« C’est du chantage, nous en avons assez. »
Hongrie – Dans un entretien donné à Die Presse, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter
Szijjártó, a attaqué son homologue français Jean-Yves Le Drian,
rejetant les accusations portant sur le soi-disant « manque de
solidarité » à l’échelle européenne, et estimant que les propos – « le
chantage » – du ministre français mettaient en danger l’unité de l’Union
européenne.
Présent à un sommet informel de l’UE à Vienne, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter
Szijjártó, a déclaré au grand journal autrichien Die Presse que
contrairement aux assertions de son homologue français Jean-Yves Le
Drian, la Hongrie (tout comme la Pologne, également dans le viseur) agit
de « manière absolument solidaire, » rappelant que l’État hongrois a
dépensé plus d’un milliard d’euros pour sécuriser sa portion des
frontières extérieures, également frontière de l’espace Schengen. « Si
nous ne l’avions pas fait, des centaines de milliers de migrants
supplémentaires se seraient introduits dans l’UE, » rappelle
M. Szijjártó.
Lorsque le journaliste autrichien lui demande si le temps est venu pour la Hongrie de « se modérer, » le ministre hongrois répond sèchement que « c’est
un chantage anti-européen de la part du ministre français des Affaires
étrangères. Nous en avons assez de ce que certains décrivent les choses
comme si l’Europe centrale recevait les fonds européens comme une aide
humanitaire ou un signe de générosité de l’Europe occidentale. Ce n’est
pas à sens unique. Lors de son adhésion à l’UE, la Hongrie a ouvert ses
marchés. Des entreprises autrichiennes et allemandes ont fait d’énormes
profits, » balayant l’idée reçue, mainte fois démontée – notamment par
l’économiste Thomas Piketty – d’un Est profiteur de la générosité désintéressée de l’Ouest.
Par la suite, le ministre hongrois des
Affaires étrangères prévient que les négociations sur le budget de l’UE
pour le cycle 2021-2027 vont être « une véritable lutte », insistant sur le fait que « ceux
qui comme Le Drian veulent introduire des critères subjectifs pour le
versement de fonds de cohésion, mettent en danger l’unité de l’Union
européenne. »
Pour Péter Szijjártó,
ces oppositions sont liées à la question de l’immigration, « et ceux
qui ne sont pas prêts à partager l’approche hypocrite et politiquement
correcte de la Commission européenne sont attaqués. »
Outre la question des rapports de la Hongrie à George Soros, de ceux du Fidesz et du PPE, le journaliste Christian
Ultsch a également demandé au ministre hongrois si un rapprochement
était en train de se mettre en place sur un axe Rome-Vienne-Budapest.
Evasif, le ministre hongrois a expliqué que les nouveaux gouvernements
italien et autrichien étaient en effet beaucoup plus proches de celui de
la Hongrie, et la question migratoire pourrait bien les rapprocher
encore. Enfin, alors que Die Presse l’interrogea sur l’opposition entre
les gouvernements hongrois et italien sur la question de la répartition
des clandestins [le gouvernement italien souhaite une répartition parmi
les pays membres, et la Hongrie s’y oppose catégoriquement], Péter
Szijjártó a rappelé que le gouvernement hongrois était d’accord avec le
ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, à savoir « qu’aucun immigrant
illégal ne doit pénétrer sur le territoire de l’UE. Avant d’ajouter
que « [la Hongrie aidera] volontiers l’Italie à reconduire chez eux les
migrants illégaux. »