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dimanche 12 novembre 2017

L’histoire et la société ne cessent de malmener le mariage par des contrefaçons, et désormais par d’affreux contresens

Extraits de l'homélie de Dom Hervé Courau, abbé de Triors, en cette fête de la Toussaint :
Unknown-29"L’apocalypse est à l’honneur en cette fin d’année liturgique. Au terme de la grandiose vision inaugurale (Ap. 4 & 5), la 1ère lecture nous a montré les douze tribus du peuple élu, bien rangées et au complet devant le mystérieux « trône » de Dieu, puis au-delà, la foule innombrable de la Toussaint (Ap. 7). Le livre se poursuit avec des visions grandioses, en lesquelles cataclysmes et menaces précèdent d’une façon radicalement contrastée les douces noces de l’Agneau. À chaque messe les fidèles y sont invités : Bienheureux les invités au repas du Seigneur, les invités au repas des noces de l’Agneau, dit plus précisément le texte sacré (Ap. 19,9). Car il s’agit de noces, et ici-bas nous en sommes les novices.
Oui, nous voilà invités à entrer dans la famille de Dieu, dit S. Paul de son côté (Éph. 2,19s), nous ne sommes pas des hôtes de passage, des météores venus d’on ne sait où et errant on ne sait vers quoi. S. Paul parle des mêmes réalités que l’Apocalypse : nous sommes invités aux noces de l’Agneau, avec l’immense foule de l’Apocalypse. D’ailleurs, cet appel rehausse notre sens des noces humaines elles-mêmes, si hautes et si simples à la fois : la présence de Jésus à Cana en soulignait déjà la noblesse (Jn. 2,1ss). Pourtant l’histoire et la société ne cessent de malmener le mariage par des contrefaçons, et désormais par d’affreux contresens : on légifère en vain à ce sujet d’une façon qui discrédite le fondement du droit. Au sujet du mariage humain, S. Paul renvoie tout simplement à la Genèse comme le fit d’ailleurs Jésus : Les deux ne seront qu’une seule chair (Gen. 2,24), avant d’orienter vers une union plus intime dans le Seigneur lui-même : Celui qui s’unit au Seigneur n’est avec lui qu’un seul esprit (I Cor. 6,16s). Le mariage humain dévoile quelque chose de notre vie en Dieu Lui-même, quelque chose des noces de l’Agneau auxquelles nous nous savons conviés. C’est ce dont nous parlent les Béatitudes, le bonheur promis est un mystère d’union et d’unité.
L’évangile ne nous fait pas courir vers du vide ; les utopies se multiplient sous nos yeux, mais qu’elles ne nous distraient pas vrai but de notre vie : à chaque messe retentit l’invitation concrète au mystère nuptial pour les pauvres de Yahvé, c’est-à-dire pour l’innombrable troupeau des méprisés d’ici-bas. Et Dieu sait combien notre société les multiplie, elle n’est pas le paradis tiède et facile des affiches, elle engendre plutôt par sa stérilité spirituelle d’innombrables nouveaux pauvres, sans lien avec personne, pauvres en désarroi moral, ceux des larmes et du chagrin, écrasés sous les violences externes du fisc ou de l’addiction à l’écran pour s’en tenir à deux emblèmes ; écrasés surtout par ces blessures morales qui paralysent les consciences désemparées."
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