.

.

mercredi 31 mai 2017

Burqa contre mini-jupe ?


Denis Lacorne est intervenant au séminaire de recherche au collège des Bernardins intitulé « Liberté de religion et de conviction en Méditerranée : les nouveaux défis ». Il est aussi l’auteur d’un ouvrage au titre évocateur, Les Frontières de la tolérance, récemment publié chez Gallimard. Si je vous parle de ce personnage, c’est parce qu’il a diffusé une tribune assez étonnante, pour ne pas dire scandaleuse, sur le site bien connu de la communauté musulmane – et pour cause – oumma.com.

Faisant montre d’une islamophilie coupable, monsieur Lacorne semble s’asseoir sur le principe de laïcité. Ainsi, il écrit, au terme d’une série de digressions aussi absurdes que juridiquement contestables, que « les codes vestimentaires, on l’a mal compris en France, sont des formes symboliques de la liberté d’expression. On peut déplorer la burqa, comme le port d’immenses talons aiguilles, de crêtes de cheveux rouges, ou de mini-jupes excessivement courtes ; on peut, comme à une autre époque, être révolté par la vision de prêtres revêtus d’habits sacerdotaux, mais c’est oublier, selon une jurisprudence constante de la CEDH, que le pluralisme, la tolérance et l’ouverture d’esprit, sans lesquels il n’y a pas de société démocratique, exigent que “toutes les opinions s’expriment dans l’espace public”, y compris celles qui “heurtent, choquent ou inquiètent”. »
N’est pourtant pas un « banal » vêtement cette burqa qui cache entièrement les femmes musulmanes, supposément pieuses, modestes et discrètes, à la vue des citoyens français.
Vêtement couvrant la totalité du corps, la burqa répond à une vision anthropologique étrangère, brutale, dans laquelle la femme est impure. La femme musulmane qui la porte peut nous voir sans que nous ne puissions la voir. De manière un peu provocatrice, je citerai l’exemple d’Atatürk, qui rendit la burka obligatoire pour les prostituées et interdite à toutes les autres femmes sous peine de prison. L’effet fut immédiat. Il est donc parfaitement logique que cette tenue islamique soit interdite dans le domaine public. D’abord, parce qu’elle est une attaque directe contre ce que nous sommes : la souveraineté véritable ne revient-elle pas précisément à combattre ce qui nous nie ? Ensuite, et à l’évidence, n’en déplaise à monsieur Lacorne, la burqa trouble l’ordre public, surtout en période d’état d’urgence consécutive à de violentes et meurtrières attaques islamistes !

Enfin, l’argument de la Cour européenne des droits de l’homme me semble tout à fait inique. La question du port de la burqa dans l’espace public a été tranchée, en France et dans d’autres pays européennes. Par quel moyen monsieur Lacorne en refait-il un stérile débat juridique, oblitérant les interrogations identitaires, morales et sécuritaires qui ont conduit à son interdiction ? Le relativisme de monsieur Lacorne, qui compare un signe extérieur de prosélytisme conquérant – assimilant la France au Dar al-Harb – à une mini-jupe est abject.

Gabriel Robin

Source