Dans quoi les intérêts égoïstes de l'UE et
des États-Unis vont-ils plonger l'Ukraine ? Ce 27 mars, le FMI a annoncé
son « plan d'aide » à l'Ukraine, sa première mesure : l'augmentation de
50 % des tarifs du gaz.
Le nouveau premier ministre ukrainien, le banquier Iasteniouk l'avait dit ouvertement :
« Les caisses sont vides, on fera tout pour éviter la faillite. Si on peut avoir un soutien financier du FMI, des Etats-unis, on le fera. Je suis prêt à être le premier ministre le plus impopulaire de l'histoire de mon pays ».
L'annonce du plan du FMI de 15 milliards de $ – préliminaire aux prêts accordés par l'UE et les Etats-unis, pour la même somme – montre le vrai visage des « indignés de Maidan ». La baisse du pouvoir d'achat sera terrible dans un pays où le salaire moyen est de 270 $ par mois.
D'abord, parce que le gouvernement a décidé de proclamer le gel des salaires et des retraites pour les fonctionnaires, et le salaire minimum qui s'élève à 85 $. Dans un pays où l'inflation devrait tourner entre 12 et 14 % en 2014, c'est autant de pouvoir d'achat en moins.
Ensuite,une hausse de presque toutes les taxes : taxes sur les voitures consommatrices d'énergie (celles des pauvres!) ; augmentation de l'impôt sur le revenu ; taxes sur les retraites ; enfin taxes sur le tabac ( + 30 %) et sur l'alcool ( + 40 %) qui toucheront les familles les plus vulnérables.
Enfin, la hausse des tarifs du gaz de 50 % par la suppression des subventions qui permettent aujourd'hui à des millions d'Ukrainiens de pouvoir se chauffer, se nourrir, qui leur permettent de ne pas sombrer dans la pauvreté.
Ianoukovitch avait refusé d'augmenter les tarifs : la raison du « coup d'Etat » ?
Pourquoi Viktor Ianoukovitch qui avait été loué pour sa position pro-européenne, ses dispositions envers les projets du FMI – à tel point que les européens l'ont soutenu en 2010 … face à Timochenko, appuyé soudain par les Russes – a-t-il soudain été voué aux gémonies ?
C'est que Ianoukovitch, politicien corrompu mais conscient des rapports de force, avait refusé cette mesure qui aurait tout simplement menacé sa position à la tête de l'Etat.
Ainsi, en 2011, Ianoukovitch annonçait son intention d'augmenter les tarifs du gaz en échange déjà d'un prêt du FMI de 15 milliards de $. Il acceptait alors l'intégralité du plan de réformes libérales.
Par la suite, face à l'impopularité d'une telle mesure, Ianoukovitch a reculé. En mars 2012, il qualifiait « l'exigence du FMI d'augmenter les prix de 50 % d'inacceptable. Nous ne sommes pas d'accord, et nous ne le serons jamais ».
Enfin après la nouvelle pression réalisée par le FMI en août 2013 pour l'octroi d'un nouveau plan, Ianoukovitch persistait, creusant son tombeau politique : « Les exigences du FMI, l'augmentation des tarifs du gaz pour les ménages ne seront pas acceptées. On ne laissera jamais passer une telle mesure qui aura un impact si négatif pour les Ukrainiens ».
Cela n'empêchait pas le président de réclamer un plan d'aide du FMI, en septembre 2013, il confiait : « On négocie avec le FMI depuis quatre ans, on est confiant pour arriver à un accord … on a rempli toutes les conditions, sauf une : l'augmentation des tarifs pour les ménages. Or, ce n'est pas possible ».
Ianoukovitch, enfant modèle du FMI ? Et pourtant, oui ...
Car on ne peut reprocher à Ianoukovitch son zèle dans l'application des réformes libérales du FMI. Ce sont ces réformes qui ont aussi été à l'origine des déstabilisations, du mécontentement populaire, du manque de soutien des classes populaires à ce gouvernement corrompu mais élu.
En effet, il ne faut pas oublier que, depuis 2010, Ianoukovitch s'était considérablement rapproché de l'Union européenne, jusqu'à envisager la signature de l'Accord d'association ( = de libre-échange) avec l'UE, et du FMI.
Ianoukovitch avait adopté en 2010 un plan de réformes structurelles pour la période 2010/2014 sous le nom « Société prospère, économie compétitive, Etat efficace ». Tout un programme. Voici la liste des mesures qui n'ont pas satisfaites (!) le FMI. Les dieux de la finance ont toujours plus soif.
Première mesure : « réforme fiscale » avec une baisse de l'impôt sur les société de 25 à 21 % entre 2010 et 2012, il devait être réduit à 16 % en 2014. Dans le même temps, les taxes sur les PME, les taxes à la consommation et l'impôt sur le revenu devaient être relevés.
Deuxième mesure : la « réforme des retraites » qui prévoyait l'alignement de l'âge de départ de retraite des femmes sur celui des hommes, passant de 55 à 60 ans, et surtout le relèvement de 10 ans du nombre d'annuités de cotisations (de 20 à 30 ans pour les hommes, de 25 à 35 pour les femmes).
Troisième mesure : la « réforme de la santé » passant par l'autonomie des centres de santé, hôpitaux, par une « rationalisation » de l'offre hospitalière, l'introduction de la logique du chiffre. Ultimement, cette mesure devait permettre l'introduction de « prestataires de service » privés dans la santé, le début de la privatisation du secteur.
Quatrième mesure : une « réforme de l'énergie » qui prévoyait la libéralisation du secteur, contrôlé dans le gaz par Naftogaz. En accord avec les dispositions européennes, Ianoukovitch avait accepté de séparer Naftogaz d'une entité chargée du réseau (Ukrtranshaz) et une autre de l'extraction (Ukrgazvydobuvannya).
Ianoukovitch avait fait rentrer l'Ukraine en 2012 dans la « Communauté énergétique » avec l'UE - ce qui nécessitait la fin du monopole public dans l'énergie, l'introduction de la concurrence – il a mis fin la même année au monopole de Naftogaz sur les importations de gaz ukrainien.
C'est sous Ianukovitch qu'ont été signés des contrats juteux pour les multi-nationales : Chevron pour extraire du gaz à l'ouest du pays, l'anglo-hollandais Shell pour l'extraction de gaz de schiste, enfin l'américain Exxon pour le gaz de la Mer noire.
On pourrait également rajouter les intérêts allemands naissants. Profitant du changement de régime, RWE propose désormais de fournir du gaz (importé des Pays-Bas et de Norvège) à l'Ukraine. En 2013, les entreprises allemandes Siemens, FerroStahl et Deutsche Bank avaient formé un consortium pour rénover le gazoduc ukrainien « Soyouz ».
La libéralisation totale du secteur énergétique ukrainien, entamé par Ianoukovitch, sans doute achevé par le gouvernement actuel, devrait permettre aux géants de l'industrie gazo-pétrolière de faire main basse sur le gaz ukrainien.
Cinquième mesure : la « réforme du travail », ce fut un des rares échecs de Ianoukovitch. La réforme du Code du travail proposé en 2012, toute conçue dans les intérêts du patronat, n'a pas pu être adoptée, laissant le pays avec un code protecteur … hérité du code soviétique de 1971 !
Sixième mesure : la « réforme agraire », deuxième gros morceau avec la réforme énergétique. Le projet de loi de 2011 a permis de légaliser les acquisitions de terres faites par les grands fermiers après 1991 (les 20 plus gros propriétaires détiennent l'équivalent de la Belgique!).
Un projet de loi qui permettait surtout d'acheter et de vendre librement une des terres les plus fertiles d'Europe, source de convoitises pour les géants de l'industrie agro-alimentaire française ou allemande, tout comme les adeptes extra-européens du « land grabbing ».
Alors, Iankouvitch avait-il raison de se présenter comme un « élève modèle du pays », qui avait accompli « toutes les réformes sauf une » ?
Assurément, comme Kaddafi, Assad et d'autres qui ont pensé pouvoir monnayer leur position de pouvoir en échange de la soumission aux diktats du FMI, de l'appauvrissement de leur peuple, le retour de bâton est immédiat : les plans du FMI comme instrument pour déstabiliser le pays et favoriser le changement du régime.
On pourrait dresser une autre comparaison, toutes choses égales par ailleurs. Celle avec l'Italie. Berlusconi était l'incarnation du capitalisme italien au pouvoir – quoique divisant la classe dominante italienne – mais incapable de mener à bien les « réformes structurelles ».
Le FMI, l'UE, en lien avec des fractions dominantes de la classe bourgeoise italienne, l'ont éjecté, remplacé par leur Iasteniouk – Mario Monti – qui a commencé le travail, aujourd'hui achevé par le Tony Blair italien (qui sera-t-il en Ukraine?), M.Matteo Renzi.
En tout cas, pour le peuple ukrainien, avec de telles mesures, le pays qui vient en tête c'est la Grèce, réduite en quatre ans à l'état d'un pays du tiers-monde : « Bienvenue dans l'Union européenne » !
Le nouveau premier ministre ukrainien, le banquier Iasteniouk l'avait dit ouvertement :
« Les caisses sont vides, on fera tout pour éviter la faillite. Si on peut avoir un soutien financier du FMI, des Etats-unis, on le fera. Je suis prêt à être le premier ministre le plus impopulaire de l'histoire de mon pays ».
L'annonce du plan du FMI de 15 milliards de $ – préliminaire aux prêts accordés par l'UE et les Etats-unis, pour la même somme – montre le vrai visage des « indignés de Maidan ». La baisse du pouvoir d'achat sera terrible dans un pays où le salaire moyen est de 270 $ par mois.
D'abord, parce que le gouvernement a décidé de proclamer le gel des salaires et des retraites pour les fonctionnaires, et le salaire minimum qui s'élève à 85 $. Dans un pays où l'inflation devrait tourner entre 12 et 14 % en 2014, c'est autant de pouvoir d'achat en moins.
Ensuite,une hausse de presque toutes les taxes : taxes sur les voitures consommatrices d'énergie (celles des pauvres!) ; augmentation de l'impôt sur le revenu ; taxes sur les retraites ; enfin taxes sur le tabac ( + 30 %) et sur l'alcool ( + 40 %) qui toucheront les familles les plus vulnérables.
Enfin, la hausse des tarifs du gaz de 50 % par la suppression des subventions qui permettent aujourd'hui à des millions d'Ukrainiens de pouvoir se chauffer, se nourrir, qui leur permettent de ne pas sombrer dans la pauvreté.
Ianoukovitch avait refusé d'augmenter les tarifs : la raison du « coup d'Etat » ?
Pourquoi Viktor Ianoukovitch qui avait été loué pour sa position pro-européenne, ses dispositions envers les projets du FMI – à tel point que les européens l'ont soutenu en 2010 … face à Timochenko, appuyé soudain par les Russes – a-t-il soudain été voué aux gémonies ?
C'est que Ianoukovitch, politicien corrompu mais conscient des rapports de force, avait refusé cette mesure qui aurait tout simplement menacé sa position à la tête de l'Etat.
Ainsi, en 2011, Ianoukovitch annonçait son intention d'augmenter les tarifs du gaz en échange déjà d'un prêt du FMI de 15 milliards de $. Il acceptait alors l'intégralité du plan de réformes libérales.
Par la suite, face à l'impopularité d'une telle mesure, Ianoukovitch a reculé. En mars 2012, il qualifiait « l'exigence du FMI d'augmenter les prix de 50 % d'inacceptable. Nous ne sommes pas d'accord, et nous ne le serons jamais ».
Enfin après la nouvelle pression réalisée par le FMI en août 2013 pour l'octroi d'un nouveau plan, Ianoukovitch persistait, creusant son tombeau politique : « Les exigences du FMI, l'augmentation des tarifs du gaz pour les ménages ne seront pas acceptées. On ne laissera jamais passer une telle mesure qui aura un impact si négatif pour les Ukrainiens ».
Cela n'empêchait pas le président de réclamer un plan d'aide du FMI, en septembre 2013, il confiait : « On négocie avec le FMI depuis quatre ans, on est confiant pour arriver à un accord … on a rempli toutes les conditions, sauf une : l'augmentation des tarifs pour les ménages. Or, ce n'est pas possible ».
Ianoukovitch, enfant modèle du FMI ? Et pourtant, oui ...
Car on ne peut reprocher à Ianoukovitch son zèle dans l'application des réformes libérales du FMI. Ce sont ces réformes qui ont aussi été à l'origine des déstabilisations, du mécontentement populaire, du manque de soutien des classes populaires à ce gouvernement corrompu mais élu.
En effet, il ne faut pas oublier que, depuis 2010, Ianoukovitch s'était considérablement rapproché de l'Union européenne, jusqu'à envisager la signature de l'Accord d'association ( = de libre-échange) avec l'UE, et du FMI.
Ianoukovitch avait adopté en 2010 un plan de réformes structurelles pour la période 2010/2014 sous le nom « Société prospère, économie compétitive, Etat efficace ». Tout un programme. Voici la liste des mesures qui n'ont pas satisfaites (!) le FMI. Les dieux de la finance ont toujours plus soif.
Première mesure : « réforme fiscale » avec une baisse de l'impôt sur les société de 25 à 21 % entre 2010 et 2012, il devait être réduit à 16 % en 2014. Dans le même temps, les taxes sur les PME, les taxes à la consommation et l'impôt sur le revenu devaient être relevés.
Deuxième mesure : la « réforme des retraites » qui prévoyait l'alignement de l'âge de départ de retraite des femmes sur celui des hommes, passant de 55 à 60 ans, et surtout le relèvement de 10 ans du nombre d'annuités de cotisations (de 20 à 30 ans pour les hommes, de 25 à 35 pour les femmes).
Troisième mesure : la « réforme de la santé » passant par l'autonomie des centres de santé, hôpitaux, par une « rationalisation » de l'offre hospitalière, l'introduction de la logique du chiffre. Ultimement, cette mesure devait permettre l'introduction de « prestataires de service » privés dans la santé, le début de la privatisation du secteur.
Quatrième mesure : une « réforme de l'énergie » qui prévoyait la libéralisation du secteur, contrôlé dans le gaz par Naftogaz. En accord avec les dispositions européennes, Ianoukovitch avait accepté de séparer Naftogaz d'une entité chargée du réseau (Ukrtranshaz) et une autre de l'extraction (Ukrgazvydobuvannya).
Ianoukovitch avait fait rentrer l'Ukraine en 2012 dans la « Communauté énergétique » avec l'UE - ce qui nécessitait la fin du monopole public dans l'énergie, l'introduction de la concurrence – il a mis fin la même année au monopole de Naftogaz sur les importations de gaz ukrainien.
C'est sous Ianukovitch qu'ont été signés des contrats juteux pour les multi-nationales : Chevron pour extraire du gaz à l'ouest du pays, l'anglo-hollandais Shell pour l'extraction de gaz de schiste, enfin l'américain Exxon pour le gaz de la Mer noire.
On pourrait également rajouter les intérêts allemands naissants. Profitant du changement de régime, RWE propose désormais de fournir du gaz (importé des Pays-Bas et de Norvège) à l'Ukraine. En 2013, les entreprises allemandes Siemens, FerroStahl et Deutsche Bank avaient formé un consortium pour rénover le gazoduc ukrainien « Soyouz ».
La libéralisation totale du secteur énergétique ukrainien, entamé par Ianoukovitch, sans doute achevé par le gouvernement actuel, devrait permettre aux géants de l'industrie gazo-pétrolière de faire main basse sur le gaz ukrainien.
Cinquième mesure : la « réforme du travail », ce fut un des rares échecs de Ianoukovitch. La réforme du Code du travail proposé en 2012, toute conçue dans les intérêts du patronat, n'a pas pu être adoptée, laissant le pays avec un code protecteur … hérité du code soviétique de 1971 !
Sixième mesure : la « réforme agraire », deuxième gros morceau avec la réforme énergétique. Le projet de loi de 2011 a permis de légaliser les acquisitions de terres faites par les grands fermiers après 1991 (les 20 plus gros propriétaires détiennent l'équivalent de la Belgique!).
Un projet de loi qui permettait surtout d'acheter et de vendre librement une des terres les plus fertiles d'Europe, source de convoitises pour les géants de l'industrie agro-alimentaire française ou allemande, tout comme les adeptes extra-européens du « land grabbing ».
Alors, Iankouvitch avait-il raison de se présenter comme un « élève modèle du pays », qui avait accompli « toutes les réformes sauf une » ?
Assurément, comme Kaddafi, Assad et d'autres qui ont pensé pouvoir monnayer leur position de pouvoir en échange de la soumission aux diktats du FMI, de l'appauvrissement de leur peuple, le retour de bâton est immédiat : les plans du FMI comme instrument pour déstabiliser le pays et favoriser le changement du régime.
On pourrait dresser une autre comparaison, toutes choses égales par ailleurs. Celle avec l'Italie. Berlusconi était l'incarnation du capitalisme italien au pouvoir – quoique divisant la classe dominante italienne – mais incapable de mener à bien les « réformes structurelles ».
Le FMI, l'UE, en lien avec des fractions dominantes de la classe bourgeoise italienne, l'ont éjecté, remplacé par leur Iasteniouk – Mario Monti – qui a commencé le travail, aujourd'hui achevé par le Tony Blair italien (qui sera-t-il en Ukraine?), M.Matteo Renzi.
En tout cas, pour le peuple ukrainien, avec de telles mesures, le pays qui vient en tête c'est la Grèce, réduite en quatre ans à l'état d'un pays du tiers-monde : « Bienvenue dans l'Union européenne » !
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