Henri de Bodinat
Henri de Bodinat est président de Time Equity Partners.
La venue du président chinois en France devrait être l'occasion non de lui faire des courbettes mais d'analyser l'implacable stratégie industrielle chinoise. La Chine fabrique 80 % des pianos, 80 % des manteaux de fourrure, 70 % des panneaux solaires, plus de 50 % de l'électronique grand public… et du foie gras mondial. La Chine est l'usine du monde.
Près de 300 millions d'emplois créés en sept ans, une balance commerciale excédentaire de centaines de milliards de dollars, plus de 3.000 milliards de dollars de réserves : la Chine est prospère.
Ce n'est ni un hasard ni un miracle. La Chine a réinventé le capitalisme à son profit, en combinant économie de marché et oligarchie politique intelligente. La liberté d'entreprendre est confortée par une stratégie industrielle et une véritable stabilité politique.
La Chine a une stratégie précise : dominer tous les pans de l'industrie mondiale, pour devenir un géant économique, donc politique, et procurer emplois et pouvoir d'achat à sa population.
Cette stratégie à long terme d'une intelligence et d'une efficacité exceptionnelles ne peut être reproduite par la démocratie, empêtrée dans le court terme, l'électoralisme et la médiocrité, ni par les systèmes d'économie étatique, inefficaces et gaspilleurs.
La stratégie chinoise s'articule sur trois principes de base :
1. Sous-évaluer systématiquement le yuan. Le taux de change du yuan est fixé non pour équilibrer la balance commerciale mais pour maximiser la compétitivité chinoise. D'où une sous-évaluation de 30 à 50 % depuis quinze ans.
2. Subventionner massivement mais de façon sélective des filières, pour les imposer brutalement au niveau mondial. La combinaison d'un yuan sous-évalué et de fortes subventions a permis par exemple à l'industrie chinoise des panneaux solaires de balayer l'industrie européenne avec un avantage pouvant atteindre 40 % du prix de vente.
3. Acquérir la technologie occidentale en faisant du transfert de technologie une condition d'achat de produits. Nicolas Sarkozy a obligé Areva à transférer de la technologie nucléaire contre l'achat de centrales. Le rachat de Peugeot par Dongfeng conduira à une aspiration de technologies automobiles.
Cette stratégie a imposé l'industrie chinoise dans l'électronique grand public, le jouet, le textile, les équipements sportifs, le meuble, l'outillage. Elle en fera demain le leader mondial de la construction navale, de l'équipement téléphonique, du matériel de transport, de l'automobile et de l'aéronautique.
L'excédent commercial chinois crée de la croissance en Chine et de la dépression en Europe. La Chine exporte de la stagnation et importe de l'activité. L'excédent commercial annuel de la Chine a détruit plusieurs millions d'emplois en Europe. Les 20 milliards d'euros de déficit français avec la Chine équivalent à eux seuls à 400.000 emplois de moins. La Chine exporte du chômage et importe de l'emploi.
La Chine a deux types de complices dans cette stratégie fatale.
Des complices intéressés. Les entreprises sous-traitant en Chine, comme Nike ou Apple, augmentent leurs marges grâce au dumping chinois. Et, pour les distributeurs, substituer des produits chinois aux produits européens amène prix bas et marges supérieures. Plus de 50 % du chiffre d'affaires de Wal-Mart vient du made in China…
Des complices bornés. Pascal Lamy, à la tête de l'OMC, y fait rentrer la Chine, en restant muet devant les freins à l'importation, les subventions à l'exportation, les manipulations de taux de change, mais en poussant des cris d'orfraie à la moindre taxe antidumping contre la Chine… Il est représentatif d'un clan d'intégristes d'une mondialisation asymétrique, instrumentalisée, et destructrice.
Nul ne peut reprocher à la Chine de gagner la bataille industrielle mondiale. On peut reprocher à l'élite européenne son aveuglement et sa passivité face à un concurrent aussi redoutable.
La venue du président chinois en France devrait être l'occasion non de lui faire des courbettes mais d'analyser l'implacable stratégie industrielle chinoise. La Chine fabrique 80 % des pianos, 80 % des manteaux de fourrure, 70 % des panneaux solaires, plus de 50 % de l'électronique grand public… et du foie gras mondial. La Chine est l'usine du monde.
Près de 300 millions d'emplois créés en sept ans, une balance commerciale excédentaire de centaines de milliards de dollars, plus de 3.000 milliards de dollars de réserves : la Chine est prospère.
Ce n'est ni un hasard ni un miracle. La Chine a réinventé le capitalisme à son profit, en combinant économie de marché et oligarchie politique intelligente. La liberté d'entreprendre est confortée par une stratégie industrielle et une véritable stabilité politique.
La Chine a une stratégie précise : dominer tous les pans de l'industrie mondiale, pour devenir un géant économique, donc politique, et procurer emplois et pouvoir d'achat à sa population.
Cette stratégie à long terme d'une intelligence et d'une efficacité exceptionnelles ne peut être reproduite par la démocratie, empêtrée dans le court terme, l'électoralisme et la médiocrité, ni par les systèmes d'économie étatique, inefficaces et gaspilleurs.
La stratégie chinoise s'articule sur trois principes de base :
1. Sous-évaluer systématiquement le yuan. Le taux de change du yuan est fixé non pour équilibrer la balance commerciale mais pour maximiser la compétitivité chinoise. D'où une sous-évaluation de 30 à 50 % depuis quinze ans.
2. Subventionner massivement mais de façon sélective des filières, pour les imposer brutalement au niveau mondial. La combinaison d'un yuan sous-évalué et de fortes subventions a permis par exemple à l'industrie chinoise des panneaux solaires de balayer l'industrie européenne avec un avantage pouvant atteindre 40 % du prix de vente.
3. Acquérir la technologie occidentale en faisant du transfert de technologie une condition d'achat de produits. Nicolas Sarkozy a obligé Areva à transférer de la technologie nucléaire contre l'achat de centrales. Le rachat de Peugeot par Dongfeng conduira à une aspiration de technologies automobiles.
Cette stratégie a imposé l'industrie chinoise dans l'électronique grand public, le jouet, le textile, les équipements sportifs, le meuble, l'outillage. Elle en fera demain le leader mondial de la construction navale, de l'équipement téléphonique, du matériel de transport, de l'automobile et de l'aéronautique.
L'excédent commercial chinois crée de la croissance en Chine et de la dépression en Europe. La Chine exporte de la stagnation et importe de l'activité. L'excédent commercial annuel de la Chine a détruit plusieurs millions d'emplois en Europe. Les 20 milliards d'euros de déficit français avec la Chine équivalent à eux seuls à 400.000 emplois de moins. La Chine exporte du chômage et importe de l'emploi.
La Chine a deux types de complices dans cette stratégie fatale.
Des complices intéressés. Les entreprises sous-traitant en Chine, comme Nike ou Apple, augmentent leurs marges grâce au dumping chinois. Et, pour les distributeurs, substituer des produits chinois aux produits européens amène prix bas et marges supérieures. Plus de 50 % du chiffre d'affaires de Wal-Mart vient du made in China…
Des complices bornés. Pascal Lamy, à la tête de l'OMC, y fait rentrer la Chine, en restant muet devant les freins à l'importation, les subventions à l'exportation, les manipulations de taux de change, mais en poussant des cris d'orfraie à la moindre taxe antidumping contre la Chine… Il est représentatif d'un clan d'intégristes d'une mondialisation asymétrique, instrumentalisée, et destructrice.
Nul ne peut reprocher à la Chine de gagner la bataille industrielle mondiale. On peut reprocher à l'élite européenne son aveuglement et sa passivité face à un concurrent aussi redoutable.
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