-ils choqués? Sans doute. Mais rien ne se passe. Ils en ont pris leur parti. Ces affaires ne sont au demeurant que la partie immergée d'un iceberg qui met en péril le navire de notre démocratie: c'est le sentiment que les hommes politiques ne cherchent qu'à conquérir, garder ou retrouver le pouvoir, en servant les intérêts du camp qui les soutient, sans attention au bien commun ; que les promesses électorales sont systématiquement non tenues et que les électeurs ne sont pas considérés comme des citoyens à qui l'on doit la vérité et le respect.

Pourquoi cet effondrement des principes qui garantissent la légitimité de notre démocratie? C'est là qu'un passage par l'histoire des idées s'impose. Comme l'avait montré Leo Strauss, la fracture de la politique moderne a consisté, avec Machiavel, dans le fait d'abandonner l'exigence de vertu au service du bien commun qui était le but de la politique traditionnelle. Non sans arguments, Machiavel, puis Hobbes, Locke et les Lumières ont considéré que l'écart entre l'objectif des Anciens et leur pratique était trop important. Il a donc fallu abaisser le seuil d'exigence de la conduite politique: remplacer l'objectif de bien gouverner par celui de prendre ou garder le pouvoir, troquer la quête de la vertu pour la recherche de la force et de la ruse (Machiavel) ; chercher la division et la neutralisation des pouvoirs pour garantir la paix civile (Montesquieu). Toutes ces stratégies ont abouti sur le plan des institutions à une démocratie qui a pu fonctionner sur des mécanismes électifs garantissant l'expression des diverses opinions et sur des institutions permettant l'équilibre ou l'alternance des pouvoirs. Mais ces institutions étaient ancrées sur d'anciens réflexes, et notamment sur la création d'une élite, ou pourrait-on dire d'une aristocratie certes non héréditaire, mais encore marquée par le souci d'un bien commun, d'un certain esprit de service, d'un souci d'honnêteté (pensons à de Gaulle payant les factures d'électricité de l'Elysée relatives à sa consommation personnelle!). L'effondrement des principes éthiques, la mise entre parenthèse de la notion de bien commun, la foi en un complet relativisme des conceptions du bien ont réduit à néant cet héritage. Désormais, plus rien ne vient obliger les politiques, rien ne vient transcender leurs objectifs de carrière, leurs accords partisans, leur appétit de pouvoir. La démocratie a oublié ce que Rousseau avait rappelé: elle peut encore moins vivre sans vertu, au sens des qualités requises pour agir en fonction du bien, que l'aristocratie ou la monarchie. Les Anciens le savaient, les Modernes tant qu'ils ont gardé cette mémoire le savaient encore. Les postmodernes que nous sommes l'avons oublié. La démocratie s'est recroquevillée sur un mécanisme purement procédural. Seul compte le sacre de l'élection pour légitimer le pouvoir alors que la politique ancienne savait que, quel que soit le mode de désignation des gouvernants, leur légitimité tenait à leur souci du bien commun. Cette exigence s'est perdue. L'adhésion aux institutions, le sentiment d'appartenance au corps social, risquent de se dissoudre dans le triomphe de l'individualisme, du consumérisme et du relativisme. Retrouver le souci du bien commun est devenu une urgence politique.
Notes

Entretien avec Alain de Benoist Au-delà de la droite et de la gauche : le FN, dernier parti gaulliste ?



Entretien avec Alain de Benoist  Au-delà de la droite et de la gauche : le FN, dernier parti gaulliste ?
Ces temps derniers, les médias évoquent souvent la « droitisation » de la vie politique française. Diagnostic pertinent ?

Tout dépend de quoi l’on parle. La « droitisation » n’a absolument pas le même sens selon que l’on entend par là une radicalisation politique de la droite classique, un supposé glissement de la majorité des opinions vers la droite (ce qui impliquerait un déplacement de l’axe médian du débat politique) ou une évolution générale de la société – PS compris – vers une sorte de consensus libéral regardé naguère comme droitier (auquel cas, c’est l’offre politique de la gauche qui se serait elle-même déplacée, cette gauche devenue sociale-libérale s’étant ralliée au système du marché et au consumérisme bobo). Parle-t-on d’une « droitisation » résultant de l’offre politique ou d’une demande de l’électorat ? Tant que l’on n’a pas répondu à ces questions, parler de « droitisation » n’est que du bavardage.

La question posée implique par ailleurs qu’il y ait une droite et une gauche dont la définition puisse faire l’objet d’un consensus. Or, ce n’est plus le cas aujourd’hui, non seulement parce qu’il y a toujours des droites très différentes (libérale, conservatrice, républicaine, contre-révolutionnaire, etc.) et des gauches très différentes, mais aussi parce qu’on assiste depuis trente ans à une instabilité grandissante des critères déterminants du clivage droite-gauche. Dès lors que l’on assiste à une redéfinition ou à une transformation en profondeur des notions traditionnelles de droite et de gauche, il est difficile d’affirmer que l’une de ces catégories l’emporte sur l’autre.

Ce que les sondages traduisent en fait le plus, c’est que la plupart des gens pensent que les notions de « droite » et de « gauche » ne veulent plus rien dire…

Il y a des raisons à cela. À date récente, on a vu se diffuser « à droite » des thèmes comme la critique de l’individualisme, l’appel aux garde-fous sociaux, voire le souci d’une véritable « écologie humaine », qui se situaient autrefois plutôt « à gauche ». S’y ajoutent un certain refus du laisser-faire en matière économique et un soutien plus prononcé à des interventions de l’État permettant d’encadrer le marché. La critique de la PMA et de la GPA, par exemple, traduit une inquiétude face à l’envahissement de la logique ultra-libérale qui tend à transformer le vivant lui-même en marchandise. Cet appel à une maîtrise politique de l’économie est « à droite » un fait nouveau. Les sondages montrent qu’aujourd’hui, les électeurs de droite sont plus favorables à l’intervention de l’État dans l’économie que ne l’était l’électorat de gauche en 1988 ! Surtout en période de crise, la demande d’autorité d’un État fort et protecteur traverse les clivages partisans.

Les sondages révèlent aussi une forte réévaluation positive des valeurs d’ordre, de tradition et d’autorité, ainsi qu’une montée des opinions critiques en matière d’immigration et de sécurité. Mais s’agit-il là vraiment de valeurs « de droite » ? Culturellement, les classes populaires ont toujours été conservatrices, même quand elles votaient à gauche (dans les années 1950, c’est le Parti communiste qui stigmatisait la contraception comme un « vice bourgeois » !). Ce qui est exact, en revanche, c’est qu’on constate aujourd’hui « à droite » une prise de conscience des enjeux culturels qui était naguère inexistante. Il n’y a jamais eu autant de différences sur les questions culturelles entre la « droite » et la « gauche » que depuis la fin des années 1990.

Dans le même temps, d’autres autorités morales évoquent la « lepénisation des esprits ». Langue de bois ou langue de pute ?

La poussée du FN, tant dans les sondages qu’aux élections, est interprétée par la doxa dominante comme une preuve de « droitisation ». Comme on constate parallèlement une porosité grandissante de la frontière séparant jusqu’ici le FN et l’UMP, on accuse cette dernière de se « droitiser » pour se calquer sur l’évolution de l’électorat. Or, le FN refuse de se situer par rapport au clivage droite-gauche et il ne fait pas de doute que c’est son programme économique et social « de gauche » qui rallie vers lui nombre d’anciens électeurs du PS et du PC. Le succès du FN pourrait même être interprété comme la preuve d’une « gauchisation » de l’opinion face aux problèmes économiques et sociaux : refus du creusement des inégalités, rejet des dégâts sociaux de la logique libérale et de la dogmatique du libre-échange qui a abouti à la mondialisation. La force de Marine Le Pen est de surfer à la fois sur la « droitisation » et sur cette « gauchisation », à la façon dont le gaullisme, en son temps, s’était employé à concilier aspiration nationale et aspiration sociale. C’est ce qui en fait le parti du moment.

Mais ici, c’est moins sur la « droitisation » qu’il faudrait insister que sur le divorce entre la gauche et les classes populaires. Il y a trente ans, les cadres votaient surtout à droite et les ouvriers surtout à gauche. Depuis 2007, c’est l’inverse. Les ouvriers restent aujourd’hui conservateurs en matière culturelle et antilibéraux en matière économique, tandis que les cadres sont devenus à la fois partisans du libéralisme économique et du libéralisme « sociétal ».

Si Jean-François Copé et ses pains au chocolat incarnent la « droitisation », et si François Hollande et sa détestation des « riches » sont la gauche, que reste-t-il à l’homme de bon sens ?

Il lui reste d’abord à comprendre qu’il n’y a pas que les « Français de souche » pour aimer le pain au chocolat, ensuite que François Hollande, depuis son arrivée au pouvoir, n’a pas cessé de servir la soupe à ces « riches » qu’il disait détester. L’essentiel est que la « droite » a pris le dessus en matière d’imaginaire collectif parce que la gauche au pouvoir a renoncé à son programme social et qu’elle se retrouve aujourd’hui complètement désarmée face aux exigences populaires. N’ayant plus rien à proposer, ayant perdu toute consistance idéologique, elle devient inaudible. D’autant que le rêve européen, que Mitterrand avait vendu au PS comme substitut à la construction du socialisme, a maintenant viré au cauchemar. Jean-François Kahn remarquait récemment que « la sociale-démocratie a contribué à inculquer le sentiment que rien n’est plus possible […] au moment même où les gens aspirent à un changement profond du modèle de société ». Autrement dit, l’espoir a changé de camp.

Le dernier numéro de la revue Eléments




Chateau


La mondialisation est-elle un phénomène nouveau ? Beaucoup d’auteurs assurent qu’il n’en est rien et n’hésitent pas à la faire remonter à la Renaissance, à la découverte du Nouveau Monde, voire à l’empire romain. D’autres présentent la mondialisation comme liée à l’émergence de la modernité.

On ne partagera pas cette façon de voir, qui masque ce qu’il y a de rigoureusement inédit dans ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation. (...)
En marquant le passage d’une économie internationale à une économie globalisée, la mondialisation actuelle crée un espace sans extérieur. Il n’y a plus d’extériorité par rapport à laquelle on pourrait définir le système auquel elle correspond, dans la mesure même où celui-ci tend à envahir tout le champ social. En d’autres termes, il n’y a plus d’ailleurs.

En outre, dans le passé, l’internationalisation des échanges n’a jamais exigé l’intégration des diverses communautés humaines dans une « société de marché » où le marché serait la référence paradigmatique de tous les rapports sociaux. Il y avait internationalisation des marchés, au sens où les capitaux pouvaient circuler plus librement, mais cette libre circulation n’empêchait pas les États d’exister. (...)
La plupart des systèmes capitalistes avaient eux-mêmes un ancrage national : le capitalisme spéculatif et financier n’avait pas encore pris le relais du capitalisme industriel et marchand. Les acteurs essentiels de la vie internationale étaient encore les états-nations, et c’est dans le cadre des économies nationales que le capital se formait, ce qui n’est plus le cas désormais. (...)

Le trait essentiel de la mondialisation n’est donc pas le phénomène d’ouverture des économies nationales, qui n’est effectivement pas nouveau, mais la perte de réalité de ces entités nationales sous l’effet de la décomposition des espaces de régulation nationaux.(...) Aujourd’hui, on en est à la soumission totale de la vie à la logique du profit, tandis que l’économique s’impose toujours plus au politique. La continuité historique que certains croient pouvoir observer n’est qu’une illusion.

Une nouvelle page est cependant en passe d’être tournée. La mondialisation est de nos jours critiquée de toutes parts et certains n’hésitent plus à évoquer une « démondialisation » dont les formes et les limites restent à déterminer. (...) La mondialisation n’est pas irréversible, mais elle a créé une césure irréversible.
L’« après-mondialisation » ne restituera pas le monde d’avant. Plus que la poursuite d’une aventure nationale ou civilisationnelle qui appartient à un cycle désormais achevé, mieux vaut sans doute réfléchir aux conditions possibles d’un nouveau commencement.

Dossier

Démondialisation : pourquoi les élites n’en veulent pas
• La mondialisation ou l’expansion du capital
• La mondialisation comme idéologie
• Misère de l’altermondialisme
• Démondialisation, de la théorie à la pratique

Le combat des idées

• Contre la religion de la langue unique, entretien avec Jean-Louis Davant
• La révolte qui réveille les identités assoupies, par Michel Thibault
• Les valeurs du rugby, par Pierric Guittaut
• Albert Camus l’indompté, par Pierre Le Vigan
• Hommage à Costanzo Preve, par Yves Branca
• Alain Finkielkraut, la nostalgie de la France, par Pierre Bérard
• Jean-Claude Valla, a jolly good fellow
• Paris au temps du psychédélisme, par Francis Moury
• Sur Friedrich Georg Jünger, par Christopher Gérard
• Small is beautiful, par François Bousquet
• Libertins, un pas en avant ! par Mathilde Gibelin

Et aussi...

• Mathis, Millet, Steiner, par Michel Marmin
• Chronique cinéma, par Ludovic Maubreuil
• Romans noirs, par Pierric Guittaut
• Bernard Charbonneau, par Olivier François
• Waterloo: champ de carnage, par Laurent Schang
• Sur les routes de l’Inde, par Christopher Gérard
• Sciences, par Bastien O’Danieli

Editorial de Bernard Lugan



Editorial de Bernard Lugan


Ces dernières années, la France a mené trois opérations militaires d’envergure en Afrique. Leurs résultats politiques sont autant d’échecs :

1) En Libye, l’incompréhensible « croisade pour la démocratie » lancée par M.M. BHL et Sarkozy a provoqué le chaos. Le pays est aujourd’hui dans une situation de guerres régionales, tribales, claniques, religieuses et mafieuses. Un espace inespéré s’est ainsi ouvert pour Aqmi et toutes les forces terroristes qui prospèrent désormais au milieu de l’anarchie ambiante avec des répercussions dans toute la zone sahélo saharienne comme nous l’avons observé au Mali.
Si le cataclysme régional ne s’est pas encore produit c'est parce que le Tchad du président Déby constitue un maillon de résistance. Pour combien de temps encore ? Là est toute la question car la situation du pays est plus que complexe :

- Au Sud, les évènements de Centrafrique vont immanquablement connaître une contagion dans les régions limitrophes frontalières.
- A l’Est, la question du Darfour est toujours brûlante.
- A l’Ouest, le Niger apparaît bien fragile.
- Au Sud-Ouest, le jihad de Boko Haram s’étend chaque jour un peu plus.
- Au Nord, la tâche grise du Sahara libyen s’enfonce à l'intérieur du Tchad par le biais de la question toubou.

2) Au Mali, après avoir bloqué les colonnes d’Ansar Eddine qui fonçaient sur Bamako, Paris n’a pas voulu conditionner la reconquête de Gao et de Tombouctou à l’acceptation par les autorités maliennes de l’impératif d’un changement constitutionnel qui aurait une fois pour toutes réglé le problème nord-sud. Tous les ingrédients d’un futur conflit demeurent donc.

3) En Centrafrique, au mois de mars 2013, François Hollande a ordonné à l’armée française présente à Bangui de laisser les pillards du Seléka prendre la ville alors que, depuis plusieurs mois, il aurait été facile de les « traiter » par une opération limitée et ciblée. Résultat : les chrétiens - 95% de la population de souche -, furent persécutés.
Début 2014, face au désastre humanitaire, le président français décida finalement d’intervenir, mais en ne donnant à nos forces ni les moyens nécessaires, ni une mission claire et en prenant bien soin de ne désigner ni l’ « ami », ni l’ « ennemi ». Résultat : les bandes du Séléka se sont repliées vers le Nord avec armes et bagages et adossées au Soudan, elles ont fait du triangle de Birao une zone de déstabilisation de toute la sous-région.
 
Notes

Eurasian Union Of Youth (Baron Roman Ungern von Sternberg Picture)






"They cannot understand as of yet that we are not fighting a political party but a sect of murderers who are destroying all contemporary spiritual culture."
— Baron Roman Ungern von Sternberg

"Tell me why you refer to Sacred Scripture? Why were you the Apocalypse? You truly believe? -"Of Course. Here's you know Confucius? Yes he has, like Lenin, as in your communism, nothing about God, about the afterlife, all just about how to arrange and establish order here (earthly task). The teachings of Confucius -- religious doctrine (higher task). Your teachings of Lenin and Communism is a religion. I believe that from a religious idea and as strong as yours can be combated only by the same weapon, a religion, a faith, a metaphysical strength. Communism opposed Christianity."

(Both tasks are essential for establishing or/and maintaining order. Traditions, cultures, natural laws need to be preserved and cultivated in such a constant, a wheel, for the future of the community who respect the past/ancestry and their national identity.)

Concentration of military spirit, a symbol of the the current Russia. The great traditionalist philosopher Julius Evola contrasted types of war alive within hierarchical values of traditional civilization and modern Western armies, a mercenary type soldier in the service of the bourgeoisie.

Ungern was one of the most pure and uncompromising military-type manifestations in Russian history.

In the guise of Baron Ungern combines aristocratic ideal of the West, splitting the Knight's love and loyalty to the autocratic Russia. A descendant of the Teutonic Knights, dreaming of restoring the giant continental Empire of Genghis Khan and the Elimination of character regarding the liberal and leftist contagion, thus Baron Ungern was and still is an example for Eurasians fighting against this.

L’extrême droite : une demande sociale

Joël Gombin et Nicolas Lebourg
L’extrême droite : une demande sociale
Le Front national a-t-il gagné le premier tour des municipales ? Cette idée mérite quelques vérifications. Il n’a pu présenter que 597 listes, non sans difficulté. Sa zone de force est le bassin méditerranéen, mais alors qu’il annonçait jusqu’à 90 listes en Languedoc-Roussillon il n’a pu en présenter que 58, et des listes n’ont pas pu y être édifiées dans des villes prometteuses (par exemple à Port-la-Nouvelle, dans l’Aude, où il avait enregistré 37,2 % en 2012). Cela témoigne de ses difficultés à être un front « local » et de la distance quant à l’édification d’un « tripartisme », selon ses éléments de langage repris par la presse depuis le vote.

Les meilleurs scores enregistrés sont dans des villes où ils étaient attendus (Hénin-Beaumont, Béziers, Perpignan, etc.), sans que cela ait impliqué une quelconque attention politique et sociale supplémentaire à ces territoires. Le FN bénéficie donc de l’abstention différentielle à l’égard de la gauche, mais aussi d’un désintérêt au long cours des partis de gouvernement pour ces espaces. Ses scores participent d’une action de lobbying de la part du corps électoral exigeant une action politique – un argument utilisé par Louis Aliot à Perpignan, affirmant que l’Etat, pour contenir une mairie FN, investirait massivement dans les services publics locaux.

En outre, la « dédiabolisation mariniste » ne suffit pas à expliquer les bons scores. En effet, c’est l’ensemble de l’extrême droite qui bénéficie d’une dynamique. Jacques Bompard est député et maire Ligue du Sud dès le premier tour ; sa formation mène également la liste Rassemblement Bleu Marine à Carpentras(34,38 %) et atteint 49,35 % à Bollène. Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti, néofascistes dont les organisations ont été dissoutes par le ministre de l’intérieur l’été dernier, mènent une liste qualifiée pour le second tour à Vénissieux (11,49 % des voix). Le Parti de la France de Carl Lang soutenait dix listes, l’ancien membre d’une liste Non aux minarets atteignant 14,61 % à Ronchamp – une ex-cité minière comme Hénin-Beaumont –, tandis que 24,66 % des suffrages sont atteints dans le village d’Ouzouer-sur-Trézée – la forte prolétarisation de la ruralité rencontrait déjà en 2012 la nostalgie frontiste du monde pré-mondialisation.

Là où le FN ne peut monter une liste, son potentiel constaté en 2012 est utilisable par d’autres formations. C’est donc que l’extrême droite correspond aujourd’hui à une demande sociale. Celle-ci est éclairée par la sociologie des territoires du vote extrême droitier.

Cette sociologie demeure largement populaire, même si cette caractéristique a moins pu s’exprimer à l’occasion de ces municipales. En effet, les listes FN étaient présentes dans toutes les communes de plus de 100 000 habitants sauf trois, dans 60 % des villes de 30 000 à 100 000 habitants, mais dans seulement 1 % des communes de 1 000 à 3 500 habitants.

On trouve dans les communes où le FN était présent dimanche moins d’ouvriers que la moyenne, un peu plus de cadres, et surtout moins de retraités. Le revenu moyen y est aussi un peu plus élevé, mais les inégalités de revenus sont également plus grandes. Parmi ces communes, le score augmente proportionnellement au nombre d’ouvriers et d’employés. De plus, le caractère géographiquement et socialement « périphérique » du vote FN se trouve confirmé : le vote FN, qu’on le mesure en proportion des inscrits ou des exprimés, décroît nettement dans les communes au-delà de 10 000 habitants, et culmine à une vingtaine de kilomètres des grands centres urbains.

Le niveau du vote FN décroît également régulièrement avec le niveau de revenu moyen – des cas comme ceux d’Hénin-Beaumont, mais aussi de Béziers ou Perpignan, illustrent parfaitement cela. Il faut donc relativiser l’idée que le déclin économique ne serait l’explication de la force du Front national que pour le « FN du Nord » : dans le Sud méditerranéen, difficultés économiques et motivations d’ordre plus identitaire ou idéologique peuvent se combiner et se renforcer. L’éloignement du « centre » politique, économique et culturel radicalise des « périphéries » qui réclament leur « intégration ».

Sur le plan politique, il convient de souligner deux éléments. D’abord, le score du FN est fortement lié à la participation électorale. De ce point de vue, rapprocher le vote FN d’une supposée crise de la démocratie nous paraît être une erreur d’analyse : à bien des égards, le vote FN est un opérateur de politisation, dans une élection que beaucoup essaient de dépolitiser. D’autre part, le score du FN est plus faible lorsque celui de la droite est plus fort, et inversement. Il n’y a en revanche pas de corrélation avec le score de la gauche. Tout semble indiquer, dans nos observations, que le FN se situe d’abord au sein du marché électoral des droites. Le Front national participe bien, depuis trente ans, à la droitisation de certains groupes sociaux, en particulier populaires.

Si elles ne constituent pas une nouvelle « vague » ou « déferlante », ces élections municipales confirment la capacité renouvelée du FN à traduire ses scores présidentiels en performances locales. En capacité de distribuer des postes d’élu, l’extrême droite peut espérer attirer plus de petits notables, qui se présenteraient aux élections de 2015, et, ainsi, être plus normalisée à la présidentielle de 2017. Mais elle sera alors responsable de bilans municipaux : leur qualité influencera sans doute l’avenir de Marine Le Pen.

notes
Source : Fragments sur les temps présents : http://tempspresents.com/2014/03/30/joel-gombin-nicolas-lebourg-extreme-droite-une-demande-sociale/#more-5575

Première parution : Joël Gombin et Nicolas Lebourg, « Le vote pour l’extrême droite est une façon de repolitiser l’élection », Le Monde, 28 mars 2014, p. 25.

La guerre culturelle du Front National



La guerre culturelle du Front National
 Jean-Yves Camus
La fin de la bipolarisation du système politique français, annoncée par Marine Le Pen, n’est que partiellement réalisée à l’issue de ce premier tour des élections municipales. Mais minorer la progression du vote frontiste en réduisant celle-ci à une simple expression de colère face à la politique gouvernementale tient du déni de réalité.

Si la bipolarisation n’est pas morte, c’est parce qu’elle n’existe pas au sens propre du terme, selon le modèle anglosaxon d’avant la percée des libéraux-démocrates, par exemple : tous les partis dominants qui ont exercé le pouvoir sous la Ve République ont en effet gouverné avec des alliés, au point que les ministres MRP quittèrent le premier cabinet Pompidou au motif d’un désaccord de fond sur l’«Europe intégrée ». C’est aussi parce qu’au moins une composante des gauches ne se reconnaît pas dans la logique binaire du jeu politique : le Parti de gauche. Enfin, la domination des deux blocs composés du Parti socialiste et de ses alliés, d’une part, et de l’UMP et des siens, d’autre part, restera très large le 30 mars au soir. Est-ce à dire que les fondations du paysage politique n’ont pas bougé ? Certainement pas.

Car le Front national, outre qu’il progresse dans nombre de villes où il était présent, a mis, selon l’expression de Marine Le Pen, « le pied dans la porte » en remportant des scores en progression dans ses anciennes « terres de mission », ainsi que, à l’exception notable de Paris, dans de grandes métropoles traditionnellement plus défavorables que les périphéries urbaines. Il donne des coups de boutoir dans le système à coups répétés, portant à chaque fois de manière plus précise.

Il semble que cette manière de gagner du terrain soit peu compréhensible aux logiques militantes qui continuent à envisager l’avenir du FN selon le paradigme de l’effondrement de la démocratie, sur les ruines de laquelle, selon un schéma des années 1930, l’extrême droite prendrait le pouvoir. Or l’avancée du FN se produit selon des modalités bien différentes. Il ne cherche pas à abattre le consensus républicain mais à s’y insérer, jouant en cela sur la pluralité des réalités que le label « République » peut recouvrir.

Il a montré, avec ces élections municipales en vue desquelles il a fourni un gros effort de formation de ses militants et de ses cadres, qu’il n’escomptait pas arriverau pouvoir uniquement par le haut, c’est-à-dire par l’élection présidentielle, mais simultanément par le sommet et par la base, ce que d’aucuns ont nommé dès les années 1990 le frontisme municipal, c’est-à-dire par la gestion communale. Il sait au fond qu’il ne peut sans aucun doute pas exercer le pouvoir seul et qu’il lui faudra des alliés. C’est tout le sens de la charte municipale dont Marine Le Pen répète qu’elle devra être signée par quiconque souhaite l’appui de son parti, par accord ou par désistement. Rien d’absolument nouveau ici : en 1998, les alliances régionales conclues entre les dissidents de la droite et le FN étaient fondées sur des engagements concrets de mandature, que d’aucuns avaient imprudemment signés en pensant ne faire qu’une bouchée de ces « novices » en politique, de ces « populistes » semblant incapables d’incarner autre chose qu’une protestation sans contenu précis.

C’est au final le contraire qui s’est produit, et le FN qui s’est renforcé. Il l’a fait de manière peu spectaculaire, par grignotage et en tirant parti de l’éloignement de l’isoloir qui affaiblit tous ses concurrents mais pas lui : tous les indicateurs montrent au contraire qu’il possède les ressources électorales pour faire mieux au second tour qu’au premier, où ses partisans se mobilisent davantage qu’avant. Une raison à cela : le FN est le tiers-exclu de la vie politique depuis sa création et il a bien l’intention que cela cesse au plus vite.

C’est la raison pour laquelle la tactique du front républicain est aléatoire : elle renforce artificiellement une autre forme de bipolarisation, celle qui oppose le Front national à la globalité de ses adversaires, réunis dans le seul refus de la droite radicale. Or réduire le vote FN, ce n’est pas en premier lieu affaire de positionnement électoral. C’est réaliser que le parti de Marine Le Pen est davantage entendu parce qu’il a pris la main sur la définition des thématiques qui font le vote, en premier lieu sur la question de l’identité, pierre angulaire de la guerre culturelle qu’il mène depuis plus de quarante ans. Avec un succès qui tient à la désertion du terrain des idées par des partis qui pensent que c’est la gestion et non les idées qui mènent le monde.
Notes

Source : Fragments sur les temps présents : http://tempspresents.com/2014/03/30/jean-yves-camus-guerre-culturelle-du-front-national/#more-5580

Première parution : Jean-Yves Camus, "La Guerre culturelle du Front National", Le Monde, 28 mars 2014, p. 24.

Le Front National est-il surévalué ?



Le Front National est-il surévalué ?
 Alexandre Dézé
Il est un fait qui ne semble souffrir aucune discussion : jamais le Front national n’aura obtenu des scores aussi impressionnants à l’issue du premier tour d’un scrutin municipal. Alors que Steeve Briois parvenait dès dimanche soir à décrocher la première mairie frontiste de ces élections, nombre de candidats FN ou affiliés RBM dépassaient les 30% des suffrages : Robert Ménard à Béziers (45,4%), Gilbert Collard à Saint-Gilles (42,5%), David Rachline à Fréjus (40,3%), Florian Philippot à Forbach (35,7%), Louis Aliot à Perpignan (34,4%), etc. Dimanche, le FN sera présent au second tour dans 230 villes de plus de 10 000 habitants et l’on peut s’attendre à ce que le parti obtienne plus de 1 000 conseillers municipaux (il en a déjà plus de 470 à l’issue du premier tour) et conquiert sans doute au moins une demi-douzaine de mairies.

Ces résultats marquent une nouvelle étape dans le processus de recomposition du potentiel électoral frontiste et ont donné lieu à d’abondants commentaires médiatiques et politiques. Il reste que l’attention suscitée par la formation de Marine Le Pen peut apparaître une nouvelle fois disproportionnée et soulève la question de la juste appréciation de son importance politique. Faut-il s’arrêter sur les résultats des principaux candidats et les considérer comme annonciateurs d’une inéluctable progression électorale ? Ou doit-on, au risque de les sous-estimer, rappeler ce qu’ils représentent à l’échelle nationale ? Cette dernière perspective est tentante dans la mesure où nombre d’observateurs semblent avoir acquis la certitude que le FN s’est d’ores et déjà imposé comme le premier parti de France.

On peut commencer par rappeler que l’organisation frontiste a rencontré les plus grandes difficultés à constituer ses listes, et qu’elle n’en a finalement présenté que dans une commune sur six (précisément, 585 dans les communes de plus de 1000 habitants). Ce chiffre n’est pas négligeable puisqu’il s’agit de listes autonomes. En comparaison, Europe-Ecologie les Verts en a présenté 262, mais le Parti de gauche en a également constitué près de 600. Dans tous les cas, il ressort que le FN est resté absent du premier tour dans 35400 communes de France. Cela s’explique par ses difficultés structurelles à trouver des candidats. Mais sa capacité à disputer les élections municipales reste également limitée par les rapports antagoniques qu’elle entretient avec les autres forces politiques.

Pour l’heure, cela arrange plutôt les affaires du FN car comme l’a rappelé le sociologue Sylvain Crépon, le parti ne dispose pas d’un personnel compétent suffisant pour gérer plus d’une demi-douzaine de villes, huit au grand maximum. Quant au nombre de listes frontistes, le FN mariniste de 2014 n’aura finalement guère fait mieux que le FN lepéniste de 1995 (512 listes) – même si entre-temps, la parité s’est invitée comme principe de constitution des listes, ce qui a sans doute généré une contrainte supplémentaire pour le parti.

Dans les communes où il était présent, le FN a obtenu en moyenne 14,8% des suffrages. Ce score est a priori remarquable. Cependant, rapporté à l’ensemble du territoire, il tombe à 4,7% (soit un pourcentage identique à celui que le FN avait enregistré en 1995). Est-il légitime de ramener le score des listes frontistes à son niveau hexagonal ? Oui, dans la mesure où les résultats des élections locales sont interprétés comme autant d’indicateurs des rapports de force nationaux. Marine Le Pen, elle-même, n’a pas hésité à proclamer la «fin de la bipolarisation» de la vie politique française à l’issue des résultats du premier tour. Or on peut s’étonner d’une telle proclamation.

Depuis l’émergence du FN, l’espace politique français est en effet considéré par les politologues comme étant plutôt de nature tripartite, au moins en ce qui concerne la répartition générale des électorats (même si ce principe de répartition s’est affaibli dans les années 2000 avec le recul politique du FN). On pourrait encore préciser qu’au-delà de la configuration binaire de cet espace politique et de la domination des deux principaux partis de gouvernement, le système partisan français reste bien multipartite. Mais prenons néanmoins l’hypothèse de Marine Le Pen au sérieux, ce qui revient à évaluer, à partir des résultats municipaux du premier tour, le poids respectif au niveau national de la gauche, de la droite et du FN. Concrètement, la bipolarisation semble toujours à l’œuvre : les listes agrégées de gauche ont en effet recueilli 38,2% des suffrages, celles de droite 46,4%, tandis que 9,9% d’électeurs ont apporté leur soutien à des listes sans étiquette ou «divers».

On aura relevé que sur les 600 listes présentées par le FN, un peu moins de la moitié n’ont pas franchi le premier tour. Le parti arrive certes en tête dans 17 communes de plus de 10 000 habitants, mais là encore, on peut soit décider de considérer ce résultat comme important, soit faire le choix de le ramener à ce qu’il représente au niveau national : et en l’occurrence, il apparaît que la performance réalisée par les candidats frontistes ne concerne que 1,6% de l’ensemble de ces communes. De même, il faut noter que dans les villes où le parti présentait des candidats, les listes frontistes ont obtenu en moyenne un nombre de voix légèrement inférieur à celui de Marine Le Pen à la présidentielle de 2012. De fait, pas plus qu’à l’occasion de ce dernier scrutin, il n’y a eu de «vague bleu marine» au premier tour des municipales – même si le «reflux» frontiste entre la présidentielle et les municipales est à relativiser, puisque dans certaines villes comme Marseille, et comme l’a souligné le politiste Joël Gombin, le FN recule toujours (beaucoup) moins que le PS.

Enfin, le FN obtiendra certainement plusieurs mairies à l’issue du deuxième tour du 30 mars. Mais comme on le sait, ce ne sera pas la première fois puisqu’il en a déjà conquis cinq par le passé (Saint-Gilles, Toulon, Marignane, Orange, Vitrolles). Et s’il devait dépasser le seuil symbolique des 1000 élus, il ne ferait que renouer avec ses résultats historiques des élections municipales de 1995, où il avait obtenu 1250 élus. Cependant, il faut sans doute rappeler qu’il y aura dimanche prochain 520 000 élus municipaux. Tous n’auront pas d’affiliation partisane, et le FN pourra se targuer d’avoir réussi à faire élire seul ses candidats (si l’on excepte les deux accords passés en début de semaine avec des listes divers droite). Mais on aura compris que la présence d’élus FN dans les conseils municipaux sera en définitive assez résiduelle comparée au nombre d’élus des autres formations…

Il est indéniable que les scores du FN au premier tour des élections municipales témoignent d’un renforcement de son implantation au niveau local. Le parti de Marine Le Pen semble bien avoir réussi à tourner la page de la scission mégrétiste, dont les effets (électoraux, financiers, militants) s’étaient fait douloureusement sentir tout au long des années 2000, au point de mettre en péril la survie politique du parti. En revanche, la progression électorale du FN ne semble devoir justifier ni la focalisation excessive dont il fait l’objet depuis dimanche dernier ni cette tendance qui consiste désormais à en surestimer presque systématiquement l’importance politique.

Notes

Source : Fragments sur les temps présents : http://tempspresents.com/2014/03/30/alexandre-deze-front-national-est-il-surevalue/#more-5584

Première parution : Alexandre Dézé, "Les résultats du Front national sont-ils surévalués ?", Libération, 28 mars 2014.

Vers un frontisme municipal ?

 

Vers un frontisme municipal ?
 
 Entretien avec Sylvain Crépon
 
Propos de Sylvain Crépon recueillis par Abel Mestre, "Municipales : comment le FN va-t-il gérer ses villes ?", Le Monde, 25 mars 2014.

Assiste-t-on à la naissance d’un « frontisme municipal » ?

Sylvain Crépon : Les résultats du premier tour des municipales marquent la renaissance d’un Front national local tel qu’il a pu se constituer dans les années 1990 avec Bruno Mégret. Ce dernier avait essayé de professionnaliser le parti et de l’implanter localement. Il n’avait pas été aidé en ce sens par Jean-Marie Le Pen. C’est la grande différence avec sa fille Marine Le Pen. Elle reprend l’oeuvre de Mégret en essayant de constituer un réseau d’élus locaux sans lequel elle ne peut pas arriver au pouvoir. C’est pour cela qu’elle a nommé Steeve Briois secrétaire général : pour qu’il fasse au niveau national, ce qu’il a fait à Hénin-Beaumont.

Quelles sont les différences avec le FN des années 1990, qui, lui aussi, avait gagné des villes ?

Aujourd’hui, on demande aux candidats qui peuvent être élus de ne pas relayer le message national. On leur a demandé de se donner l’apparence de gestionnaires, avec un programme local. Ils font campagne sur la voirie, les commerces, l’emploilocal, pour ne pas faire peur. Ils n’appliqueront pas la préférence nationale comme Bruno Mégret l’avait fait à Vitrolles. C’est là toute la différence avec 1995. Le Front a conscience des erreurs qui ont été commises, et ne veut pas reproduire cela. Il y a une obsession de ce qui s’est passé à cette époque.

Le résultat de dimanche est-il dû à l’implantation des candidats ou à la déception envers l’UMP et le PS ?

Les deux. La plupart des villes où les candidats FN se sont implantés sont des villes qui ont été très mal gérées. Cela atténue la peur du FN.

Que fera le FN de ces résultats ?

Le FN veut se « désidéologiser » au niveau local. Il veut que ses candidats apparaissent comme des gestionnaires, qu’ils se normalisent pour, in fine, faire de ses élus locaux les relais des idées du FN pour les échéances nationales. En somme, ils font d’abord profil bas pour mieux rebondir. Dans les conseils municipaux, les élus frontistes pourront relayer les idées de leur parti et devenirune force idéologique d’appoint en lançant des débats comme sur les Roms ou les subventions aux associations. Le Front national va essayer de capitaliser sur ce nouveau personnel politique pour avoir des candidats crédibles pour les prochaines échéances, les sénatoriales mais surtout pour les législatives.

Le FN manque de cadres. Aura-t-il les moyens humains de gérer plusieurs villes ?

C’est la grande question. Un cadre me disait qu’ils pouvaient gérer « sept ou huit villes ». Ils y mettront toutes leurs ressources humaines. Il y aura des transfertsinternes au parti entre différentes communes, pour prendre les « technos » et ceux qui ont un peu d’expérience. Ils savent qu’ils sont sur la sellette. Il faudra aussi surveiller les débats dans les conseils municipaux. Les dérapages sont possibles.

Ces résultats auront-ils des répercussions internes ?

Les rapports de force peuvent être chamboulés. Est-ce que Marine Le Pen est prête à cela ? Dans un parti d’extrême droite, le leader est omnipotent et on ne le remet pas en question. C’est aussi pour cela qu’elle a investi beaucoup de proches dans les villes gagnables.

Le Front national a-t-il réussi sa campagne municipale ?

Le FN a réussi à faire campagne au niveau local, à redynamiser des endroits où il n’y avait plus de militants. Il y a une vraie amorce, une vraie dynamique. Par ailleurs, Philippe Juhem a montré, dans ses travaux sur le socialisme municipal, que ce n’est pas parce que l’on a un afflux de militants que l’on gagne une municipalité, mais c’est gagner une municipalité qui suscite un afflux de militants, parce qu’il y a l’espoir d’obtenir quelque chose, des rétributions.

Cela pourra faire venir au FN des militants qui n’auraient pas adhéré normalement. Cela va peut-être ancrer le parti au niveau local et faire émerger un « municipalisme » frontiste.
 
Notes

Source : Fragments sur les temps présents : http://tempspresents.com/2014/03/30/sylvain-crepon-vers-un-frontisme-municipal/#more-5564

"Le Front national est un objet difficile à appréhender"

 
 
 Jean-Yves Camus
 
Propos de Jean-Yves Camus recueillis par L’Humanité, "Le Front national est un objet difficile à appréhender".


Après le premier tour 
des municipales, peut-on donner crédit à l’idée, avancée par d’aucuns, que s’installerait un tripartisme, avec un Front national occupant sa place aux côtés 
de l’UMP et du PS ?

Jean-Yves Camus: C’est aller 
un peu vite en besogne. 
Une première constatation : 
il n’y a pas, en France, de bipartisme parfait tel qu’il existait aux États-Unis ou en Grande-Bretagne avant la percée électorale des libéraux-démocrates. Dans notre pays, des divergences de fond peuvent exister entre partis membres d’une même coalition gouvernementale. À gauche comme à droite, les formations dominantes se sont toujours rassemblées 
avec des partis politiques 
différents dans un gouvernement, comme aujourd’hui, sur des listes aux élections municipales.

Donc, pas plus de bipartisme 
que de tripartisme…


On a deux pôles de la vie politique avec des formations dominantes et leurs alliées. Puis, il y a ce que j’appelle le tiers exclu de la vie politique, le FN, qui n’a jamais participé à une coalition de gouvernement. La question est de savoir si, sur la base des résultats aux municipales, il peut se considérer comme le troisième pôle de la vie politique. Depuis le début des années 1990, il est, arithmétiquement, la troisième force politique. Cependant, 
il reste éloigné de toute coalition et n’est donc pas un parti de gouvernement, ni la troisième force du système politique français.

En 1995, le FN avait 512 listes, contre 597 aujourd’hui. Il ne mobilisait que 3,9 % des exprimés 
en 1995, contre 4,7 % aujourd’hui. Alors, pourquoi cette place 
politique et médiatique ?

Effectivement, 
il faut revenir aux résultats 
du FN en 1995. Après son échec 
à la présidentielle de 2007 et 
aux élections législatives qui 
ont suivi, 2008 fut une annus horribilis pour le FN. En 1995, 
le Front national avait conquis 
des municipalités et atteint 
un maillage électoral très fort. 
Sa puissance est assez semblable 
à celle d’aujourd’hui. Mais 
ce n’est pas une constance totale. Il y a une modification de la géographie électorale du FN avec une percée dans des couches nouvelles et sur certains territoires que l’on appelait terres de mission. Le Front national est un objet difficile à appréhender. 
La psychologie collective 
continue à considérer que, 
dans la patrie des droits 
de l’homme, l’extrême droite est une anomalie de l’histoire. On le ramène, contre toute vraisemblance, au poujadisme. Mais lui n’a duré que cinq ans, alors que le FN est installé 
dans le paysage politique 
depuis les européennes de 1984. 
On est dans une sorte de déni 
de l’extrême droite qui ne pourrait jamais accéder au pouvoir. Médiatiquement, dès la campagne interne pour sa nouvelle présidence, le FN a construit tout un narratif, pour légitimer Marine Le Pen comme une normalisatrice 
de son parti, qu’il ne faut 
pas prendre pour argent 
comptant.

À Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Steeve Briois parle d’un vote d’adhésion et non de protestation. Quelle est votre analyse ?

Depuis longtemps, la part d’adhésion l’emporte 
sur la protestation. L’électeur, 
sans connaître ligne par ligne
 le programme du FN comme 
pour tous les partis, adhère 
à des concepts clés, comme 
le fait que l’immigration doit
être arrêtée, l’idée qu’il faille répondre au sentiment d’insécurité et une conception de l’identité nationale qui n’est pas celle de l’adhésion volontaire à une terre.

Est-ce une banalisation des thèmes du Front national ?

Une porosité s’exprime sur les trois sujets évoqués plus haut. Pourquoi ? Parce qu’il y a une insécurité culturelle. Non que notre culture 
et nos repères soient menacés 
par l’arrivée des étrangers, mais 
par le fait que la globalisation libérale se fait à une telle vitesse, qu’elle est si inintelligible, 
qu’il existe un tel consensus 
autour d’une globalisation libérale comme horizon indépassable, que nombre de nos concitoyens, confrontés à des difficultés économiques et sociales, jugent 
que la France n’est plus la France. C’est ce discours qu’il faut déconstruire, sans traiter 
ceux qui votent FN de pestiférés 
pour toujours à l’extrême, et apporter des réponses politiques 
et sociales aux inquiétudes.
 
Notes:

Aymeric Chauprade : l’ennemi, c’est la dictature du relativisme



Aymeric Chauprade : l’ennemi, c’est la dictature du relativisme
Le géopoliticien Aymeric Chauprade a accordé à L’Homme Nouveau un long entretien de cinq pages consacré à son métier, ses livres (il vient de faire paraître la troisième édition de Chronique du choc des civilisations ), à la difficulté de distinguer entre les analyses de l’expert et ses engagements, mais surtout à son regard sur la situation internationale. Il nous a paru extrêmement intéressant de noter les liens qu’il établit entre la tentation mondialiste et l’imposition de la théorie du Genre. Nous publions ci-dessous deux courts extraits de cet entretien. L’intégralité de celui-ci est disponible pour nos abonnés via leur compte personnel et pour ceux qui souhaitent commander le numéro.

Pendant la crise syrienne, les Occidentaux, politiques et médias, ont invoqué le respect des Droits de l’homme et du droit international. Ces critères, d’ordre idéologique, ne modifient-ils pas en profondeur le sens de la politique internationale ?

La politique internationale s’est toujours traduite par une dualité entre l’idéalisme et le réalisme, entre la politique menée au nom des valeurs et celle menée au nom des intérêts nationaux quand ceux-ci n’étaient pas d’ordre plus strictement privé. L’idéalisme religieux a lui aussi soulevé les foules par le passé. Aujourd’hui la religion officielle de l’Occident c’est celle des Droits de l’homme et de la démocratie, une religion sans Dieu (donc une philosophie plutôt qu’une religion mais elle a son clergé), une religion civile, qui prétend libérer l’homme ici et maintenant, mais sans la bonne nouvelle du Christ. C’est une nouvelle forme d’universalisme qui cherche à s’imposer partout, venant de l’Occident américain et de ses alliés, mais sans la transcendance. Or c’est justement là où le bât blesse car s’il n’y a pas la transcendance, il n’y a que l’individu-roi, il n’y a que les droits et les appétits de l’individu.

Ce que le monde occidental est en train d’exporter, par la guerre, par le chantage à l’argent (le chantage à l’aide auprès des pays en voie de développement) c’est l’idée simple que chaque individu est son propre système de normes, qu’il n’existe plus de loi naturelle qui s’impose à nous. Selon cette croyance, nous ne serions désormais que ce nous voudrions être et non plus ce que nous sommes de fait (théorie du Genre), nous devrions avoir le droit à ce que la nature ne peut nous donner (un enfant pour le couple homosexuel), nous aurions le droit d’aller puiser dans le matériau humain pour refaire telle ou telle partie de notre corps selon notre propre désir et non selon la volonté naturelle (c’est-à-dire celle de Dieu). Il est incontestable que la politique d’ingérence de l’Occident, en Syrie comme ailleurs, contient pour partie cette dimension idéologique, révolutionnaire, qui vise à transformer le monde pour y installer partout ce nihilisme des valeurs.

Mais cette politique a une autre face, qui finalement n’est en rien contradictoire avec la dimension idéologique : l’optimisation des intérêts matériels de l’oligarchie mondialisée occidentale. La Syrie est une route potentielle d’évacuation du pétrole et du gaz des monarchies du Golfe vers l’Europe. Les Américains qui veulent, d’une part, affaiblir la dépendance des Européens de l’Ouest et du Centre au gaz russe et, d’autre part, renforcer celle des Chinois aux hydrocarbures du Moyen-Orient placés sous leur contrôle, cherchent à intégrer la Syrie puis l’Iran dans leur vaste dispositif. La Syrie est un corridor pétrolier et gazier et aussi une zone très potentielle en termes de gisements. Les découvertes récentes (à partir de 2009) en pétrole et gaz off-shore dans le bassin du Levant, en Méditerranée orientale montrent l’abondance des réserves dans les eaux israéliennes mais aussi libanaises et très probablement syriennes (selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis [USGS], un organisme géologique américain qui fait référence, la Syrie est même le bassin le plus potentiel de la zone).

J’ai écrit plusieurs articles sur l’importance des hydrocarbures en Méditerranée orientale et leur rapport avec ce qui se passe en Grèce, à Chypre mais aussi en Syrie. Il y a une sorte de Grand Jeu comparable à ce qui s’est passé à partir du milieu de la décennie 1990 autour de la mer Caspienne.

Donc la politique internationale de l’Occident est la combinaison de cela, l’idéologie nihiliste venue d’Occident qui veut s’exporter et l’accomplissement du plan américain pour maintenir sa suprématie mondiale dans un contexte de plus en plus multipolaire.

Quant au droit international, il est justement défendu par la Russie, par la Chine et par l’ensemble des émergents qui soutiennent un monde fondé sur la souveraineté étatique et refusent cette ingérence occidentale. L’ingérence et la guerre menée au nom des Droits de l’homme, cela n’a rien à voir avec le droit international. Le droit international interdit, à juste titre, d’agresser son voisin. La Syrie n’a agressé personne. Son régime se défend contre une rébellion armée qui a commencé son action violente par l’assassinat de militaires syriens avant de faire sauter des voitures piégées dans Damas. L’agression vient justement des voisins de la Syrie, de l’Arabie Saoudite, du Qatar, et elle est soutenue par l’action occulte (services secrets) des pays occidentaux. Ce que je dis n’a rien à voir avec de l’idéologie. Ce sont des faits qu’aucun expert sérieux ne peut contester. Ensuite, bien sûr, je ne me fais aucune illusion sur la brutalité du régime dans sa réponse. Elle est probablement peu proportionnée et touche des quartiers entiers sans distinction entre les assaillants eux-mêmes et leurs femmes et leurs enfants (idem pour l’action de la rébellion). Mais il faut bien comprendre que nous parlons de l’armée syrienne. Les armées israélienne et américaine disposent, elles, des outils technologiques permettant la guerre discriminante (qui malgré ces outils ne l’est pas tant que cela). L’armée syrienne est une armée ancienne, de modèle « Guerre froide », conçue pour des conflits inter-étatiques et non pour de la contre-insurrection. Le nombre important de morts vient de là. Lorsqu’une armée classique et ancienne mène une guerre classique contre une insurrection mêlée à la population cela donne des crimes atroces. Mais n’oublions pas la responsabilité première, ne perdons pas du regard ceux qui ont créé la condition de ce chaos, qui sont responsables de ces milliers de morts civils, de ces chrétiens massacrés. Je suis extrêmement sévère avec nos choix gouvernementaux. Ils ne peuvent pas se soustraire à la responsabilité énorme qu’ils portent dans ces crimes commis de part et d’autre.

Vous estimez qu’un monde « multipolaire » est une nécessité aujourd’hui face à la « bipolarité » qui se met en place. Que voulez-vous dire exactement ?

Depuis 1990 les Américains soutiennent l’unipolarisation du monde autour d’eux. Ils essaient de transformer le monde à leur image et selon leurs intérêts. Mais le retour de la Russie et de la Chine, comme l’arrivée sur la scène de la puissance des « émergents », bouleversent ce programme unipolaire. Une tendance multipolaire forte s’oppose à cette tendance uniformisatrice et suprématiste américaine. À la multipolarité géopolitique s’ajoute de plus en plus une sorte de nouvelle bipolarité idéologique. De manière simple, d’un côté le programme individualiste et matérialiste occidental poussé à l’extrême (comme le droit des minorités sexuelles, par exemple), de l’autre la résistance des civilisations et leur tradition (christianisme, islam, sagesses d’Asie,…) à ce projet occidental. Il me semble que la bipolarité idéologique qui se dessine est là. Elle ne tient pas dans l’opposition libéralisme/communisme, l’opposition de deux matérialismes (dont un est tombé en partie grâce à la résistance forte opposée en Europe par le christianisme) ; elle est bien plus dans l’opposition entre matérialisme et traditionalisme que l’on peut résumer à la fracture du monde entre d’un côté ceux qui croient que l’individu est la valeur suprême, de l’autre côté ceux qui pensent que la transcendance ou le bien commun sont supérieurs à la personne. Mon engagement se situe clairement dans le deuxième camp. L’ennemi c’est le matérialisme qui, sous des formes diverses, ronge nos sociétés et explique une grande partie de leurs maux. L’ennemi c’est la dictature du relativisme qui règne partout chez nous, dans les médias, à l’école, et qui détruit la civilisation française, qui de plus est frappée de plein fouet par le choc d’une immigration massive, pour partie inassimila­ble. Donc j’entends participer à un projet qui non seulement soulève le problème de l’identité en France, mais soulève aussi le problème du matérialisme et réhabilite la transcendance en politique.
 
Notes

Indymedia Paris et les "antifas" soumis au détecteur de mensonge



Indymedia Paris et les
Depuis quelques années nous avons vu fleurir de nombreux groupuscules se réclamant de la lutte antifasciste.

Ces activistes sont-ils les dignes héritiers de l’antifascisme historique, celui issu de la coalition de partis de gauche à l’origine de la formation du Front populaire qui, sous l’occupation, résista à l’Allemagne nazie et au régime de la collaboration ?

Mais s’agit-il de protestations de bonne foi ? Quelles sont leurs sources ? Leur raisonnement tient-il debout ? Qui se cache derrière ces pseudo "antifas"?




L’alerte (pseudo)-antifasciste s’apparente à une chasse aux sorcières maccarthyste, déguisée en combat contre le racisme. Elle est menée par quelques publications aux méthodes insidieuses et bien rodées (voir la propagande néoconservatrice déguisée en gauche progressiste (1)). Derrière une façade pétrie d’idéaux et de symbolique d’inspiration libertaire, il s’agit pourtant bien d’outils de propagande néoconservatrice, donc raciste et guerrière.

Le procédé utilisé par de faux antifascistes mais vrais néoconservateurs est simple : une campagne médiatique haineuse contre une personne ou un groupe, avec pour seuls arguments l‘amalgame, l’insinuation et le procès. Par le biais d’un tract ou d’un article infamant, ces soi-disant défenseurs des libertés tentent, par exemple de faire annuler une conférence si elle sort de la ligne éditoriale des néoconservateurs.

Exemples d’alertes : Alerte antifasciste paris.indymedia (2) ou encore Alerte antifasciste Rebellyon.info (3)

Les personnes décriées, intimidées, diabolisées, ont pour seul point commun la contestation du leadership étatsunien sur le reste du monde, et de la politique d’apartheid et de spoliation du gouvernement israélien contre le peuple palestinien. Nous retrouvons constamment les mêmes cibles : Des gens de gauche, de droite et d’extrême droite, systématiquement assimilés sans distinction. Par ailleurs, l’extrême droite y représente un point d’ancrage argumentaire permanent, signe d’une manipulation évidente également en usage dans les rangs des réseaux néocons comme nous allons le voir.



A la source des alertes, nous retrouvons généralement le blog administré par Rudy Reichstadt (4) « Conspiracy Watch », le doigt inquisiteur qui sert de grille de lecture à l’ensemble des protagonistes de la galaxie néocons. Pour le contenu de leurs alertes, nos petites frappes rééditent en permanence le même papier et si la démarche n’était pas aussi perverse, nous pourrions parler de « comique de répétition ».



1- Parmi les dossiers antimusulmans, Rudy Reichstadt cite 22 fois le MEMRI (5), l’officine de propagande néoconservatrice, considérée par beaucoup de médias de gauche américains comme l’usine à fabriquer du consentement occidental aux guerres pétrolifères, et de l’islamophobie. Rappelons que l’on retrouve au sein du MEMRI des acteurs décisionnels de la gouvernance G.W. Bush (dossier complet ici). Dans son utilisation du MEMRI, Rudy Reichstadt se paie même le luxe de battre le site d’extrême droite Riposte Laïque (6), qui pourtant n’est pas avare dans le domaine de la haine antimusulman (7).

2- La recherche « Pierre-André Taguieff » (8) sur le moteur de recherche du site Conspiracy Watch donne 69 résultats. Or, Monsieur Taguieff était un théoricien zélé du Cercle de l’Oratoire, groupuscule intellectuel omniprésent dans les médias français pour vous faire avaler la pilule des guerres bushiennes en Afghanistan et en Irak, grâce à l’image d’intellectuel de gauche de certains de leurs membres. Pendant de longues années et jusqu’il y a encore quelques mois, Monsieur Taguieff était administrateur du site d’extrême droite Dreuz.info (dont les auteurs affichent une islamophobie décomplexée), et bien entendu le MEMRI (9) représente aussi une source de premier choix pour Dreuz.

3- Palestinian Media Watch (10), l’autre site de propagande antimusulmane, est géré par Itamar Marcus, un israélien qui vit dans une colonie d’Efrat en Cisjordanie située en territoire palestinien, en violation du droit international (11). Jusqu’à récemment, Itamar Marcus occupait le poste de vice-président de la Caisse Centrale d’Israël (Central Fund of Israël), une ONG de droite basée à New York, en réalité en charge du financement des groupuscules colons israéliens les plus violents. Ces dernières années, Itamar Marcus est l’auteur de nombreux rapports douteux, censés documenter une agressivité palestinienne à l’égard d’Israël. Ces rapports témoignent d’une diabolisation dans le but d’empêcher la création d’un Etat palestinien.

Source : Israel News | Haaretz, Israel News | Haaretz, CounterPunch

Palestinian Media Watch (12) est présent deux fois sur Conspiracy Watch, et exploité à l’extrême par Dreuz (13), la continuité idéologique du site de Rudy Reichstadt. Mais la palme revient au site du CRIF qui se réfère abondamment à Palestinian Media Watch. Il n’y a donc rien de très surprenant de voir cette agence être soutenue par le CRIF, qui visiblement n’est pas très regardant sur l’origine de ses sources et détient, selon toute vraisemblance, le record français absolu pour la diffusion des dépêches du MEMRI (14)(22 pages d’articles). Il n’est pas non plus surprenant de retrouver sur le site du CRIF (15) Pierre André Taguieff via Dreuz, pris en flagrant délit d’insulte à la mémoire de Stéphane Hessel, sans que ce média ne soit rappelé à l’ordre par les autorités compétentes, ni dénoncé par la moindre alerte antifasciste.

Rappelons que Stéphane Hessel avait rejoint les Forces française libres en 1941. Arrêté, puis torturé, il sera déporté à Buchenwald.


A. L’extrême-droite d’obédience néoconservatrice, systématiquement épargnée

Les nervis néocons déguisés en antifas épargnent donc systématiquement tout un pan de l’extrême droite Française, d’où ils tirent pourtant leurs sources théoriques.

Pas la moindre « alerte antifa» contre l’extrême droite néoconservatrice française, comme par exemple les anciens voyous du groupe Occident. Parmi eux, Xavier Raufer qui collaborait à l’Elite européenne, une revue qui faisait la promotion de l’agence portugaise Aginter-Press, contrôlée par la PIDE, la police politique du dictateur António de Oliveira Salazar. Raufer s’est depuis reconverti dans le Business sécuritaire (16).

Pas d’ « alerte antifa » contre Alain Robert qui constitua l’équipe dirigeante du Groupe union défense, puis d’Ordre nouveau l’année suivante. En 2004, il entre au Conseil national de l’UMP. Des cas similaires à MM. Raufer et Robert furent fabriqués et recyclés par dizaines grâce à « la planche à billets » du patronat : L’IUMM, via le duo Georges Albertini/Claude Harmel, les deux anciens du RNP, parti acquis à la collaboration avec l’Allemagne nazie.

Pour aller plus loin : Droite et extrême droite : autopsie d’un lien de consanguinité (17).

B. Les théoriciens de l’islamophobie, eux aussi systématiquement épargnés

En effet, pas d’« alerte antifa » non plus pour les adeptes de la théorie Eurabia. Inventé par l’essayiste Bat Ye’or, ce fantasme islamophobe voudrait nous faire croire que les élites européennes chercheraient à soumettre l’Europe au monde arabe afin de former une nouvelle entité appelée Eurabie. Cette thèse délirante fut comparée à la théorie du complot juif (18) des Protocoles des Sages de Sion par le journaliste et écrivain Johann Hari.

Voir : Ils se revendiquent islamophobes (19)

Egalement épargné par les « alertes antifa », le théoricien Pierre-André Taguieff, auteur et administrateur durant plusieurs années de l’officine de propagande de Bat Ye’Or, DREUZ.info (20). Rappel sans appel : « Deux millions de musulmans en France, ce sont deux millions d’intégristes potentiels. » Pierre-André Taguieff (21), France Inter, 1997.

Pourquoi les antifas n’alertent-ils pas contre le racisme non voilé de Finkielkraut


A- Pourquoi les militants anti-guerres de gauche en sont arrivés à accepter les bombardements de l’OTAN ?

Domenico Losurdo est un philosophe qui enseigne l’histoire de la philosophie à l’université d’Urbino (Italie). Dans une chronique publiée sur son blog, intitulée « du mensonge dans le cadre de la machine de guerre impérialiste », Losurdo décrypte la rhétorique belliqueuse qui a servi à justifier un grand nombre d’interventions de l’Occident ces dernières années :

« L’année 1989 est celle où le passage de la société du spectacle au spectacle comme technique de guerre se manifestait à l’échelle planétaire. Nicolae Ceaucescu est encore au pouvoir en Roumanie. Comment le renverser ? Les médias occidentaux diffusent massivement dans la population roumaine les informations et les images du « génocide » opéré à Timisoara par la police précisément de Ceaucescu. Deux ans après, en 1991, survenait la première guerre du Golfe. La situation n’était pas facile pour le Pentagone (et pour la Maison Blanche). Il s’agissait de convaincre de la nécessité de la guerre une population sur laquelle pesait encore le souvenir du Vietnam. Alors généreusement ou fabuleusement récompensée, une agence publicitaire trouvait remède à tout. Elle dénonçait le fait que les soldats irakiens coupaient les « oreilles » aux Koweitiens qui résistaient. Mais le coup de théâtre de cette campagne était ailleurs : les envahisseurs avaient fait irruption dans un hôpital « en sortant 312 nouveau-nés de leurs couveuses et en les laissant mourir de froid sur le pavement de l’hôpital de Koweït City » (Macarthur 1992, p. 54). Brandie à l’envie par le président Bush junior, réaffirmée au Congrès, avalisée par la presse la plus autorisée et jusque par Amnesty international, cette information si horrible mais si circonstanciée aussi, au point d’indiquer avec une précision absolue le nombre de morts, ne pouvait pas ne pas provoquer une bouleversante vague d’indignation : Saddam Hussein était le nouvel Hitler, la guerre contre lui était non seulement nécessaire mais urgente même et ceux qui s’y opposaient ou étaient récalcitrants devaient être considérés comme des complices, plus ou moins conscients, du nouvel Hitler ! L’information était évidemment une invention savamment produite et diffusée par»

L’article complet : Industrie du mensonge et guerre impérialiste (22)




B- Les "mauvais régimes" selon les imposteurs maquillés en antifascistes

Ils ont été soigneusement sélectionnés par les administrations américaines successives, largement inspirées par le texte néoconservateur fondateur du PNAC (23), un document édifiant que chacun devrait avoir à l’esprit avant de lire une « alerte antifa » ou un article géopolitique. Ces pays sont désormais parqués dans un univers médiatique consensuel qui les désigne depuis 2000 sous le nom d’Axe du Mal (24), sémantique illustrant une terreur de Satan et donc une guerre religieuse, ce qui a de quoi sidérer quand on se veut une démocratie laïque. Les pays sélectionnés font l’objet de sanctions diverses restreignant leur activité économique et/ou subissent une invasion barbare occidentale mortifère. Pour repérer les discours faussement antifascistes des vrais, il suffit d’observer les pays que ces alertes ciblent … et surtout ceux qu’elles épargnent. En effet, les publications « antifas » tentent toujours de mobiliser les opinions de gauche contre tous les opposants aux guerres d’ingérence (fussent-ils de gauche et d’extrême-gauche, voire anars), et pratiquent « l’indignation humanitaire sélective » ou le grossier mensonge par omission. Sous les paroles d’apparence libertaire et toujours sous un prétexte humanitaire culpabilisant, la police de la pensée néoconservatrice est omniprésente.

C- Syrie : point Godwin pour un massacre

Lorsque « Indymedia Paris » titre sa chronique « Alerte antifasciste Lille conférence de soutien à Bachar-el-Assad » (25), en substance la méthode est habituelle et consiste à faire croire qu’il y a un rapprochement entre le Parti Baas (26) Syrien, la gauche anti-impérialiste pacifiste, et l’extrême droite dont une partie reste antisioniste. Pour ce faire, la novlangue néocons usuelle se fonde sur l’utilisation du point Godwin (27), lui-même appuyé sur l’idée que le dirigeant désigné à la vindicte planétaire (par des coalitions variables sous contrôle de l’OTAN) est un nouvel Hitler et que celui ou celle qui pense que la paix passe par la diplomatie est un négationniste voire un nazi. Pour ce faire, il convient de placer des mots magiques tels que « Hitler », « Staline », « Rouge-brun » et autres anathèmes dans un minimum d’espace, se dispensant ainsi de tout argument politique puisque l’adversaire est un infâme avec qui il ne convient pas de dialoguer. Ce dessin de Fakir illustre avec humour ces campagnes d’infamie par la méthode de l’amalgame :

D- Une propagande identique servit de prétexte en Irak

En 2002, les membres du cercle de l’oratoire(28)diffusaient un message digne de la novlangue Orwellienne de "1984". Le but, à cette période, était de faire la promotion de la guerre menée par Bush en Irak avec une constante invariable en toile de fond : le Front National, monstre utile des néocons français, qui leur permet de faire oublier leur propre monstruosité. Pour faire la promotion d’une guerre, il ne faut surtout pas négliger d’assimiler tout pacifiste à l’épouvantail FN. Pascal Bruckner, André Glucksmann et Romain Goupil (29) écrivaient :

« Force est de constater que l’antiaméricanisme n’est pas un accident de l’actualité ou la simple réticence face à l’administration de Washington, mais le credo d’une politique qui soude les uns avec les autres, en dépit de leurs divergences, le Front national et les Verts, les socialistes et les conservateurs, les communistes, les souverainistes… A droite comme à gauche, ils sont rares ceux qui n’ont pas cédé à ce "nationalisme des imbéciles" qui est toujours un symptôme de ressentiment et de déclin. »

1. « Saddam Hussein utilise des gaz de combat » (comme en Syrie) :

Le lecteur n’aura pas manqué de remarquer que la méthode développée est adaptable au cas syrien, nous aurions pu prendre pour titre « Assad utilise des gaz de combat sur sa population ».

En réalité, si Saddam Hussein a bien utilisé des gaz à des fins militaires, ce fut dans les années 80, contre les troupes iraniennes. En aout 2013, le magazine Foreign Policy apporte d’ailleurs la preuve que les Etats Unis avaient connaissance de ce crime de guerre dès 1983 (30).

Cependant, les Etats-Unis attendront 20 ans avant de s’en offusquer, et à ce moment là, aucune expertise (31) n’a pu confirmer que l’Irak était toujours en possession d’un tel arsenal, et encore moins qu’il ait eu quelque intention guerrière à l’égard d’une autre nation ni à l’égard de son propre peuple.

Qu’à cela ne tienne, nous sommes priés de ne pas contester le bien-fondé du subterfuge abject mis en œuvre par le gouvernement US pour assaillir l’Irak sans raison morale, dans le discours que le débat public surnommera « l’affaire du flacon d’urine » (32). La motivation géostratégique à désorganiser un pays pour y gérer les puits de pétrole et la reconstruction est pourtant transparente à tout lecteur de bonne foi.

2. « Le régime irakien opprime son peuple »

Si le régime irakien n’était pas un régime souple, les pires crimes infligés à la population irakienne ne sont pas imputables à Saddam Hussein mais à l’alliance atlantique. On estime qu’entre 1991 et 2003, un million d’enfants irakiens sont morts suite à l’embargo imposé par les Etats-Unis. La liste des produits interdits allait de simples denrées alimentaires à la quasi totalité des produits pharmaceutiques. En 1996, ce crime fut assumé par Madeleine Albright (33), secrétaire d’État de l’administration Clinton. Des informations qui ne posent pas le moindre problème de conscience à nos super résistants « antifas ». 10 ans plus tard, la Libye puis la Syrie ont droit au même traitement de mauvaise foi : l’intervention des intellectuels français (34).



"Les guerres ne commencent pas par des bombes, elles commencent par des médias-mensonges".

Le journaliste Michel Collon lutte contre la désinformation et ces guerres d’ingérences. Il s’en explique dans de nombreux articles sur son site Investig’Action (35). Pour cette raison, il est souvent en première ligne face aux chantres de l’idéologie néoconservatrice déguisés en antifascistes.

Selon lui, la propagande de guerre repose sur 5 principes :

Occulter l’histoire
Occulter les intérêts économiques
Diaboliser l’adversaire
Présenter notre camp comme n’attaquant pas un peuple, mais seulement un dirigeant
Monopoliser l’information, empêcher le vrai débat

Ces principes, on les retrouve dans tous les conflits, affirme Collon. Il illustre ses propos en réexaminant plusieurs cas de propagande en Yougoslavie, en Afrique, ainsi qu’au Proche et au Moyen-Orient.

La leçon à en tirer : toutes les guerres sont économiques. Les raisons humanitaires ne sont faites que pour emporter l’adhésion des populations des pays agresseurs.

Les 5 principes de la propagande de guerre (36)


Pour le lecteur inattentif, peu au fait de la géopolitique, ou crédule, ce site semble relayer des informations d’inspiration libertaire, anarchiste, humanitaire et antiraciste. Une source antifa s’il en est, mais a priori seulement. Car ce que nous avons vu plus haut n’est pas une anecdote : nous avons soumis Indymedia Paris à son propre moteur de recherche en guise de détecteur de mensonge par omission :

Comparons les résultats de recherche pour « Hugo Chavez » (37)(une liste entière d’articles qui l’attaquent directement) et pour « Arabie saoudite » (38) (trois articles critiques) ou « Qatar » (39)(une critique directe de ce régime). Nos « antifascistes » sont très bruyants quand il s’agit de désigner les cibles choisies par les néoconservateurs et leurs théoriciens fascisants (Rassemblement solidarité Syrie devant l’Ambassade d’Iran – paris indymedia (40)).

A- Les régimes réellement fascistes épargnés

En revanche, l’émirat du Qatar qui de facto possède tous les critères d’un régime fasciste, reste lui miraculeusement épargné par la critique alors même que notre régime entretient en notre nom des relations privilégiées avec ses gouvernants. Dans ce régime, la liberté d’expression est soumise à des restrictions strictes, des cas de torture sont régulièrement signalés, les femmes continuent de subir des discriminations et des violences, dans la législation et en pratique, et les travailleurs migrants, qui forment la majorité de la main-d’œuvre, sont exploités et maltraités. Ainsi, le lundi 21 octobre 2013, 15 années de prison (41) furent confirmées pour le poète Mohamed Ibn Al Dheeb, qui a écrit un poème considéré comme critique envers la famille royale.

Autre allié historique des occidentaux généralement épargné par les imposteurs, l’Arabie Saoudite. Liée aux États-Unis par des intérêts financiers depuis la ratification du Pacte de Quincy (42) en février 1945, cette monarchie absolue autoproclamée est l’un des régimes les plus violents que l’Histoire du monde ait connu, comme par exemple sur le dossier accablant des violences faites aux LGBT. Pas de commentaire sur Indymedia Paris, voir les résultats de la recherche. A l’exception de quelques rares notes, les atrocités commises par le Royaume wahhabite (43) ne semblent pas être prioritaires sur ce site.

Une omission révélatrice quand nous comparons ce traitement avec celui qui fut réservé à l’ancien président socialiste du Venezuela Hugo Chavez. Il est instructif de constater qu’un site puisse dépenser autant d’énergie pour s’acharner sur un chef d’un Etat laïc qui a échappé à un coup d’état organisé par les États-Unis (44) grâce au soutien de son peuple. Et malgré des problèmes récurrents (approvisionnements, corruption, inflation, banditisme, insécurité), le Venezuela a su fait des efforts pour développer une vraie structure sociale et des services jusqu’aux villages les plus reculés.

B- L’assimilation du défenseur des opprimés à un oppresseur fasciste

S’il est assez aisé de voir que le « néolibéralisme » a remplacé le « capitalisme » dans le vocabulaire des élites gouvernantes contemporaines, les autres euphémismes et exagérations de la novlangue néocon ne sont pas toujours aussi faciles à reconnaître. Cela correspond malheureusement à une technique de déculturation politique des lecteurs par le vol des mots issus des luttes populaires. Maxime Vivas milite contre les guerres impériales et est coadministrateur du site Le Grand Soir. Le journal revenait en 2012, à l’occasion d’un débat sur les médias libres, sur la campagne de diffamation dont il avait été victime : une action menée par plusieurs médias qui se présentent comme appartenant à la « gauche » dont certains pratiquent « l’alerte antifa » : Rue89, Charlie Hebdo, article 11, CQFD et le site lyonnais Rebellyon, qui conclut comme à l’accoutumée : «les fachos hors de nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ». On pourrait en rire quand on connaît la plume de Maxime Vivas et la ligne éditoriale du Grand Soir, mais au final cette dérive est extrêmement dangereuse. En effet, des slogans qui parlent « d’écraser les fachos » (alertes antifascistes), ou des encouragements guerriers tels que « pas de quartiers » (rebellyon) sont susceptibles de faciliter le passage à l’acte de castagneurs contre des cibles ainsi désignées et qui, de plus, sont tout sauf fascisantes.

A l’occasion de cette rencontre, Maxime Vivas expliquait aussi le rôle de Reporters sans Frontières (RSF) au service d’une cause sans rapport avec les objectifs affichés. Il dévoile les paravents de RSF en dollars, il revient longuement sur la personnalité de Robert Ménard, ancien président de RSF et peut-être futur Maire de Béziers, soutenu aujourd’hui par le Front National.

La face cachée de Reporters sans frontières (45)



Pour comprendre l’intérêt des stratèges pour l’Ukraine, il faut avoir lu "Le grand échiquier", du théoricien Zbigniew Brezinski (46). Il déclare sans ambage "celui qui gouverne le heartland (l’Europe de l’est et le continent nord asiatique) domine l’île monde (le Nord riche, l’Eurasie et les sources d’énergies) et qui gouverne l’île monde domine le monde [...] Le pivot géopolitique est un Etat dont l’importance tient moins à sa puissance réelle et sa motivation qu’à sa situation géographique sensible et sa vulnérabilité potentielle."

Pour ce géostratège qui a conseillé les présidents Carter, George W. Bush et Obama, l’Ukraine est l’un de ces 5 pivots. Et il a des projets pour elle : "L’indépendance de l’Ukraine modifie la structure de l’Etat russe. De ce seul fait, cette case importante de l’échiquier géopolitique est un pivot : sans l’Ukraine, la Russie n’est plus un empire en Eurasie."

Repassons Indymédia Paris au détecteur de mensonges par omission (47). Sans plus de surprise nous ne trouvons pas le moindre dossier sur les néo-nazis en Ukraine (48) qui sont pourtant bien présents dans le gouvernement actuel non élu de Kiev. Rebellyon affiche le même vide sidéral(49) face à un nouveau gouvernement composé vice-premier ministre et trois autres ministres membres du parti d’extrème-droite Svoboda… L’antifascisme à décidément des œillères très sélectives.

Rappelons qu’en 1998, lors d’une conférence, Brezinski déclarait : "L’Ukraine constitue l’enjeu essentiel (pour soumettre l’Eurasie) [...]. Si l’occident devait choisir entre une Ukraine démocratique et une Ukraine indépendante, ce sont les intérêts stratégiques et non des considérations démocratiques qui devront déterminer notre position."

Conclusion :

Il arrive que l’histoire se répète, les corbeaux sont là pour nous le rappeler : à l’instar des militants de l’extrême droite (50)identitaire des années 60 et 70 qui produisaient des brochures anonymes anti-Mitterrand et anti-communistes via la « Société d’Etudes et de Recherches Visuelles d’Impression » financée par l’UIMM (la caisse noire du patronat (51)), les petites frappes de la nébuleuse néocon utilisent la même stratégie d’intimidation. Une seule différence : la couleur des publications, adaptée à notre époque. Elles ont viré aux couleurs libertaires et altermondialistes, dans des publications qui se réclament de l’antifascisme. Pour le reste, très peu de différences : le corbeau de droite d’hier était un jeune cogneur nostalgique du colonialisme (52), alors que le néo-corbeau d’aujourd’hui est un défenseur acharné du néocolonialisme (53)guerrier sur fond de thèses fascistes. Cependant, vous en conviendrez, l’erreur serait impardonnable de confondre quelques barbouzes au service de la pensée néoconservatrice prédatrice et fascisante avec le véritable esprit libertaire, solidaire et pacifiste. Pour cette raison, il nous a semblé utile de rappeler le sens de ces valeurs en laissant la conclusion de ce billet à un illustre anarchiste :


I- L’alerte antifasciste : décryptage d’une manipulation


A- Une source néoconservatrice commune à ces pseudo alertes antifascistes


B- Trois marqueurs révélateurs de l’idéologie contenue dans la pseudo alerte antifa


II- Deux poids deux mesures, ceux que l’alerte antifasciste épargne


III- Ceux qui sont ciblés par l’alerte antifasciste


IV- Leur but non-avoué : interdire le débat public contre le néocolonialisme


V- L’exemple type : Indymedia Paris soumis à l’épreuve du détecteur de mensonges


VI- Extrême droite en Ukraine : sans surprise, pas d’alerte antifa
Notes

Source : anticons.wordpress : http://anticons.wordpress.com/2014/03/20/indymedia-paris-et-les-antifas-soumis-au-detecteur-de-mensonge/

(1) http://anticons.wordpress.com/2013/12/01/de-bhl-a-charlie-hebdo-la-propagande-neoconservatrice-deguisee-en-gauche-progressiste/

(2) http://paris.indymedia.org/spip.php?article13222

(3) http://rebellyon.info/Alerte-antifasciste-Etienne.html

(4) http://anticons.wordpress.com/2013/09/09/rudy-reichstadt-opportuniste-neo-conservateur/

(5) http://www.conspiracywatch.info/search/MEMRI/

(6) http://ripostelaique.com/?s=memri

(7) http://www.liberation.fr/societe/2012/03/23/riposte-laique-condamne-pour-ses-propos-islamophobes_805330

(8) http://www.conspiracywatch.info/search/Pierre+Andre+Taguieff/

(9) http://www.dreuz.info/?s=memri

(10) http://en.wikipedia.org/wiki/Palestinian_Media_Watch

(11) https://www.amnesty.org/fr/region/israel-occupied-palestinian-territories/report-2012

(12) http://www.conspiracywatch.info/search/Palestinian+Media+Watch/

(13) http://www.dreuz.info/?s=palestinian+media+watch

(14) http://www.crif.org/fr/sitesearch/memri?q=sitesearch/memri&pageNo=20

(15) http://www.crif.org/fr/tribune/stéphane-hessel-le-faux-grand-homme/35482

(16) http://anticons.wordpress.com/2011/12/21/le-business-securitaire/

(17) http://anticons.wordpress.com/2013/04/14/droite-et-extreme-droite-autopsie-dun-lien-de-consanguinite/

(18) http://fr.wikipedia.org/wiki/Eurabia

(19) http://anticons.wordpress.com/2011/12/21/ils-se-revendiquent-islamophobes/

(20) http://www.dreuz.info/

(21) http://anticons.wordpress.com/2013/06/01/pierre-andre-taguieff-le-neo-con-lajoie/

(22) http://www.legrandsoir.info/industrie-du-mensonge-et-guerre-imperialiste.html

(23) http://questionscritiques.free.fr/empire_americain/PNAC.pdf

(24) http://fr.wikipedia.org/wiki/Axe_du_Mal

(25) http://paris.indymedia.org/spip.php?article13267

(26) http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_Baas

(27) http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin

(28) http://fr.wikipedia.org/wiki/Cercle_de_l'Oratoire

(29) http://www.lemonde.fr/international/article/2003/04/14/point-de-vue-la-faute-par-pascal-bruckner-andre-glucksmann-et-romain-goupil_316794_3210.html

(30) http://www.slate.fr/story/76858/etats-unis-attaques-chimiques-irak-saddam-hussein

(31) http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/kelly/acteurs.html

(32) http://www.ina.fr/video/2205136001007

(33) http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1073-guerre-du-golfe-embargo-et-gamins-morts-je-n-ai-rien-oublie.html

(34) http://www.rfi.fr/france/20121022-syrie-intervention-intellectuels-francais-bernard-henri-levy-andre-glucksmann-bernard-kouchner/

(35) http://www.michelcollon.info/spip.php?page=recherche&recherche=michel+collon+&x=13&y=9

(36) http://www.dailymotion.com/video/xtz93a_les-5-principes-de-la-propagande-de-guerre_news

37) http://paris.indymedia.org/spip.php?page=recherche&recherche=Hugo+Chavez

(38) http://paris.indymedia.org/spip.php?page=recherche&recherche=arabie+saoudite

(39) http://paris.indymedia.org/spip.php?page=recherche&recherche=qatar

(40) http://paris.indymedia.org/spip.php?article13645

(41) http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/qatar-release-poet-sentenced-15-years-prison-2013-10-21

(42) http://fr.wikipedia.org/wiki/Pacte_du_Quincy

(43) http://fr.wikipedia.org/wiki/Wahhabisme

(44) https://www.youtube.com/watch?v=vuZMK0HMM68

(45) http://www.amazon.fr/face-cachée-Reporters-sans-frontières/dp/2930402695

(46) http://fr.wikipedia.org/wiki/Zbigniew_Brzeziński

(47) http://paris.indymedia.org/spip.php?page=recherche&recherche=Ukraine

(48) http://blogs.mediapart.fr/blog/marc-evelyne-dumont/090314/realites-du-neo-nazisme-en-ukraine

(49) http://rebellyon.info/spip.php?page=recherche&recherche=ukraine

(50) http://www.amazon.fr/Génération-Occident-De-lextrême-droite/dp/2020614138

(51) http://www.humanite.fr/mot-cle/caisse-noire

(52) http://fr.wikipedia.org/wiki/Colonialisme

(53) http://fr.wikipedia.org/wiki/Néocolonialisme