Marie Ordioni
En octobre 1989, le pape Jean-Paul II leur avait rendu visite. Cette fois-ci, les quelque 400.000 catholiques de l’archidiocèse de Semarang, sur l’île de Java, en Indonésie, se préparent à accueillir les VIIèmes Journées asiatiques de la jeunesse (AYD – Asian Youth Day). Ce rassemblement de jeunes catholiques, à l’initiative de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC), se déroule dans une ville différente tous les deux ou trois ans depuis 1999. La prochaine édition se tiendra du 30 juillet au 9 août : elle commencera dans deux mois.
Environ 3 000 jeunes catholiques en provenance des 29 Eglises membres de la FABC sont attendus. Des journées diocésaines et le festival de la jeunesse constituent les temps forts de cette rencontre. Après avoir passé quelques jours dans différents diocèses du pays hôte pour y découvrir les communautés chrétiennes locales (30 juillet-2 août), les participants se retrouveront à Yogyakarta, ville universitaire et centre de l’art javanais : célébrations eucharistiques, catéchèses et partages d’expériences rythmeront ces journées, qui s’achèveront par une messe de clôture (2-6 août). Pendant quelques jours, les responsables de la pastorale des jeunes se retrouveront ensuite pour faire le bilan de cette rencontre (6-9 août). Cette année, le thème de ces journées a été ainsi libellé : « Jeunesse d’Asie en fête : vivre l’Evangile dans une Asie multiculturelle ».
« Vivre l’Evangile dans une Asie multiculturelle »
A Semarang, qui constitue un reflet fidèle de la situation des catholiques en Indonésie (2,4 % de la population y est catholique, 3 % au niveau national), le plan pastoral du diocèse correspond au thème des AYD 2017. L’archidiocèse entend « porter la civilisation de l’amour au sein de la société indonésienne », comme l’expliquait Mgr Robertus Rubiyatmoko, nommé archevêque le 18 mars dernier par le pape François et consacré le 19 mai. Ancien vicaire judiciaire du diocèse et formateur au grand séminaire de Semarang, il succède à Mgr Johannes Pujasumarta, décédé le 10 novembre 2015. En Indonésie, Semarang occupe une place particulière, dans la mesure où le premier évêque originaire d’Indonésie, Mgr Albert Soegijapranata, nommé le 1er août 1940 par le pape Pie XII, était à la tête du vicariat apostolique de Semarang et se revendiquait « 100 % catholique, 100 % indonésien ».
Inviter les jeunes catholiques au dialogue interreligieux en Indonésie a pris, ces derniers mois, une résonance toute particulière. Le plus grand pays musulman du monde, dont la devise est Bhinneka Tunggal Ika (habituellement traduite par « L’unité dans la diversité »), est confronté à la montée d’un « populisme islamique », selon le P. Franz Magnis-Suseno, jésuite d’origine allemande, arrivé dans l’archipel en 1961, fin observateur de la vie intellectuelle locale. Pour ce fervent artisan du dialogue interreligieux, la défaite électorale et la condamnation pour « blasphème » à deux ans de prison du gouverneur de Djakarta, Basuki Tjahaja Purnama, surnommé ‘Ahok’, chrétien d’origine chinoise, témoignent de la présence dans le pays d’un « extrémisme islamique sous-évalué ». Dans cette jeune démocratie où l’appartenance religieuse peut constituer un argument électoral, il semblerait que la minorité chrétienne, qui représente environ 10 à 12 % des 240 millions d’Indonésiens, ait encore à trouver sa place. Ainsi, en organisant des AYD dans un pays où la liberté religieuse paraît de plus en plus menacée, la FABC semble chercher à encourager les jeunes catholiques d’Asie à vivre et à témoigner de leur foi, malgré les difficultés, dans une Asie où les chrétiens ne représentent que 3 % de la population (au niveau mondial, les chrétiens représentent 32 % de la population).
Contacté par Radio Vatican, le P. Antonius Haryanto, président des AYD 2017 et secrétaire général de la Commission pour la jeunesse de la Conférence des évêques d’Indonésie, indique que « le gouvernement indonésien accueille et encourage cet événement », car ce dernier « participe à la lutte contre les menaces actuelles que sont le radicalisme et l’extrémisme [et] encourage la tolérance et le respect dans un pays multiculturel ».
« Jeunesse asiatique, réveille-toi ! »
Souvent comparées aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), les Journées asiatiques de la jeunesse s’en sont directement inspirées. Suite aux JMJ de 1991, organisées en Pologne, de jeunes asiatiques ont émis le souhait de développer des initiatives destinées à encourager les catholiques sur le continent asiatique. En 1994, le Bureau de la jeunesse, au sein du Département des laïcs et de la famille de la FABC voyait le jour. Depuis, les rencontres se sont multipliées, que ce soit le « Rassemblement des jeunes d’Asie », organisé pendant les JMJ, ou les AYD, dont la première édition a été organisée en 1999 en Thaïlande.
Mais si les JMJ, mises en place depuis 1986, sont ouvertes à tous les jeunes du monde entier et organisées en présence du pape, les AYD sont destinées aux jeunes engagés dans les services pastoraux des 29 Eglises membres de la FABC et le pape n’y participe généralement pas. Ainsi, ce sont en principe les diocèses qui désignent directement leurs représentants. Cela n’a néanmoins empêché, ni l’organisation de JMJ en Asie, aux Philippines, à Manille, en 1995, à l’occasion desquelles avait été enregistré le record du plus grand rassemblement pour une visite papale (cinq millions de fidèles s’étaient rassemblées à Manille), ni la participation du pape François aux dernières AYD, organisées à Haemi, en Corée du Sud, en 2014. Le Saint-Père y avait alors invité les participants « à se lever, à rester éveillés et alertes, et à aller sur les routes et sur les chemins du monde, frappant aux portes du cœur des gens, les invitant à recevoir le Seigneur dans leurs vies ». « Jeunesse asiatique, lève-toi ! », s’était-il exclamé.
Le pape François, qui a indiqué qu’il ne participerait pas à la septième édition des AYD, n’oublie pour autant pas les jeunes, comme en témoigne le thème du prochain synode des évêques. Organisé en 2018, à Rome, ce dernier a pour objet « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Le 13 janvier 2017, le pape François a adressé une lettre aux jeunes afin de préparer cette XVème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques. « L’Eglise même désire se mettre à l’écoute de votre voix, de votre sensibilité, de votre foi ; voire de vos doutes et de vos critiques », écrivait-il.
Les précédentes AYD ont été organisées en Thaïlande (1999), à Taiwan (2001), en Inde (2005), à Hongkong (2006), aux Philippines (2009) et en Corée du Sud (2014). La destination des prochaines AYD est généralement révélée par le président de la FABC, au terme de la messe de clôture. En 2014, c’est le cardinal indien Oswald Gracias, archevêque de Bombay, qui avait annoncé l’organisation de cette rencontre en Indonésie, invitant les participants à « se réveiller d’un sommeil soporifique [et à] raviver leur passion pour l’Evangile ». Le thème retenu fait généralement l’objet d’une conférence de presse ultérieure.
Source : Eglises d’Asie
En octobre 1989, le pape Jean-Paul II leur avait rendu visite. Cette fois-ci, les quelque 400.000 catholiques de l’archidiocèse de Semarang, sur l’île de Java, en Indonésie, se préparent à accueillir les VIIèmes Journées asiatiques de la jeunesse (AYD – Asian Youth Day). Ce rassemblement de jeunes catholiques, à l’initiative de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC), se déroule dans une ville différente tous les deux ou trois ans depuis 1999. La prochaine édition se tiendra du 30 juillet au 9 août : elle commencera dans deux mois.
Environ 3 000 jeunes catholiques en provenance des 29 Eglises membres de la FABC sont attendus. Des journées diocésaines et le festival de la jeunesse constituent les temps forts de cette rencontre. Après avoir passé quelques jours dans différents diocèses du pays hôte pour y découvrir les communautés chrétiennes locales (30 juillet-2 août), les participants se retrouveront à Yogyakarta, ville universitaire et centre de l’art javanais : célébrations eucharistiques, catéchèses et partages d’expériences rythmeront ces journées, qui s’achèveront par une messe de clôture (2-6 août). Pendant quelques jours, les responsables de la pastorale des jeunes se retrouveront ensuite pour faire le bilan de cette rencontre (6-9 août). Cette année, le thème de ces journées a été ainsi libellé : « Jeunesse d’Asie en fête : vivre l’Evangile dans une Asie multiculturelle ».
A Semarang, qui constitue un reflet fidèle de la situation des catholiques en Indonésie (2,4 % de la population y est catholique, 3 % au niveau national), le plan pastoral du diocèse correspond au thème des AYD 2017. L’archidiocèse entend « porter la civilisation de l’amour au sein de la société indonésienne », comme l’expliquait Mgr Robertus Rubiyatmoko, nommé archevêque le 18 mars dernier par le pape François et consacré le 19 mai. Ancien vicaire judiciaire du diocèse et formateur au grand séminaire de Semarang, il succède à Mgr Johannes Pujasumarta, décédé le 10 novembre 2015. En Indonésie, Semarang occupe une place particulière, dans la mesure où le premier évêque originaire d’Indonésie, Mgr Albert Soegijapranata, nommé le 1er août 1940 par le pape Pie XII, était à la tête du vicariat apostolique de Semarang et se revendiquait « 100 % catholique, 100 % indonésien ».
Inviter les jeunes catholiques au dialogue interreligieux en Indonésie a pris, ces derniers mois, une résonance toute particulière. Le plus grand pays musulman du monde, dont la devise est Bhinneka Tunggal Ika (habituellement traduite par « L’unité dans la diversité »), est confronté à la montée d’un « populisme islamique », selon le P. Franz Magnis-Suseno, jésuite d’origine allemande, arrivé dans l’archipel en 1961, fin observateur de la vie intellectuelle locale. Pour ce fervent artisan du dialogue interreligieux, la défaite électorale et la condamnation pour « blasphème » à deux ans de prison du gouverneur de Djakarta, Basuki Tjahaja Purnama, surnommé ‘Ahok’, chrétien d’origine chinoise, témoignent de la présence dans le pays d’un « extrémisme islamique sous-évalué ». Dans cette jeune démocratie où l’appartenance religieuse peut constituer un argument électoral, il semblerait que la minorité chrétienne, qui représente environ 10 à 12 % des 240 millions d’Indonésiens, ait encore à trouver sa place. Ainsi, en organisant des AYD dans un pays où la liberté religieuse paraît de plus en plus menacée, la FABC semble chercher à encourager les jeunes catholiques d’Asie à vivre et à témoigner de leur foi, malgré les difficultés, dans une Asie où les chrétiens ne représentent que 3 % de la population (au niveau mondial, les chrétiens représentent 32 % de la population).
Contacté par Radio Vatican, le P. Antonius Haryanto, président des AYD 2017 et secrétaire général de la Commission pour la jeunesse de la Conférence des évêques d’Indonésie, indique que « le gouvernement indonésien accueille et encourage cet événement », car ce dernier « participe à la lutte contre les menaces actuelles que sont le radicalisme et l’extrémisme [et] encourage la tolérance et le respect dans un pays multiculturel ».
« Jeunesse asiatique, réveille-toi ! »
Souvent comparées aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), les Journées asiatiques de la jeunesse s’en sont directement inspirées. Suite aux JMJ de 1991, organisées en Pologne, de jeunes asiatiques ont émis le souhait de développer des initiatives destinées à encourager les catholiques sur le continent asiatique. En 1994, le Bureau de la jeunesse, au sein du Département des laïcs et de la famille de la FABC voyait le jour. Depuis, les rencontres se sont multipliées, que ce soit le « Rassemblement des jeunes d’Asie », organisé pendant les JMJ, ou les AYD, dont la première édition a été organisée en 1999 en Thaïlande.
Mais si les JMJ, mises en place depuis 1986, sont ouvertes à tous les jeunes du monde entier et organisées en présence du pape, les AYD sont destinées aux jeunes engagés dans les services pastoraux des 29 Eglises membres de la FABC et le pape n’y participe généralement pas. Ainsi, ce sont en principe les diocèses qui désignent directement leurs représentants. Cela n’a néanmoins empêché, ni l’organisation de JMJ en Asie, aux Philippines, à Manille, en 1995, à l’occasion desquelles avait été enregistré le record du plus grand rassemblement pour une visite papale (cinq millions de fidèles s’étaient rassemblées à Manille), ni la participation du pape François aux dernières AYD, organisées à Haemi, en Corée du Sud, en 2014. Le Saint-Père y avait alors invité les participants « à se lever, à rester éveillés et alertes, et à aller sur les routes et sur les chemins du monde, frappant aux portes du cœur des gens, les invitant à recevoir le Seigneur dans leurs vies ». « Jeunesse asiatique, lève-toi ! », s’était-il exclamé.
Le pape François, qui a indiqué qu’il ne participerait pas à la septième édition des AYD, n’oublie pour autant pas les jeunes, comme en témoigne le thème du prochain synode des évêques. Organisé en 2018, à Rome, ce dernier a pour objet « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Le 13 janvier 2017, le pape François a adressé une lettre aux jeunes afin de préparer cette XVème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques. « L’Eglise même désire se mettre à l’écoute de votre voix, de votre sensibilité, de votre foi ; voire de vos doutes et de vos critiques », écrivait-il.
Les précédentes AYD ont été organisées en Thaïlande (1999), à Taiwan (2001), en Inde (2005), à Hongkong (2006), aux Philippines (2009) et en Corée du Sud (2014). La destination des prochaines AYD est généralement révélée par le président de la FABC, au terme de la messe de clôture. En 2014, c’est le cardinal indien Oswald Gracias, archevêque de Bombay, qui avait annoncé l’organisation de cette rencontre en Indonésie, invitant les participants à « se réveiller d’un sommeil soporifique [et à] raviver leur passion pour l’Evangile ». Le thème retenu fait généralement l’objet d’une conférence de presse ultérieure.
Source : Eglises d’Asie