Depuis quelques années nous avons vu fleurir de nombreux groupuscules se réclamant de la lutte antifasciste.
Ces
activistes sont-ils les dignes héritiers de l’antifascisme historique,
celui issu de la coalition de partis de gauche à l’origine de la
formation du Front populaire qui, sous l’occupation, résista à
l’Allemagne nazie et au régime de la collaboration ?
Mais
s’agit-il de protestations de bonne foi ? Quelles sont leurs sources ?
Leur raisonnement tient-il debout ? Qui se cache derrière ces pseudo
"antifas"?
L’alerte
(pseudo)-antifasciste s’apparente à une chasse aux sorcières
maccarthyste, déguisée en combat contre le racisme. Elle est menée par
quelques publications aux méthodes insidieuses et bien rodées (voir la
propagande néoconservatrice déguisée en gauche progressiste (1)).
Derrière une façade pétrie d’idéaux et de symbolique d’inspiration
libertaire, il s’agit pourtant bien d’outils de propagande
néoconservatrice, donc raciste et guerrière.
Le procédé utilisé
par de faux antifascistes mais vrais néoconservateurs est simple : une
campagne médiatique haineuse contre une personne ou un groupe, avec pour
seuls arguments l‘amalgame, l’insinuation et le procès. Par le biais
d’un tract ou d’un article infamant, ces soi-disant défenseurs des
libertés tentent, par exemple de faire annuler une conférence si elle
sort de la ligne éditoriale des néoconservateurs.
Exemples d’alertes : Alerte antifasciste paris.indymedia (2) ou encore Alerte antifasciste Rebellyon.info (3)
Les
personnes décriées, intimidées, diabolisées, ont pour seul point commun
la contestation du leadership étatsunien sur le reste du monde, et de
la politique d’apartheid et de spoliation du gouvernement israélien
contre le peuple palestinien. Nous retrouvons constamment les mêmes
cibles : Des gens de gauche, de droite et d’extrême droite,
systématiquement assimilés sans distinction. Par ailleurs, l’extrême
droite y représente un point d’ancrage argumentaire permanent, signe
d’une manipulation évidente également en usage dans les rangs des
réseaux néocons comme nous allons le voir.
A
la source des alertes, nous retrouvons généralement le blog administré
par Rudy Reichstadt (4) « Conspiracy Watch », le doigt inquisiteur qui
sert de grille de lecture à l’ensemble des protagonistes de la galaxie
néocons. Pour le contenu de leurs alertes, nos petites frappes rééditent
en permanence le même papier et si la démarche n’était pas aussi
perverse, nous pourrions parler de « comique de répétition ».
1-
Parmi les dossiers antimusulmans, Rudy Reichstadt cite 22 fois le MEMRI
(5), l’officine de propagande néoconservatrice, considérée par beaucoup
de médias de gauche américains comme l’usine à fabriquer du
consentement occidental aux guerres pétrolifères, et de l’islamophobie.
Rappelons que l’on retrouve au sein du MEMRI des acteurs décisionnels de
la gouvernance G.W. Bush (dossier complet ici). Dans son utilisation du
MEMRI, Rudy Reichstadt se paie même le luxe de battre le site d’extrême
droite Riposte Laïque (6), qui pourtant n’est pas avare dans le domaine
de la haine antimusulman (7).
2- La recherche «
Pierre-André Taguieff » (8) sur le moteur de recherche du site
Conspiracy Watch donne 69 résultats. Or, Monsieur Taguieff était un
théoricien zélé du Cercle de l’Oratoire, groupuscule intellectuel
omniprésent dans les médias français pour vous faire avaler la pilule
des guerres bushiennes en Afghanistan et en Irak, grâce à l’image
d’intellectuel de gauche de certains de leurs membres. Pendant de
longues années et jusqu’il y a encore quelques mois, Monsieur Taguieff
était administrateur du site d’extrême droite Dreuz.info (dont les
auteurs affichent une islamophobie décomplexée), et bien entendu le
MEMRI (9) représente aussi une source de premier choix pour Dreuz.
3-
Palestinian Media Watch (10), l’autre site de propagande antimusulmane,
est géré par Itamar Marcus, un israélien qui vit dans une colonie
d’Efrat en Cisjordanie située en territoire palestinien, en violation du
droit international (11). Jusqu’à récemment, Itamar Marcus occupait le
poste de vice-président de la Caisse Centrale d’Israël (Central Fund of
Israël), une ONG de droite basée à New York, en réalité en charge du
financement des groupuscules colons israéliens les plus violents. Ces
dernières années, Itamar Marcus est l’auteur de nombreux rapports
douteux, censés documenter une agressivité palestinienne à l’égard
d’Israël. Ces rapports témoignent d’une diabolisation dans le but
d’empêcher la création d’un Etat palestinien.
Source : Israel News | Haaretz, Israel News | Haaretz, CounterPunch
Palestinian
Media Watch (12) est présent deux fois sur Conspiracy Watch, et
exploité à l’extrême par Dreuz (13), la continuité idéologique du site
de Rudy Reichstadt. Mais la palme revient au site du CRIF qui se réfère
abondamment à Palestinian Media Watch. Il n’y a donc rien de très
surprenant de voir cette agence être soutenue par le CRIF, qui
visiblement n’est pas très regardant sur l’origine de ses sources et
détient, selon toute vraisemblance, le record français absolu pour la
diffusion des dépêches du MEMRI (14)(22 pages d’articles). Il n’est pas
non plus surprenant de retrouver sur le site du CRIF (15) Pierre André
Taguieff via Dreuz, pris en flagrant délit d’insulte à la mémoire de
Stéphane Hessel, sans que ce média ne soit rappelé à l’ordre par les
autorités compétentes, ni dénoncé par la moindre alerte antifasciste.
Rappelons
que Stéphane Hessel avait rejoint les Forces française libres en 1941.
Arrêté, puis torturé, il sera déporté à Buchenwald.
A. L’extrême-droite d’obédience néoconservatrice, systématiquement épargnée
Les
nervis néocons déguisés en antifas épargnent donc systématiquement tout
un pan de l’extrême droite Française, d’où ils tirent pourtant leurs
sources théoriques.
Pas la moindre « alerte antifa» contre
l’extrême droite néoconservatrice française, comme par exemple les
anciens voyous du groupe Occident. Parmi eux, Xavier Raufer qui
collaborait à l’Elite européenne, une revue qui faisait la promotion de
l’agence portugaise Aginter-Press, contrôlée par la PIDE, la police
politique du dictateur António de Oliveira Salazar. Raufer s’est depuis
reconverti dans le Business sécuritaire (16).
Pas d’ « alerte
antifa » contre Alain Robert qui constitua l’équipe dirigeante du Groupe
union défense, puis d’Ordre nouveau l’année suivante. En 2004, il entre
au Conseil national de l’UMP. Des cas similaires à MM. Raufer et Robert
furent fabriqués et recyclés par dizaines grâce à « la planche à
billets » du patronat : L’IUMM, via le duo Georges Albertini/Claude
Harmel, les deux anciens du RNP, parti acquis à la collaboration avec
l’Allemagne nazie.
Pour aller plus loin : Droite et extrême droite : autopsie d’un lien de consanguinité (17).
B. Les théoriciens de l’islamophobie, eux aussi systématiquement épargnés
En
effet, pas d’« alerte antifa » non plus pour les adeptes de la théorie
Eurabia. Inventé par l’essayiste Bat Ye’or, ce fantasme islamophobe
voudrait nous faire croire que les élites européennes chercheraient à
soumettre l’Europe au monde arabe afin de former une nouvelle entité
appelée Eurabie. Cette thèse délirante fut comparée à la théorie du
complot juif (18) des Protocoles des Sages de Sion par le journaliste et
écrivain Johann Hari.
Voir : Ils se revendiquent islamophobes (19)
Egalement
épargné par les « alertes antifa », le théoricien Pierre-André
Taguieff, auteur et administrateur durant plusieurs années de l’officine
de propagande de Bat Ye’Or, DREUZ.info (20). Rappel sans appel : « Deux
millions de musulmans en France, ce sont deux millions d’intégristes
potentiels. » Pierre-André Taguieff (21), France Inter, 1997.
Pourquoi les antifas n’alertent-ils pas contre le racisme non voilé de Finkielkraut
A- Pourquoi les militants anti-guerres de gauche en sont arrivés à accepter les bombardements de l’OTAN ?
Domenico
Losurdo est un philosophe qui enseigne l’histoire de la philosophie à
l’université d’Urbino (Italie). Dans une chronique publiée sur son blog,
intitulée « du mensonge dans le cadre de la machine de guerre
impérialiste », Losurdo décrypte la rhétorique belliqueuse qui a servi à
justifier un grand nombre d’interventions de l’Occident ces dernières
années :
« L’année 1989 est celle où le passage de la société du
spectacle au spectacle comme technique de guerre se manifestait à
l’échelle planétaire. Nicolae Ceaucescu est encore au pouvoir en
Roumanie. Comment le renverser ? Les médias occidentaux diffusent
massivement dans la population roumaine les informations et les images
du « génocide » opéré à Timisoara par la police précisément de
Ceaucescu. Deux ans après, en 1991, survenait la première guerre du
Golfe. La situation n’était pas facile pour le Pentagone (et pour la
Maison Blanche). Il s’agissait de convaincre de la nécessité de la
guerre une population sur laquelle pesait encore le souvenir du Vietnam.
Alors généreusement ou fabuleusement récompensée, une agence
publicitaire trouvait remède à tout. Elle dénonçait le fait que les
soldats irakiens coupaient les « oreilles » aux Koweitiens qui
résistaient. Mais le coup de théâtre de cette campagne était ailleurs :
les envahisseurs avaient fait irruption dans un hôpital « en sortant 312
nouveau-nés de leurs couveuses et en les laissant mourir de froid sur
le pavement de l’hôpital de Koweït City » (Macarthur 1992, p. 54).
Brandie à l’envie par le président Bush junior, réaffirmée au Congrès,
avalisée par la presse la plus autorisée et jusque par Amnesty
international, cette information si horrible mais si circonstanciée
aussi, au point d’indiquer avec une précision absolue le nombre de
morts, ne pouvait pas ne pas provoquer une bouleversante vague
d’indignation : Saddam Hussein était le nouvel Hitler, la guerre contre
lui était non seulement nécessaire mais urgente même et ceux qui s’y
opposaient ou étaient récalcitrants devaient être considérés comme des
complices, plus ou moins conscients, du nouvel Hitler ! L’information
était évidemment une invention savamment produite et diffusée par»
L’article complet : Industrie du mensonge et guerre impérialiste (22)
B- Les "mauvais régimes" selon les imposteurs maquillés en antifascistes
Ils
ont été soigneusement sélectionnés par les administrations américaines
successives, largement inspirées par le texte néoconservateur fondateur
du PNAC (23), un document édifiant que chacun devrait avoir à l’esprit
avant de lire une « alerte antifa » ou un article géopolitique. Ces pays
sont désormais parqués dans un univers médiatique consensuel qui les
désigne depuis 2000 sous le nom d’Axe du Mal (24), sémantique illustrant
une terreur de Satan et donc une guerre religieuse, ce qui a de quoi
sidérer quand on se veut une démocratie laïque. Les pays sélectionnés
font l’objet de sanctions diverses restreignant leur activité économique
et/ou subissent une invasion barbare occidentale mortifère. Pour
repérer les discours faussement antifascistes des vrais, il suffit
d’observer les pays que ces alertes ciblent … et surtout ceux qu’elles
épargnent. En effet, les publications « antifas » tentent toujours de
mobiliser les opinions de gauche contre tous les opposants aux guerres
d’ingérence (fussent-ils de gauche et d’extrême-gauche, voire anars), et
pratiquent « l’indignation humanitaire sélective » ou le grossier
mensonge par omission. Sous les paroles d’apparence libertaire et
toujours sous un prétexte humanitaire culpabilisant, la police de la
pensée néoconservatrice est omniprésente.
C- Syrie : point Godwin pour un massacre
Lorsque
« Indymedia Paris » titre sa chronique « Alerte antifasciste Lille
conférence de soutien à Bachar-el-Assad » (25), en substance la méthode
est habituelle et consiste à faire croire qu’il y a un rapprochement
entre le Parti Baas (26) Syrien, la gauche anti-impérialiste pacifiste,
et l’extrême droite dont une partie reste antisioniste. Pour ce faire,
la novlangue néocons usuelle se fonde sur l’utilisation du point Godwin
(27), lui-même appuyé sur l’idée que le dirigeant désigné à la vindicte
planétaire (par des coalitions variables sous contrôle de l’OTAN) est un
nouvel Hitler et que celui ou celle qui pense que la paix passe par la
diplomatie est un négationniste voire un nazi. Pour ce faire, il
convient de placer des mots magiques tels que « Hitler », « Staline », «
Rouge-brun » et autres anathèmes dans un minimum d’espace, se
dispensant ainsi de tout argument politique puisque l’adversaire est un
infâme avec qui il ne convient pas de dialoguer. Ce dessin de Fakir
illustre avec humour ces campagnes d’infamie par la méthode de
l’amalgame :
D- Une propagande identique servit de prétexte en Irak
En
2002, les membres du cercle de l’oratoire(28)diffusaient un message
digne de la novlangue Orwellienne de "1984". Le but, à cette période,
était de faire la promotion de la guerre menée par Bush en Irak avec une
constante invariable en toile de fond : le Front National, monstre
utile des néocons français, qui leur permet de faire oublier leur propre
monstruosité. Pour faire la promotion d’une guerre, il ne faut surtout
pas négliger d’assimiler tout pacifiste à l’épouvantail FN. Pascal
Bruckner, André Glucksmann et Romain Goupil (29) écrivaient :
«
Force est de constater que l’antiaméricanisme n’est pas un accident de
l’actualité ou la simple réticence face à l’administration de
Washington, mais le credo d’une politique qui soude les uns avec les
autres, en dépit de leurs divergences, le Front national et les Verts,
les socialistes et les conservateurs, les communistes, les
souverainistes… A droite comme à gauche, ils sont rares ceux qui n’ont
pas cédé à ce "nationalisme des imbéciles" qui est toujours un symptôme
de ressentiment et de déclin. »
1. « Saddam Hussein utilise des gaz de combat » (comme en Syrie) :
Le
lecteur n’aura pas manqué de remarquer que la méthode développée est
adaptable au cas syrien, nous aurions pu prendre pour titre « Assad
utilise des gaz de combat sur sa population ».
En réalité, si
Saddam Hussein a bien utilisé des gaz à des fins militaires, ce fut dans
les années 80, contre les troupes iraniennes. En aout 2013, le magazine
Foreign Policy apporte d’ailleurs la preuve que les Etats Unis avaient
connaissance de ce crime de guerre dès 1983 (30).
Cependant, les
Etats-Unis attendront 20 ans avant de s’en offusquer, et à ce moment là,
aucune expertise (31) n’a pu confirmer que l’Irak était toujours en
possession d’un tel arsenal, et encore moins qu’il ait eu quelque
intention guerrière à l’égard d’une autre nation ni à l’égard de son
propre peuple.
Qu’à cela ne tienne, nous sommes priés de ne pas
contester le bien-fondé du subterfuge abject mis en œuvre par le
gouvernement US pour assaillir l’Irak sans raison morale, dans le
discours que le débat public surnommera « l’affaire du flacon d’urine »
(32). La motivation géostratégique à désorganiser un pays pour y gérer
les puits de pétrole et la reconstruction est pourtant transparente à
tout lecteur de bonne foi.
2. « Le régime irakien opprime son peuple »
Si
le régime irakien n’était pas un régime souple, les pires crimes
infligés à la population irakienne ne sont pas imputables à Saddam
Hussein mais à l’alliance atlantique. On estime qu’entre 1991 et 2003,
un million d’enfants irakiens sont morts suite à l’embargo imposé par
les Etats-Unis. La liste des produits interdits allait de simples
denrées alimentaires à la quasi totalité des produits pharmaceutiques.
En 1996, ce crime fut assumé par Madeleine Albright (33), secrétaire
d’État de l’administration Clinton. Des informations qui ne posent pas
le moindre problème de conscience à nos super résistants « antifas ». 10
ans plus tard, la Libye puis la Syrie ont droit au même traitement de
mauvaise foi : l’intervention des intellectuels français (34).
"Les guerres ne commencent pas par des bombes, elles commencent par des médias-mensonges".
Le
journaliste Michel Collon lutte contre la désinformation et ces guerres
d’ingérences. Il s’en explique dans de nombreux articles sur son site
Investig’Action (35). Pour cette raison, il est souvent en première
ligne face aux chantres de l’idéologie néoconservatrice déguisés en
antifascistes.
Selon lui, la propagande de guerre repose sur 5 principes :
Occulter l’histoire
Occulter les intérêts économiques
Diaboliser l’adversaire
Présenter notre camp comme n’attaquant pas un peuple, mais seulement un dirigeant
Monopoliser l’information, empêcher le vrai débat
Ces
principes, on les retrouve dans tous les conflits, affirme Collon. Il
illustre ses propos en réexaminant plusieurs cas de propagande en
Yougoslavie, en Afrique, ainsi qu’au Proche et au Moyen-Orient.
La
leçon à en tirer : toutes les guerres sont économiques. Les raisons
humanitaires ne sont faites que pour emporter l’adhésion des populations
des pays agresseurs.
Les 5 principes de la propagande de guerre (36)
Pour
le lecteur inattentif, peu au fait de la géopolitique, ou crédule, ce
site semble relayer des informations d’inspiration libertaire,
anarchiste, humanitaire et antiraciste. Une source antifa s’il en est,
mais a priori seulement. Car ce que nous avons vu plus haut n’est pas
une anecdote : nous avons soumis Indymedia Paris à son propre moteur de
recherche en guise de détecteur de mensonge par omission :
Comparons
les résultats de recherche pour « Hugo Chavez » (37)(une liste entière
d’articles qui l’attaquent directement) et pour « Arabie saoudite » (38)
(trois articles critiques) ou « Qatar » (39)(une critique directe de ce
régime). Nos « antifascistes » sont très bruyants quand il s’agit de
désigner les cibles choisies par les néoconservateurs et leurs
théoriciens fascisants (Rassemblement solidarité Syrie devant
l’Ambassade d’Iran – paris indymedia (40)).
A- Les régimes réellement fascistes épargnés
En
revanche, l’émirat du Qatar qui de facto possède tous les critères d’un
régime fasciste, reste lui miraculeusement épargné par la critique
alors même que notre régime entretient en notre nom des relations
privilégiées avec ses gouvernants. Dans ce régime, la liberté
d’expression est soumise à des restrictions strictes, des cas de torture
sont régulièrement signalés, les femmes continuent de subir des
discriminations et des violences, dans la législation et en pratique, et
les travailleurs migrants, qui forment la majorité de la main-d’œuvre,
sont exploités et maltraités. Ainsi, le lundi 21 octobre 2013, 15 années
de prison (41) furent confirmées pour le poète Mohamed Ibn Al Dheeb,
qui a écrit un poème considéré comme critique envers la famille royale.
Autre
allié historique des occidentaux généralement épargné par les
imposteurs, l’Arabie Saoudite. Liée aux États-Unis par des intérêts
financiers depuis la ratification du Pacte de Quincy (42) en février
1945, cette monarchie absolue autoproclamée est l’un des régimes les
plus violents que l’Histoire du monde ait connu, comme par exemple sur
le dossier accablant des violences faites aux LGBT. Pas de commentaire
sur Indymedia Paris, voir les résultats de la recherche. A l’exception
de quelques rares notes, les atrocités commises par le Royaume wahhabite
(43) ne semblent pas être prioritaires sur ce site.
Une omission
révélatrice quand nous comparons ce traitement avec celui qui fut
réservé à l’ancien président socialiste du Venezuela Hugo Chavez. Il est
instructif de constater qu’un site puisse dépenser autant d’énergie
pour s’acharner sur un chef d’un Etat laïc qui a échappé à un coup
d’état organisé par les États-Unis (44) grâce au soutien de son peuple.
Et malgré des problèmes récurrents (approvisionnements, corruption,
inflation, banditisme, insécurité), le Venezuela a su fait des efforts
pour développer une vraie structure sociale et des services jusqu’aux
villages les plus reculés.
B- L’assimilation du défenseur des opprimés à un oppresseur fasciste
S’il
est assez aisé de voir que le « néolibéralisme » a remplacé le «
capitalisme » dans le vocabulaire des élites gouvernantes
contemporaines, les autres euphémismes et exagérations de la novlangue
néocon ne sont pas toujours aussi faciles à reconnaître. Cela correspond
malheureusement à une technique de déculturation politique des lecteurs
par le vol des mots issus des luttes populaires. Maxime Vivas milite
contre les guerres impériales et est coadministrateur du site Le Grand
Soir. Le journal revenait en 2012, à l’occasion d’un débat sur les
médias libres, sur la campagne de diffamation dont il avait été victime :
une action menée par plusieurs médias qui se présentent comme
appartenant à la « gauche » dont certains pratiquent « l’alerte antifa »
: Rue89, Charlie Hebdo, article 11, CQFD et le site lyonnais Rebellyon,
qui conclut comme à l’accoutumée : «les fachos hors de nos quartiers,
pas de quartier pour les fachos ». On pourrait en rire quand on connaît
la plume de Maxime Vivas et la ligne éditoriale du Grand Soir, mais au
final cette dérive est extrêmement dangereuse. En effet, des slogans qui
parlent « d’écraser les fachos » (alertes antifascistes), ou des
encouragements guerriers tels que « pas de quartiers » (rebellyon) sont
susceptibles de faciliter le passage à l’acte de castagneurs contre des
cibles ainsi désignées et qui, de plus, sont tout sauf fascisantes.
A
l’occasion de cette rencontre, Maxime Vivas expliquait aussi le rôle de
Reporters sans Frontières (RSF) au service d’une cause sans rapport
avec les objectifs affichés. Il dévoile les paravents de RSF en dollars,
il revient longuement sur la personnalité de Robert Ménard, ancien
président de RSF et peut-être futur Maire de Béziers, soutenu
aujourd’hui par le Front National.
La face cachée de Reporters sans frontières (45)
Pour
comprendre l’intérêt des stratèges pour l’Ukraine, il faut avoir lu "Le
grand échiquier", du théoricien Zbigniew Brezinski (46). Il déclare
sans ambage "celui qui gouverne le heartland (l’Europe de l’est et le
continent nord asiatique) domine l’île monde (le Nord riche, l’Eurasie
et les sources d’énergies) et qui gouverne l’île monde domine le monde
[...] Le pivot géopolitique est un Etat dont l’importance tient moins à
sa puissance réelle et sa motivation qu’à sa situation géographique
sensible et sa vulnérabilité potentielle."
Pour ce géostratège
qui a conseillé les présidents Carter, George W. Bush et Obama,
l’Ukraine est l’un de ces 5 pivots. Et il a des projets pour elle :
"L’indépendance de l’Ukraine modifie la structure de l’Etat russe. De ce
seul fait, cette case importante de l’échiquier géopolitique est un
pivot : sans l’Ukraine, la Russie n’est plus un empire en Eurasie."
Repassons
Indymédia Paris au détecteur de mensonges par omission (47). Sans plus
de surprise nous ne trouvons pas le moindre dossier sur les néo-nazis en
Ukraine (48) qui sont pourtant bien présents dans le gouvernement
actuel non élu de Kiev. Rebellyon affiche le même vide sidéral(49) face à
un nouveau gouvernement composé vice-premier ministre et trois autres
ministres membres du parti d’extrème-droite Svoboda… L’antifascisme à
décidément des œillères très sélectives.
Rappelons qu’en 1998,
lors d’une conférence, Brezinski déclarait : "L’Ukraine constitue
l’enjeu essentiel (pour soumettre l’Eurasie) [...]. Si l’occident devait
choisir entre une Ukraine démocratique et une Ukraine indépendante, ce
sont les intérêts stratégiques et non des considérations démocratiques
qui devront déterminer notre position."
Conclusion :
Il arrive que l’histoire se répète, les corbeaux sont là pour nous le
rappeler : à l’instar des militants de l’extrême droite (50)identitaire
des années 60 et 70 qui produisaient des brochures anonymes
anti-Mitterrand et anti-communistes via la « Société d’Etudes et de
Recherches Visuelles d’Impression » financée par l’UIMM (la caisse noire
du patronat (51)), les petites frappes de la nébuleuse néocon utilisent
la même stratégie d’intimidation. Une seule différence : la couleur des
publications, adaptée à notre époque. Elles ont viré aux couleurs
libertaires et altermondialistes, dans des publications qui se réclament
de l’antifascisme. Pour le reste, très peu de différences : le corbeau
de droite d’hier était un jeune cogneur nostalgique du colonialisme
(52), alors que le néo-corbeau d’aujourd’hui est un défenseur acharné du
néocolonialisme (53)guerrier sur fond de thèses fascistes. Cependant,
vous en conviendrez, l’erreur serait impardonnable de confondre quelques
barbouzes au service de la pensée néoconservatrice prédatrice et
fascisante avec le véritable esprit libertaire, solidaire et pacifiste.
Pour cette raison, il nous a semblé utile de rappeler le sens de ces
valeurs en laissant la conclusion de ce billet à un illustre anarchiste :
I- L’alerte antifasciste : décryptage d’une manipulation
A- Une source néoconservatrice commune à ces pseudo alertes antifascistes
B- Trois marqueurs révélateurs de l’idéologie contenue dans la pseudo alerte antifa
II- Deux poids deux mesures, ceux que l’alerte antifasciste épargne
III- Ceux qui sont ciblés par l’alerte antifasciste
IV- Leur but non-avoué : interdire le débat public contre le néocolonialisme
V- L’exemple type : Indymedia Paris soumis à l’épreuve du détecteur de mensonges
VI- Extrême droite en Ukraine : sans surprise, pas d’alerte antifa