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vendredi 21 mars 2014

Paris suspend sa coopération militaire avec Moscou

  

Paris suspend sa coopération militaire avec Moscou

Marine Pennetier

VARSOVIE (Reuters) - La France a annoncé vendredi la suspension de sa coopération militaire avec la Russie et s'est dite prête à participer à une éventuelle intensification de la mission de l'Otan dans les pays baltes pour rassurer ces pays sur leur sécurité face à Moscou.

L'annonce du gel de l'essentiel du partenariat militaire franco-russe survient après plusieurs semaines de menaces brandies en vain par la communauté internationale pour tenter de convaincre Moscou de renoncer à annexer la Crimée.

"Nous avons décidé d'interrompre toute coopération militaire avec la Russie" a dit le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, quelques heures après la signature par le président Vladimir Poutine des lois parachevant ce rattachement.

"C'est la suite de la décision qu'a prise le président de la République de renoncer à la réunion qui devait avoir lieu mercredi dernier entre Laurent Fabius et moi-même et nos homologues russes", a-t-il ajouté lors d'un déplacement à Tallinn, en Estonie. "On ne peut pas à la fois condamner une annexion militaire et continuer a coopérer."

Cette suspension concerne notamment les échanges de visites, les exercices conjoints et les escales de navires militaires russes en France, a-t-il précisé en soulignant que les deux pays restaient toutefois en contact dans le cadre de la mise en oeuvre des engagements internationaux.

Un exercice militaire entre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et la Russie, prévu en avril, a été annulé, a-t-on indiqué dans l'entourage du ministre.

Des awacs français ?


Lors de ses courtes étapes à Tallinn, Vilnius et Varsovie, Jean-Yves Le Drian s'est efforcé de rassurer ces pays.

"La France a entendu l'appel de ses alliés" et est prête à envoyer quatre avions de chasse en Lituanie si l'Otan décide de renforcer sa mission de protection de l'espace aérien des pays baltes, a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Tallinn.

Depuis 2004, les pays de l'Otan fournissent à tour de rôle tous les quatre mois des avions de chasse dans le cadre de la mission de "police du ciel" des pays baltes.

Ces avions sont basés à Siauliai, en Lituanie, et sont prêts à décoller en 15 minutes. Cette mission est actuellement assurée par les Etats-Unis jusqu'à fin avril. Washington, qui fournit déjà quatre avions, a annoncé récemment mettre à disposition des pays baltes six avions supplémentaires dans le cadre d'une aide bilatérale, hors Alliance atlantique.

L'Otan a décidé la semaine dernière d'effectuer des patrouilles aériennes de surveillance au-dessus de la Pologne et de la Roumanie pour rassurer ces pays face à l'amplification de la crise en Ukraine.

"Nous sommes disponibles pour effectuer des vols réguliers d'Awacs français au dessus de la Pologne et de la Roumaine à partir de notre base d'Avord en France", a fait savoir Jean-Yves Le Drian.

Le ministre polonais de la Défense, Tomasz Siemioniak, a salué l'initiative de la France.

"Il n'y a pas de danger militaire ni pour la Pologne ni pour les pays baltes mais l'Otan et nos alliés agissent, ce n'est pas juste un pacte sur le papier, il y a une action qui suit" a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune avec Jean-Yves Le Drian, à Varsovie.

Il a appelé de ses voeux un Otan "plus présent, plus fort dans l'Europe de l'Est, une politique de défense efficace au sein de l'UE qui prévoirait une augmentation des investissements et la solidarité des alliés dans tous les situations de danger".

Dans l'entourage de Jean-Yves Le Drian, on indique que ces contributions potentielles visent à "montrer aux Etats alliés que s'il se passe quelque chose, on est prêt à les soutenir"."C'est un message adressé a la Russie", ajoute-t-on.

Concernant un éventuel gel de la commande de deux navires porte-hélicoptères Mistral fabriqués en France, aucune décision ne sera prise avant octobre, au moment de la livraison du premier bâtiment, a une nouvelle fois assuré le ministre.

Le contrat, conclu en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avait été mal vu par les pays baltes.

Vendredi, à Tallinn, le ministre estonien de la Défense, Urmas Reinsalu, a appelé la France à "renoncer à transmettre" à la Russie ce "bâtiment d'attaque" et a appelé l'Union européenne et l'Otan à prendre des "décisions communes pour arrêter l'agresseur qu'est la Russie".

(Edité par Yves Clarisse)
 
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