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samedi 1 septembre 2018

Nikos Aliagas de bon matin sur Europe 1 : l’anesthésie générale au saut du lit

Les instances supérieures d’Europe1 ont eu beau pétrir et repétrir la grille des programmes, la pâte de l’audience n’a, à ce jour, jamais voulu lever. La clientèle de Patrick Cohen ayant refusé de franchir les portes de la Maison de la Radio pour le suivre jusqu’à la rue François Ier, la station a fait appel, cette fois-ci, au gentil Nikos Aliagas. Ni de gauche, ni de droite, ni doux, ni dur, la personnalité de l’animateur va-t-elle réussir à faire revenir l’auditeur enfui sous d’autres cieux ? Le mystère est entier. À défaut d’inventivité, loin de toute prise de risque, la technique des directeurs de programmes consiste à installer sur les ondes des personnalités connues du public pour leurs activités télévisuelles. Partant de ce principe, le choix d’Europe 1 se limitait aux animateurs encore inemployés par les autres radios généralistes. Donc Nikos.

Très étrangement, la direction n’a pas songé une seule seconde à confier les rênes de sa matinale à Éric Zemmour. Sans doute un moment de distraction. Viré de RTL, le chroniqueur était pourtant sur le marché. Libre de tout engagement. À ce stade de déconfiture, le coup de poker méritait d’être tenté. Une émission présentée par le binôme Zemmour/Naulleau (pour un juste équilibre) était en mesure de créer l’événement et, par là même, d’attirer un auditoire lassé par l’info aseptisée en vigueur chez la concurrence. L’avancée de la sensibilité dite « populiste » permettait d’envisager cette audace, au bout du compte, assez peu risquée. 

Plutôt que jouer la carte de l’air du temps, aussi déplaisant soit-il pour les actionnaires, Europe 1 a préféré miser sur l’extrême frilosité. Après le virage à gauche concrétisé par l’arrivée de Patrick Cohen l’année dernière, la station effectue un repli vers la variété au service de l’info. Ira-t-elle jusqu’à faire chanter les dépêches de l’AFP par des candidats de « The Voice » ? Le ton mielleux de certains chroniqueurs radio manque cruellement d’accompagnement musical. Un billet de Raphaël Glucksmann agrémenté de quelques notes de piano serait du meilleur goût. Plébiscité par les constructeurs d’ascenseurs. Bon pour l’Eurovision ! Nikos peut révolutionner la formule. Quel journaliste interprète le plus magistralement la partition élyséenne ? Amis auditeurs, nous attendons votre verdict. À bien y réfléchir, Europe 1 tient, peut-être, le concept qui verra les auditeurs se rendormir encore plus vite que ceux de RTL.

Jany Leroy

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