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vendredi 21 mars 2014

Réflexion sur les violents affrontements à Nantes


Par Philippe Delbauvre   
Réflexion sur les violents affrontements à Nantes
 
 
Une des conséquence de la postmodernité n'est autre que la fin des référentiels auxquels on était habitué. A titre d'exemple, ce que l'on nomme pudiquement et faussement « actes d'incivilités », n'étaient pas voici cinq décennies. Révélateurs furent d'ailleurs le désaveu par les Français, des exactions des étudiants de mai 68 durant ce que l'on a coutume d'appeler, « les événements ». Les Français d'alors, ne supportèrent pas que les jeunes, bien souvent issus de milieux socialement favorisés, s'en prennent à des biens matériels comme par exemple les voitures. Si ces manifestations de 68 avaient peut être leurs raisons d'être, les Français ne pouvaient que désavouer les violences gratuites qui ne furent la conséquence de petits bourgeois qui, friqués, méconnaissaient la valeur de l'argent.

Ce qui s'est passé ce samedi de violence à Nantes est en passe de devenir banal là où les événements de mai 68 étaient à cette époque exceptionnels. De plus en plus souvent, des manifestations dégénèrent dans lesquelles on peut constater la toujours alliance entre l'extrême gauche et les délinquants. Pour les uns comme pour les autres, il n'y a pas d'engagement politique au sens noble du terme, mais juste la volonté de casser. On pourrait comprendre, la tradition de l'extrême gauche étant ce qu'elle est, que la violence ne vise que les forces de l'ordre, parce que symboliques d'un pouvoir considéré comme capitaliste. Tel n'est pas le cas ; c'est ainsi que les vitrines des petits commerçants volèrent en éclats alors que l'on aurait pu penser, justement parce que « petits », qu'ils auraient été épargnés. On aurait aussi admis, toujours pour des raisons idéologiques, que l'extrême gauche s'en prenne à des enseignes de firmes multinationales capitalistes. Que nenni …

Là où naguère l'extrême gauche, d'un point de vue idéologique, avait sa raison d'être, en l'occurrence le combat pour le très fameux et non stalinien « socialisme à visage humain », c'est aujourd'hui du petit soir dont il s'agit. Alors que le capitalisme est en crise, que l'on voit les libertés reculer et que de nombreux voyants sociaux se sont mis au rouge, l'extrême gauche qui devrait être au plus haut, se trouve aujourd'hui ignorer des Français. Même un Jean-Luc Mélenchon, ancien du trotskisme mais qui n'en est plus malgré un positionnement très à gauche, ne décolle pas : lui qui s'était fixé comme objectif majeur de lutter prioritairement contre le Front National, dispose d'un parti qui n'obtient que le tiers ou le quart de son concurrent direct.

Amadeo Bordiga (1) avait déjà voici bien longtemps mis en garde les dérives antifascistes de l'extrême gauche dont il estimait qu'elle était la conséquence d'un fait petit-bourgeois. Alors que le capitalisme aujourd'hui, même malade, est omniprésent à l'échelle planétaire, il en est pour se focaliser sur l'antifascisme comme si chemises noires et brunes fourmillaient encore dans les rues. Un peu facile et confortable de se réclamer de la lutte contre le fascisme alors que ce qu'ils considèrent comme le grand danger majeur n'est plus depuis 1945, ce que tous les Français savent. Si très longtemps on a parlé en France de la seconde guerre mondiale, c'est tout simplement parce que beaucoup de Français, à l'époque, l'avaient vécue. Aujourd'hui, cette génération n'est presque plus, tout comme il en est de même pour celle qui a vécu les guerres d'Indochine et d'Algérie. Il va donc de soi que les Français ont aujourd'hui de toutes autres préoccupations et que les discours à fort contenu idéologique les font fuir.

Ces nervis d'extrême gauche ainsi que les délinquants auxquels ils sont le plus souvent associés, pourraient très facilement être matés si le pouvoir était plus volontaire et moins compréhensif. Chacun a pu constater que c'est toujours ou presque sur la même frange du spectre politique que le pouvoir se focalise. A cela une raison simple qui n'est autre que la connivence entre le(s) gouvernement(s) en place et l'extrême gauche qui ont noué une alliance censée freiner la célère et nécessaire poussée du Front National. Il ne faut d'ailleurs pas être bien fin pour constater que nombre de sites ou blogs affiliés à l'extrême gauche, servent de base de données de renseignements à destination de la police politique en place. En admettant d'ailleurs aussi, que l'extrême gauche ainsi que les délinquants, ne servent pas au plus grand bénéfice du pouvoir en place, à déconsidérer des manifestants paisibles et motivés par une cause juste.

Document image et video : Ouest France : http://www.ouest-france.fr/nd-des-landes-un-centre-ville-devaste-1951408