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lundi 31 mars 2014

François Hollande contraint de remanier très vite

Pierre-Alain Furbury
François Hollande contraint de remanier très vite
Sous pression après le second tour des municipales, le chef de l’Etat devrait prendre la parole rapidement.

Il a suivi la soirée enfermé à l’Elysée. Comme il l’avait fait pour le premier tour. Là, depuis son bureau, alimenté « en flux continu » par ses conseillers, François Hollande a pu égrainer la liste des villes perdues par le PS, dont il sait qu’ils créeront de la rancœur à gauche. Quimper, Limoges, Saint-Etienne, Angers, Roanne, Caen, Toulouse... Le chef de l’Etat n’a pu que constater l’ampleur du vote sanction, lors de ce premier rendez-vous électoral, moins de deux ans après son arrivée au pouvoir. Et il a travaillé à son plan de bataille pour les prochains jours. Il n’a d’autre choix que d’aller vite. Pour changer de gouvernement. Et pour se faire entendre.

Dès lundi, le président devrait faire entendre sa voix, d’une manière ou d’une autre, pour montrer qu’il a entendu le message des Français et afficher son souci d’y répondre sans tarder. Il va s’entretenir lundi matin avec Manuel Valls et déjeune avec Jean-Marc Ayrault. Le remaniement est dans toutes les têtes. Il sera effectué rapidement.

« Le chef de l’Etat doit démentir le trait de caractère qu’on lui prête : l’indécision », insiste un ténor du PS. « On ne peut pas avoir, au moment de lancer le pacte de responsabilité, une immobilité de la mécanique », renchérit un ministre. François Hollande sait qu’il joue son quinquennat dans la réussite ou l’échec de la séquence qui s’ouvre. Surtout après le flop de sa promesse d’inverser la courbe du chômage en 2013 . « Le pacte, il faut le faire voter, appliquer, réussir », dit un de ses proches. Pour ce faire, il veut un gouvernement fort. « L’efficacité est le seul critère qui vaille », assure un de ses fidèles.

« Qu’il parle aux Français »

Le remaniement pourrait être annoncé rapidement. La nouvelle équipe sera mise sur pied cette semaine. En tout cas avant la rentrée parlementaire le 8 avril, qui s’annonce houleuse. Mais l’équation est compliquée. Notamment sur le nom du Premier ministre. Au sommet de l’Etat, plusieurs sources jugent qu’après ces élections, « un changement s’impose à Matignon ». et que la position de Jean-Marc Ayrault est devenue « intenable ». Pour lui succéder, Manuel Valls semble tenir la corde. Mais dans la majorité comme au gouvernement, les résistances sont fortes. Le nommer, c’est prendre le risque de susciter l’ire d’une partie du PS et de provoquer le départ des écologistes. Les uns et les autres sont montés au créneau, ces derniers jours, pour faire pression sur le président.
S’il renonce à nommer son ministre de l’Intérieur, François Hollande aurait deux noms en tête : Laurent Fabius ou Jean-Yves Le Drian. Mais le premier ne renvoie pas, selon un socialiste, « une image de modernité ». Le second a pour inconvénient d’être très semblable, trop semblable peut-être, au président.

« L’enjeu sera de montrer que le chef de l’Etat prend ses décisions seul, avec autorité, sans tomber dans l’exercice solitaire du pouvoir », prévient un haut responsable. François Hollande, qui a tout fait pour brouiller les pistes, juge en privé que le seul remaniement réussi a été le remplacement, en 1984, de Pierre Mauroy par Laurent Fabius, parce qu’il y avait « un effet de surprise » et « un sens politique ». Pour l’effet de surprise, c’est raté. Pour le sens politique, il devra s’expliquer, alors qu’il a exclu de changer de politique mais se retrouve sous la pression de l’aile gauche du PS. Les contours du pacte des responsabilité doivent être présentés rapidement, suivi, à la mi-avril, du plan d’économies promis.

François Hollande doit impérativement renouer le contact avec les Français, qui ne l’entendent plus et ne le voient plus guère. Depuis la mi-octobre, il a délaissé le terrain. Hormis ses vœux, sa dernière grande interview télévisée remonte à septembre, sur TF1. « Il serait utile qu’il dise quelque chose à un moment ou à un autre », taclait dans l’entre-deux-tours un poids lourd du PS. Un député dit espérer « qu’il parle aux gens ». « Blair ou Obama savent le faire. Mais quand les Français entendent Hollande, tacle-t-il, ils entendent la technocratie. »
 
Notes

Source : Les Echos : http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0203408630583-francois-hollande-contraint-de-remanier-tres-vite-660734.php?xtor=EPR-100-[NL_8h]-20140331-[s=461370_n=2_c=202_]-1540754@2