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mercredi 31 mai 2017

Le Brexit : une chance pour l'écologie ?


Extrait d'un article de Paul Kingsworth, dans la revue L'Ecologiste :
"Dans les années 1970, la paysannerie en France et en Europe a connu une vraie hémorragie. Ce n'était pas le fruit du hasard mais une extinction planifiée. [...]  Les eurocrates n'ont pas utilisé, pour justifier leur politique, le terme d' "élimination" mais celui de "modernisation". [...] Non-élue, créée de façon confidentielle, obéissant aux intérêts des multinationales, la CEE avait un but clair : diminuer, si ce n'est abolir, la souveraineté démocratique des nations européennes et [...] créer une zone de libre-échange géante sans frontières. [...] Sa culture du Progrès était celle de l'homogénéisation, de la centralisation, du contrôle et du profit (...)

L'UE en son principe viole chaque principe écologique. C'est l'exact opposé du local, elle détruit le monde naturel, efface les particularités, elle est anti-démocratique et place les intérêts des banques et des multinationales avant ceux des travailleurs. Pourquoi, quand, comment le parti écologiste britannique a-t-il abandonné son engagement dans le localisme, la démocratie, et s'est-il uni à un tel monstre ?  [...]  La classe sociale a toujours été la ligne de fracture dans le mouvement écologiste. À l'occasion du Brexit, elle est apparue au grand jour.  [...] Les classes laborieuses et les classes moyennes, au contraire des élites culturelles ou politiques, ont exprimé une sorte de jacquerie moderne... Les Verts auraient pu se trouver de leur côté, faire valoir des arguments en faveur de la relocalisation du pouvoir, de la démocratie, créer des lois environnementales et sociales s'appliquant à notre île et à ses bio-régions... Mais on n'a jamais entendu ces arguments. Pourquoi ? Parce que peu d'écologistes sont issus des classes sociales affectées négativement par l'UE et sa participation à la mondialisation (...)

Il fut un temps où les Verts remettaient en question la culture du Progrès à droite comme à gauche, et proposaient de relier les hommes à la nature, la planète aux communautés locales, en essayant de forger un nouveau discours politique. Mais tout cela appartient au passé. Aujourd'hui l'écologie politique [...] fait campagne contre l'austérité en suggérant que la croissance est une solution plutôt que le problème... Autrefois radicaux, les Verts ressemblent aujourd'hui à des sociaux-démocrates affublés de panneaux solaires (...)

Que faire ? C'est le moment de proposer un projet stimulant, radical et rafraîchissant pour la démocratie britannique, désormais détachée de la bureaucratie de l'UE. [...] Il est certainement possible de proposer des façons bien plus durables de s'occuper des terres et des mers... Quelque chose d'authentiquement radical est apparu en Grande-Bretagne. Une brèche est apparue dans la culture du Progrès, et elle n'a pas été ouverte par des intellectuels, des idéologues ou des philosophes, mais par 17,4 millions de gens ordinaires qui ont voté le Brexit. [...] Une occasion est à saisir, la voici. Tout reste ouvert. Que vont faire les écologistes ? (...)"