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lundi 31 mars 2014

Le dernier numéro de la revue Eléments




Chateau


La mondialisation est-elle un phénomène nouveau ? Beaucoup d’auteurs assurent qu’il n’en est rien et n’hésitent pas à la faire remonter à la Renaissance, à la découverte du Nouveau Monde, voire à l’empire romain. D’autres présentent la mondialisation comme liée à l’émergence de la modernité.

On ne partagera pas cette façon de voir, qui masque ce qu’il y a de rigoureusement inédit dans ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation. (...)
En marquant le passage d’une économie internationale à une économie globalisée, la mondialisation actuelle crée un espace sans extérieur. Il n’y a plus d’extériorité par rapport à laquelle on pourrait définir le système auquel elle correspond, dans la mesure même où celui-ci tend à envahir tout le champ social. En d’autres termes, il n’y a plus d’ailleurs.

En outre, dans le passé, l’internationalisation des échanges n’a jamais exigé l’intégration des diverses communautés humaines dans une « société de marché » où le marché serait la référence paradigmatique de tous les rapports sociaux. Il y avait internationalisation des marchés, au sens où les capitaux pouvaient circuler plus librement, mais cette libre circulation n’empêchait pas les États d’exister. (...)
La plupart des systèmes capitalistes avaient eux-mêmes un ancrage national : le capitalisme spéculatif et financier n’avait pas encore pris le relais du capitalisme industriel et marchand. Les acteurs essentiels de la vie internationale étaient encore les états-nations, et c’est dans le cadre des économies nationales que le capital se formait, ce qui n’est plus le cas désormais. (...)

Le trait essentiel de la mondialisation n’est donc pas le phénomène d’ouverture des économies nationales, qui n’est effectivement pas nouveau, mais la perte de réalité de ces entités nationales sous l’effet de la décomposition des espaces de régulation nationaux.(...) Aujourd’hui, on en est à la soumission totale de la vie à la logique du profit, tandis que l’économique s’impose toujours plus au politique. La continuité historique que certains croient pouvoir observer n’est qu’une illusion.

Une nouvelle page est cependant en passe d’être tournée. La mondialisation est de nos jours critiquée de toutes parts et certains n’hésitent plus à évoquer une « démondialisation » dont les formes et les limites restent à déterminer. (...) La mondialisation n’est pas irréversible, mais elle a créé une césure irréversible.
L’« après-mondialisation » ne restituera pas le monde d’avant. Plus que la poursuite d’une aventure nationale ou civilisationnelle qui appartient à un cycle désormais achevé, mieux vaut sans doute réfléchir aux conditions possibles d’un nouveau commencement.

Dossier

Démondialisation : pourquoi les élites n’en veulent pas
• La mondialisation ou l’expansion du capital
• La mondialisation comme idéologie
• Misère de l’altermondialisme
• Démondialisation, de la théorie à la pratique

Le combat des idées

• Contre la religion de la langue unique, entretien avec Jean-Louis Davant
• La révolte qui réveille les identités assoupies, par Michel Thibault
• Les valeurs du rugby, par Pierric Guittaut
• Albert Camus l’indompté, par Pierre Le Vigan
• Hommage à Costanzo Preve, par Yves Branca
• Alain Finkielkraut, la nostalgie de la France, par Pierre Bérard
• Jean-Claude Valla, a jolly good fellow
• Paris au temps du psychédélisme, par Francis Moury
• Sur Friedrich Georg Jünger, par Christopher Gérard
• Small is beautiful, par François Bousquet
• Libertins, un pas en avant ! par Mathilde Gibelin

Et aussi...

• Mathis, Millet, Steiner, par Michel Marmin
• Chronique cinéma, par Ludovic Maubreuil
• Romans noirs, par Pierric Guittaut
• Bernard Charbonneau, par Olivier François
• Waterloo: champ de carnage, par Laurent Schang
• Sur les routes de l’Inde, par Christopher Gérard
• Sciences, par Bastien O’Danieli