Ce n’est pas en France, mais sur les terres d’Afrique en Côte d’Ivoire. Ce texte a été lu dans toutes les paroisses dimanche. A quand en France ?
Aux fidèles de l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire.
Chers fils,
Chères filles,
Chères filles,
A vous, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ !
Introduction
De nos jours, la problématique des mouvements ésotériques est une question théologique et pastorale qui préoccupe au plus haut niveau l’Eglise en Côte d’Ivoire.
Le constat est que beaucoup de chrétiens, par ignorance, par curiosité ou par désir d’ascension sociale, se laissent séduire par les théories développées dans ces sociétés sécrètes, tandis que d’autres continuent de s’interroger sur leur compatibilité avec la foi catholique.
Parmi ces mouvements ésotériques, la Franc-maçonnerie mérite qu’on y apporte un éclairage en raison des amalgames qui sont véhiculés en ce qui concerne sa compatibilité avec la foi catholique.
Parmi ces mouvements ésotériques, la Franc-maçonnerie mérite qu’on y apporte un éclairage en raison des amalgames qui sont véhiculés en ce qui concerne sa compatibilité avec la foi catholique.
Au mois de janvier 2018, à l’occasion de notre 108ème Assemblée Plénière, nous publierons une lettre pastorale sur le sujet.
But du message
Avant cette échéance, nous, vos Archevêques et Evêques de Côte d’Ivoire, fidèles à notre mission de promotion et de protection de la doctrine et des mœurs conformes à la foi, voudrions déjà, à travers ce message, informer et former l’ensemble des chrétiens. Ceci amènerait à lever toutes les équivoques et les ambiguïtés en ce qui concerne sa compatibilité avec la foi chrétienne. Il s’agit pour nous de donner de façon claire la position de l’Eglise sur cette société secrète afin d’éviter toute erreur susceptible d’égarer les chrétiens.
Pour mémoire, la position de l’Eglise face à la franc-maçonnerie a été constante et claire tout au long de l’histoire. Elle a condamné de manière presque immédiate toute forme de franc-maçonnerie . Et aujourd’hui encore, le jugement de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise. Dès lors, l’inscription des fidèles catholiques à ces associations reste interdite par l’Eglise. En conséquence, comme le stipule la déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 26 novembre 1983 : « les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave; ils ne peuvent accéder à la Sainte Communion » ; ils ne peuvent, non plus, bénéficier des honneurs des funérailles chrétiennes.
Cette position constante de l’Eglise ainsi que les nombreuses condamnations magistérielles sans équivoque qui en découlent se fondent sur un certain nombre d’incompatibilités profondes entre la foi chrétienne et les principes de la franc-maçonnerie.
Incompatibilités de la franc-maçonnerie et de la foi catholique
Du relativisme
D’une manière générale, le relativisme constitue l’épine dorsale des principes de la franc-maçonnerie. On comprend dès lors que cette tendance à vouloir tout relativiser constitue le nœud même de l’incompatibilité, en raison des conséquences sur le contenu de la foi, l’agir moral et l’appartenance à l’Église. Dans cette dynamique, la Vérité est relativisée et l’idée même d’une Révélation est refusée.
L’une des conséquences directes de cette manière de tout relativiser, y compris la Vérité, est la conviction chez les francs-maçons qu’aucune connaissance objective de Dieu, en tant qu’Être personnel n’est possible. Dans les rituels francs-maçons, le concept de « Grand Architecte de l’univers » occupe une place centrale. Et ce « Grand Architecte de l’univers » est en fait un contenant vide, dans lequel chacun est libre d’introduire sa représentation de Dieu, le chrétien comme le musulman, le confucianiste comme l’adepte des religions traditionnelles. Or, c’est tout à l’opposé de la conception chrétienne de Dieu qui se révèle, entre en dialogue avec l’homme, et de la réponse de l’homme qui s’adresse à Lui en le nommant Père et Seigneur, comme l’affirme le Concile Vatican II .
De la divinité du Christ
De plus, le problème de la divinité du Christ constitue un autre point d’achoppement à l’intérieur de la question de la vision de Dieu et de la Révélation. La Foi Chrétienne affirme qu’en Jésus, Dieu s’est révélé pleinement et définitivement aux hommes. Cela apparait clairement dans notre profession de foi, le Credo de Nicée-Constantinople où nous déclarons avec conviction que « Jésus-Christ est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu ; engendré non pas créé, de même nature que le Père ». Or, les francs-maçons attribuent à Jésus toutes sortes de qualificatifs positifs, mais ils passent à côté de l’essentiel, à savoir Jésus-Christ est fils de Dieu, il est Dieu fait homme. L’Eglise ne peut tolérer l’affirmation selon laquelle Jésus est seulement un homme sage, car il est plus que cela pour le chrétien : il est le Messie, le Fils du Dieu vivant comme le reconnaîtra saint Pierre (Cf. Mathieu 16, 13-19).
De la problématique du salut
Par ailleurs, il faut ajouter que la franc-maçonnerie exclut toute idée de salut. Pour les francs-maçons en effet, l’homme se construit par lui-même. Il n’a pas besoin de Dieu pour changer son cœur et trouver le bonheur. Il est clair que la perspective est complètement différente chez le chrétien. Car l’Évangile est l’heureuse annonce du Salut. Le chrétien attend et reçoit le salut de la grâce miséricordieuse de Dieu, en la personne de Jésus qui est précisément le Sauveur (Jésus, c’est-à-dire « le Seigneur sauve ») : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Ephésiens 2, 8). La Foi Chrétienne enseigne, en effet, qu’en Jésus-Christ, Dieu est venu parmi les hommes pour les sauver (Jean 3, 16).
En raison de ces profonds points de divergence entre la franc-maçonnerie et les fondements même de la Foi Chrétienne, on peut affirmer clairement que le fait d’y adhérer met en cause les fondements de l’existence chrétienne.
Appel
En conséquence, nous, vos Archevêques et Evêques, vos guides spirituels de l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire, voudrions vous interpeller vivement face aux sollicitations incessantes de la franc-maçonnerie :
Aux fidèles laïcs
Aux fidèles laïcs
Certains parmi vous se sont déjà engagés dans la franc-maçonnerie. Quelles que soient les raisons qui vous ont amenés à faire un tel choix, quels que soient les pactes déjà scellés et les degrés de votre appartenance à telle ou telle obédience, nous vous exhortons ardemment à rebrousser chemin, à l’instar de l’enfant prodigue (Luc 15, 11-32). N’ayez pas peur de rompre tous les liens qui vous tiennent captifs. Car « si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres» (Cf. Galates 5, 1). Revenez donc au Christ, la seule et unique source de votre épanouissement, de votre équilibre, de votre liberté et de votre salut. Car il n’y aucun autre nom sous le ciel par lequel vous soyez sauvés, à part le nom de Jésus (Cf. Actes 4, 12).
Aux jeunes catholiques
Une analyse du mode opératoire de la franc-maçonnerie montre bien que vous constituez la cible privilégiée de cette société secrète. En effet, des membres de cette confrérie infiltrent insidieusement nos universités et grandes écoles, où se prépare l’élite de demain. En cédant aux offres alléchantes que l’on fait miroiter sous vos yeux, vous compromettez ainsi gravement votre relation au Seigneur.
Par ailleurs, nous sommes conscients des difficultés que vous rencontrez dans la prise en charge de vos études et dans la recherche d’un emploi après vos différentes formations. Cependant, nous croyons que tout espoir n’est pas perdu pour vous. Votre esprit d’imagination et votre créativité vous permettront, avec l’aide du Seigneur et le concours des hommes de bonne volonté, d’entreprendre quelques activités génératrices de revenus.
Aux cadres et hommes de culture
La recherche de connaissance, de succès et de pouvoir, le désir d’appartenir à une élite respectée sont des tentations assez répandues aujourd’hui dans notre monde. Elles poussent quelquefois beaucoup de nos concitoyens, notamment vous cadres et hommes de culture, à emprunter des voies sans issues. L’appartenance de certains d’entre vous à la franc-maçonnerie les conduit parfois à poser des actes ignobles. N’oubliez jamais que tout succès ou tout pouvoir est avant tout un don de Dieu, et en dehors de Lui, toute forme d’ascension politique ou sociale, finit toujours par sombrer dans la déchéance et la désolation totale. Car, comme dit le Christ, « Que sert-il donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? » (Marc 8, 36).
Aux responsables des paroisses et des communautés nouvelles
Depuis les premiers siècles, l’Eglise vit du don de ses fidèles. Cette générosité mérite d’être encouragée en raison de l’urgence et de l’importance de l’annonce de l’Evangile à tous. Toutefois, nous en appelons à la vigilance et au discernement des curés de paroisses, des responsables d’institutions et des communautés nouvelles face à certaines offres pour la réalisation de vos différents projets. En effet, des personnes mal intentionnées, tels des loups vêtus de peaux d’agneaux, fréquentent parfois vos assemblées. Leur intention cachée serait de déstabiliser l’Eglise catholique. La sagesse chrétienne et la prudence exigent un examen lucide de la provenance de ces dons aux montants extraordinairement généreux dont certaines de vos structures peuvent bénéficier. Aussi vous prions-nous de mettre tout en œuvre pour ne pas vous compromettre inconsciemment avec les sectes ésotériques et les associations du même genre.
Au clergé et aux consacrés
Nous apprenons, à tort ou à raison, que certains membres du clergé et des consacrés flirteraient avec la franc-maçonnerie ou en feraient l’apologie, pensant sans doute trouver la solution à leurs problèmes matériels et financiers, croyant peut-être trouver le moyen facile d’une quelconque promotion. Il serait bien dommage et triste que des hommes et des femmes d’Eglise, sensés vivre dans le détachement et le renoncement en arrivent là!
Nous déclarons que les propositions du gain facile ne peuvent en aucun cas vous édifier ni garantir votre dignité de chrétiens. C’est bien contre cela que l’Apôtre Paul s’insurge avec précision et netteté de termes contre les démons qui viendraient à conquérir l’esprit des responsables de l’Eglise (Cf. 2 Thessaloniciens 3, 7-10).
Aux candidats au sacerdoce
Vous, chers fils, vous constituez la semence du clergé de demain. Votre formation spirituelle, humaine, intellectuelle et doctrinale nous préoccupe et nous tenons à y apporter le plus grand soin pour le bénéfice du peuple de Dieu.
Nous vous exhortons à prendre davantage conscience de la noblesse de votre choix à travailler dans le champ du Seigneur. C’est pourquoi vous devez tout mettre en œuvre pour résister aux sollicitations des adeptes de mouvements ésotériques et autres sociétés secrètes qui s’attaquent à nos futurs prêtres, dans le but de les corrompre. Comme le dit si bien saint Paul : « Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines et ne s’attache pas aux saines paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la parole, il est enflé d’orgueil » (1 Timothée 6, 3-4).
Conclusion
Nous ne saurons terminer sans invoquer sur vous tous, l’Esprit de Notre Seigneur, qui rendra forts les fidèles du Christ : évêques, prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs, face à tous les groupes et associations ésotériques qui travaillent à l’impossible disparition de l’Eglise catholique. Le Christ Jésus, Maître et Fondateur de l’Eglise, confiant les clés du Royaume à Pierre, lui a déclaré en effet : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle » (Mathieu 16, 13-19).
Que Marie, l’humble servante du Seigneur nous présente à son Fils, aimant et adorable !
Dieu vous bénisse et vous garde, en son Esprit et en son Eglise.
Dieu vous bénisse et vous garde, en son Esprit et en son Eglise.
Donné à Bonoua, dans le diocèse de Grand-Bassam, le 21 mai 2017.
Vos Pères les Archevêques et Evêques de Côte d’Ivoire.