Marc Fromager évoque le dernier attentat contre les Coptes en Egypte :
"L’Église, en Égypte, se définit
elle-même comme étant l’Église des martyrs. La fidélité au Christ dans
les épreuves, c’est la « marque de fabrique » du copte ! Et cette
fidélité, les coptes ont malheureusement eu l’occasion de la mettre en
pratique bien souvent depuis plus d’un millénaire et demi.
La persécution, c’est la réalité historique des chrétiens dans ce pays, même avant l’arrivée de l’islam au VIIe siècle. Très rapidement, cependant, la croissance de l’islam va faire peser sur les chrétiens un joug de plus en plus pesant.
Outre des pogroms ponctuels, c’est la dhimmitude, cette citoyenneté de
seconde zone imposée aux non-musulmans vivant dans un pays dirigé par
les musulmans, qui va contraindre, ou du moins fortement inciter, les
chrétiens à se convertir à l’islam. Mesures vexatoires, pression
fiscale, accès quasi impossible à des responsabilités : tout est fait
pour exercer une pression permanente en vue de la conversion.
Petit à petit, génération après
génération, des chrétiens auront abandonné leur foi et il est
impossible, pour nous, de leur en vouloir. Qu’aurions-nous fait à leur
place ? Qu’aurions-nous fait si nous nous étions retrouvés dans ce bus,
sommés de renier le Christ avec un revolver sur la tempe ? Le plus
étonnant, c’est qu’il y ait encore des chrétiens en Égypte après
quatorze siècles d’oppression.
Or, il en reste encore au moins 14 millions, soit 15 % de la population égyptienne,
en dépit du chiffre habituellement cité de 10 %, qui n’est en réalité
qu’une moyenne entre les 2 % annoncés par le gouvernement – un chiffre
ridicule dans l’optique de dénier tout droit aux chrétiens – et les 18 %
annoncés par l’Église orthodoxe en se basant sur leurs registres
paroissiaux.
Bref, les chrétiens d’Égypte ont une
certaine expérience de la persécution et ne se laissent pas
impressionner par ces attaques. Humainement, chaque nouvel attentat
constitue, bien sûr, une blessure supplémentaire, mais les chrétiens
refusent de se laisser abattre.
La fidélité professée par les leurs est,
au contraire, un motif de gloire. « Regardez la force de notre foi »,
semblent-ils nous dire, et cette foi est inébranlable ! [...]
Les coptes et les autres
chrétiens d’Orient sont consternés par la politique de l’Occident, qu’il
s’agisse de nos ingérences au Moyen-Orient, souvent au profit des
groupes islamistes, ou de notre politique migratoire chez nous. Ils nous
répètent que ce qu’ils vivent maintenant, nous allons finir par
l’expérimenter si nous continuons comme ça. C’est la raison
pour laquelle il est important d’aller les voir, de leur dire que nous
ne les oublions pas, que la population française ne se confond pas
nécessairement avec la politique étrangère de notre pays et que nous
voulons les aider à tenir. Pour cela, il faut rendre hommage à leur
courage et à leur témoignage et il faut concrètement les aider. L’AED
(Aide à l’Église en détresse) investit des centaines de milliers d’euros
chaque année pour leur venir en aide, mais il y a également d’autres
œuvres. Un don, même modeste, nous permet de continuer à les soutenir et
cela constitue un puissant réconfort pour eux."